Marc 2, 28

Voilà pourquoi le Fils de l’homme est maître, même du sabbat. »

Voilà pourquoi le Fils de l’homme est maître, même du sabbat. »
Saint Jean Chrysostome
Affranchis de la loi figurative, unis à la vérité, les disciples de Jésus-Christ n'observent plus le repos figuratif du septième jour. «Et il arriva encore», etc., dit l'Évangéliste.

Or, ils apaisaient leur faim par une nourriture simple qui ne flattait point la sensualité, et n'avait pour but que de satisfaire aux nécessités de la nature. Les pharisiens, esclaves des ombres et des figures, accusaient les disciples, comme s'ils eussent été coupables. «Et les pharisiens disaient: Pourquoi vos disciples font-ils?» etc.

Le Seigneur, pour détruire cette vaine accusation, justifie ses disciples par l'exemple de David qui, lui aussi, mangea, contrairement aux prescriptions de la loi, des pains réservés aux prêtres seuls. «N'avez-vous pas lu, leur dit-il, ce que fit David?»

Jésus-Christ s'appelle lui-même le Maître du sabbat et la Fils de l'homme, parce qu'en effet tout Fils de Dieu qu'il était, il a permis qu'on l'appelât Fils de l'homme, par amour pour les hommes. Or, il est évident que la loi n'oblige pas le législateur et le souverain. La puissance d'un roi s'étend bien au delà des lois. C'est pour les faibles que la loi est portée et non pour les parfaits, dont les oeuvres sont supérieures à la loi ( 1Tm 1,9 ).
Saint Augustin
La loi prescrivait au peuple d'Israël de n'arrêter personne dans les champs, comme voleur, que celui qui voulait emporter quelque chose. Celui qui n'emportait que ce qu'il v oulait manger pouvait s'en aller libre et impuni ( Dt 23, 24-25). Aussi les disciples, en arrachant les épis, sont accusés par les Juifs d'enfreindre le sabbat plutôt que la justice.
Saint Bède le Vénérable
La suite du récit nous apprend qu'il y eu avait beaucoup qui venaient trouver Jésus-Christ, et un grand nombre qui revenaient vers lui, de sorte que les disciples n'avaient pas même le temps de manger et qu'ils souffraient naturellement de la faim.

IL n'y a là aucune contradiction: car, lorsque David survint, qu'il demanda et mangea les pains de proposition, Abimélech, prince des Prêtres, et Abiathar, son fils, étaient présents l'un et l'autre. Or, Abimélech ayant été mis à mort par Saul, Abia-thar se réfugia près de David et devint le compagnon de son exil. Quand David monta ensuite sur le trône, Abiathar obtint la dignité de grand-prêtre qu'il honora plus que n'avait fait son père. Aussi il mérita que le Seigneur conservât son nom à la postérité et qu'il le désignât comme grand-prêtre, même du vivant de son père. «Et il leur dit encore: le sabbat a été établi pour l'homme», etc. Car le soin que l'homme doit prendre de sa santé et de sa vie est de beaucoup préférable à l'observance du sabbat. C'était une loi, sans doute, de garder le sabbat, mais s'il y avait nécessité, on pouvait l'enfreindre sans péché. Aussi il n'était pas défendu de circoncire le jour du sabbat, parce qu'il y avait nécessité. Les Machabées eux-mêmes, obéissant à la nécessité, combattirent le jour du sabbat. De même la nécessité excusa les disciples, pressés par la faim, de faire ce qui leur était interdit par la loi, comme aujourd'hui un malade pourrait enfreindre le jeûne sans se rendre coupable. Il ajoute: «Mais le Fils de l'homme est maître, même du sabbat»; paroles dont voici le sens: Le roi David est excusable d'avoir mangé des aliments réservés aux prêtres: à plus forte raison le Fils de l'homme, le vrai Roi et le vrai Prêtre, le Maître du sabbat est-il sans péché pour avoir permis à ses Apôtres de cueillir quelques épis le jour du sabbat.

Dans le sens mystique, les disciples qui traversent ces champs couverts de moissons, ce sont les saints docteurs qui, pieusement affamés du salut des hommes, et remplis d'une sollicitude toute apostolique, passent en revue les âmes qu'ils ont gagnées à la foi. Arracher les épis, c'est arracher les hommes à toutes les intentions terrestres; les froisser entre les mains, c'est dégager par l'exemple des vertus la pureté de l'âme de la concupiscence charnelle, comme d'une sorte de paille légère. Manger le grain c'est, après l'épuration des vices, sous le souffle eu quelque sorte de la prédication évangélique, être incorporé aux membres de l'Eglise. L'Évangéliste remarque fort à propos que les disciples précédaient leur Maître lorsqu'ils agirent de la sorte, parce qu'il faut en effet que la parole du prédicateur précède et que la grâce, venant à la suite, illumine de ses célestes rayons le coeur des auditeurs. C'est le jour du sabbat, parce que les docteurs eux-mêmes ne se livrent au labeur de la prédication qu'avec l'espoir du repos futur, et qu'ils doivent rappeler à leurs auditeurs qu'eux aussi sont obligés de se condamner aux plus rudes travaux, en vue de l'éternel repos.

Ceux-là parcourent la campagne avec le Seigneur, qui aiment à méditer les saintes Écritures. fis ont faim, lorsqu'ils désirent y trouver le pain de vie. C'est le jour du sabbat, lorsque dans le calme de leur âme ils fuient le tumulte des pensées terrestres. Ils cueillent des épis, ils dégagent le g rain de sa paille légère, pour le rendre propre à devenir leur nourriture, lorsque, s'emparant par la lecture des sentences de l'Ecriture sainte, ils s'en nourrissent par la méditation, et ne cessent de l'approfondir jusqu'à ce qu'ils y aient trouvé la moelle de l'amour divin. Toutefois, cette nourriture des âmes n'est pas du goût des insensés; mais le Seigneur l'approuve.
Saint Théophylacte d'Ohrid
David, en effet, lorsqu'il fuyait devant Saul vint trouver le grand-prêtre, mangea des pains de proposition et enleva l'épée de Goliath, offrandes consacrées à Dieu (I R 21). Il en est qui demandent comment il se fait que l'Évangéliste donne à ce prince des prêtres le nom d'Abiathar, tandis que le livre des Rois le désigne sous le nom d'Abimélech.

Ou bien cette action signifie que les prédicateurs qui ont commencé à imposer le calme à leurs passions deviennent pour les autres des maîtres de vertus en détruisant en eux tout ce qui est terrestre.
Louis-Claude Fillion
Second principe, encore plus relevé que le premier : L’autorité du Christ est bien supérieure au sabbat. Jésus oppose donc maintenant son autorité messianique aux mesquines vexations des Pharisiens. — L’expression c’est pourquoi a été différemment comprise. Plusieurs interprètes la traduisent par « au reste, en fin de compte » (cf. Fr. Luc), parce que, disent-ils, elle n’introduit pas une conséquence rigoureuse des paroles qui précèdent, mais un argument nouveau et péremptoire. « Après tout (telle serait la pensée de Jésus), je puis dispenser mes disciples de la loi au sabbat, en vertu des pouvoirs dont je jouis comme Christ ». Mais n’est-il pas plus naturel de conserver le sens de « en conséquence », et d’admettre une liaison réelle entre le v. 27 et le nôtre ? Si le sabbat est fait pour l’homme, comme Jésus vient de le dire, il est bien évident que le Fils de l’homme, c’est-à-dire le Messie, en est le Maître, et qu’il a le droit de dispenser à son sujet comme il lui plaît.