Marc 16, 15
Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création.
Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création.
Et il leur dit. « Il n’est pas apparu quand les disciples étaient assis à table et qu’il leur reprocha
leur incrédulité, mais après ». Maldonat. À la façon des anciens historiens lorsqu’il voulaient abréger, S.
Marc réunit, sans tenir compte des intervalles ni des événements intermédiaires, parce qu’ils n’entraient pas
dans son plan, deux faits qui furent en réalité séparés par un temps plus ou moins notable. D’après divers
auteurs, les paroles qui vont suivre auraient été prononcées lors de la grande apparition que Jésus fit à ses
disciples en Galilée (cf. Matth. 28, 16-20). Nous croyons, avec d’autres interprètes assez nombreux, qu’elles
le furent plutôt dans les derniers moments qui précédèrent l’Ascension de Notre-Seigneur. Elles se
composent d’un ordre intimé, vv. 15 et 16, et de pouvoirs considérables accordés aux disciples, vv. 17 et 18,
par le divin Maître. L’ordre est d’abord solennellement exprimé, v. 15. — Allez dans le monde entier…
Cf. Matth. 28, 19 et le commentaire. Désormais plus de restrictions ! Toutes les barrières de nationalités
tombent devant la prédication évangélique. Ce n’est plus seulement en Judée que les Apôtres doivent
annoncer la bonne nouvelle, mais dans l’univers entier ; ce n’est plus seulement à leurs coreligionnaires
qu’ils doivent s’adresser en vue de les convertir, mais à toute la création. Les Rabbins employaient de la
même manière l’expression identique כלי־בריאה, pour désigner tout le genre humain. Cf. Lightfoot [595].
Le mot κτίσις (la création, l’univers, le monde), qu’on trouve plusieurs fois dans S. Marc, n’est pas usité
dans les autres Évangiles.
Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église (cf. Mc 16, 15). L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle. À ce devoir qui est celui de l’Église, les conditions présentes ajoutent une nouvelle urgence : il faut que tous les hommes, désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité dans le Christ.
Le Seigneur Jésus, après avoir longuement prié son Père, appela à lui ceux qu’il voulut et en institua douze pour en faire ses compagnons et les envoyer prêcher le Royaume de Dieu (cf. Mc 3, 13-19 ; Mt 10, 1-42) ; à cette institution des Apôtres (cf. Lc 6, 13), il donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux (cf. Jn 21, 15-17). Il les envoya aux fils d’Israël d’abord et à toutes les nations (cf. Rm 1, 16) pour que, participant à son pouvoir, ils fassent de tous les peuples ses disciples, pour qu’ils les sanctifient et les gouvernent (cf. Mt 28, 16-20 ; Mc 16, 15 ; Lc 24, 45-48 ; Jn 20, 21-23), propageant ainsi l’Église et remplissant à son égard, sous la conduite du Seigneur, le service pastoral tous les jours jusqu’à la consommation des siècles (cf. Mt 28, 20). Le jour de Pentecôte, ils furent pleinement confirmés dans cette mission (cf. Ac 2, 1-26), selon la promesse du Seigneur : « Vous recevrez une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). En prêchant partout l’Évangile (cf. Mc 16, 20), accueilli par ceux qui l’écoutent grâce à l’action de l’Esprit Saint, les Apôtres rassemblent l’Église universelle que le Seigneur a fondée en ses Apôtres et bâtie sur le bienheureux Pierre, leur chef, le Christ Jésus étant lui-même la pierre suprême d’assise (cf. Ap 21, 14 ; Mt 16, 18 ; Ep 2, 20).
Dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus « appela à lui ceux qu’il voulut, et en institua douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 13 ; cf. Mt 10, 1-42). Les Apôtres furent ainsi les germes du Nouvel Israël et en même temps l’origine de la hiérarchie sacrée. Puis, une fois qu’il eut par sa mort et sa résurrection accompli en lui-même les mystères de notre salut et de la rénovation de toutes choses, le Seigneur, qui avait reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre (cf. Mt 28, 18), fonda son Église comme sacrement du salut, avant d’être enlevé au ciel (cf. Ac 1, 11) ; tout comme il avait été lui-même envoyé par le Père (cf. Jn 20, 21), il envoya ses Apôtres dans le monde entier en leur donnant cet ordre : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19 s.) ; « Allez par le monde entier proclamer la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc 16, 15 s.). C’est de là que découle pour l’Église le devoir de propager la foi et le salut apportés par le Christ, d’une part en vertu du mandat exprès qu’a hérité des Apôtres l’ordre des évêques, assisté par les prêtres en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église, et d’autre part en vertu de l’influx vital que le Christ communique à ses membres : le Christ « dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion, par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l’actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même dans la charité » (Ep 4, 16). La mission de l’Église s’accomplit donc par l’opération au moyen de laquelle, obéissant à l’ordre du Christ et mue par la grâce de l’Esprit Saint et la charité, elle devient effectivement présente à tous les hommes et à tous les peuples, pour les amener par l’exemple de sa vie, par la prédication, par les sacrements et les autres moyens de grâce, à la foi, à la liberté, à la paix du Christ, de telle sorte qu’elle leur soit ouverte comme la voie libre et sûre pour participer pleinement au mystère du Christ.
Partout où Dieu ouvre un champ libre à la prédication pour proclamer le mystère du Christ (cf. Col 4, 3), on doit annoncer (cf. 1 Co 9, 16 ; Rm 10, 14) à tous les hommes (cf. Mc 16, 15) avec assurance et persévérance (cf. Ac 4, 13.29.31 ; Ac 9, 27-28 ; Ac 13, 46 ; Ac 14, 3 ; Ac 19, 8 ; Ac 26, 26 ; Ac 28, 31 ; 1 Th 2, 2 ; 2 Co 3, 12 ; 2 Co 7, 4 ; Phm 1, 20 ; Ep 3, 12 ; Ep 6, 19-20) le Dieu vivant, et celui qu’il a envoyé pour le salut de tous, Jésus Christ (cf. 1 Th 1, 9-10 ; 1 Co 1, 18-21 ; Ga 3, 13-14 ; Ac 14, 15-17 ; Ac 17, 22-31), pour que les non-chrétiens, le Saint-Esprit ouvrant leur cœur (cf. Ac 16, 14), croient, se convertissent librement au Seigneur et s’attachent loyalement à lui qui, étant « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), comble toutes leurs attentes spirituelles, bien plus, les dépasse de façon infinie.
Le Peuple de Dieu est rassemblé d’abord par la Parole du Dieu vivant qu’il convient d’attendre tout spécialement de la bouche des prêtres. En effet, nul ne peut être sauvé sans avoir d’abord cru ; les prêtres, comme coopérateurs des évêques, ont pour premier devoir d’annoncer l’Évangile à tous les hommes ; ils exécutent ainsi l’ordre du Seigneur : « Allez par le monde entier, prêchez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15), et ainsi ils constituent et font grandir le Peuple de Dieu. C’est la parole de salut qui éveille la foi dans le cœur des non-chrétiens, et qui la nourrit dans le cœur des chrétiens ; c’est elle qui donne naissance et croissance à la communauté des fidèles ; comme le dit l’Apôtre : « La foi vient de ce qu’on entend, ce qu’on entend vient par la parole du Christ » (Rm 10, 17). Ainsi les prêtres se doivent à tous les hommes : ils ont à leur faire partager la vérité de l’Évangile dont le Seigneur les fait bénéficier. Soit donc qu’ils aient parmi les nations une belle conduite pour les amener à glorifier Dieu, soit qu’ils prêchent ouvertement pour annoncer aux incroyants le mystère du Christ, soit qu’ils transmettent l’enseignement chrétien ou exposent la doctrine de l’Église, soit qu’ils étudient à la lumière du Christ les problèmes de leur temps, dans tous les cas il s’agit pour eux d’enseigner, non pas leur propre sagesse, mais la Parole de Dieu, et d’inviter tous les hommes avec insistance à la conversion et à la sainteté. Cette prédication des prêtres, dans l’état actuel du monde, est souvent très difficile ; si elle veut vraiment atteindre l’esprit des auditeurs, elle ne doit pas se contenter d’exposer la Parole de Dieu de façon générale et abstraite, mais elle doit appliquer la vérité permanente de l’Évangile aux circonstances concrètes de la vie. Il y a donc bien des manières d’exercer le ministère de la parole, selon les besoins différents des auditeurs et les charismes des prédicateurs. Dans les pays ou les milieux non chrétiens, c’est par l’annonce de l’Évangile que les hommes sont conduits à la foi et aux sacrements du salut ; dans la communauté chrétienne elle-même, surtout pour ceux qui peuvent manquer de foi ou d’intelligence à l’égard de ce qu’ils pratiquent, la proclamation de la parole est indispensable au ministère sacramentel lui-même, puisqu’il s’agit des sacrements de la foi, et que celle-ci a besoin de la Parole pour naître et se nourrir. Cela vaut spécialement pour la liturgie de la Parole dans la célébration de la messe, où sont inséparablement unies l’annonce de la mort et de la résurrection du Seigneur, la réponse du peuple qui l’écoute, l’oblation même du Christ scellant en son Sang la Nouvelle Alliance, et la communion des chrétiens à cette oblation par la prière et la réception du sacrement.
Les évêques, avec les prêtres, leurs coopérateurs, " ont pour première tâche d’annoncer l’Évangile de Dieu à tous les hommes " (PO 4), selon l’ordre du Seigneur (cf. Mc 16, 15). Ils sont " les hérauts de la foi, qui amènent au Christ de nouveaux disciples, les docteurs authentiques " de la foi apostolique, " pourvus de l’autorité du Christ " (LG 25).
Notre Seigneur a lié le pardon des péchés à la foi et au Baptême : " Allez par le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé " (Mc 16, 15-16). Le Baptême est le premier et principal sacrement du pardon des péchés parce qu’il nous unit au Christ mort pour nos péchés, ressuscité pour notre justification (cf. Rm 4, 25), afin que " nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle " (Rm 6, 4).
Toutes les préfigurations de l’Ancienne Alliance trouvent leur achèvement dans le Christ Jésus. Il commence sa vie publique après s’être fait baptiser par S. Jean le Baptiste dans le Jourdain (cf. Mt 3, 13), et, après sa résurrection, il donne cette mission aux apôtres : " Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit " (Mt 28, 19-20 ; cf. Mc 16, 15-16).
En vertu du mystère du Verbe de Dieu qui s'est fait chair (cf. Jn 1, 14), tout homme est confié à la sollicitude maternelle de l'Eglise. Aussi toute menace contre la dignité de l'homme et contre sa vie ne peut-elle que toucher le cœur même de l'Eglise; elle ne peut que l'atteindre au centre de sa foi en l'Incarnation rédemptrice du Fils de Dieu et dans sa mission d'annoncer l'Evangile de la vie dans le monde entier et à toute créature (cf. Mc 16, 15).
L'Eglise a reçu l'Evangile comme une annonce et comme une source de joie et de salut. Elle l'a reçu comme don venant de Jésus, envoyé du Père « pour porter la bonne nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18). Elle l'a reçu par les Apôtres, envoyés par Lui dans le monde entier (cf. Mc 16, 15; Mt 28, 19-20). Née de cette action évangélisatrice, l'Eglise sent retentir en elle chaque jour l'avertissement de l'Apôtre: « Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile! » (1 Co 9, 16). Comme l'écrivait Paul VI, « évangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l'Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser ».(101)
Le Christ, « la lumière des nations », éclaire le visage de son Eglise, qu'il envoie dans le monde entier pour annoncer l'Evangile à toute créature (cf. Mc 16, 15) Ainsi, peuple de Dieu au milieu des nations, l'Eglise, attentive aux nouveaux défis de l'histoire et aux efforts que les hommes accomplissent dans la recherche du sens de la vie, propose à tous la réponse qui vient de la vérité de Jésus Christ et de son Evangile. L'Eglise a toujours la vive conscience de son « devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps, et de les interpréter à la lumière de l'Evangile, de telle sorte qu'elle puisse répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques »
L'évangélisation représente le défi le plus fort et le plus exaltant que l'Eglise est appelée à relever, depuis son origine. En réalité, ce défi est dû moins aux situations sociales et culturelles qu'elle rencontre tout au long de l'histoire qu'au précepte de Jésus Christ ressuscité qui définit la raison d'être même de l'Eglise : « Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création » (Mc 16, 15).
En ce qui concerne les différences d'accent dans le précepte, Marc présente la mission comme proclamation ou kérygme: «Proclamez l'Evangile» (Mc 16, 15). Le but de l'évangéliste est de conduire les lecteurs à redire la profession de foi de Pierre: «Tu es le Christ» (Mc 8, 29) et à dire, comme le centurion romain devant Jésus mort sur la Croix: «Vraiment cet homme était Fils de Dieu» (Mc 15, 39). En Matthieu, l'accent missionnaire est mis sur la fondation de l'Eglise et sur son enseignement (cf. Mt 28, 19-20; 16, 18): chez lui donc, cet envoi en mission fait ressortir que la proclamation de l'Evangile doit être complétée par une catéchèse d'ordre ecclésial et sacramentel. En Luc, la mission est présentée comme un témoignage (cf. Lc 24, 48; Ac 1, 8) qui porte surtout sur la Résurrection (cf. Ac 1, 22). Le missionnaire est invité à croire à la puissance transformante de l'Evangile et à annoncer ce que Luc montre bien, c'est-à-dire la conversion à l'amour et à la miséricorde de Dieu, l'expérience d'une libération intégrale de tout mal jusqu'à sa racine, le péché.