Marc 4, 21

Il leur disait encore : « Est-ce que la lampe est apportée pour être mise sous le boisseau ou sous le lit ? N’est-ce pas pour être mise sur le lampadaire ?

Il leur disait encore : « Est-ce que la lampe est apportée pour être mise sous le boisseau ou sous le lit ? N’est-ce pas pour être mise sur le lampadaire ?
Louis-Claude Fillion
« Il est facile de voir que les choses qui suivent, que Marc a assemblées en un tout, ne concordent pas avec celles qui précèdent, ni même entre elles. Mais… je pense que celles-là correspondent avec celles qui précèdent ». Grotius, car ces lignes sont de lui, a parfaitement raison. Les vv. 21-25 ne sont pas le moins du monde une pure intercalation de hasard ou de fantaisie. S. Marc et S. Luc les placent en cet endroit, parce que les pensées qu’ils contiennent furent réellement exprimées par Jésus après l’explication de la parabole du semeur, il est vrai que S. Matthieu les cite ailleurs, comme une partie intégrante du Discours sur la Montagne, ou de l’instruction pastorale adressée aux Douze (cf. Matth. 5, 15 ; 7, 2 ; 10, 26) ; mais rien n’empêche que le Sauveur n’ait prononcé plusieurs fois, en diverses circonstances, ces proverbes, qui contenaient des enseignements d’une grande importance. En tout cas, il cadrent fort bien ici avec le contexte, comme le montrera le commentaire. D’un autre côté, ils s’enchaînent l’un à l’autre et s’expliquent mutuellement. — Il leur disait. Voyez le v. 13 et l’explication. Le pronom ne désigne que les disciples, et ne saurait s’appliquer à tout l’auditoire décrit au commencement du chapitre, v. 1 ; la suite des faits suppose que Jésus est seul avec les siens. Cf. v. 10. — Est-ce qu’on apporte la lampe... La lucerna (lampe qui brûle de l’huile, par opposition à candela, chandelle ou bougie) était faite généralement de terre cuite ou de bronze, avec une poignée d’un côté et de l’autre un bec pour la mèche, et au centre un orifice servant à verser l’huile dans la lampe… Il y avait bien des formes et des modèles différents de lampes ; suivant la nature des matériaux dont elles étaient faites, et le goût de l’artiste qui mettait ces matériaux en œuvre ; mais, quel que fût leur degré d’ornementation, quelque enrichies qu’elles pussent être d’accessoires et de détails capricieux, elles conservaient généralement… la forme caractéristique d’un vase en forme de bateau » [250]. — Sous le boisseau. Le boisseau était une mesure romaine équivalant à peu près à notre décalitre. — Ou sous le lit. Le texte grec ne désigne pas le lit proprement dit, mais le lit-siège, qui ne servait que pour les repas. Du reste, l’idée serait la même dans les deux cas. Ainsi donc, personne ne songe à placer une lampe allumée sous un boisseau ou sous un lit : ce serait une absurdité. — N’est-ce pas pour la mettre sur le lampadaire. Nous citons encore A. Rich : « Candelabrum, pied de lampe portatif, sur lequel on plaçait une lampe à huile. Ces pieds étaient quelquefois faits en bois (Petronius, Satiricon, 95, 6) ; mais la plupart du temps ils étaient en métal (Cicéron, Verrines, 2, 4, 26), et destinés à être placés sur quelque autre pièce du mobilier… Ils devaient se mettre sur une table ou reposer sur le sol ; dans ce cas, ils étaient d’une hauteur considérable, et consistaient en une tige haute et élancée, imitant la tige d’une plante ; ou bien encore c’était une colonne effilée, surmontée d’un plateau rond et plat sur lequel la lampe était placée » [251]. Il y avait aussi le candélabre à suspension, qu’on attachait au plafond ou à la muraille ; voyez l’Évangile selon S. Matthieu, Matth. 5, 15. — Maintenant, que signifie ce proverbe à la place que lui assigne S. Marc ? Simplement, que les mystères du royaume des cieux ne sont pas destinés à demeurer cachés. Jésus les communique à ses disciples pour que ceux-ci les prêchent un jour sur les toits ; car la vérité ne doit pas et ne peut pas rester sous le boisseau.