Marc 3, 19

et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.

et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.
Saint Jean Chrysostome
Il appela ainsi les fils de Zébédée, parce qu'ils devaient répandre par toute la terre les oracles majestueux et éclatants de la divinité.

Il enseigne aussi par là, aux premiers pasteurs de l'Eglise, à passer lus nuits eu prières avant les ordinations, afin que leur ministère ne soit point privé de son efficacité. Lors donc que le jour fut venu, dit saint Luc, il appela ceux qu'il voulut, car il y en avait plusieurs qui marchaient à sa suite.
Saint Jérôme
De l'obéissance figurée par le nom de Simon, il s'élève à la connaissance que le nom de Pierre signifie.

Jacques, c'est-à-dire qui supplante et détruit tous les désirs de la chair; Jean, c'est-à-dire celui qui reçoit de la grâce ce que les autres obtiennent par leurs efforts. «Et il les surnomma fils du tonnerre».

«Et André». Le mot André signifie qui attaque avec une vigueur toute virile ce qui fait notre ruine, afin de trouver toujours en lui une réponse de mort, et que son âme soit toujours comme entre ses mains.

«Et Philippe». Ce nom signifie bouche de la lampe, c'est-à-dire celui dont les lèvres peuvent révéler ce que son coeur a conçu, parce que le Seigneur lui a ouvert la bouche pour éclairer le autres. Nous savons en effet qu'il est d'usage, dans l'Ecriture, d'attacher aux noms hébreux une signification mystérieuse.

( Ps 57; Is 2, 2) Ou bien encore, dans le sens spirituel, Jésus-Christ est cette montagne d'où jaillissent les eaux vives, où se prépare le lait pour le salut des enfants, où l'on trouve l'abondance des richesses spirituelles, et, avec la foi, le trésor du souverain bien. Toutes ces faveurs célestes sont là, comme en dépôt, sur cette mystérieuse montagne. Aussi, est-ce sur cette montagne que le Sauveur appelle ceux qui excellent par leurs discours et leurs oeuvres, afin que l'élévation du lieu soit en rapport avec l'élévation de leurs mérites. «Et ils vinrent à lui», etc. Le Seigneur a aimé la beauté do Jacob ( Ps 46). De même que les douze Apôtres doivent s'asseoir sur douze trônes, pour juger les douze tribus d'Israël, ainsi doivent-ils veiller par groupes de trois, répétés quatre fois, près du tabernacle du Seigneur, et porter en quelque sorte sur leurs épaules ses oracles sacrés.

Ou bien encore, cette dénomination fait ressortir les vertus éminentes de ces trois premiers Apôtres, qui ont mérité d'entendre sur la montagne la voix retentissante du Père, qui fit retentir comme un tonnerre, du sein de la nuée ( Mt 17), ces paroles: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé». Le Sauveur voulait aussi que ses Apôtres fussent sous la nuée de la chair qui les enveloppait, et par le feu de la parole, des foudres spirituels, versant la pluie sur la terre, semblables en cela au Seigneur, qui change en pluie les éclats de la foudre, et éteint par l'eau de la miséricorde le feu de la vengeance.

«Et Barthélemi». Qui est le fils de Celui qui suspend les eaux; de Celui qui a dit ( Is 5): «Et je commanderai aux nuages de ne point verser leurs eaux sur la terre». Ce nom de fils de Dieu, on l'acquiert par un esprit pacifique, par l'amour de ses ennemis. «Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils sont enfants de Dieu» ( Mt 5); «Aimez vos ennemis, afin d'être les enfants de Dieu».

«Et Matthieu». Qui est comblé des dons du Seigneur, parce qu'en effet il reçut, non-seulement la rémission de ses péchés, mais encore la faveur d'être admis au nombre des Apôtres. Et Thomas, c'est-à-dire qui est un abîme, car après avoir acquis la connaissance des plus profonds mystères, il les publie, lui et les autres Apôtres, avec l'assistance divine, «Et Jacques, fils d'Alphée», c'est-à-dire du docte ou du millième, et mille tomberont à ses côtés ( Ps 60). C'est cet autre Jacob qui doit lutter, non point contre la chair et le sang, mais contre la malice spirituelle de Satan ( Ep 6). «Et Thadée», Corculus, c'est-à-dire qui cultive son coeur, qui le garde avec le plus grand soin ( Pr 4).

Simon signifie qui dépose la tristesse. «Bienheureux ceux qui pleurent, dit Jésus-Christ, parce qu'ils seront consolés (Mt 5). Simon s'appelle le Chananéen, ou Zélotès, c'est-à-dire celui qui est dévoré du zèle de la gloire de Dieu ( Ps 68). Judas Iscariote, c'est-à-dire celui qui n'efface point par la pénitence son péché, et dont le souvenir ne s'efface pas davantage; car Judas signifie celui qui confesse ou qui est avide de gloire; et Iscariote signifie souvenir de mort.

Et en effet il y a, dans l'Eglise, beaucoup de confesseurs superbes et vains, comme Simon le magicien, Arius et les autres hérétiques, et dont la funeste mémoire -n'est rappelée dans l'Eglise qu'afin d'en éloigner les âmes chrétiennes.
Saint Augustin
Il ne faut pas croire cependant que c'est alors seulement que Simon reçut ce nouveau nom de Pierre, ce qui serait opposé à ce que rapporte saint Jean, qui place bien avant cette parole de Jésus: «Tu t'appelleras Céphas», c'est-à-dire Pierre. C'est ce que saint Marc rappelle comme par manière de récapitulation. Il avait dessein d'énumérer les noms des Apôtres, et il devait nécessairement parler de Pierre, il eut donc la pensée d'insinuer très brièvement qu'il n'avait pas toujours porté ce nom, mais que le Seigneur le lui avait donné.
Saint Bède le Vénérable
Il faut sous-entendre: «Et, étant monté sur la montagne, il appela à lui Jacques et Jean», etc.

André est un nom grec, qui signifie viril, parce qu'il s'attacha au Seigneur avec courage.

Thadée est celui que saint Luc, dans son Évangile ( Lc 6), et dans les Actes des Apôtres ( Ac 1), désigne sous le nom de Jude, frère de Jacques. Il était en effet frère de Jacques, lequel était lui-même frère, c'est-à-dire cousin germain du Seigneur, comme il l'écrit dans son Epître.

En effet, leur vocation à l'apostolat était une affaire qui dépendait, non de leur choix et de leur volonté propre, mais bien de la grâce et de la miséricorde divine. Cette montagne, où le Seigneur daigne les choisir, figure l'éminence de la sainteté à laquelle ils devaient tendre et qu'ils devaient ensuite prêcher aux hommes.

«Et Simon le Chananéen, et Judas Iscariote, qui le livra». L'Évangéliste ajoute ici quelques explications: il veut distinguer ceux dont il parle de Simon-Pierre et de Juda ou Jude, frère de Jacques. Simon est appelé Chananéen, de Chana, bourg de la Galilée. Judas est surnommé Iscariote, du bourg où il était né, ou de la tribu d'Issachar.

Après avoir défendu aux esprits mauvais de proclamer sa divinité, Jésus choisit les saints Apôtres, qui devaient chasser les esprits immondes et prêcher son Évangile. «Et étant monté ensuite sur une montagne», etc.

Ce nombre mystérieux était figuré autrefois par les enfants d'Israël, qui campaient autour du tabernacle. Trois tribus stationnaient aux quatre côtés du tabernacle; or, trois fois quatre font douze, et c'est au U0 mbre de douze que les Apôtres furent envoyés pour prêcher l'Évangile aux quatre parties du monde, et baptiser les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, «Et il leur donna le pouvoir», etc. Il voulait par là que la grandeur et l'éclat de leurs oeuvres servissent de témoignage à la grandeur des promesses célestes, et que des prodiges nouveaux vinssent confirmer la doctrine nouvelle qu'ils annonçaient.

Le Sauveur voulut qu'il prit un autre nom tout d'abord, pour appeler l'attention sur le mystère dont ce changement était la figure. Le mot Pierre, en grec comme en latin (en syriaque Céphas), dérive de petra, rocher ou pierre, et nul doute que cette pierre ne soit autre que celle dont l'Apôtre dit ( 1Co 10 ) :» Or, cette pierre était Jésus-Christ». Carde même que Jésus-Christ était la vraie lumière ( Jn 1), et qu'il donna aux Apôtres le privilège d'être appelés la lumière du monde, de même il accorda à Simon, plein de foi en Jésus-Christ, qui est la pierre angulaire, ce nom glorieux de Pierre.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Il désigne les douze Apôtres par leur nom, afin qu'on pût les discerner des faux Apôtres, qu'il fallait éviter: «Et il donna à Simon le nom de Pierre», etc.

L'Évangéliste le met au nombre des Apôtres, pour nous apprendre que Dieu ne rejette personne en prévision de sa méchanceté future, mais qu'il l'honore, au contraire, par égard pour sa vertu présente.
Louis-Claude Fillion
Judas, l’homme de Carioth (Voyez Matth. 10, 4 et le commentaire), clôt ignominieusement la liste, de même que Simon-Pierre l’ouvrait glorieusement. — Qui le trahit. Cette note infamante est presque toujours ajoutée à son nom dans l’Évangile, comme une juste et perpétuelle flétrissure. Origène, ne pouvant s’expliquer le mystère de la vocation de ce misérable traître, imagina qu’il n’avait pas été réellement appelé par Jésus comme les autres Apôtres, mais qu’il s’ingéra de lui-même dans le collège apostolique, où il fut seulement toléré. Cette singulière opinion se trouve réfutée par le texte formel que nous lisions plus haut, v. 13, et qui s’applique à Judas tout aussi bien qu’aux autres : « il appela à lui ceux que lui-même voulut ». Si l’on s’étonne d’abord que Jésus ait pu choisir un traître pour le placer parmi ses Apôtres, on n’a qu’à se souvenir qu’il « ne l’avait pas choisi pour être un traître et qu’il lui avait donné toutes les grâces nécessaires pour répondre à sa vocation. Le Sauveur voulait nous apprendre qu’on peut se perdre dans les vocations les plus saintes, et qu’en permettant le mal, la Sagesse divine devait en tirer un plus grand bien et le faire servir à sa gloire » [233].
Concile œcuménique
Le Seigneur Jésus, après avoir longuement prié son Père, appela à lui ceux qu’il voulut et en institua douze pour en faire ses compagnons et les envoyer prêcher le Royaume de Dieu (cf. Mc 3, 13-19 ; Mt 10, 1-42) ; à cette institution des Apôtres (cf. Lc 6, 13), il donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux (cf. Jn 21, 15-17). Il les envoya aux fils d’Israël d’abord et à toutes les nations (cf. Rm 1, 16) pour que, participant à son pouvoir, ils fassent de tous les peuples ses disciples, pour qu’ils les sanctifient et les gouvernent (cf. Mt 28, 16-20 ; Mc 16, 15 ; Lc 24, 45-48 ; Jn 20, 21-23), propageant ainsi l’Église et remplissant à son égard, sous la conduite du Seigneur, le service pastoral tous les jours jusqu’à la consommation des siècles (cf. Mt 28, 20). Le jour de Pentecôte, ils furent pleinement confirmés dans cette mission (cf. Ac 2, 1-26), selon la promesse du Seigneur : « Vous recevrez une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). En prêchant partout l’Évangile (cf. Mc 16, 20), accueilli par ceux qui l’écoutent grâce à l’action de l’Esprit Saint, les Apôtres rassemblent l’Église universelle que le Seigneur a fondée en ses Apôtres et bâtie sur le bienheureux Pierre, leur chef, le Christ Jésus étant lui-même la pierre suprême d’assise (cf. Ap 21, 14 ; Mt 16, 18 ; Ep 2, 20).
Pape Saint Jean-Paul II
Le ministère de Jésus est décrit dans le contexte de ses voyages dans son pays. L'horizon de sa mission avant la Pâque se concentre sur Israël; toutefois, il y a en Jésus un élément nouveau d'importance primordiale. La réalité eschatologique n'est pas renvoyée à une fin du monde éloignée, mais elle devient proche et commence à advenir. Le Royaume de Dieu est tout proche (cf. Mc 1, 15), on prie pour qu'il vienne (cf. Mt 6, 10), la foi le voit déjà à l'œuvre dans les signes, tels les miracles (cf. Mt 11, 4-5), les exorcismes (cf. Mt 12, 25-28), le choix des Douze (cf. Mc 3, 13-19), l'annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres (cf. Lc 4, 18). Dans les rencontres de Jésus avec les païens, il apparaît clairement que l'accès au Royaume advient par la foi et la conversion (cf. Mc 1, 15), et non du fait d'une simple appartenance ethnique.