Marc 3, 20

Alors Jésus revient à la maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu’il n’était même pas possible de manger.

Alors Jésus revient à la maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu’il n’était même pas possible de manger.
Louis-Claude Fillion
Ils vinrent. « Jésus avec ses proches » [234], c’est-à-dire avec les douze Apôtres qu’il venait de se choisir. — Dans la maison ; dans le texte grec : dans une maison. C’était probablement à Capharnaüm. — La foule s’y rassembla. La scène racontée dans Marc 2, 2 se renouvelle une seconde fois, quoique d’une manière beaucoup plus pénible pour Jésus et pour ses disciples. Cette fois, en effet, le concours dura si longtemps, que le Sauveur et les Apôtres, attentifs aux besoins de la multitude qui, accourait sans cesse, n’avaient pas même le temps de penser aux leurs. Quelle force dans ces mots : de sorte qu’il ne pouvait pas même manger du pain ! Il est peu de détails aussi expressifs dans toute l’histoire évangélique, et c’est à S. Marc que nous devons cette ligne qui en vaut mille ! — Sur la locution « manger du pain », Maldonat écrit avec justesse : « Cette phrase est un hébraïsme, en vertu duquel le pain est pris au sens de toute nourriture. Prendre du pain est donc prendre de la nourriture ». — D’après le récit de notre Évangéliste, il semble que ce fait eut lieu immédiatement après le choix des douze Apôtres ; mais, si nous ouvrons une Concorde évangélique, nous voyons qu’il existe en cet endroit du second Évangile une lacune considérable. En effet, entre les deux événements, doit se placer le Discours sur la Montagne, que S. Marc passe entièrement sous silence. Cf. Matth. 5–7 ; Luc 6, 20 et ss. Mais nous avons vu dans la Préface, § 7, qu’il s’inquiète beaucoup plus des actes que des discours : de là cette importante omission. « En grande partie d’ailleurs, dit très bien M. Bougaud, le Sermon sur la Montagne est juif. Il traite de l’infériorité de la Loi, de la perversité des commentaires qu’y avaient joints les Pharisiens, et du couronnement de cette Loi en Jésus-Christ : toutes choses que les Romains n’étaient point préparés à comprendre » [235]. Les points de morale universelle et éternelle que contient aussi ce discours, tels que « le sacerdoce qui est le sel de la terre, la lumière qu’il ne faut pas mettre sous le boisseau, la main droite qu’il faut couper si elle devient un scandale, l’unité et l’indissolubilité du mariage, la pureté du cœur, la prière, le pardon des injures », sont signalés en divers endroits par S. Marc, Jésus étant revenu plusieurs fois sur ces enseignements pleins de gravité.