Marc 2, 7
« Pourquoi celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »
« Pourquoi celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »
Il y avait là… D’après S. Luc, il y avait aussi des Pharisiens dans l’assemblée, indépendamment
des Scribes. De plus, ils étaient venus les uns et les autres « de tous les villages de la Galilée, de la Judée et
de Jérusalem », Luc 5, 17. Ils étaient donc là d’une manière pour ainsi dire officielle, en vue d’épier le
Sauveur. — Qui pensaient dans leurs cœurs. Ils formèrent tous le même jugement téméraire ; toutefois, il ne
l’exprimèrent pas au-dehors. La promptitude avec laquelle Jésus répondit à leurs pensées les plus secrètes ne
leur laissa pas le temps de se les communiquer. Cf. le v. 8. La locution « penser en son coeur » est un
hébraïsme : d’après la psychologie des anciens Hébreux, le cœur était regardé comme le siège et le centre des
opérations intellectuelles. — Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? « cet homme » est dédaigneux ; « ainsi »
est pris en mauvaise part : de cette manière coupable. — Il blasphème. Les Rabbins juifs, s’appuyant sur
Lv 24, 15,16, distinguaient deux sortes de blasphème : le plus grief, qui était puni de mort, supposait une
profanation ouverte du nom divin ; l’autre existait toutes les fois qu’on avait dit quelque chose d’outrageant
pour Dieu, mais sans prononcer son saint nom [197]. C’est de ce dernier blasphème qu’ils durent accuser
Jésus, puisqu’il n’avait proféré aucun des noms divins.
Jésus veut dire en hébreu : " Dieu sauve ". Lors de l’Annonciation, l’ange Gabriel lui donne comme nom propre le nom de Jésus qui exprime à la fois son identité et sa mission (cf. Lc 1, 31). Puisque " Dieu seul peut remettre les péchés " (Mc 2, 7), c’est lui qui, en Jésus, son Fils éternel fait homme " sauvera son peuple de ses péchés " (Mt 1, 21). En Jésus, Dieu récapitule ainsi toute son histoire de salut en faveur des hommes.
Jésus a surtout scandalisé parce qu’Il a identifié sa conduite miséricordieuse envers les pécheurs avec l’attitude de Dieu Lui-même à leur égard (cf. Mt 9, 13 ; Os 6, 6). Il est allé jusqu’à laisser entendre qu’en partageant la table des pécheurs (cf. Lc 15, 1-2), Il les admettait au banquet messianique (cf. Lc 15, 23-32). Mais c’est tout particulièrement en pardonnant les péchés que Jésus a mis les autorités religieuses d’Israël devant un dilemme. Ne diraient-elles pas avec justesse dans leur effroi : " Dieu seul peut pardonner les péchés " (Mc 2, 7) ? En pardonnant les péchés, ou bien Jésus blasphème car c’est un homme qui se fait l’égal de Dieu (cf. Jn 5, 18 ; 10, 33), ou bien Il dit vrai et sa personne rend présent et révèle le nom de Dieu (cf. Jn 17, 6. 26).
Dieu seul pardonne les péchés (cf. Mc 2, 7). Parce que Jésus est le Fils de Dieu, il dit de lui-même : " Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre " (Mc 2, 10) et il exerce ce pouvoir divin : " Tes péchés sont pardonnés ! " (Mc 2, 5 ; Lc 7, 48). Plus encore : en vertu de sa divine autorité, il donne ce pouvoir aux hommes (cf. Jn 20, 21-23) pour qu’ils l’exercent en son nom.