Marc 6, 44

Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.

Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.
Saint Jean Chrysostome
Il lève les yeux au ciel dans une intention toute de sagesse; les Juifs, avant de recevoir la manne dans le désert, avaient osé dire: «Est-ce que Dieu pourra nous donner du pain ?» ( Ps 67, 20). C'est pour bannir de leur esprit ce doute injurieux, qu'avant d'opérer ce miracle, il rapporte à Dieu l'action qu'il allait faire.
Saint Jérôme
Ou bien encore, ils recueilleront ces douze corbeilles pleines de morceaux, lorsqu'ils s'assoiront sur douze trônes, pour juger les douze tribus d'Israël ( Mt 19, 28), qui sont comme les restes d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, alors que les restes d'Israël seront sauvés ( Rm 11, 5).
Saint Augustin
Dans saint Jean, c'est Philippe qui fait cette réponse ( Jn 6), saint Marc la place dans la bouche de tous les disciples, et veut nous faire entendre que Philippe l'avait faite au nom de tous les autres, quoiqu'il ait très-bien pu employer le pluriel pour le singulier, selon l'usage fréquent de la sainte Ecriture ( Lc 22). «Et il leur demanda: «Combien avez-vous de pains? Allez et voyez». Les autres Évangélistes n'ont point fait mention de cette dernière circonstance. «Et s'en étant instruits, ils vinrent lui dire: «Cinq pains et deux poissons». La réponse que saint Jean prête à André au sujet des cinq pains et des deux poissons, est attribuée à tous les disciples par les autres Évangélistes qui emploient le pluriel pour le singulier. - «Et il leur commanda de les faire tous asseoir», etc. Saint Luc rapporte qu'on les fit asseoir par groupes de cinquante; saint Marc, par groupes de cinquante et de cent, il n'y a en cela aucune contradiction, l'un n'a mentionné qu'une partie, et l'autre le tout. Celui qui parle, des groupes de cent, a suppléé à ce que l'autre avait omis.
Saint Grégoire le Grand
Les divers groupes assis sur l'herbe sont la figure des diverses Eglises du monde, qui ne font entre elles qu'une seule Eglise catholique. Le nombre cinquante a ici une signification mystérieuse: il figure le repos du jubilé, et ce nombre cinquante se trouve répété pour former le nombre cent. Ils s'assoient donc par groupes de cinquante et de cent, et ils figurent ainsi le premier repos, qui consiste à s'abstenir du mal, et le repos plus complet est où l'âme jouira de la pleine connaissance de Dieu.
Saint Bède le Vénérable
Cette heure avancée c'était le soir et la nuit qui approchait, comme saint Luc le dit clairement ( Lc 9): «Le jour commençait à baisser».

Il presse les Apôtres de leur donner à manger, afin que l'aveu qu'ils feront de leur impuissance, rende plus éclatant le miracle qu'il doit opérer.

Dans le sens mystique, le Sauveur nourrit cette multitude affamée vers le déclin du jour, parce qu'en effet c'est aux approches de la fin des temps, ou lorsque le soleil de justice ( Ml 4, 2) s'est couché dans le tombeau, que nous avons été délivré des suites de la disette spirituelle. Il charge ses Apôtres de rompre le pain au peuple, pour leur apprendre qu'ils doivent tous les jours donner à nos âmes la nourriture dont elles ont besoin, autant par leurs exemples que par leurs écrits. Or, les cinq pains figurent les cinq livres de la loi, et les deux poissons, les psaumes et les prophètes.

L'homme a cinq sens extérieurs, et ces cinq mille hommes qui suivent le Seigneur représentent ceux qui, tout en vivant encore au milieu du monde, savent cependant faire un bon usage des choses extérieures.

Ce n'est qu'après qu'ils sont assis sur l'herbe que le Seigneur les nourrit de ce pain miraculeux, et ils représentent ainsi ceux qui, après avoir foulé aux pieds la concupiscence par la pratique de la chasteté, s'appliquent tout entiers à écouter et à observer la parole de Dieu. Le Sauveur ne tire pas du néant de nouveaux aliments, parce qu'en effet, en venant sur la terre revêtu de notre chair, il n'a point annoncé d'autres vérités que celles qui avaient été prédites; mais il a fait voir que la loi et les prophètes portaient comme dans leur sein, et étaient prêts à enfanter les mystères de la grâce. Il leva les yeux au ciel, pour nous apprendre que c'est là qu'il faut chercher la lumière. Il rompt le pain et le donne à ses disciples, pour qu'ils le distribuent à la foule; c'est ce qu'il a fait encore en découvrant aux saints docteurs les secrets mystérieux des prophéties, qu'ils devaient eux-mêmes faire connaître à tout l'univers. Les disciples recueillent les restes que laisse la foule, c'est-à-dire qu'il ne faut pas laisser perdre négligemment les vérités plus augustes que les esprits grossiers ne peuvent comprendre, mais les recueillir et les approfondir avec soin pour les âmes plus parfaites. Ainsi, ces douze corbeilles sont la figure des douze Apôtres et des docteurs qui sont venus après eux. De même que les corbeilles sont destinées aux usages, les plus communs, ils ont extérieurement peu d'apparence aux yeux des hommes, mais ils sont remplis au dedans des restes précieux de la nourriture du salut.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Notre-Seigneur, après avoir donné à cette multitude ce qui est le plus utile, la nourriture de la parole de Dieu, lui distribue aussi la nourriture corporelle, et l'Évangéliste commence ainsi le récit de ce miracle: «Et comme l'heure était déjà fort avancée, ses disciples s'approchèrent de lui, et lui dirent: Ce lieu est désert», etc.

Voyez le progrès des disciples dans l'amour du prochain; pleins de compassion pour cette multitude, ils s'approchent de Jésus et le prient de venir à son secours; mais le Sauveur veut les éprouver et savoir par expérience s'ils lui reconnaissent une assez grande puissance pour nourrir un si grand nombre de personnes: «Et il leur répondit: Donnez-leur vous-mêmes à manger».

L'observation que les disciples font au Sauveur, suppose qu'il ignorait la quantité de pain nécessaire pour nourrir une si grande multitude, et ils lui répondent avec une espèce de trouble: «Irons-nous donc acheter pour deux cents deniers de pain, afin de leur donner à manger».

L'Évangéliste nous donne ainsi à entendre que toute cette multitude fut distribuée par groupes; car dans le texte grec, cette expression, par troupes, par sociétés, se trouve répétée, comme s'il y avait: «Par groupes et par groupes.

Il lève encore les yeux au ciel, pour nous apprendre à demander à Dieu notre nourriture, et non au démon, comme ceux qui se nourrissent injustement aux dépens des travaux d'autrui. Il prouve encore à cette multitude qu'il n'était pas ennemi de Dieu, puisqu'il l'invoquait. Il charge ses disciples de distribuer le pain au peuple, afin qu'en tenant ce pain dans leurs mains, il ne leur reste aucun doute sur la réalité du miracle: «Et ils mangèrent tous, et ils furent rassasiés», etc. Mais ce miracle parut bien plus éclatant aux yeux de tout ce peuple, lorsqu'il vit douze corbeilles pleines de morceaux qui restaient, et chacun des apôtres rapportant sur ses épaules une de ces corbeilles. C'était l'oeuvre, en effet, d'une puissance qui n'est point restreinte, non-seulement de nourrir une si grande multitude, mais encore de faire en sorte qu'on recueillit une si grande quantité de morceaux qui restaient. Moïse avait bien donné la manne au peuple de Dieu» mais il n'en donnait à chacun que le nécessaire, et ce qui dépassait cette mesure était aussitôt corrompu par les vers ( Ex 16). Elie, que Dieu avait chargé de nourrir la veuve de Sarepta, ne le faisait également que dans la mesure du nécessaire (); Jésus seul donne en maître et avec une libéralité surabondante.

Ou bien, les deux poissons sont les écrits des pêcheurs, c'est-à-dire l'Évangile et les Epîtres.
Louis-Claude Fillion
Détails qui ont tous pour fin de rehausser la grandeur du miracle. 1° v. 42. Non seulement tous mangèrent, mais tous furent rassasiés. 2° v. 43. Après que chacun eût mangé selon son appétit, les Apôtres, sur l’ordre de Jésus, Jean 6, 42, ramassèrent douze corbeilles pleines de restes, c’est-à-dire plus de douze fois la quantité de pain qui avait servi de matière au prodige. 3° v. 44. Les convives étaient au nombre de cinq mille ; sans compter les femmes et les enfants, ajoute S. Matthieu, Matth. 14, 22. « C’était là l’œuvre d’une puissance surabondante… Si Moïse donnait la manne, il n’en donnait à chacun que le nécessaire… Elie nourrissant la veuve, ne lui donnait non plus que le nécessaire. Jésus seul, comme Seigneur, agit d’une manière surabondante ». Théophylacte. Elisée pourtant, 2R 4, 42-44, avait opéré un jour un miracle analogue à celui du Sauveur ; mais il avait eu vingt pains à sa disposition et seulement cent hommes à nourrir.