Marc 6, 3
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
N’est-ce pas là le charpentier. Nous lisons dans S. Matthieu 13, 55 : « N’est-ce pas là le fils du
charpentier ? ». S. Marc fait dire aux habitants de Nazareth, avec une légère variante : Celui-ci n’est-il pas un
τέκτων, un pauvre ouvrier ? Il suit de là que Notre-Seigneur Jésus-Christ avait lui-même exercé durant sa Vie
cachée le dur métier de son père adoptif [294]. Le Verbe incarné, après avoir autrefois créé le monde d’une
seule parole, Jean 1, 2,10, n’a donc pas dédaigné de travailler péniblement à la sueur de son front ! Grande
consolation que le prêtre doit souvent offrir aux artisans, cette partie si nombreuse et si intéressante de nos
populations, qu’on égare par de fausses doctrines. Combien ils gagneraient à contempler Jésus ouvrier ! —
Sur le sens des mots « charpentier », voyez l’Évangile selon S. Matthieu, Matth. 13, 55. Aujourd’hui, le bois
de charpente fait complètement défaut à Nazareth et aux alentours : les maisons y sont pour la plupart
voûtées. Ainsi donc le Sauveur ne pourrait plus guère exercer dans sa patrie sa profession de charpentier.
Hélas ! par les rationalistes modernes, comme alors par ses compatriotes, Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est
regardé que comme un simple artisan ! — Fils de Marie. De l’omission du nom de S. Joseph, on a justement
conclu qu’à cette époque le père nourricier de Jésus avait sans doute cessé de vivre. — Frère de Jacques…
Les noms sont les mêmes que dans le premier Évangile. Seulement, Simon, à qui S. Matthieu attribue la
troisième place, occupe ici la quatrième. Celui que la Vulgate appelle Joseph est nommé tour à tour Ἰωσῆ et
Ἰωσήφ dans les manuscrits grecs. — Ses sœurs. La légende réduit le plus souvent à deux le nombre des
« sœurs » de Jésus : elles se seraient appelées Esther et Thamar (ou Marthe selon d’autres). — Nous avons
prouvé dans notre commentaire sur Matth. 13, 55, que les personnes désignées dans l’Évangile, d’après la
coutume orientale, sous l’appellation de frères ou de sœurs de Jésus, étaient simplement ses cousins et ses
cousines, issus, selon l’opinion la plus probable, du mariage de Cléophas avec Marie, sœur, ou du moins
belle-sœur de la Très Sainte Vierge. Voir l’intéressante dissertation du P. Corluy intitulée : Les Frères de
Notre-Seigneur Jésus-Christ [295]. M. Renan, après avoir audacieusement affirmé que « Jésus avait des
frères et des sœurs, dont il semble avoir été l’aîné » [296], se corrige à moitié quand il écrit dans son récent
ouvrage : « Seulement, il est possible que ces frères et ces sœurs ne fussent que des demi-frères, des
demi-sœurs. Ces frères et ces sœurs étaient-ils aussi fils ou filles de Marie ? Cela n’est pas probable » [297].
D’après le professeur du Collège de France, les « frères » et les « sœurs » de Jésus seraient nés d’un mariage
antérieur de S. Joseph. — Et il était pour eux une occasion de chute. Triste conséquence des raisonnements
tout humains que nous venons d’entendre. Celui qui apportait aux habitants de Nazareth des paroles de salut
devenait ainsi pour eux une occasion involontaire de ruine spirituelle. Mais pourquoi fermaient-ils les yeux à
la lumière ? Pourquoi commettaient-ils de gaieté de cœur le « péché contre l’Esprit-Saint ? ».
Jésus vivait en pleine harmonie avec la création, et les autres s’en émerveillaient : « Quel est donc celui-ci pour que même la mer et les vents lui obéissent ? » (Mt 8, 27). Il n’apparaissait pas comme un ascète séparé du monde ou un ennemi des choses agréables de la vie. Il disait, se référant à lui-même : « Vient le Fils de l’homme, mangeant et buvant, et l’on dit : voilà un glouton et un ivrogne» (Mt 11, 19). Il était loin des philosophies qui dépréciaient le corps, la matière et les choses de ce monde. Cependant, ces dualismes malsains en sont arrivés à avoir une influence importante chez certains penseurs chrétiens au long de l’histoire, et ont défiguré l’Évangile. Jésus travaillait de ses mains, au contact direct quotidien avec la matière créée par Dieu pour lui donner forme avec son habileté d’artisan. Il est frappant que la plus grande partie de sa vie ait été consacrée à cette tâche, dans une existence simple qui ne suscitait aucune admiration. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ?» (Mc 6, 3). Il a sanctifié de cette manière le travail et lui a conféré une valeur particulière pour notre maturation. Saint Jean-Paul II enseignait qu’« en supportant la peine du travail en union avec le Christ crucifié pour nous, l’homme collabore en quelque manière avec le Fils de Dieu à la Rédemption ».