Marc 16, 13
Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.
Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.
Le Sauveur apparaît tout d'abord à celle dont il avait chassé sept démons, confirmant ainsi cette vérité que les femmes de mauvaise vie et les publicains précéderont la synagogue dans le royaume des cieux, comme le larron a précédé les Apôtres.
Ils pleurent et s'attristent, parce qu'ils n'ont pas encore vu, mais la consolation ne tardera point. Car, dit le Sauveur, bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés» ( Mt 5).
Au sens mystique, cette apparition aux deux disciples d'Emmaûs, nous apprend qu'ici-bas la foi travaille pendant la durée de la vie active, tandis que la vie contemplative règne dans la jouissance calme et assurée de la claire vision. Sur la terre, nous ne voyons que l'image des choses comme dans un miroir; dans l'autre vie nous verrons la vérité face à face. Voilà pourquoi le Sauveur apparaît sous une autre figure aux disciples qui sont en marche et dans les travaux de la vie présente. Les autres disciples ne croient point à leur témoignage, parce qu'ainsi que Moïse, ils ont vu ce qui n'était pas capable de les satisfaire. Aussi Moïse fait-il cette demande à Dieu: «Montrez-vous vous-même à moi» ( Ex 33). Il oubliait ce corps mortel dont il était revêtu, et il demandait à jouir dans cette vie de ce que nous espérons pour la vie future.
Considérons maintenant les diverses apparitions de Notre-Seigneur après sa résurrection: «Jésus étant ressuscité, dit saint Marc, apparut premièrement à Marie-Madeleine».
Saint Luc donne tout en entier le récit de l'apparition de Jésus à ces deux disciples, dont l'un s'appelait Cléophas, taudis que saint Marc ne fait que l'indiquer en peu de mots. En effet, ce que saint Luc appelle un bourg, nous pouvons admettre, sans invraisemblance, que saint Marc a pu le désigner sous le nom de maison de campagne. Les exemplaires grecs désignent plutôt ce lieu par le nom de champ que par celui de maison de campagne. Or, sous le nom de champ, on désigne ordinairement, non-seulement les châteaux, mais aussi les municipes et les colonies situées en dehors de la ville qui en est comme le chef et la mère. Saint Marc dit que Jésus apparut sous une autre forme; saint Luc exprime la même pensée en disant que leurs yeux étaient retenus et ne pouvaient le reconnaître. En effet, quelque phénomène affectait leurs yeux, et les empêcha de voir jusqu'à la fraction du pain. - séver. Gardons-nous de croire que la résurrection ait changé les traits de la figure de Jésus-Christ; l'apparence et la forme seules ont changé, lorsque de mortel il est devenu immortel, et sa figure brilla d'un nouvel éclat sans perdre sa nature et son identité. Or, il apparut à deux disciples qui représentaient les deux peuples (les Gentils et les Juifs) à qui la foi devait être annoncée.
Comme Samson qui, au milieu de la nuit, non-seulement sortit de la ville de Gaza, mais en emporta les portes, notre Rédempteur ressuscite avant le jour, et non-seulement il sort libre du sein de la terre, mais il brise et renverse les portes des enfers. Saint Marc rappelle que Jésus avait chassé sept démons de Marie-Madeleine; que signifient ces sept démons, si ce n'est l'universalité des vices? De même que toute l'étendue du temps semble être comprise dans un espace de sept jours, le nombre sept est pris pour symbole de l'universalité des choses. Marie-Madeleine avait donc sept démons, parce que son âme était pleine de tous les vices.
La difficulté des disciples à croire la résurrection, a eu moins pour cause, j'ose le dire, leur propre faiblesse, que le dessein de nous affermir un jour dans la foi, car ces preuves incontestables de la résurrection que Notre-Seigneur oppose à leurs incertitudes, que sont-elles pour nous qui les lisons, qu'un fondement solide que notre foi puise jusque dans leurs doutes ?
Saint Jean raconte très en détail comment et dans quel endroit cette apparition eut lieu. Notre-Seigneur sortit le matin du tombeau dans lequel on l'avait déposé le soir pour accomplir cet oracle du Roi-prophète: «Les gémissements se font entendre le soir, au matin retentit l'allégresse» ( Ps 29, 6).
Dès l'origine, ce fut la femme qui entraîna son mari dans le mal. Aujourd'hui celle qui la première a goûté la mort, est aussi le premier témoin de la résurrection, pour ne point rester couverte aux yeux des hommes d'un opprobre éternel; et après avoir été le canal par lequel le péché est arrivé jusqu'à l'homme, c'est par elle aussi que la grâce lui est transmise, «Etelle s'en alla le dire à ceux qui étaient avec lui, et qui étaient dans l'affliction», etc.
Ce n'est pas sans dessein que l'Évangéliste nous rappelle que cette femme qui annonce la première la joie de la résurrection du Seigneur, avait été délivrée de sept démons, il veut apprendre à toute âme vraiment pénitente à ne point désespérer du pardon de ses fautes, et que la grâce a été surabondante là où le péché avait abondé. - sévère. Marie qui annonce cette nouvelle, ne représente plus simplement la femme, mais l'Eglise; comme femme, elle a gardé le silence, mais maintenant qu'elle représente l'Eglise, elle parle hautement et publie le miracle de la résurrection.
Saint Marc dit: «Ils vinrent l'annoncer aux autres disciples qui ne les crurent pas non plus». Saint Luc rapporte au contraire que, dès ce moment les disciples affirmaient que le Seigneur était vraiment ressuscité et qu'il avait apparu à Simon; il faut donc supposer qu'il s'en trouva parmi eux quelques-uns qui refusèrent de croire.
On peut aussi ponctuer différemment cette phrase: «Jésus étant ressuscité», et puis: «Le premier jour de la semaine, il apparut d'abord à Marie-Madeleine».
Ou bien ces sept démons sont les esprits opposés aux sept vertus, c'est-à-dire aux sept dons du Saint-Esprit, c'est-à-dire les esprits privés de la crainte de Dieu, de la sagesse, de l'intelligence», etc.
En effet, ce n'est pas des onze que saint Marc veut ici parler, mais de certains disciples qu'il appelle «les autres».
Les deux disciples reprirent le chemin de Jérusalem aussitôt après l’apparition, se hâtant d’en porter
la bonne nouvelle aux autres amis de Jésus. Mais ceux-ci persistèrent dans leur incrédulité. Ce nouveau
témoignage les laissa aussi froids que celui de Madeleine, v. 11. — Toutefois, l’épisode des deux pèlerins
d’Emmaüs se termine d’une manière bien différente dans le troisième Évangile, Luc 24, 33-35 : « Et se
levant à l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem ; et ils trouvèrent les onze, et ceux qui étaient avec eux,
assemblés, 34et disant : Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon. 35Et ils racontaient
eux-mêmes ce qui s’était passé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu lorsqu’il rompait le pain ». Ainsi
donc, là on accueille les deux messagers, on leur annonce que Jésus est vraiment ressuscité. Des narrations
aussi divergentes peuvent-elles se concilier ? Quand on lit, dans les quatre Évangiles, l’histoire détaillée des
incidents qui eurent lieu le jour de la Résurrection, on est frappé de voir que les disciples, durant cette
journée mémorable, furent agités par deux sentiments très distincts, qui les emportaient tour à tour en sens
divers, la joie et l’incrédulité. Un moment, ils croient que leur Maître a triomphé de la mort et du tombeau ;
puis, l’instant d’après, le doute les saisit et ils refusent de s’en rapporter à ceux qui l’ont vu et entendu. S.
Luc a noté un de ces éclairs de foi, S. Marc au contraire l’autre sentiment, qui avait presque aussitôt repris le
dessus. Voyez Bède, Théophylacte, Fr. Luc, et la Synopsis criticorum, h. l.