Marc 2, 20

Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, ce jour-là, ils jeûneront.

Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, ce jour-là, ils jeûneront.
Louis-Claude Fillion
Le Sauveur répond plus longuement à cette objection qu’à la première, parce qu’elle était en apparence plus grave et plus spécieuse. Il la réfute à l’aide de trois images familière, qui lui servent en même temps à caractériser d’une manière admirable la différence qu’il y a entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre la Loi et l’Évangile. Voir l’explication détaillée dans notre commentaire sur Matth. 9, 15. — Première image, vv. 19 et 20. Tant que durent les réjouissances données à l’occasion d’un mariage, aucun de ceux qui y participent ne saurait songer à jeûner : ce serait un vrai contresens. Mais, les fêtes nuptiales achevées, on peut se livrer au jeûne. Telle est la figure dans toute sa simplicité. Quelques expressions seulement demandent un commentaire rapide. — Les amis de l’époux ; dans le grec, « les fils de la chambre nuptiale », hébraïsme pour désigner ce qu’on nomme chez nous les « garçons d’honneur ». Jésus, le divin Époux, venu du ciel pour célébrer ses noces mystiques avec l’Église, appelait ainsi ses disciples. L’application du reste de la figure se fait maintenant d’elle-même. — Peuvent-ils jeûner. Ces mots n’expriment pas une impossibilité absolue, mais l’espèce d’inconvenance qu’il y aurait à jeûner en un pareil temps. — L’époux leur sera enlevé. C’est la première allusion que Jésus fait à sa Passion et à sa mort. En effet, le mot ἀπαρθῇ (enlever), employé de concert par les trois synoptiques, indique une séparation violente. La prévision de sa fin douloureuse était donc longtemps d’avance présente à la pensée du Sauveur : il est vrai que ceux qui devaient plus tard le condamner à mort, les Pharisiens, sont actuellement occupés à lancer contre lui de perfides attaques. — Alors ils jeûneront. C’est la coutume chez les Hindous de se livrer à diverses manifestations de tristesse le lendemain d’un mariage, quand le nouvel époux a quitté la maison de son beau-père. Lorsque son céleste époux aura quitté la terre, l’Église pourra justement gémir et jeûner, exprimant ainsi la peine qu’elle aura de vivre loin de celui qu’elle aime par-dessus tout. — La rédaction de S. Marc, dans ce passage, se fait remarquer par plusieurs redondances pleines d’emphase. Au v. 19, la même phrase est répétée deux fois avec de légères variantes. Dans le v. suivant, nous trouvons trois expressions pour une seule idée : « des jours viendront… alors… en ces jours-là » (le singulier, pour signifier : « en ce triste jour ! » serait préférable, car la leçon ἐν ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ est beaucoup plus accréditée que celle du Textus Receptus).