Marc 3, 13

Puis, il gravit la montagne, et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui,

Puis, il gravit la montagne, et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui,
Louis-Claude Fillion
Il monta ensuite sur une montagne. La montagne témoin du choix des douze Apôtres fut très probablement celle de Kouroun-Hattin, dont le lecteur trouvera la description dans l’Évangile selon S. Matthieu, Matth. 5, 1. Elle était située à une courte distance du lac, qu’elle surplombe de son double sommet. L’article du texte grec suppose qu’il s’agit d’une montagne célèbre dans la contrée. C’est donc là que Jésus, après une prière mystérieuse et une veille solitaire, Luc 6, 12, choisit parmi ses disciples, déjà nombreux, douze hommes spéciaux, destinés à un rôle supérieur, et dont il voulait dès lors faire l’éducation en vue de leur destinée si importante pour son œuvre. — Il appela à lui : il proclama sans doute leurs noms devant l’assistance, les désignant un à un et les groupant à ses côtés. Ce fut un moment bien solennel : il est solennellement décrit dans la narration pourtant bien simple de notre Évangéliste. — Ceux que lui-même voulut. Mot de la plus haute gravité, qui dénote de la part de Jésus un choix tout à fait libre, quoique basé sur les plans éternels de Dieu. Il appela ceux qu’il voulut ! « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisis », dira-t-il plus tard aux Douze, Jean 15, 16. Les Apôtres eux-mêmes ne furent donc pour rien dans leur vocation, de même que leurs successeurs à divers degrés, Évêques ou Prêtres, ne doivent être pour rien dans la leur. « On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on est appelé par Dieu, comme Aaron ». He 5, 4. Non, personne, pas même le Christ, continue le grand Apôtre : « Il en est bien ainsi pour le Christ : il ne s’est pas donné à lui-même la gloire de devenir grand prêtre ; il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit... Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité ». — Et ils vinrent auprès de lui. Voilà donc le cercle intime des Douze définitivement constitué ; les vocations antérieures dont les membres du Collège apostolique avaient été l’objet n’étaient que des degrés préliminaires et préparatoires à la grande installation faite en ce moment par Jésus.
Fulcran Vigouroux
Sur la montagne ; c’est-à-dire sur la montagne voisine. Nous avons déjà fait observer dans saint Matthieu (voir Matthieu, 5, 1) que c’était là le vrai sens de cette expression. ― Plusieurs commentateurs croient que cette montagne est celle de Koroun-Hattin ou Montagnes des Béatitudes. En voir la description, Matthieu, note 5.1.
Concile œcuménique
Dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus « appela à lui ceux qu’il voulut, et en institua douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 13 ; cf. Mt 10, 1-42). Les Apôtres furent ainsi les germes du Nouvel Israël et en même temps l’origine de la hiérarchie sacrée. Puis, une fois qu’il eut par sa mort et sa résurrection accompli en lui-même les mystères de notre salut et de la rénovation de toutes choses, le Seigneur, qui avait reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre (cf. Mt 28, 18), fonda son Église comme sacrement du salut, avant d’être enlevé au ciel (cf. Ac 1, 11) ; tout comme il avait été lui-même envoyé par le Père (cf. Jn 20, 21), il envoya ses Apôtres dans le monde entier en leur donnant cet ordre : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19 s.) ; « Allez par le monde entier proclamer la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc 16, 15 s.). C’est de là que découle pour l’Église le devoir de propager la foi et le salut apportés par le Christ, d’une part en vertu du mandat exprès qu’a hérité des Apôtres l’ordre des évêques, assisté par les prêtres en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église, et d’autre part en vertu de l’influx vital que le Christ communique à ses membres : le Christ « dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion, par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l’actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même dans la charité » (Ep 4, 16). La mission de l’Église s’accomplit donc par l’opération au moyen de laquelle, obéissant à l’ordre du Christ et mue par la grâce de l’Esprit Saint et la charité, elle devient effectivement présente à tous les hommes et à tous les peuples, pour les amener par l’exemple de sa vie, par la prédication, par les sacrements et les autres moyens de grâce, à la foi, à la liberté, à la paix du Christ, de telle sorte qu’elle leur soit ouverte comme la voie libre et sûre pour participer pleinement au mystère du Christ.

Bien qu’à tout disciple du Christ incombe pour sa part la charge de répandre la foi, le Christ Seigneur appelle toujours parmi ses disciples ceux qu’il veut pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher aux nations (cf. Mc 3, 13 s.). Aussi par l’Esprit Saint, qui répartit comme il lui plaît les charismes pour le bien de l’Église (1 Co 12, 11), inspire-t- il la vocation missionnaire dans le cœur d’individus et suscite-t-il en même temps dans l’Église des instituts, qui se chargent comme d’un devoir propre de la mission d’évangélisation qui appartient à toute l’Église.
Catéchisme de l'Église catholique
Dès le début de sa vie publique, Jésus choisit des hommes au nombre de douze pour être avec Lui et pour participer à sa mission (cf. Mc 3, 13-19) ; il leur donne part à son autorité " et il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et guérir " (Lc 9, 2). Ils restent pour toujours associés au Royaume du Christ car celui-ci dirige par eux l’Église :

Jésus est l’Envoyé du Père. Dès le début de son ministère, il " appela à lui ceux qu’il voulut, et il en institua Douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher " (Mc 3, 13-14). Dès lors, ils seront ses " envoyés " (ce que signifie le mot grec apostoloi). En eux continue sa propre mission : " Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie " (Jn 20, 21 ; cf. 13, 20 ; 17, 18). Leur ministère est donc la continuation de sa propre mission : " Qui vous accueille, M’accueille ", dit-il aux Douze (Mt 10, 40 ; cf. Lc 10, 16).