Marc 16, 12
Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.
Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.
Dans cette seconde apparition notée par S. Marc, on reconnaît
sans peine celle que S. Luc raconte en détail au chapitre 24. C’est ainsi que les Évangélistes se confirment et
se complètent mutuellement. — « L’expression grecque traduite ici par Après cela, dit M. Alford, ne se
rencontre nulle part dans S. Marc, quoiqu’il eût de nombreuses occasions de l’employer » [589]. Nos
réflexions précédentes ont montré que ce raisonnement ne prouve absolument rien. — Deux d’entre eux,
« qui avaient été avec lui », v. 10. Nous savons toutefois par S. Luc que ce n’étaient pas des Apôtres. — Il
apparut. Le verbe grec correspondant a le sens de « il se manifesta », et semble avoir été choisi à dessein
pour indiquer que Jésus ne fut pas immédiatement reconnu par les deux disciples. Cf. Luc 24, 16, 31. S.
Marc l’avait déjà employé plus haut, Marc 4, 22, bien que les autres synoptiques ne s’en servent jamais. —
Sous une autre forme. La « forme » représente ici l’apparence extérieure, physique. Cf. Ph 2, 7. Cette
apparence était « autre », vraisemblablement parce qu’elle avait quelque chose de transfiguré, de plus
céleste, depuis la Résurrection, ce qui faisait qu’on ne reconnaissait pas toujours immédiatement
Notre-Seigneur. Mais il est possible aussi que ce mot fasse allusion à l’apparition précédente : en effet, tandis
que Jésus s’était présenté à Marie-Madeleine sous la figure d’un jardinier, Jean 20, 45, il se présente
maintenant aux disciples sous celle d’un voyageur. — L’objection tirée de ce que l’adjectif grec traduit ici
par « autre » n’apparaît pas ailleurs dans le récit de S. Marc n’a pas la moindre force probante. — Qui
allaient à la campagne. Dans le grec, la campagne par opposition à la ville. Cf. Marc 15, 26 et le
commentaire.
Il avait apparu à Madeleine sous la forme d’un jardinier (voir Jean, 20, 15) ; il apparut à ces deux disciples sous celle d’un voyageur, lorsqu’ils allèrent au château d’Emmaüs (saint Grégoire). Cette apparition est narrée amplement par saint Luc (voir Luc, 24, 13-36).
Jésus ressuscité établit avec ses disciples des rapports directs, à travers le toucher (cf. Lc 24, 39 ; Jn 20, 27) et le partage du repas (cf. Lc 24, 30. 41-43 ; Jn 21, 9. 13-15). Il les invite par là à reconnaître qu’il n’est pas un esprit (cf. Lc 24, 39) mais surtout à constater que le corps ressuscité avec lequel il se présente à eux est le même qui a été martyrisé et crucifié puisqu’il porte encore les traces de sa passion (cf. Lc 24, 40 ; Jn 20, 20. 27). Ce corps authentique et réel possède pourtant en même temps les propriétés nouvelles d’un corps glorieux : il n’est plus situé dans l’espace et le temps, mais peut se rendre présent à sa guise où et quand il veut (cf. Mt 28, 9. 16-17 ; Lc 24, 15. 36 ; Jn 20, 14. 19. 26 ; 21, 4) car son humanité ne peut plus être retenue sur terre et n’appartient plus qu’au domaine divin du Père (cf. Jn 20, 17). Pour cette raison aussi Jésus ressuscité est souverainement libre d’apparaître comme il veut : sous l’apparence d’un jardinier (cf. Jn 20, 14-15) ou " sous d’autres traits " (Mc 16, 12) que ceux qui étaient familiers aux disciples, et cela pour susciter leur foi (cf. Jn 20, 14. 16 ; 21, 4. 7).