Marc 8, 10
Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha.
Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha.
Montant dans une barque. Dans le grec, « la » barque avec l’article : la barque qui était
habituellement à la disposition de Jésus. Le Sauveur se hâte de sortir aussitôt après son miracle (aussitôt),
pour ne pas fournir au peuple l’occasion de nouvelles tentatives enthousiastes, procédant de fausses idées
messianiques [360]. — Il alla dans le pays de Dalmanutha. Au lieu de ce nom propre, qu’on ne rencontre
nulle part dans l’Ancien Testament, ni dans les écrits de Josèphe, S. Matthieu mentionnait celui de Magedan
d’après la Vulgate, de Magdala d’après le texte grec [361]. C’est sans doute pour rendre la concorde plus
facile que plusieurs Pères latins et divers manuscrits grecs ont également écrit, dans le présent passage de S.
Marc, les uns « Magedan », les autres Μαγδαλά. Mais Δαλμανουθά est certainement la leçon authentique.
Où placer la localité ainsi désignée ? Comment établir l’accord entre nos deux Évangélistes ? Relativement
au premier point, nous citerons trois opinions principales. Il y a d’abord celle du Dr américain Thomson, qui,
dans son intéressant ouvrage, essaie d’identifier Dalmanoutha avec un village en ruines, nommé Dalhamia
ou Dalmamia, et situé sur le rivage oriental du lac de Gennésareth [362]. Ce sentiment, ou plutôt cette
conjecture, car ce n’est pas autre chose, a le grave inconvénient de rendre toute harmonie impossible entre S.
Matthieu et S. Marc, puisque Magdala s’élevait certainement à l’ouest du lac. Lightfoot suppose, mais sans
le moindre fondement, que Δαλμανουθά est la forme grécisée de צצלַלמוןו, Tsalmon, nom d’une ville bâtie,
d’après le Talmud, aux environs de Tibériade [363]. Reste l’opinion, généralement admise de nos jours, qui
consiste à faire de Dalmanoutha un village situé à peu de distance de Magdala, dans la plaine de
Gennésareth, et dont le nom s’est perdu depuis l’époque de Jésus. Le Dr Tristram décrit ainsi son
emplacement probable : « Juste avant d’atteindre Medjel (Magdala), nous traversâmes une petite vallée
ouverte, Ain-el-Baridêh, ornée de riches champs de blé et de quelques jardins égarés parmi les ruines d’un
village. Nous vîmes aussi, à proximité de plusieurs sources abondantes, des fondations considérables,
paraissant assez anciennes. Elles appartiennent vraisemblablement au Dalmanoutha du Nouveau Testament »
[364]. D’après cette hypothèse, la conciliation est aisée : le premier évangéliste aura mentionné la ville
principale, près de laquelle Jésus vint débarquer ; le second, avec sa précision accoutumée, la localité moins
connue dont le Sauveur foula tout d’abord le sol après être sorti de son embarcation. En somme, comme le
disait déjà saint Augustin, c’est la même région qu’ils auront désignée sous deux noms différents [365].
Dalmanutha est, selon les uns, à l’est du lac de Tibériade ; selon d’autres, à l’ouest dans le voisinage de Magdala. Voir Matthieu, 15, 39.