Marc 7, 4

et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats.

et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats.
Louis-Claude Fillion
1° Les ablutions des mains avant les repas. — Les pharisiens et tous les Juifs. Restreintes d’abord à la secte, elles étaient devenues peu à peu, grâce à son influence, d’un usage presque général chez les Juifs contemporains de Notre Seigneur. Elles avaient lieu fréquemment, souvent, et sur le moindre prétexte, mais tout spécialement avant les repas. Y être fidèle s’appelait « tenir (le grec κρατούντες est d’une grande énergie) les traditions léguées par les Anciens ». Cf. 2Th 2, 14. — Nous venons de traduire la locution πυγμῇ à la façon de la Vulgate (« souvent »), de la version copte et de la version gothique (ufta = « oft » des Allemands), qui auront sans doute lu πυκνά (c’est la leçon du Codex Sinaiticus). Mais telle n’est pas, selon toute vraisemblance, sa véritable interprétation. Les exégètes anciens et modernes ont vivement discuté à son sujet. D’après Théophylacte et Euthymius, le substantif πυγμῇ aurait servi à désigner tout l’avant-bras. Par conséquent, la phrase signifierait : se laver la partie du bras comprise entre le coude et l’extrémité des doigts. L’emploi du datif rend cette explication peu probable. Du reste, le vrai sens de πυγμὴ est plutôt « le poing » ; de là cette traduction que l’on trouve dans quelques manuscrits de l’Itala : « laver les mains avec les poings ». Mais qu’est-ce que se laver les mains avec le poing ? Cela ne peut vouloir dire autre chose que frotter rudement l’une des mains avec l’autre, qui aura été préalablement fermée. Cette expression pittoresque décrit donc un des rites prescrits pour l’ablution des mains. Elle est du moins destinée à faire ressortir le zèle avec lequel les Pharisiens accomplissaient cette opération : aussi pourrait-on la traduire avec la version syriaque et divers exégètes par « soigneusement », et par « intensément » avec la version éthiopienne. — Il est à remarquer que, dans ce passage et dans toute la discussion suivante, il ne s’agit pas des soins de propreté, mais d’ablutions purement cérémonielles, imposées au peuple par les Docteurs, et analogues à celles que les Mahométans pratiquent encore cinq fois le jour. — 2° Les ablutions après les sorties et les visites. Sur les places publiques et dans les rues, où l’on rencontre toute sorte de personnes, ceux dont on décrit la conduite avaient pu, sans s’en douter, être mis en contact avec des objets légalement impurs, et contracter par là-même quelque souillure. Il leur fallait de nouvelles ablutions pour se purifier. Le mot « s’être lavés » désigne-t-il ici un bain complet ou un simple lavement des mains ? Il est assez difficile de le déterminer. Cependant nous admettrions volontiers, avec Meyer, Bisping et d’autres, la première opinion. On obtient ainsi une gradation ascendante, qui semble avoir été intentionnelle de la part de S. Marc. Avant leurs repas, ils se lavent simplement les mains ; s’ils viennent du dehors, ils se plongent tout entiers dans l’eau. Olshausen et Bleek font un contre-sens évident quand ils traduisent comme s’il y avait : « ils ne mangent pas les mets qui proviennent du marché sans les avoir lavés ». Le Codex Sinaïticus porte la curieuse variante « asperger, arroser », au lieu de « se laver ». — 3° Ablutions des ustensiles servant aux repas. Les coupes : celles dans lesquelles on buvait. — Les vases de terre : les amphores et les aiguières placées sur la table [332]. Le mot grec correspondant, ξεστῶν (ξεστής au nominatif) est un des latinismes de S. Marc, cf. Préface. § 4, 3. Il dérive par une légère transposition (sex étant changé en xes ; cf. Xystus et Sixtus) de « sextarius », nom d’une mesure romaine servant à la fois pour les liquides et les substances sèches, et contenant la sixième partie du « congius » le quart du « modius », à peu près trois quarts de litre [333]. — Les vases d’airain. C’étaient les grands vases d’airain, de grès ou d’argile placés dans la salle du festin, et renfermant les provisions de vin et d’eau qui servaient à remplir les « sextarii » devenus vides. Cf. Jean 2, 6. — Les lits : ou divans sur lesquels on se couchait à demi pour prendre les repas. Ces divers objets ayant pu être profanés, quoique à l’insu de tous, par le contact de quelque personne impure, les Pharisiens, conformément à leurs principes, ne permettaient pas qu’on en fit usage sans les sanctifier auparavant par des ablutions.