Marc 9, 7

Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »

Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Origène
C'est de lui-même que saint Marc dit: «Pierre ne comprenait point ce qu'il disait». Ces paroles signifient que dans l'égarement où se trouvait son esprit, Pierre était sans doute poussé par un esprit étranger, peut-être par cet esprit môme qui fit de lui un objet de scandale pour Jésus-Christ, lorsqu'il entreprit de détourner son divin Maître de souffrir la mort qui devait sauver le monde; cet esprit séducteur veut encore ici, sous l'apparence du bien, détourner Jésus-Christ d'avoir compassion de la misère dus hommes, de venir à eux et de mourir pour les sauver.

Enfin, nous pouvons désigner sous le nom de foulons sur la terre les sages de ce monde qui embellissent de l'éclat de leur génie leurs honteuses inventions ou leurs dogmes menteurs; mais jamais les ressources de leur art ne pourront réaliser une oeuvre égale à la parole qui enseigne aux ignorants la splendeur des pensées divines renfermées dans les Écritures, qui sont méprisées pourtant d'un si grand nombre.
Saint Jean Chrysostome
Qu'on ne s'imagine donc pas voir un jour dans le ciel, soit dans la personne du Sauveur, soit dans celle des saints qui partageront l'éclat de sa gloire une transformation quelconque dans les traits du visage; une clarté resplendissante viendra simplement s'ajouter à leur nature.

Ce n'est pas dans une maison que Jésus révèle sa gloire à ses disciples; il les conduit sur une haute montagne qui, par son élévation, était le symbole de la sublimité de la grandeur qu'il allait manifester.

Saint Luc, en disant: «Huit jours après», n'est point en contradiction avec, saint Marc; car il comprend dans ces huit jours celui où si-lit cette prédiction et celui où elle s'accomplit. Or, pourquoi le Sauveur laissa-t-il s'écouler un intervalle de six jours? C'était afin que dans cet intervalle le désir des Apôtres devînt plus vif et leur inspirai une vigilance et une attention plus grande pour les grandes choses qu'ils allaient contempler.

Notre-Seigneur fait paraître Moïse et Elie, pour plusieurs raisons. L'opinion du peuple était que Jésus était Elie ou un des prophètes. Le Sauveur se montre à ses Apôtres conjointement avec Moïse et Elie pour leur apprendre la différence qui sépare le Maître de ses serviteurs. - Les Juifs avaient reproché à Jésus-Christ de violer la loi: ils l'avaient traité de blasphémateur, s'attribuant la gloire de Dieu son Père; il fait paraître deux hommes célèbres par des vertus opposées à ces deux crimes: Moïse, qui a donné la loi; Elie, qui a été l'Apôtre zélé de la gloire de Dieu, et la présence de ces deux hommes prouve que Jésus ne s'est rendu coupable ni contre Dieu, ni contre la Loi. - Moïse, qui a subi la mort, Elie qui en a été préserve jusqu'alors, déclarent en se rendant à l'appel du Sauveur qu'il est le Maître de la vie et de la mort. Leur présence signifie encore que l'enseignement des prophètes a été l'introduction à la doctrine de Jésus-Christ. Enfin elle met en évidence l'union des deux Testaments, ci montre comment, lors de la résurrection générale, les Apôtres se joindront aux prophètes et s'avanceront d'un commun accord au-devant de leur commun Maître.

Pierre ne comprenait pas non plus que la transfiguration n'avait pour objet que de donner à ceux qui en étaient les témoins une preuve de la véritable gloire du ciel; que Moïse n'était point présent en corps et en urne; que ce qui se passait là était une leçon donnée aux chrétiens qui devaient un jour s'éloigner du monde et habiter dans le désert. «La frayeur les avait jetés hors d'eux-mêmes».

Cette frayeur avait fait sortir leur âme de son état ordinaire pour l'élever dans une région supérieure; ils voyaient deleurs yeux Moïse et Elie, mais en même temps leur âme, comme soustraite par la contemplation aux impressions des sens, était tout absorbée par un sentiment tout céleste.

C'est afin de bien persuader aux Apôtres que cette voix venait de Dieu lui-même, qu'elle sort d'une nuée dans laquelle Dieu avait coutume d'apparaître. Ces paroles: «Voici mon Fils bien-aimé», attestent que le Père et le Fils ont une même volonté, et que, sauf la filiation, le Fils ne fait qu'un avec le Père qui l'a engendré.

Ou bien encore, ces vêtements blancs, ce sont les écrits des Évangélistes et des Apôtres, écrits plus lumineux que tous les écrits des hommes, dont les interprètes ne pourront jamais atteindre la clarté.
Saint Jérôme
Après avoir confirmé le grand mystère de la croix, Jésus révèle la gloire de la résurrection, afin que, témoins de l'état triomphant de sa résurrection future, ses Apôtres fussent à l'épreuve des opprobres de la croix. «Et six jours après», etc.
Saint Rémi
Ou bien par le foulon, nous pouvons entendre les saints prédicateurs et ceux qui purifient les âmes sur la terre; aucun d'eux ne peut vivre si saintement que la pureté de son âme ne soit ternie par quelque tache; mais après la résurrection, ils seront purifiés de toutes les souillures du péché. La grâce de Dieu les revêtira d'une sainteté que ni les rigueurs de la pénitence, ni les exemples, ni l'enseignement des prédicateurs ne pourraient leur donner.
Saint Grégoire le Grand
C'est-à-dire que les justes qui auront brillé sur la terre de l'éclat d'une vie sainte seront unis intimement au Sauveur dans la clarté immortelle du ciel; car les vêtements figurent ici les justes que Jésus s'est attaché.
Saint Bède le Vénérable
Le Sauveur, dans sa transfiguration, n'a rien perdu de sa nature corporelle; il nous a seulement découvert quelle sera la gloire que la résurrection devait communiquer, soit à son corps, soit aux nôtres. Après le jugement, tous les élus le verront tel qu'il a apparu à ses Apôtres sur le Thabor.

L'humanité transfigurée de Jésus et la présence de deux saints pendant un instant seulement a tant de charmes que Pierre s'efforce par ses prières d'obtenir la prolongation de ce bonheur; que sera donc la félicité du ciel, où nous contemplerons la Divinité elle-même au milieu des choeurs angéliques. «Car il ne comprenait point ce qu'il disait». Quoique Pierre, plongé dans un étonnement qu'explique la faiblesse de la nature humaine, ne sache pas ce qu'il dit, ses paroles ne laissent pas de manifester les sentiments de son âme: Car s'il ne comprend point ce qu'il dit, c'est parce qu'il oublie que le royaume que Dieu a promis à ses saints n'est point sur la terre, mais dans le ciel; c'est qu'il ne s'est point rappelé que tant qu'ils seront enveloppés d'un corps mortel, ni lui ni les autres Apôtres ne pourront entrer en participation de cette vie immortelle; c'est qu'il a oublié enfin que dans la maison du Père céleste toute construction humaine est inutile. Ajoutons qu'aujourd'hui encore ce serait une folie de prétendre faire une distinction entre la loi, les prophètes et l'Évangile, puisque ces trois objets forment un tout indivisible.

Pierre avait demandé une tente matérielle; Dieu lui donne pour abri un nuage, il lui apprend ainsi qu'après la résurrection les élus sont abrités sous les rayons glorieux de l'Esprit saint, et non plus sous le toit d'une habitation faite par la main des hommes. «Et il survint une nuée qui les couvrit». Ils ont fait une demande indiscrète, et ils ne méritent pas que le Sauveur leur réponde; c'est Dieu le Père, qui répond à la place de son Fils: «Une voix sortit de la nuée, et fit entendre ces paroles: Celui-ci est mon Fils bien-aimé», etc.

C e grand prophète qui, d'après la parole de Moïse ( Dt 18 ), doit venir au monde, et dont l'enseignement doit être écouté par tout homme qui veut être sauvé, c'est lui qui est venu, revêtu de notre chair et dont Dieu le Père recommande à ses disciples d'écouter la doctrine: «Et aussitôt, regardant autour d'eux, ils ne virent plus personne». Le Fils vient d'être révélé, les serviteurs disparaissent aussitôt, afin que la parole du Père ne parût point s'adresser à eux ( Ex 13,21 Ex 16,10 Ex 19,9 Ex 34,9 Ex 40,32 Lv 16,2 Nb 11,25 Nb 12,5 Dt 31,15 ).

Les vêtements du Seigneur, ce sont les saints qui, au ciel, brilleront d'un éclat tout nouveau. Le foulon, c'est celui à qui le Psalmiste adresse cette prière: «Lavez-moi de plus en plus clé mon iniquité, et purifiez-moi de mon péché» ( Ps 1); car Dieu ne peut donner à ses fidèles sur la terre l'éclat qu'il leur réserve dans le ciel.

La présence de Moïse et d'Elie, dont l'un a subi la mort ( Dt 34) et l'autre a été transporté vivant dans le ciel (IV R 2) est le symbole de la gloire future de tous les saints. Le jour du jugement les trouvera ou vivants dans leurs corps, ou sur le point de sortir du tombeau où la mort les retenait depuis longtemps; tous régneront avec Jésus-Christ.

Il est à remarquer que le mystère de la sainte Trinité qui avait d'abord été révélé au baptême de Notre-Seigneur dans le Jourdain, est ici proclamé de nouveau dans sa glorification sur le Thabor, Dieu nous apprend ainsi que nous verrons et que nous louerons après la résurrection la gloire que nous professons par la foi dans le baptême. Et ce n'est pas sans raison que l'Esprit saint, qui avait d'abord apparu sous la forme d'une colombe, manifeste ici sa présence dans une nuée éclatante; il veut nous enseigner dans quelle éclatante lumière nous contemplerons l'objet de notre foi, si nous avons fidèlement pratiqué ses enseignements dans la simplicité de notre coeur. Pendant que la voix du Père céleste se faisait entendre sur son Fils, les disciples ne voient plus que Jésus seul, parce qu'en effet, lorsque Jésus se sera manifesté à ses élus, Dieu sera tout en tous, comme le dit saint Paul ( 1Co 15 ): «De même que le Fils ne fait qu'un avec le corps, Jésus-Christ brillera éternellement en tout, et ne fera plus qu'un avec ses saints.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Jésus-Christ les conduit à l'écart, parce qu'il allait leur révéler des vérités mystérieuses. Le mot transfiguration ne signifie pas que les traits de sa figure furent modifiés; son visage resta le même, mais resplendit d'une lumière que la parole humaine ne peut exprimer.

Le Sauveur prend avec lui les trois têtes du collège apostolique: Pierre, qui a proclamé la divinité de Jésus et qui brûle d'amour pour lui; Jean, le disciple bion-aimé; enfin Jacques, le prédicateur courageux et le théologien que sa sainteté rendait tellement odieux aux Juifs qu'Hérode le fit mourir pour leur être agréable.

Ou bien Pierre craint de descendre de la montagne, parce que le temps approchait où Jésus-Christ devait être crucifié, et il lui dit: «Il nous est bon de demeurer ici», dit-il, et de ne point nous aller mêler de nouveau à ce peuple. Si sa fureur contre votre personne les fait monter ici, nous comptons sur la puissance de Moïse lui a triomphé des Egyptiens, et sur celle d'Elie qui à sa parole a vu le feu descendre du ciel et consumer cinquante hommes.

Dans le sens mystique, après la consommation de ce monde qui a été fait en six jours, Jésus, si nous sommes ses disciples, nous transportera sur une montagne élevée, c'est-à-dire dans le ciel, et là nous jouirons de la magnificence de sa gloire divine.

Ou bien leur présence signifie que dans la gloire céleste nous verrons la loi et les prophètes s'entretenant avec Jésus-Christ; c'est-à-dire nous contemplerons la conformité des événements avec les prédictions inspirées par Jésus-Christ à Moïse et aux autres prophètes, et nous entendrons la voix du Père qui nous fera connaître son Fils en nous disant: «Celui-ci est mon Fils», et en même temps une nuée lumineuse, c'est-à-dire l'Esprit saint, source de toute sagesse, nous couvrira de son ombre.
Louis-Claude Fillion
Voir dans S. Matthieu, Matth. 17, 6, 7, quelques détails graphiques omis par S. Marc. L’adverbe aussitôt (ou soudain) autorise à croire que la Théophanie n’avait duré que peu d’instants. Lorsque, n’entendant plus la voix et devenant plus hardis, les trois Apôtres jetèrent autour d’eux un regard furtif, ils n’aperçurent plus que Jésus auprès d’eux sur la montagne, « avec son apparence habituelle et son habit habituel » (Witsius) ; la Transfiguration avait pris fin. — Voyez dans Rohault de Fleury [404], quelques notes intéressantes sur ce mystère considéré dans ses rapports avec l’art antique.
Catéchisme de l'Église catholique
Le Verbe s’est fait chair pour être notre modèle de sainteté : " Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi... " (Mt 11, 29). " Je suis la voie, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père sans passer par moi " (Jn 14, 6). Et le Père, sur la montagne de la Transfiguration, ordonne : " Écoutez-le " (Mc 9, 7 ; cf. Dt 6, 4-5). Il est en effet le modèle des Béatitudes et la norme de la Loi nouvelle : " Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés " (Jn 15, 12). Cet amour implique l’offrande effective de soi-même à sa suite (cf. Mc 8, 34).