Marc 7, 13
vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup de choses du même genre. »
vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup de choses du même genre. »
Et pour leur montrer qu'ils ont sacrifié le commandement de Dieu et le respect qu'ils lui devaient, à la tradition des anciens opposée aux divines Écritures, il ajoute: «Car Moïse a dit: Honore ton père et ta mère», etc.
On peut dire encore que les pharisiens enseignaient aux jeunes gens, que, si pour réparer les torts qu'ils faisaient à leurs parents, ils offraient à Dieu des présents, ils étaient quittes en donnant à Dieu ce qui leur était dû, et c'est ainsi qu'ils détruisaient le précepte qui fait un devoir d'honorer ses parents.
Comme ils accusaient injustement ses disciples de transgresser, non les préceptes de la loi, mais la tradition des anciens, il les confond en les traitant d'hypocrites, eux qui professent un respect exagéré pour des choses qui ne le méritent pas. Il leur applique ensuite cette parole d'Isaïe, comme leur étant adressée directement. Ceux à qui le prophète reprochait d'honorer Dieu des lèvres, tandis que leur coeur était loin de lui, se vantaient inutilement d'observer les règles de la vraie religion, il en est ainsi de vous-mêmes qui négligez de guérir le mal intérieur dont vous êtes atteint, et qui accusez ceux qui suivent les règles de la justice.
Et vous, malgré l'existence de cette loi divine et malgré les menaces qui sont faites à ceux qui la transgressent, vous transgressez pour rien le précepte divin, vous contentant d'observer les traditions des anciens. «Et vous dites: Si un homme dit à son père ou à sa mère: Tout corban, c'est-à-dire, tout don fait à Dieu de mon bien vous profite», il sera par-là même affranchi de l'observation de ce commandement: «Et vous le dispensez de rien faire davantage pour son père et pour sa mère».
Dans le sens allégorique, les disciples qui mangeaient sans s'être lavé les mains, figurent la communion qui devait exister entre toutes les nations. Les ablutions et les purifications pharisaïques sont stériles, tandis que la coutume suivie par les apôtres de s'affranchir des purifications légales, a étendu ses branches jusqu'à la mer.
Quel aveuglement étonnant dans les pharisiens et dans les scribes ! Ils reprochent au Fils de Dieu que ses disciples n'observent pas les traditions et les préceptes des hommes. Le mot latin commune, commun, veut dire ici qui est impur. Le peuple juif, qui se considérait comme le partage de Dieu, regardait comme impurs certains aliments dont les autres peuples se nourrissaient, comme les huîtres, la chair de porc, les lièvres et autres animaux semblables. Notre-Seigneur oppose à cette ridicule agression des pharisiens, l'arme de la raison, c'est-à-dire, les reproches que faisaient autrefois Moïse et Isaïe, et il nous apprend ainsi à nous servir des paroles de la sainte Ecriture, pour combattre et vaincre les hérétiques. «Il leur répondit: Isaïe a bien prophétisé de vous, hypocrites, lorsqu'il dit: Ce peuple m'honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi».
Il faut rayer et détruire la tradition des pharisiens sur la purification des tables et des vases, car souvent on sacrifie à de semblables traditions les commandements de Dieu: «Car vous négligez la loi de Dieu, et vous observez avec soin la tradition des hommes, purifiant les vases et les coupes», etc.
Les habitants de Génésareth, dont l'instruction était moins développée, non-seulement viennent trouver Notre-Seigneur, mais ils lui amènent leurs malades, pour qu'ils puissent toucher au moins la frange de ses vêtements. Les pharisiens et les scribes, au contraire, qui auraient dû être les docteurs du peuple, s'empressent autour du Sauveur, non pour en obtenir la guérison de leurs maladies, mais pour soulever de vaines disputes en lui proposant des questions sans fin: «Des pharisiens et plusieurs scribes s'assemblèrent près de Jésus».
Ils prenaient dans un sens purement matériel les paroles toutes spirituelles des prophètes, et entendaient exclusivement de la purification du corps des recommandations qui n'avaient pour objet que les pensées et les oeuvres, comme celles-ci: «Lavez-vous, et soyez purs» ( Is 1): «Soyez purs, vous qui portez les vases du Seigneur» ( Is 52 ). C'est donc une tradition toute humaine et superstitieuse, quand on s'est lavé une fois les mains, de les laver encore à plusieurs r eprises avant de prendre sa nourriture, et de ne vouloir point se mettre à table en revenant de la place publique, sans s'être purifié. Mais il est nécessaire que ceux qui désirent participer au pain descendu du ciel, ne cessent de purifier leurs oeuvres par les aumônes, les larmes, et par d'autres fruits de justice. Il faut aussi purifier sous l'action incessante des bonnes pensées et des actions vertueuses, les souillures que l'on contracte nécessairement au milieu des préoccupations des affaires du siècle. Mais pour les Juifs, c'est inutilement qu'ils se lavent fréquemment et se purifient en revenant de la place publique, tant qu'ils refusent de venir se purifier dans la fontaine du Sauveur; et c'est en vain qu'ils observent la purification des vases, eux qui négligent de purifier leurs corps et leurs coeurs de leurs véritables souillures.
L'honneur dans le langage des saintes Écritures, consiste moins dans les marques extérieures de respect et de déférence, que dans l'assistance et les secours effectifs donnés à ceux qui en ont besoin: Honorez, dit l'Apôtre, les veuves qui sont vraiment veuves (l Tm 5).
On peut enfin donner de ces paroles: «Le don que je fais à Dieu vous servira», cette explication abrégée: Vous forcez les enfants à dire à leurs parents: Ce que je devais offrir à Dieu, je vais l'employer à vous nourrir, et cela vous servira, ô mon père et ma mère: ce qui revenait à dire: Cela ne vous servira pas. Car les parents craignant d'employer à leur usage ce qu'ils voyaient destiné à l'autel, aimaient mieux mener une vie pauvre que de se nourrir des choses consacrées à Dieu.
Les disciples de Jésus, à qui leur divin Maître avait enseigné surtout la pratique sérieuse de la vertu, prenaient leur nourriture sans s'être lavé les mains; les pharisiens qui ne cherchaient qu'un prétexte, saisirent celui-ci pour les accuser. Ils ne leur reprochent pas précisément de transgresser la loi, mais de ne pas se conformer aux traditions des anciens: «Car les pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans s'être à plusieurs reprises lavé les mains, suivant en cela la tradition des anciens».
Les pharisiens, avides de s'emparer des offrandes qui étaient faites, enseignaient aux enfants qui avaient quelque argent, à répondre à leurs parents qui leur demandaient des secours: le corban, c'est-à-dire, le don que vous me demandez, a déjà été offert à Dieu. C'est ainsi qu'ils persuadaient aux parents de ne plus demander ces offrandes comme faites à Dieu, et ayant satisfait par là même à tous leurs besoins; et qu'ils induisaient les enfants en erreur, en les détournant de l'honneur qu'ils devaient à leurs parents, afin de pouvoir eux-mêmes dévorer les offrandes qui étaient faites à Dieu dan s le temple. Notre-Seigneur leur reproche donc de transgresser la loi divine pour l'appât d'un gain sordide: «Et c'est ainsi que vous annulez la parole de Dieu par une tradition dont vous êtes les auteurs.
Il n’était pas possible d’alléguer
un plus frappant exemple du renversement de la Loi divine par les traditions des hommes. Aussi Jésus peut -il
répéter victorieusement, pour la quatrième fois, son assertion du v. 7. En ajoutant : Et d’autres choses
semblables…, il montre qu’il a signalé seulement un trait en faveur de sa thèse, mais que, s’il eût voulu
multiplier les faits semblables, il n’aurait eu que l’embarras du choix, tant la morale pharisaïque les
multipliait sur tous les points de la conduite pratique.