Marc 2, 17
Jésus, qui avait entendu, leur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »
Jésus, qui avait entendu, leur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »
Cet apôtre a reçu trois noms différents des Évangélistes; il est appelé Matthieu par lui-même (Mt 9); simplement Lévi par saint Luc, et par saint Marc Lévi, fils d'Alphée; car il était fils d'Alphée. Nous voyons dans l'Ecriture d'autres personnes qui portent deux noms. Ainsi le beau-père de Moïse porte tantôt le nom de Jéthro ( Ex 3), tantôt celui de Raguel ( Ex 2).
C'est donc ainsi que Lévi, dont le nom signifie ajouté, ayant abandonné le bureau des affaires séculières, suit le Verbe seul qui a dit ( Lc 14): «Celui qui ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple».
Après que le Seigneur eut enseigné dans Capharnaüm, il sortit du côté de la mer, afin d'instruire, non-seulement les habitants des villes, mais aussi, afin de prêcher l'Évangile du royaume des cieux à ceux qui habitaient sur les bords de la mer, et de leur apprendre à mépriser et à vaincre, par la fermeté de leur foi, les mouvements désordonnés de choses périssables. Aussi lisons-nous: «Et il sortit du côté du la mer, et tout le peuple venait à lui».
Lévi désigne la même personne que Matthieu; mais saint Luc et saint Marc, par respect et par égard pour l'Évangéliste, n'ont pas voulu le désigner par le nom qu'il portait habituellement. Saint Matthieu, fidèle à cette maxime ( Pr 13): «Le juste est son propre accusateur», se désigne sous le nom de Matthieu et déclare qu'il est publicain, afin d'apprendre à ceux qui liront son Évangile qu'aucun pécheur converti ne doit désespérer de son salut, puisque de publicain il a été tout à coup changé en Apôtre. Il dit qu'il était assis au bureau des impôts, c'est-à-dire qu'il s'occupait du recouvrement des deniers publics, car t Iëïò en grec, et vectigal en latin veulent dire impôts.
Or, suivre Jésus-Christ, c'est l'imiter. C'est pour cela qu'afin de pouvoir suivre Jésus-Christ pauvre, non-seulement extérieurement, mais encore par l'affection du coeur il abandonne son propre bien, lui qui volait celui des autres. Non-seulement il renonce au bénéfice de sa charge, mais il méprise le danger auquel il s'exposait de la part du prince, en laissant des comptes irréguliers et en désordre. Car le Seigneur, qui par sa parole l'avait invité à le suivre, l'avait embrasé intérieurement du désir de répondre sans tarder à son appel.
On donnait le nom de publicains à ceux qui percevaient les deniers publics, ou à ceux qui administraient les ressources du fisc et des affaires publiques. On désignait encore sous ce nom ceux qui recherchent dans le négoce les richesses de la terre. Ainsi donc tous ces publicains qui voyaient un des leurs obtenir le pardon de ses péchés et se convertir à une vie meilleure, ne désespèrent pas de leur salut. Ils viennent à Jésus, non pas en demeurant attachés à leurs vices, comme les scribes et les pharisiens le reprochent à Jésus par leurs murmures, mais en faisant pénitence de leur vie passée; c'est ce que prouve clairement les paroles suivantes: «Car il y en avait beaucoup qui marchaient à la suite de Jésus». Notre-Seigneur prenait part aux festins des pécheurs pour avoir occasion de les instruire et pour distribuer à ceux qui l'invitaient la nourriture spirituelle.
Si l'élection de saint Matthieu et la vocation des publicains figurent la foi des nations qui d'abord n'aspiraient qu'aux richesses du monde, .il semble que l'orgueil des scribes et des pharisiens représente l'envie de ceux qui s'attristent du salut des nations.
«Jésus, entendant ces paroles, leur dit: Ceux qui se portent bien n'ont pas besoin de médecin», etc. Il reprend par là les scribes et les pharisiens qui, prétendant être justes, évitaient la compagnie des pécheurs. Il se donne le nom de médecin, lui qui par une manière de guérir vraiment merveilleuse, a été blessé lui-même à cause de nos iniquités; lui, dont les blessures ont été notre guérison ( Is 53). Les saints et les justes dont il parle sont ceux qui voulant établir leur propre justice, ne sont pas soumis à la justice de Dieu ( Rm 10). Au contraire, il appelle malades et pécheurs ceux qui, reconnaissant leur fragilité au fond de leur coeur, et voyant qu'ils ne peuvent être justifies par la loi, se soumettent par la pénitence au joug de la grâce de Jésus-Christ. Car, comme il le dit: «Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs», etc.
Tous ces faits sont des figures parfaites des mystères qu'ils renferment. En effet, celui qui reçoit Jésus-Christ dans la maison intérieure de son âme est nourri et comme enivré d'ineffables délices. Aussi le Seigneur y fait-il volontiers son entrée, et repose-t-il avec amour dans l'âme du vrai croyant, et c'est là ce festin spirituel des bonnes oeuvres, d'où est exclu le riche orgueilleux et auquel le pauvre est admis.
Ou bien encore, il se dirige du côté de la mer après le miracle qu'il vient d'opérer, pour s'enfoncer dans la solitude; mais la foule se précipite vers lui de nouveau, afin de nous apprendre que plus on fuit la gloire et plus elle nous fuit; tandis qu'au contraire, si vous la cherchez, elle vous poursuit. Or, c'est en sortant de la ville que le Seigneur appela Matthieu: «Et comme il passait, il vit Lévi, fils d'Alphée, à son bureau», etc.
Il était assis selon l'usage au bureau des impôts, pressant les uns, vendant ses paroles aux autres, ou se livrant à quelque occupation semblable, comme font les receveurs des impôts dans leurs bureaux. C'est de cet état qu'il s'éleva jusqu'à tout abandonner pour suivre Jésus-Christ, lorsqu'il eut entendu cette parole: «Suivez-moi», etc.
Celui qui auparavant était impitoyable pour les autres, devient tout à coup si bienveillant, qu'il en invite un grand nombre à s'asseoir à sa table. «Et il arriva, dit l'Évangéliste, que Jésus étant à table, beaucoup de publicains», etc
Les pharisiens blâment cette conduite du divin Maître, et voudraient par là se faire passer pour des hommes purs de tout péché. «Et les scribes et les pharisiens, voyant qu'il mangeait avec des publicains, murmuraient», etc.
Non pas, sans doute, pour qu'ils restent pécheurs, mais afin qu'ils se convertissent et fassent pénitence.
Ayant entendu cela. Jésus prend lui-même la parole pour faire l’apologie de sa conduite. Dans sa réponse,
il développe d’abord au moyen d’une image, puis au propre, l’idéal de son ministère parmi les hommes. — Ceux qui se portent bien. les gens robustes et biens portants. Le proverbe cité ici par Jésus se retrouve à peu
près chez tous les peuples [208]. Le Sauveur daigne donc assurer qu’il est notre médecin aimable et
tout-puissant. Quelle consolation pour un monde si malade que le nôtre ! « Je vois ce grand malade gisant
dans tout l'univers, de l'Orient à l'Occident, et pour te guérir un médecin tout-puissant est descendu du ciel »
[209]. — Je ne suis pas venu appeler... Dans le langage du Nouveau Testament, le verbe « appeler » est une
expression technique pour désigner la vocation au salut messianique. — Les justes. Théophylacte, et d’autres
interprètes anciens et modernes, croient que Jésus appliquait ironiquement ce nom aux Pharisiens : Les
justes, c’est-à-dire vous qui vous croyez justes ! — Mais les pécheurs. Belle antithèse, qui exprime à
merveille le but de l’Incarnation du Verbe, et qui montre que, dans la circonstance présente, Jésus était tout à
fait à sa place et dans son rôle. Aussi, comme le dit saint Thomas, les Pharisiens se scandalisaient-ils d’une
chose qui aurait dû au contraire les édifier et les porter à l’admiration [210] ! La Recepta grecque ajoute « à
la pénitence » ; mais il est probable que ces mots sont apocryphes. — Voir dans Matth. 9, 13, une troisième
proposition, tirée de l’Ancien Testament, que Jésus joignit à sa réponse.
Jésus invite les pécheurs à la table du Royaume : " Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs " (Mc 2, 17 ; cf. 1 Tm 1, 15). Il les invite à la conversion sans laquelle on ne peut entrer dans le Royaume, mais il leur montre en parole et en acte la miséricorde sans bornes de son Père pour eux (cf. Lc 15, 11-32) et l’immense " joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent " (Lc 15, 7). La preuve suprême de cet amour sera le sacrifice de sa propre vie " en rémission des péchés " (Mt 26, 28).