Marc 6, 6

Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.
Saint Jérôme
Jésus est appelé fils du charpentier, mais de ce divin charpentier qui a fait l'aurore et le soleil ( Ps 73, 16), c'est-à-dire la première et la seconde Eglise, l'Eglise juive et l'Eglise chrétienne, qui sont figurées dans la femme et dans la jeune fille guéries par Notre-Seigneur.

Souvent, d'ailleurs, l'origine d'un homme est obscure, et donne lieu à ce langage: «Qu'est-ce que le fils d'Isaï ?» ( 1R 25,10 ) parce qu'en effet le Seigneur regarde les choses basses et ne voit que de loin celles qui sont hautes ( Ps 137).
Saint Augustin
D'après le récit de saint Matthieu, ils l'appelèrent le fils du charpentier, et il n'y a en cela rien d'étonnant, puisqu'ils ont pu dire l'un et l'autre, d'autant plus qu'ils ne le croyaient charpentier lui-même que parce qu'ils pensaient qu'il était fils du charpentier.
Saint Bède le Vénérable
L'Évangéliste appelle Nazareth le pays du Sauveur, parce qu'il y avait été élevé. Mais quel est l'aveuglement extraordinaire dans les habitants de Nazareth que de mépriser, à cause de l'obscurité de sa famille, celui que ses paroles aussi bien que ses actions auraient dû leur faire reconnaître pour le Christ? «Or, un jour de sabbat étant venu, il commença à enseigner», etc. Cette sagesse qu'ils admirent, c'est sa doctrine, et les merveilles, qui sont également l'objet de leur admiration, ce sont les guérisons et les miracles qu'il opérait.

Car bien qu'on ne puisse comparer les choses humaines aux choses divines, la figure cependant est ici parfaite, parce que le Père du Christ opère par le feu et par l'Esprit.

«Est-ce qu'il n'est pas le frère de Jacques, de Joseph, de Jude et de Simon? Et ses soeurs ne sont-elles pas ici parmi nous ?» Ils attestent que les frères et les soeurs de Jésus sont avec lui; gardons-nous de voir dans ces frères et dans ces soeurs les enfants de Marie, comme le veulent les hérétiques, ce sont simplement ses parents, suivant la manière de s'exprimer de l'Ecriture; c'est ainsi qu'Abraham et Loth sont appelés frères ( Gn 13 ), parce que Loth était le fils du frère d'Abraham. «Et ils se scandalisaient de lui». Le scandale et l'erreur des Juifs sont pour nous une occasion de salut, et, pour les hérétiques, un sujet de condamnation. Leur mépris pour Notre-Seigneur Jésus-Christ allait jusqu'à l'appeler charpentier et fils de charpentier: «Mais Jésus leur disait: Un prophète n'est sans honneur que dans sa patrie», etc. Notre-Seigneur Jésus-Christ est souvent appelé prophète dans les Écritures, au témoignage de Moïse, qui prédisant l'Incarnation future du Fils de Dieu, s'exprime de la sorte: «Le Seigneur vous suscitera un prophète du milieu de vos frères». Et ce n'est pas seulement le Seigneur des prophètes, mais Elie, mais Jérémie, et les autres prophètes, qui ont été moins considérés dans leur pays que parmi les étrangers, tant il est naturel aux concitoyens de se jalouser entre eux. Ils n'ont aucune considération pour les oeuvres actuelles d'un homme, et ne se souviennent que des faiblesses de son enfance.

Il s'étonne de leur incrédulité, non pas comme d'une chose inopinée et imprévue pour lui, puisqu'il connaît toutes choses avant même qu'elles existent; mais bien qu'il pénètre les secrets des coeurs, lorsqu'il veut qu'une chose produise en nous un sentiment d'étonnement, il affecte d'en paraître étonné lui-même devant les hommes. Il veut donc que nous soyons étonnés de l'aveuglement des Juifs, qui n'ont voulu croire ni à leurs prophètes qui leur annonçaient le Christ, ni au Christ lui-même qui était né parmi eux. Dans le sens mystique, Jésus est l'objet du mépris dans sa famille et dans son pays, c'est-à-dire au milieu du peuple juif. Il ne fait parmi eux qu'un petit nombre de miracles, pour qu'ils ne soient pas entièrement excusables ;mais il fait tous les jours des miracles plus fréquents et plus considérables au milieu du peuple des Gentils, miracles qui ont moins pour objet la guérison des corps que le salut des âmes.
Syméon le Nouveau Théologien
Frères et Pères, beaucoup ne cessent de dire - et leurs paroles parviennent à nos oreilles -: "Si nous avions vécu au temps des Apôtres, et si nous avions été jugés dignes de voir le Christ comme eux, nous serions aussi devenus des saints comme eux." Ils ignorent qu'il est le même, lui qui parle, maintenant comme alors, dans tout l'univers. Car s'il n'était pas le même jadis et maintenant, identiquement Dieu à tous égards, par ses opérations et par ses rites, comment le Père se montrerait-il toujours présent dans le Fils, et le Fils dans le Père, par l'Esprit, puisque le Christ dit: Mon Père est à l'oeuvre jusqu'à maintenant, et moi aussi je suis à l'oeuvre (Jn 5,17)?

Mais quelqu'un dira peut-être: "Ce n'est pas la même chose de l'avoir vu lui-même corporellement, en ce temps-là, ou d'entendre uniquement ses paroles aujourd'hui et recevoir un enseignement sur lui et sur son Royaume. Et je réponds: "La situation actuelle n'est sûrement pas la même que celle d'alors, mais c'est la situation d'aujourd'hui, de maintenan t, qui est beaucoup plus heureuse. Elle nous conduit plus facilement à une foi et une conviction plus profondes que le fait de l'avoir vu et entendu alors corporellement. "

Alors, en effet, c'était un homme qui apparaissait aux Juifs sans intelligence, un homme d'humble condition; mais maintenant c'est un Dieu véritable qui nous est prêché. Alors, il fréquentait corporellement les publicains et les pécheurs et mangeait avec eux; mais maintenant il est assis à la droite de Dieu le Père, n'ayant jamais été séparé de lui en aucune manière. Nous croyons qu'il nourrit le monde entier et nous disons, si du moins nous sommes croyants, que sans lui rien ne s'est fait. Alors, même les gens de rien le méprisaient en disant: N'est-il pas le fils de Marie (Mc 13,15) et de Joseph (Lc 4,22), le charpentier (Mt 13,55)? Mais maintenant les rois et les princes l'adorent comme le Fils du vrai Dieu, et vrai Dieu lui-même, et il a glorifié et glorifie ceux qui l'adorent en esprit et en vérité, même s'il les corrige souvent quand ils pèchent. Eux qui étaient d'argile, il les rend de fer, les plaçant au-dessus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Alors, il était tenu pour un homme corruptible et mortel parmi tous les autres. Dieu sans forme et invisible, il a reçu, sans subir d'altération ni de changement, une forme dans un corps humain et s'est montré totalement homme, en n'offrant aux regards rien de plus que les autres hommes. Mais il a mangé, bu, dormi, transpiré et s'est fatigué; il a fait tout ce que font les hommes, excepté le péché.

C'était une grande chose de reconnaître et de croire qu'un homme pareil était Dieu, celui qui a fait le ciel même, la terre et tout ce qu'ils contiennent. C'est pourquoi, lorsque Pierre a dit: Tu es le Fils du Dieu vivant, le Maître l'a déclaré bienheureux en ces termes: Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas: ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela - c'est-à-dire qui te l'ont fait voir et dire - mais mon Père qui est aux cieux (Mt 16,16-17).

Ainsi, celui qui actuellement écoute chaque jour Jésus proclamer et annoncer par les saints évangiles la volonté de son Père béni, sans lui obéir avec crainte et tremblement et sans garder ses commandements, n'aurait pas plus accepté alors de croire en lui, absolument pas, même s'il avait été présent, s'il l'avait vu lui-même et entendu prêcher. Il est même à craindre que, dans sa totale incrédulité, il l'aurait regardé comme un ennemi de Dieu, non comme le vrai Dieu, et l'aurait blasphémé.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Après les miracles que l'Évangéliste vient de raconter, le Seigneur revient dans son pays, bien qu'il sût qu'il y serait l'objet du mépris de ses concitoyens; mais il voulait leur ôter tout prétexte de dire: Si vous étiez venu parmi nous, nous eussions cru en vous. «Et étant parti de là, il vint dans son pays», etc.

Bien plus, alors même qu'un prophète aurait des parents illustres, considérés, ses concitoyens ne laisseraient pas de les haïr et de lui refuser tout honneur. «Et il ne put faire là aucun miracle», etc. Quand l'Évangéliste dit qu'il ne put faire aucun miracle, il faut entendre qu'il ne consentit pas, qu'il ne voulut pas; ce n'était pas impuissance de sa part, leur incrédulité seule en était la cause. Si donc il ne fait point de miracles au milieu d'eux, c'est par ménagement pour des gens qui, en refusant de croire à ces miracles, encourraient un jugement bien plus sévère. On peut encore donner cette raison que, pour faire des miracles, à la puissance de celui qui les opère, il faut joindre la foi de celui qui en est l'objet. Or, cette foi faisait ici défaut, et c'est pourquoi Notre-Seigneur ne voulut faire aucun miracle en cet endroit.
Louis-Claude Fillion
Il s’étonnait. Plusieurs manuscrit grecs ont le verbe au pluriel, comme si c’étaient les habitants de Nazareth qui se fussent étonnés. Mais c’est là évidemment une correction malheureuse, émanée d’un copiste peu intelligent auquel il avait été impossible de comprendre que le sentiment de l’admiration pût trouver place dans l’âme de Jésus. Oui, le Sauveur s’étonne ! Il est surpris en face de la réception qui lui est faite par les siens ! Toutefois, notons-le bien, son étonnement n’est pas la suite de l’ignorance (« Il ne s’étonne pas celui qui sait tout, comme s’il s’agissait d’une chose inopinée et imprévue », Bède), il provient au contraire, de sa parfaite connaissance des cœurs. Les Nazaréens avaient tant de motifs de croire ! N’était-il pas étrange qu’ils demeurent incrédules ? Les saints Évangiles ne nous montrent qu’en deux endroits Notre-Seigneur Jésus-Christ livré à l’étonnement, ici et Matth. 8, 10, à l’occasion de la foi si vive du centurion. Quel contraste entre les deux faits ! — Il parcourait les villages. Le divin Maître ne s’éloigne, dirait-on, qu’à regret de sa patrie. Il demeure dans le voisinage, cherchant des cœurs mieux disposés. Les bourgades qu’il parcourut en y répandant ses bienfaits durent être Dabrat, Naim, Gath-Hepher, Rimmon, Endor, Japhia, etc. [299]