Marc 9, 47
Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
« Après avoir
enseigné plus haut (v. 42) qu’il ne faut pas scandaliser ceux qui croient en son nom, le Seigneur nous dit ici
avec quel soin nous devons éviter ceux qui s’efforcent de nous scandaliser ». Ces lignes du Vén. Bède
marquent fort bien la liaison des deux versets. — Les trois organes mentionnés par le Sauveur, la main, le
pied, l’œil figurent, suivant la juste interprétation des Pères, les occasions plus ou moins prochaines qui
peuvent nous porter au mal. L’image est d’autant plus exacte que ce sont en réalité ces membres qui sont
pour nous les principaux auxiliaires de l’iniquité. Notre main agit pour le mal, notre pied nous conduit dans
les sentiers du péché, notre œil contemple et convoite les choses mauvaises. — Le remède au scandale est
énergiquement indiqué : coupe, coupe, arrache. Il faut retrancher sans pitié, tailler dans le vif ; on ne se
sauvera qu’à ce prix. — Dans la vie du v. 42 est expliqué par une épithète au v. 44, dans la vie éternelle, et
ces deux expressions sont synonymes de royaume de Dieu, v. 46, qui désigne le royaume messianique
envisagé dans sa glorieuse consommation. — Dans la géhenne. Nous avons expliqué ailleurs [415] le sens et
l’origine de cette locution. Elle représente l’enfer avec ses effroyables tourments, et surtout avec son feu
éternel qui brûlera les damnés sans les consumer. De là, à trois reprises, vv. 42, 44 et 46, l’association des
mots où le feu ne s’éteint pas, à géhenne. — Leur ver ne meurt pas… Ces autres mots, répétés également par
trois fois [416], donnent une couleur spéciale à la rédaction de S. Marc. Nous avons dans tout ce passage
(vv. 42-47) une sorte de poésie avec son parallélisme, son rythme parfaitement cadencé, ses couplets (un
pour chacun des membres humains signalés par Jésus) et son refrain terrible. Il y a tout lieu de croire que
telle fut vraiment la forme originale des paroles de Notre-Seigneur. Ce que nous venons d’appeler un refrain
a été presque littéralement emprunté au prophète Isaïe, Es 66, 24. Le fils d’Amos, contemplant en esprit le
châtiment des ennemis de Jéhova, et les voyant semblables aux morts qui jonchent un champ de bataille,
s’écriait : « Et quand on sortira, on verra les cadavres des hommes qui m’ont offensé. Leur ver ne mourra
pas, et leur feu ne s’éteindra pas, et leur vue dégoûtera toute chair ». Du reste on rencontre des images
analogues dans les livres de Judith, Jdt 16, 20, 21, et de l’Ecclésiastique, Si 7, 19, qui nous montrent aussi les
pécheurs éternellement rongés par un ver impérissable, éternellement brûles par un feu inextinguible. Ce sont
là des supplices qui représentent d’une manière concrète et frappante les souffrances endurées sans fin ni
trêve par les damnés. Le premier doit se prendre au propre, puisqu’il existe dans l’enfer un feu réel qui ne
s’éteindra jamais ; le second est un symbole du remords qui torturera les pécheurs. « Il appelle conscience
remplie de vers une âme qui mord en paroles, parce qu’elle ne fait pas le bien » [417]. Ces comparaisons, un
peu obscures pour nous, étaient très claires pour des Juifs ; car la vallée d’Hinnom ou Géhenne, avec ses
cadavres lentement dévorés par les vers ou brûlés sur des bûchers, était un emblème expressif de l’enfer. —
Le pronom leur, qui ne retombe directement sur aucun des mots précédents, désigne évidemment les
damnés, d’après le contexte. — « Qui n’est pas terrifié par cette répétition, et la menace d’une peine si
redoutable proférée par la bouche divine ? [418]