Marc 6, 20

parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir.

parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir.
Louis-Claude Fillion
Tous les détails que nous lisons ici appartiennent en propre à S. Marc. C’est une profonde étude psychologique. — Hérode craignait Jean : il le craignait d’une crainte religieuse, car il savait, l’ayant appris par sa propre expérience, que c’était un homme de Dieu. Un homme juste et saint : magnifique éloge du Précurseur, venant d’un homme tel qu’Hérode. La première épithète, comme le fait remarquer la « Glossa ordinaria », concerne les rapports de Jean avec les hommes, la seconde ses rapports avec Dieu. Avec tous il était parfait. — Il le gardait. Le verbe grec a une signification douteuse. Les uns le traduisent comme la Vulgate par « garder en prison », et cette interprétation semble autorisée par plusieurs passages du Nouveau Testament, Ac 4, 3 ; 5, 48. D’autres lui font signifier tantôt « observer », tantôt « avoir en haute considération », tantôt « protéger ». Nous nous en tenons à notre version latine. — Faisait beaucoup de choses selon ses avis. « Beaucoup » est pris en bonne part : beaucoup d’excellentes choses. Hélas ! que ne commençait-il par la plus nécessaire de toutes, par celle que le Précurseur lui conseillait le plus vivement ? Le livre des Actes, Ac 24, 26, nous montrera le proconsul Félix s’inspirant de même des conseils d’un autre prisonnier non moins illustre. — Au lieu de « faisait », le Codex Sinaïticus a une curieuse variante : « il était dans l’embarras ». Si cette leçon était authentique, elle exprimerait un fait très naturel, nous montrant Hérode, au sortir des entretiens qu’il avait avec Jean-Baptiste, déconcerté, embarrassé sur une foule de points, c’est-à-dire agité par de légitimes scrupules à propos de la plupart de ses actes. Quoi, qu’il en soit, il l’écoutait volontiers, la vérité gardant par intervalles toute sa puissance, même sur cette âme corrompue. Hérode, dans les cachots de Machéronte, écoutant son prisonnier avec une respectueuse attention : quel beau sujet pour un peintre chrétien !