Marc 16, 14
Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité.
Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité.
Il y a une gradation manifeste dans les trois apparitions de Jésus dont S. Marc
a conservé le souvenir : le Sauveur se montre d’abord à une femme, puis à deux disciples, puis aux onze
Apôtres. — Enfin n’est pas une traduction exacte, car, dans le texte grec, il y a un adverbe signifiant
« ensuite ». Cet adverbe n’introduit donc pas nécessairement la dernière de toutes les manifestations du
Christ ressuscité, c’est-à-dire celle qui eut lieu le jour de l’Ascension, comme l’ont pensé saint Augustin
[590], saint Grégoire-le-Grand [591] et le Vén. Bède, h. l. Nous croyons, avec la plupart des exégètes, qu’il
s’agit encore du jour de la Résurrection et de l’apparition faite en présence des Apôtres dans le Cénacle, à la
manière racontée par S. Luc et par S. Jean. — Ils étaient à table. Les Onze, ou plus exactement les Dix,
puisque saint Thomas était absent, Jean 20, 24 et ss., étaient donc à table quand Jésus se montra subitement à
eux. Cf. Luc 24, 41 et ss. — Il leur reprocha leur incrédulité… Dans le texte grec, le verbe est très expressif
et désigne de sérieux reproches, qui étaient d’ailleurs justement mérités. Cf. les vv. 41 et 43. S. Marc, en
signalant ainsi à plusieurs reprises l’incrédulité des Apôtres par rapport au grand fait de la Résurrection au
Sauveur, confirme énergiquement la réalité de ce fait. « Son récit prouve que les témoins du miracle n’étaient
pas des enthousiastes qui crurent aussitôt ce qu’ils désiraient être vrai » [592]. Après ce verset, on lisait
autrefois dans certains exemplaires, surtout dans les grecs, ces paroles : Mais ils lui répondirent : Ce siècle
est formé d’iniquité et d’incrédulité, qui nous empêche, par le moyen des esprits impurs, de parvenir à la
vraie vertu de Dieu. C’est pourquoi, commencez enfin à découvrir votre justice. On voit aisément que ces
paroles sont une addition tirée de quelques livres apocryphes, et venue originairement des Montanistes, ou de
quelques autres hérétiques qui admettaient dans le monde un mauvais principe, cause nécessaire du mal »
[593]. Cf. saint Jérôme [594].
Saint Marc résume ici beaucoup de faits arrivés après la résurrection. Enfin… : c’est le sens de la Vulgate, qui regarde cette apparition de Jésus comme la dernière de toutes, celle qui eut lieu le jour de l’Ascension. Dans ce cas, Notre-Seigneur répéterait ici ce qu’il avait dit quelques jours auparavant sur la montagne de Galilée (voir Matthieu, 28, 19). Mais le grec signifie simplement dans la suite, ce qui permet soit d’identifier l’apparition à celle de la montagne de Galilée, soit même de la placer, comme les précédentes, le soir de la résurrection (voir Luc, 24, verset 36 et suivants ; Jean, 21 (20 ?), verset 19 et suivants). Naturellement, ceux qui adoptent cette dernière opinion, séparent chronologiquement les versets 15 et suivants du verset 14.