Marc 3, 5
Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : « Étends la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale.
Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : « Étends la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale.
Jésus-Christ le place au milieu de cette assemblée, afin qu'ils soient frappés d'étonnement et touchés de compassion à la vue de son infirmité, et qu'ils renoncent à tout sentiment de malignité.
Ou bien encore, l'infirmité de cet homme représente les avares, qui, pouvant donner, aiment mieux recevoir, préfèrent la rapine aux largesses, que l'on invite à étendre les mains, et à qui l'on semble dire: «Que celui qui dérobait ne dérobe plus, mais qu'il travaille plutôt, et qu'il exerce ses mains à une utile industrie, afin d'avoir de quoi assister ceux qui sont dans le besoin ( Ep 4, 28). théophile. Ou bien encore, celui qui a la main desséchée est l'homme qui néglige d'opérer le bien; car dès lors que notre main ne s'exerce plus qu'à des oeuvres coupables, elle se dessèche et devient impuissante à opérer le bien, mais elle retrouvera sa force, quand cet homme coupable voudra se tenir ferme dans la vertu. Voilà pourquoi Jésus-Christ dit: «Levez-vous», c'est-à-dire sortez du péché, tenez-vous là au milieu, et alors sa vertu ne péchera ni par défaut, ni par exagération.
On peut aussi s'étonner que saint Matthieu met dans la bouche des Juifs, cette question: «Est-il permis d'opérer des guérisons le jour du sabbat», tandis que saint Marc nous représente Jésus-Christ leur adressant lui-même cette question: «Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal ?» Comprenons donc que les Juifs commencent par demander au Seigneur s'il était permis d'opérer des guérisons le jour du sabbat; Jésus, voyant l'intention coupable qui leur faisait chercher l'occasion de l'accuser, place au milieu d'eux l'homme qu'il allait guérir et leur fait les questions rapportées par saint Marc et saint Luc; et c'est alors qu'il leur proposa la comparaison de la brebis, et qu'il tire de là cette conclusion qu'il est permis de faire du bien le jour du sabbat.
«Et ils se taisaient». Car ils savaient que Jésus allait guérir cet homme. «Et les regardant avec colère». Ce regard courroucé, cette tristesse qu'il éprouve à la vue de l'aveuglement de leur coeur, lui sont inspirés par la nature humaine qu'il a daigné prendre pour nous. A la parole, il joint le miracle, et c'est ainsi que cet homme est guéri au seul son de sa voix. Et il étendit la main, et elle retrouva sa première souplesse. En agissant ainsi, il répondait aux accusations dirigées contre ses disciples, et montrait en même temps qu'il était lui-même au-dessus de la loi.
Le Seigneur avait pleinement justifié ses disciples du reproche de violer le sabbat, en alléguant l'exemple irrécusable de David; maintenant donc, ils l'observent avec l'intention de l'accuser faussement ou de transgresser le sabbat, s'il guérit cet homme en ce jour-là, ou d'inhumanité ou d'impuissance s'il ne le guérit pas.
Pour prévenir la calomnie que les Juifs s'apprêtaient à diriger contre lui, Jésus va les convaincre de violer la loi par leur interprétation coupable. Il leur dit donc «Est-il permis le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal?» Il leur adresse cette question, parce qu'ils s'imaginaient que le jour du sabbat il fallait s'abstenir même des bonnes actions, bien que la loi n'interdisait que les mauvaises ( Lv 23): «Vous ne ferez en ce jour-là aucune oeuvre servile», c'est-à-dire aucun péché., puisque celui qui fait le péché est esclave du péché ( Jn 8, 34). Cette question préliminaire: «Est-il permis de faire le bien ou de faire du mal», est la même que celle qui suit: «De sauver une âme ou de la perdre ?» C'est-à-dire de guérir un homme ou non? Non pas que Dieu, souverainement bon, puisse être l'auteur de notre perdition, mais parce que dans le langage de l'Ecriture, pour Dieu, ne pas sauver, c'est perdre. Maintenant, si l'on s'étonne que le Seigneur, sur le point d'opérer une guérison corporelle, parle du salut de l'âme, qu'on se rappelle que dans l'Ecriture, l'âme désigne l'homme tout entier, comme dans ces paroles: «Voici les âmes qu'engendra Jacob. «On peut dire encore que Jésus opérait ces miracles en vue du salut de l'âme, ou bien enfin que la guérison de cette main desséchée était la figure de la guérison de l'âme.
Dans le sens mystique, cet homme dont la main est desséchée, c'est le genre humain, incapable de produire aucune bonne oeuvre, mais qui est guéri par la miséricorde du Seigneur. Oui, c'est le genre humain, dont la main s'est desséchée pour avoir cueilli le fruit défendu, dans la personne de notre premier père; mais la grâce du Rédempteur, étendant sur l'arbre de la croix ses mains innocentes, lui a rendu la sève des bonnes oeuvres, sa vigueur première. C'est dans la synagogue que nous apparaît cette main desséchée, car c'est là où le don de la science est départi plus abondamment que se trouve aussi le danger plus grave d'une faute inexcusable.
Après avoir confondu, par l'exemple de David, les Juifs qui accusaient ses disciples de cueillir des épis le jour du sabbat, le Seigneur, pour les rapprocher de plus en plus de la vérité, opère un miracle le jour du sabbat, et leur montrer par là que si c'est une oeuvre de piété d'opérer des miracles le jour du sabbat pour le salut des hommes, ce n'est point un mal de pourvoir ce même jour à tous les besoins du corps. «Et étant entré une autre fois dans la synagogue», etc.
Toute la
première moitié de ce verset contient de nombreux détails particuliers à S. Marc. — Promenant sur eux un
regard. Jésus embrasse tous ses ennemis, l’un après l’autre, dans ce regard noble et ferme, devant lequel
leurs propres yeux durent se baisser humblement. Notre Évangéliste aime à décrire les regards de Jésus.
Cf. Marc 3, 34 ; 5, 32 ; 10, 23 ; 11, 44. — Plein de colère. Il aime à décrire aussi les sentiments humains qui
agitaient son âme. Il signale ici un mouvement de sainte colère. C’est le seul endroit des Évangiles où il est
dit que le Sauveur ait été ému par cette passion. Ou plutôt, comme s’exprime Fr. Luc, « La colère est en nous
une passion ; dans le Christ, elle était une action. En nous, elle surgit spontanément, mais le Christ, lui, la
suscite. En jaillissant en nous, elle trouble les autres puissances du corps et de l’âme ; et elle ne peut pas être
réprimée par le libre arbitre. Excitée par le Christ, elle meut ce qu’il veut qu’elle meuve, et elle ne trouble
rien. Elle s’apaise ensuite par l’action de sa volonté » [220]. En effet, « Les sens corporels (du Christ) étaient
pleins de vigueur, sans la loi du péché ; et la vérité de ses affections était soumise à la modération
qu’apportaient la déité et sa raison » [221]. En Jésus, tout était pur et parfait. — Attristé. Étrange association,
ce semble : la tristesse et la compassion unies à la colère ! Et pourtant l’expérience, aussi bien que la
psychologie, justifie ce mélange de sentiments qui ne sont en aucune façon contradictoires. Jésus s’irrite
contre le péché, il s’apitoie sur les pécheurs ; ou bien, sa colère ne dure qu’un instant, une vive et perpétuelle
sympathie la remplace aussitôt. — De l’aveuglement de leur cœur. Le substantif grec πωρώσις désigne plutôt
l’endurcissement que la cécité du cœur : πωρόω signifie même pétrifier. Cf. Marc 6, 52 ; 8, 46 ; Jean 12, 40 ;
2Co 3, 14. Une haine implacable contre Jésus avait endurci le cœur des Pharisiens. — Étends ta main : le
récit est aussi rapide que les faits. Jésus avait déjà opéré d’autres prodiges en des jours de Sabbat.
Cf. Marc 1, 21-29. Il en opérera d’autres encore, Jean 5, 9 ; 9, 14 ; Luc 13, 14 ; 14, 1. Ses ennemis ne lui
pardonneront jamais cette sainte liberté ; aussi les Évangiles apocryphes nous les montrent-ils lançant contre
Jésus, à l’époque de son jugement, cette accusation avec une insistance particulière [222].
Le péché mortel requiert pleine connaissance et entier consentement. Il présuppose la connaissance du caractère peccamineux de l’acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel. L’ignorance affectée et l’endurcissement du cœur (cf. Mc 3, 5-6 ; Lc 16, 19-31) ne diminuent pas, mais augmentent le caractère volontaire du péché.