Marc 2, 4

Comme ils ne peuvent l’approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de lui, ils font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé.

Comme ils ne peuvent l’approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de lui, ils font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé.
Louis-Claude Fillion
Après la mise en scène, nous passons à l’épisode proprement dit. Quatre hommes (détail omis par les autres Évangélistes) s’avancent, portant sur leurs épaules une couchette, sur laquelle est étendu un pauvre paralytique dont ils viennent demander la guérison au divin Thaumaturge. Mais l’entrée de la maison est entièrement obstruée par la foule ; il leur est impossible de pénétrer jusqu’auprès de Jésus. Que faire ? Attendre que la multitude se soit dispersée ? Non, leur foi et celle du malade leur suggère un moyen plus rapide. — Ils découvrirent le toit. Pour comprendre cette opération et celles qui vont suivre, il faut se souvenir que la scène se passe en Orient, et que les maisons orientales diffèrent notablement de nos habitations européennes. D’abord les toits sont plats et communiquent avec la rue par un escalier ou par une échelle. Ils sont formés d’une litière de roseaux ou de branchages étendus sur la charpente, d’une couche de terre jetée par dessus cette couche végétale, et enfin, le plus souvent du moins, quoiqu’il y ait des exceptions à cette règle, d’une garniture de briques reliées ensemble avec de l’argile ou du mortier. Ajoutons qu’habituellement ils sont peu élevés au-dessus du sol. Cela posé, il est facile de concevoir 1° comment les porteurs purent hisser le paralytique sur le toit ; 2° la manière dont ils réussirent, sans faire de bien grands dégâts, à y percer une ouverture suffisante pour que le malade, toujours étendu sur son grabat, pût passer à travers ; 3° comment il leur fut possible de descendre leur ami jusqu’aux pieds de Jésus [191]. On lit dans le Talmud de Babylone [192], qu’un Rabbin étant mort, on ne put faire passer son cercueil par la porte de la maison. On fut contraint de le monter sur le toit, d’où on le descendit ensuite dans la rue. C’est le rebours de notre histoire, dont la possibilité se trouve par là-même confirmée. — Où il était. On a pensé parfois que ces mots désignaient la chambre haute de la maison, parce que les Rabbins choisissaient volontiers cet appartement pour y donner leurs leçons ; mais c’est une conjecture peu probable, soit parce que toutes les habitations n’étaient pas munies d’une chambre haute, soit parce qu’il est plus conforme au contexte de dire que Jésus était alors au rez-de-chaussée. — Ayant fait une ouverture : le grec est plus énergique, et équivaut à « ayant creusé ». — Ils descendirent, ou mieux dans le grec : « ils descendent », au temps présent aimé de S. Marc. — Le grabat. En grec κράϐϐατον : c’est une de ces expressions latines grécisées par S. Marc, dont nous avons parlé dans la Préface, § 4, 3. Les anciens appelaient grabat « un lit petit et bas du genre le plus commun [193], semblable à ceux dont se servait le pauvre peuple, n’ayant qu’un réseau de cordes étendu sur un châssis [194] pour supporter le matelas » [195].
Fulcran Vigouroux
Les toits étaient en plate-forme, et l’escalier qui y conduisait se trouvait souvent hors de la maison. ― « Les maisons des villages en Orient sont basses, souvent adossées à des collines. Le toit [formant terrasse] est en terre battue supportée par d’épais branchages [sans parapet.] Dans les maisons aisées, la terrasse est couverte de dalles et entourée d’un parapet. On monte sans aucune peine sur ces toits. Les parents du malade [firent] un trou dans la terrasse de terre pour le faire descendre devant Jésus. » (J.-H. MICHON.) Ils avaient monté le malade sur le toit par l’escalier extérieur que les rabbins appellent « la voie par le toit », afin de la distinguer de celle qu’ils nomment « la voie par la porte » ordinaire de la maison. On pouvait pénétrer ordinairement dans la maison, sans faire le tour par l’escalier extérieur, au moyen d’une porte ou ouverture qui conduisait directement de la terrasse dans les appartements intérieurs, mais cette ouverture n’était pas assez grande pour y faire passer le grabat ou la civière sur laquelle les quatre hommes portaient le paralytique, il fallut enlever une partie de la terrasse. Notre-Seigneur devait se trouver immédiatement au-dessous de la terrasse formant le toit, dans l’appartement que nous avons pris l’habitude d’appeler cénacle (voir Actes des Apôtres, note 1.13) et que les écrivains du Nouveau Testament appellent en grec anagaion ou hyperôon. C’est là que les Orientaux avaient coutume de recevoir leurs hôtes, de prendre leurs repas et de se retirer pendant le jour pour s’isoler, lire ou méditer.