Marc 16, 18
ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »
ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »
Il apparut aux onze qui étaient réunis, afin qu'ils soient tous témoins de sa résurrection, et qu'ils puissent annoncer à tous les hommes, ce qu'ils ont vu et ce qu'ils ont entendu lorsqu'ils étaient réunis tous ensemble.
Il leur reproche leur incrédulité afin qu'elle fasse place à la foi; il leur reproche la dureté de leur coeur de pierre, afin qu'ils le changent en un coeur de chair rempli de charité.
Comment cette apparition put-elle avoir lieu le dernier jour? La dernière fois que Notre-Seigneur apparut aux Apôtres, ce fut le quarantième jour après sa résurrection. Or, devait-il leur reprocher ce jour-là de n'avoir point cru ceux qui avaient vu qu'il était ressuscité, lorsqu'eux-mêmes l'avaient vu si souvent depuis sa résurrection? Par cette expression: «enfin», saint Marc a voulu abréger son récit, et il veut dire que ce fut le dernier événement de la journée à l'entrée de la nuit, après que les deux disciples furent revenus du bourg d'Emmaüs dans Jérusalem, et qu'ils eurent trouvé, comme le dit saint Luc, les onze réunis, et avec eux d'autres disciples s'entretenant de la résurrection du Sauveur. Mais il s'en trouvait encore parmi eux qui refusaient de croire; or, pendant qu'ils étaient à table (d'après saint Marc) et qu'ils s'entretenaient entre eux (au rapport de saint Luc), Jésus apparut au milieu d'eux et leur dit: «La paix soit avec vous», (comme le disent également saint Luc et saint Jean). Dans les paroles de Notre-Seigneur à ses disciples rapportées à la fois par saint Luc et par saint Jean, il faut donc intercaler le reproche dont parle ici saint Marc. Mais voici une nouvelle difficulté. Comment saint Marc peut-il dire que le Sauveur apparut aux onze Apôtres, si cette apparition eut lieu le même jour du dimanche, vers le soir? En effet, saint Jean dit clairement qu'alors Thomas n'était pas avec les autres, et nous croyons qu'il les quitta avant l'entrée de Jésus-Christ, et après que les deux disciples de retour d'Emmaüs, se furent entretenus avec les onze, comme nous le voyons dans saint Luc. Du reste, saint Luc lui-même, dans son récit, laisse supposer que Thomas était sorti pendant que les deux disciples parlaient et avant, que le Sauveur entrât. Et voici que saint Marc, eu affirmant qu'en dernier lieu, Jésus apparut aux onze pendant qu'ils étaient à table, nous force de conclure que Thomas était avec eux, à moins qu'on admette que malgré l'absence de Thomas, saint Marc a voulu conserver cette dénomination, «les onze», parce que c'était la dénomination reçue pour désigner le collège apostolique ayant l'élection de Matthias en remplacement de Judas. Si cette explication parait forcée, nous pouvons placer cette dernière apparition aux onze, pendant qu'ils étaient à table, après un grand nombre d'autres, c'est-à-dire, le quarantième jour qui suivit sa résurrection. Comme le Sauveur était sur le point de les quitter pour monter au ciel, il profite de cette dernière circonstance pour leur reprocher de n'avoir point cru à ceux qui l'avaient vu ressuscité, avant d'en avoir été eux-mêmes les témoins oculaires; alors surtout qu'après son ascension, les nations auxquelles ils prêcheraient l'Évangile, devaient croire sans avoir vu. Et en effet, le reproche est immédiatement suivi de ces paroles: «Et il leur dit: Allez par tout le monde»; et plus bas: «Celui qui ne croira point sera condamné». Voilà ce qu'ils vont bientôt prêcher, comment donc ne pas leur faire tout d'abord ce reproche à eux-mêmes, qui avant qu'il leur eût apparu, avaient refusé de croire au témoignage de ceux qui l'avaient vu ressuscité?
Comparons ici le récit de saint Luc dans les Actes ( Ac 1). «Et mangeant avec eux, il leur commanda de ne point s'éloigner de Jérusalem;» et un peu plus loin: «Il s'éleva en leur présence». Il mange avec eux, pour établir clairement par cette action la vérité de sa chair, et monte ensuite au ciel. C'est ce même fait que saint Marc raconte ici: «Il apparut aux onze lorsqu'ils étaient à table».
Notre-Seigneur fait ce reproche à ses disciples au moment où il va les priver de sa présence corporelle, afin que ces dernières paroles qu'il leur adresse en les quittant, restassent plus profondément gravées dans leur coeur.
Chacun se dira peut-être en lui-même: J'ai cru, donc je serai sauvé. Il dit vrai, si sa foi se traduit dans ses oeuvres, car la foi véritable est celle où les actions sont en parfaite conformité avec les paroles.
Après qu'il leur a reproché leur dureté, écoutons les instructions qu'il leur donne: «Allez dans le monde entier, prêchez l'Évangile à toute créature». Sous cette dénomination générale de créature, il faut entendre l'homme; l'homme, en effet, a quelque point de contact avec chaque créature, il a de commun l'être avec les pierres, la vie végétative avec les arbres, le sentiment avec les animaux, l'intelligence avec les anges. L'Évangile est donc prêché à toute créature, lorsqu'il est annoncé à l'homme seul, parce qu'il est enseigné à celui pour qui tout a été fait sur la terre et qui a quelque rapport d'analogie avec toutes les créatures. Le Sauveur leur avait dit précédemment: «N'allez point vers les nations» ( Mt 10). Il leur commande maintenant de prêcher l'Évangile à toute créature, afin que la prédication des Apôtres repoussée par les Juifs, vint à notre secours, tandis que leur superbe refus tournerait à leur condamnation.
Notre foi est-elle donc moins vive, parce que nous ne sommes pas témoins de semblables prodiges? Non, mais ils étaient nécessaires à l'Eglise naissante. La foi des chrétiens a du, pour se développer, être nourrie par des miracles. Ainsi, lorsque nous plantons des arbustes, nous les arrosons jusqu'à ce qu'ils se soient incorporés à la terre, et nous cessons de les arroser lorsqu'ils ont pris racine. Mais ces miracles et ces prodiges ont une signification mystérieuse qui ne doit pas nous échapper; car la sainte Eglise accomplit tous les jours dans les âmes ce qu'elle faisait alors par les Apôtres pour les corps. Lorsque les prêtres, en vertu du pouvoir qu'ils ont reçu d'exorciser, imposent les mains sur les chrétiens, et qu'ils défendent aux esprits mauvais d'habiter dans leur âme, que font-ils autre chose que de chasser les démons? Ainsi les fidèles qui renoncent au langage du siècle pour consacrer leur parole à la prédication des saints mystères, parlent de nouvelles langues; et ils prennent les serpents comme avec la main, lorsque par leurs sages exhortations ils arrachent le mal du coeur de leurs frères. Ceux qui résistent aux pernicieux conseils qui voudraient les entraîner dans ses actions criminelles, boivent un breuvage empoisonné sans en recevoir de mal; ceux qui, toutes les fois qu'ils voient leur prochain chanceler dans la voie du bien, le fortifient par l'exemple de leurs vertus, imposent les mains sur les malades et les guérissent. Or, ces miracles sont d'autant plus grands, qu'ils appartiennent au monde spirituel, et qu'ils ont pour objet de rendre la vie non aux corps, mais aux âmes.
Que dirons-nous encore ici des enfants à qui leur âge rend l'acte de foi impossible? car pour les adultes, il ne peut y avoir de difficulté. Je réponds que dans l'Eglise du Sauveur, les enfants croient par la foi des autres, de même qu'ils ont contracté par d'autres les péchés qui leur sont remis par le baptême.
La Glose
Saint Marc, sur le point de clore sa narration évangélique, rapporte la dernière apparition de Jésus-Christ à ses disciples après sa résurrection: «Enfin il apparut aux onze», etc.
Ou bien encore; «A toute créature», c'est-à-dire aux croyants et aux incrédules: «Celui qui croira et sera baptisé», etc. En effet, la foi ne suffit pas, car celui qui croit sans être baptisé et qui n'est encore que catéchumène, n'est dans la voie du salut que d'une manière incomplète.
C'est-à-dire, ils dissiperont les puissances visibles aussi bien que les puissances spirituelles, et on peut entendre dans le même sens cette prédiction: «Vous marcherez sur les serpents et sur les scorpions». On peut aussi l'entendre des serpents matériels, et c'est ainsi que saint Paul, mordu par une vipère, n'en reçut aucun mal: «Et s'ils boivent un breuvage mortel, il ne leur nuira point».Nous voyons dans l'histoire une multitude de faits de ce genre; et un grand nombre de saints qui, par la vertu du signe de la croix, ont échappé à l'influence mortelle de breuvages empoisonnés.
Pouvoirs accordés aux disciples par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ces pouvoirs qu’il
nomme des miracles (ou signes), ne diffèrent point de ce que saint Paul appelle charismes, ni des « grâces
gratuites » des théologiens. Ils avaient pour but de procurer le bien général de l’Église, et tout d’abord de
confirmer la prédication de l’Évangile. Ils formaient donc, à ce point de vue, les lettres de créance des
Apôtres, quoiqu’ils ne fussent pas exclusivement restreints au cercle apostolique, puisque Jésus promet de
les étendre sans exception à toutes les âmes fidèles, à ceux qui auront cru. — Accompagneront. Le verbe
grec παρακολουθήσει (suivre de près) , bien que S. Marc ne l’emploie pas ailleurs, rend admirablement
l’idée que l’écrivain sacré voulait exprimer. On ne saurait donc l’objecter comme un indice du caractère
apocryphe de ce passage. — Les miracles que les amis de Jésus pourront faire par la vertu toute-puissante ou
par l’invocation de son nom (en mon nom domine la liste entière jusqu’à la fin du v. 18) ne pouvaient être
tous signalés : les cinq qui reçoivent ici une mention spéciale servent donc simplement d’exemples. Ce sont
du reste les principaux, et ceux qui devaient être le plus fréquemment accomplis. — 1° ils chasseront les
démons. Les Apôtres avaient usé déjà de ce grand pouvoir, que leur Maître leur avait communiqué depuis
assez longtemps. Cf. Marc 3, 15 ; Luc 10, 17, 18. Le livre des Actes nous les montre plusieurs fois encore
occupés à chasser victorieusement les démons, Ac. 5, 16 ; 8, 7 ; 16, 18, etc. Et, au second siècle, c’était un
fait si commun parmi les fidèles, que Tertullien pouvait écrire : « Nous chassons les démons des corps des possédés, comme beaucoup le savent » [596]. Cf. Tertullien [597], et saint Irénée [598]. — 2° ils parleront
des langues nouvelles. Ce prodige devait se réaliser quelques jours seulement après l’Ascension. Cf. Ac. 2, 4
et ss. Il devint ensuite très fréquent dans la primitive Église (cf. 1Co 12–14) : saint François-Xavier le
renouvela d’une manière étonnante. L’adjectif a ici le sens d’« étrangères, inconnues ». — 3° ils prendront
les serpents, comme saint Paul à Malte, Ac. 28, 3. D’après S. Luc, Luc 10, 19, ce pouvoir avait aussi été
conféré précédemment aux Douze. — 4° S’ils boivent quelque breuvage mortel… Grâce au privilège
concédé par Jésus à ses disciples, ceux-ci n’auront à redouter ni le venin des vipères, ainsi qu’il vient d’être
dit, ni les autres poisons quels qu’ils soient. Le nom sacré du Seigneur sera pour eux un puissant antidote. La
tradition raconte que S. Jean l’Évangéliste et plusieurs autres saints personnages échappèrent ainsi à une
mort certaine. — 5° ils imposeront les mains sur les malades… Dans le grec : sur les infirmes, les invalides.
Une simple imposition des mains, et, comme résultat, le prompt et entier rétablissement de la santé ;
l’expression καλῶς ἕχειν (aller bien, se porter bien) est aimée de S. Marc, qui en fait usage jusqu’à six fois !
Pour l’accomplissement de cette promesse, voyez Ac. 5, 15 ; 19, 12, etc., et saint Irénée, 2, 32, 4. Elle aussi,
elle avait été faite antérieurement aux Apôtres. Cf. Matth. 10, 1 et parall.
C’est ce qui arriva à saint Paul piqué par une vipère à Malte (voir Actes des Apôtres, 28, 5).
La mission de Jésus, avec les nombreuses guérisons opérées, montre que Dieu a aussi à cœur la vie corporelle de l'homme. « Médecin du corps et de l'esprit », Jésus est envoyé par le Père pour porter la bonne nouvelle aux pauvres et panser les cœurs meurtris (cf. Lc 4, 18; Is 61, 1). Envoyant à son tour ses disciples à travers le monde, il leur confie une mission dans laquelle la guérison des malades s'accompagne de l'annonce de l'Evangile: « Chemin faisant, proclamez que le Royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons » (Mt 10, 7-8; cf. Mc 6, 13; 16, 18).
Tous les évangélistes, quand ils font le récit de la rencontre du Ressuscité avec les Apôtres, concluent par l'envoi en mission: «Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples ... Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde» (Mt 28, 18-20; cf. Mc 16, 15-18; Lc 24, 46-49; Jn 20, 21-23).