Marc 4, 25

Car celui qui a, on lui donnera ; celui qui n’a pas, on lui enlèvera même ce qu’il a. »

Car celui qui a, on lui donnera ; celui qui n’a pas, on lui enlèvera même ce qu’il a. »
Saint Jean Chrysostome
Après avoir répondu aux questions de ses disciples, et jour avoir exposé le sens de cette parabole, le Sauveur ajoute: «Apporte-t-on la lampe pour la mettre sous le boisseau ?» etc. C'est-à-dire j'ai proposé cette parabole, non pour que le sens en demeurât énigmatique et caché, comme une lampe placée sous un boisseau ou sous le lit, mais pour en faire connaître le sens à ceux qui en sont dignes. Cette lampe, c'est cette nature spirituelle et intelligente qui est en nous et qui, selon la mesure de sa flamme, projette ou une lumière éclatante, ou une lueur indécise; elle ne tarde pas à s'éteindre complètement, si on néglige les méditations sérieuses, propres à entretenir dans cette lampe spirituelle la lumière et les pieux souvenirs.

Ou bien encore: «Rien de ce qui est caché», etc., c'est-à-dire si notre vie se passe dans la pratique d'une sainte vigilance, aucune accusation ne pourra obscurcir notre lumière.

Ou bien autrement encore, on donnera à celui qui a le désir et la volonté d'entendre et de demander, mais celui qui n'a pas ce désir d'entendre la parole divine, se verra enlever le peu qu'il pouvait posséder de la loi écrite.

On peut dire que cet homme ne possède rien, parce qu'il ne possède pas la vérité. Le Sauveur dit cependant qu'il possède quelque chose, car celui dont l'intelligence est pleine d'erreurs s'imagine faussement posséder quelque chose.
Saint Jérôme
Ou bien la lampe est la parabole des trois semences: le boisseau ou le lit, c'est l'intelligence, de ceux qui n'obéissent point; le chandelier, ce sont les Apôtres, que la parole de Dieu a illuminés de ses divines clartés. «Tout ce qui est caché», etc. Cette chose cachée, dérobée aux regards, c'est la parabole de la semence; la lumière vient l'éclairer, quand le Seigneur en donne l'explication.

Ou bien autrement, l'intelligence des mystères est départie à chacun selon la mesure de sa foi, et au don d'intelligence vient se joindre celui des vertus. «A celui qui a, on donnera encore»; c'est-à-dire s'il a la foi, il recevra la vertu; s'il exerce le ministère de la parole, il recevra l'intelligence des mystères. Au contraire, celui qui n'a pas la foi n'aura point non plus la vertu; et s'il n'exerce pas le ministère de la prédication, il n'aura pas l'intelligence du mystère; et celui qui n'en a pas l'intelligence, bientôt cessera même d'entendre.
Saint Bède le Vénérable
Que celui qui a reçu l'intelligence de la parole de Dieu ne se dérobe pas à l'accomplissement de son devoir; mais qu'au lieu d'appliquer son esprit à l'étude des choses frivoles, il médite sérieusement l'enseignement de la vérité, qu'il applique ses mains à la mettre en pratique dans ses oeuvres, et sa langue à la publier par la prédication.

Ou bien encore, si vous vous appliquez à pratiquer dans toute son étendue le bien qui dépend de vous, et à en inspirer l'amour aux autres, la miséricorde divine vous donnera ici-bas une intelligence plus grande des vérités les plus hautes et une charité plus ardente pour accomplir des oeuvres plus parfaites, et dans la vie future il y ajoutera les récompenses éternelles; c'est ce que signifient ces paroles: «Et on vous le donnera par surcroît.

Ou bien ce boisseau est l'image naturelle de notre vie renfermée dans la mesure déterminée par la Providence; ce lit, c'est notre corps, qui sert d'habitation et de lieu de repos à notre âme pendant cette vie. Placer la lampe sous le boisseau ou sous le lit, c'est donc cacher la parole de Dieu par un amour excessif de cette vie passagère et des jouissances charnelles. Au contraire, la placer sur le chandelier, c'est assujettir son corps au ministère de la parole divine. Aussi le Sauveur veut-il inspirer ici, à ses Apôtres, une sainte confiance dans l'exercice de la prédication: «Il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive venir au grand jour; c'est-à-dire ne rougissez pas de l'Évangile, mais, au milieu des ténèbres des persécutions, élevez bien haut la lumière de la parole divine sur le chandelier de votre corps, et conservez profondément imprimé dans votre âme le souvenir du jour où le Seigneur lui-même éclairera ce qui est caché dans les ténèbres (l Co 4, 5); en ce jour, Dieu nous comblera de gloire et d'honneur, tandis qu'il fera peser sur les ennemis de la vérité le poids des châtiments éternels.

Il n'est pas rare de voir un esprit subtil et pénétrant perdre par sa négligence une science qu'un autre, doué d'une nature moins vive, mais appliquée, acquiert par son travail.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Afin de ne perdre aucune des paroles que je vous ai dites: «On emploiera à votre égard la même mesure dont vous vous serez servis vous-mêmes»; c'est-à-dire le fruit que produiront en vous mes paroles sera proportionné à l'application que vous aurez mise à les entendre.

On pont dire encore que le Seigneur recommande ici à ses Apôtres d'être éclatants dans leur vie et dans toutes leurs actions. Une lampe, semble-l-il leur dire, est destinée à répandre la lumière autour d'elle, ainsi tous les hommes auront les yeux fixés sur votre vie; appliquez-vous donc à la rendre sainte; ne cherchez point les lieux obscurs, soyez véritablement une lampe. Une lampe ne se place point sous le lit, mais sur un chandelier, d'où elle puisse éclairer ce qui l'environne. Ce chandelier, sur lequel il faut placer cette lampe, c'est une vertu éminente, conforme aux enseignements divins, et dont l'éclat lumineux puisse éclairer tous ceux qui la voient. Que la lampe ne soit point cachée sous le boisseau, ni sous le lit, c'est-à-dire dans les plaisirs de la table ni dans l'oisiveté; car l'homme, esclave de la sensualité ou de la paresse, ne sera jamais une lampe propre à répandre la lumière autour d'elle.

Tous les actes de notre vie passée, soit bons, soit mauvais, arrivent à la connaissance du public dans le temps présent, à plus forte raison dans la vie future. Quoi de plus caché que Dieu? et cependant il s'est manifesté lui-même dans notre nature humaine.
Louis-Claude Fillion
Quatrième proverbe, qui appuie et développe le troisième de même que le second (v. 22) avait prouvé et expliqué le premier (v. 21). Sa signification est claire, et justifiée par mille faits d’expérience journalière. Voyez l’explication du premier Évangile, Matth. 13, 12. Ajoutons une réflexion très juste du P. Patrizi : « Quand on applique des proverbes à la chose dont on parle, pour répondre à des besoins d’enjolivement ou de rhétorique plutôt que pour la rendre plus certaine et plus indubitable, il ne faut pas exiger une traduction littérale, mais se contenter d’un sens général qui correspond à cette chose » [253]. D’après cette règle, voici quel nous semblerait être le sens spécial du proverbe dans notre verset : Quiconque est attentif croît chaque jour dans la connaissance des divins mystères et devient plus capable de la communiquer aux autres ; celui qui est inattentif oublie tout, car il perd bientôt le peu qu’il possédait. Avis aux prêtres qui seraient tentés de négliger l’étude de la parole de Dieu et de la théologie.