Marc 6, 16
Hérode entendait ces propos et disait : « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! »
Hérode entendait ces propos et disait : « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! »
Cet Hérode était le fils du premier Hérode, sous le règne duquel Joseph avait emmené Jésus en Egypte. Saint Matthieu et saint Luc lui donnent le nom de tétrarque, parce qu'il n'avait plus à gouverner que la quatrième partie du royaume de son père, les Romains, après la mort d'Hérode, son père, ayant divisé son royaume en quatre parties. Saint Marc, au contraire, lui donne le titre de roi, en se conformant à l'usage des Juifs qui l'appelaient ainsi, parce qu'ils avaient donné ce nom à son père, ou parce qu'ils savaient que cela lui était agréable.
Ils veulent ici parler de ce prophète dont Moïse a dit: «Dieu vous suscitera un prophète du milieu de vos frères». Cette idée était juste; mais les Juifs ne tenaient ce langage que parce qu'ils craignaient d'avouer ouvertement que Jésus était le Christ. Ils invoquent le témoignage de Moïse comme pour couvrir le soupçon qu'ils avaient de la divinité de Jésus-Christ, par crainte de ceux qui étaient à leur tête. «Ce qu'Hérode ayant entendu, il dit: Jean, que j'ai décapité, est ressuscité d'entre les morts». Hérode parle ainsi par ironie.
«Mais d'autres disaient: C'est Elie». En effet, Jean-Baptiste n'avait pas craint d'adresser de vifs reproches à un grand nombre de ceux qui venaient le trouver, en les appelant race de vipères. «Et d'autres: C'est un prophète», c'est-à-dire l'un des anciens prophètes.
«Car son nom était devenu célèbre». Il n'est pas permis en effet de cacher la lampe sous le boisseau. «Et Hérode disait: Jean-Baptiste est ressuscité d'entre les morts; c'est pourquoi des miracles sont opérés par lui». Nous pouvons voir ici combien grande fut l'envie des Juifs. Jean-Baptiste n'a fait aucun miracle, au témoignage de saint Jean l'Évangéliste, et les Juifs, sans aucune preuve, croient qu'il est ressuscité; mais pour Jésus, au contraire, que Dieu avait rendu célèbre p ar toutes sortes de prodiges, de miracles, et à la résurrection duquel les anges, les apôtres, les hommes et les femmes avaient rendu témoignage, plutôt que de croire à sa résurrection, ils ont mieux aimé se l'expliquer en disant qu'on avait secrètement enlevé son corps. Ils attribuent à Jean-Baptiste ressuscité d'entre les morts l'opération des miracles, et en cela ils ont une juste idée de la résurrection qui doit revêtir les saints d'une plus grande puissance que celle qu'ils avaient sur la terre, lorsqu'ils étaient encore sous le poids de l'infirmité de la chair.
Saint Luc vient confirmer ici le récit de saint Marc, en ce sens qu'il attribue aussi à d'autres qu'à Hérode lui-même ces paroles: «Jean est ressuscité d'entre les morts»( Lc 9). Mais comme il nous présente Hérode d'abord dans l'hésitation, et puis s'exprimant de la sorte: «J'ai fait décapiter Jean-Baptiste, quel est donc celui dont j'entends dire de telles choses? il faut admettre qu'après ce premier moment d'hésitation Hérode fut convaincu de ce qu'il entendait dire aux autres, lorsqu'il dit à ses serviteurs, selon le récit de saint Matthieu ( Mt 14): «Celui-ci est Jean-Baptiste; c'est lui qui est ressuscité des morts». On peut dire aussi que ces paroles expriment encore un reste d'hésitation, d'autant plus que saint Marc, qui avait prêté à d'autres qu'à Hérode ces paroles: «Jean est ressuscité d'entre les morts», finit par faire dire à Hérode lui-même: «Celui que j'ai décapité est ressuscité d'entre les morts». Or, ces paroles peuvent s'entendre de deux manières, ou comme l'expression d'une conviction certaine, ou comme le langage d'un homme qui hésite et doute encore.
La Glose
Le récit de la prédication des Apôtres et des miracles que le Sauveur opérait, amène naturellement l'Évangéliste à parler de la réputation de Jésus qui se répandait parmi le peuple: «Or, le roi Hérode entendit parler de lui».
On peut encore dire qu'Hérode, sachant qu'il avait fait mettre à mort Jean-Baptiste sans raison et malgré son innocence, pouvait croire qu'il était ressuscité et qu'il avait reçu par sa résurrection même le pouvoir de faire des miracles.
Ayant entendu cela, c’est-à-dire ces différentes opinions. Hérode
n’en admet aucune, mais il s’en tient fortement à celle qu’il a déjà énoncée lui-même, v. 14. Remarquons
l’assurance avec laquelle il affirme la résurrection du Baptiste : c’est un effet de ses craintes, de ses remords, du ver qui le ronge intérieurement. « Ce » et « j’ai » sont emphatiques. — N’est-ce pas une allusion à ces
terreurs d’Hérode, devenues célèbres dans tout le monde romain, que l’on croirait lire dans les vers suivants
de Perse ?
Voici les jours de la fête d'Hérode.
De sales lampions sont disposés sur des fenêtres noircies d'huile ;
il en sort une fumée puante ; ces fenêtres sont ornées de violettes.
On apporte des plats de terre peints en rouge, chargés d'une queue de thon qui nage dans la sauce.
On remplit de vin des cruches blanchies.
Alors, superstitieux que tu es, tu remues les lèvres tout bas ; tu trembles au sabbat des déprépucés ;
tu crains les lutins noirs et les farfadets ; tu frémis si on casse un œuf.
Là sont des galles, ces fanatiques prêtres de Cybèle ;
ici est une prêtresse d'Isis qui louche en jouant du sistre.
Avalez vite trois gousses d'ail consacrées, si vous ne voulez pas
qu'on vous envoie des dieux qui vous feront enfler tout le corps
(Perse, Saturæ 5, 169-185)