Marc 2, 26

Au temps du grand prêtre Abiatar, il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de l’offrande que nul n’a le droit de manger, sinon les prêtres, et il en donna aussi à ceux qui l’accompagnaient. »

Au temps du grand prêtre Abiatar, il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de l’offrande que nul n’a le droit de manger, sinon les prêtres, et il en donna aussi à ceux qui l’accompagnaient. »
Louis-Claude Fillion
Jésus s’empresse de défendre les Apôtres contre l’injuste accusation de ses adversaires. Son argumentation vigoureuse, à laquelle les délateurs n’eurent rien à répondre, se compose de deux parties, l’une historique, l’autre rationnelle. — Premier argument, v. 25 et 26. — N’avez-vous jamais lu ? Regarde, s’étaient écriés les Pharisiens. Lisez ! s’écrie à son tour le divin Maître. Il renvoie ces Docteurs aux Saints Livres qu’ils étaient chargés d’interpréter. — Ce que fit David. Cf. 1S 21, 6. L’incident s’était passé à Nob, au temps où David fuyait la colère de Saül. Pressé un jour par le besoin (lorsqu’il fut dans le besoin, ce détail est spécial à S. Marc : il est important pour ramener l’exemple de David au cas des disciples), le royal proscrit alla demander des vivres au grand-prêtre qui, n’ayant alors sous la main que les pains de proposition, n’hésita pas à les lui livrer, bien qu’il fût permis aux seuls prêtres de manger cette nourriture consacrée. — Au temps du grand prêtre Abiathar, c’est-à-dire durant le pontificat d’Abiathar. Nous disons dans le même sens : sous Pie IX, sous Léon XIII. La mention expresse du nom du grand-prêtre alors régnant est une nouvelle particularité du récit de S. Marc. Toutefois, elle crée une très grande difficulté, puisque, d’après 1S 21, 1 et ss., le grand-prêtre qui remit à David les pains de proposition ne fut point Abiathar, mais son père Achimélech. Pour résoudre ce problème exégétique, on a inventé toute sorte d’hypothèses plus ou moins ingénieuses. Il suffira de citer les principales. 1° Abiathar serait une faute de copiste, pour Achimélech. 2° L’Évangéliste, mal servi par sa mémoire, aurait confondu les deux noms. 3° Le grand-prêtre d’alors se serait appelé en même temps Abiathar et Achimélech : de là l’emploi de noms différents par les deux écrivains sacrés. 4° Abiathar, comme précédemment les fils d’Héli, 1S 4, 4, aurait été le coadjuteur de son père dans les fonctions du souverain Pontificat : c’est pourquoi il put donner de ses propres mains les pains de proposition au prince fugitif. 5° Quoiqu’il ne fût pas alors grand-prêtre, Abiathar était néanmoins employé au service du tabernacle. On le nommerait ici de préférence à son père à cause de la célébrité qu’il acquit plus tard sous le règne et au service de David. Les deux dernières opinions sont les plus vraisemblables : la seconde est rationaliste ; la première et la troisième ne reposent sur aucun fondement solide. — Pour éviter la difficulté que nous venons de signaler, plusieurs manuscrits ont purement et simplement omis le v. 26. — Dans la maison de Dieu : c’était alors un simple tabernacle. — Et en donna à ceux qui étaient avec lui. Plus exactement, d’après le récit du livre des Rois, le grand-prêtre remit les pains à David, qui s’était seul présenté dans le tabernacle. Les compagnons du prince étaient restés à quelque distance.
Fulcran Vigouroux
Abiathar. Le premier livre des Rois, 21, verset 2 et suivants, raconte que le fait mentionné ici se passa sous le pontificat d’Achimélech, père d’Abiathar. Nous avons ici peut-être une faute de copistes, ou bien Achimélech s’appelait aussi d’Abiathar.