Matthieu 1, 11
Josias engendra Jékonias et ses frères à l’époque de l’exil à Babylone.
Josias engendra Jékonias et ses frères à l’époque de l’exil à Babylone.
Après avoir épuré la généalogie du Christ de tout contact avec la gentilité, l'Évangéliste reprend sa descendance royale dans la quatrième des générations qui suivent.
Nous lisons dans les livres des Rois qu'il y eut deux Joachim : " Joachim dormit avec ses pères, et son fils Joachin régna en sa place (4 R 24, 5-6). Or c'est ce fils que Jérémie appelle Jéchonias (Jér 22, 24 ; 1 Paral 3, 16-17). Saint Matthieu en inscrivant le nom de Jéchonias et non celui de Joachim, n'a pas voulu s'exprimer autrement que le Prophète, et par là il a fait ressortir davantage les effets de la bonté du Seigneur. Nous ne le voyons pas, en effet, rechercher la noblesse qui vient des ancêtres, mais il préfère pour aïeux des pécheurs réduits en esclavage, parce qu'il venait lui-même prêcher la délivrance à ceux que le péché retenait captifs. L'Évangéliste n'a donc pas voulu supprimer l'un des deux rois, mais il les a exprimés tous deux par le nom de Jéchonias qui leur était commun.
Jusqu'à la quatrième génération, ses enfants sont retranchés du catalogue des rois, et ainsi son péché descend sur ses enfants, selon qu'il avait été écrit (Ex 34, 7) : " Je punirai les péchés des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération. " voyez par là quels dangers entraînent les alliances avec les impies.
L'Esprit saint avait prédit par le Prophète que Dieu détruirait tout enfant mâle de la race d'Achab et de Jézabel, et cette prédiction fut accomplie par Jéhu fils de Nanzi, à qui Dieu avait promis que ses enfants s'assiéraient sur le trône d'Israël jusqu'à la quatrième génération. La bénédiction que Dieu répandit sur Jéhu pour avoir tiré vengeance de la maison d'Achab, fut égale à la malédiction dont il frappa la maison de Joram à cause de son alliance avec la fille de l'impie Achab et de Jèzabel.
Le livre des Rois ne nous présente pas le même ordre dans les générations (4 R 23, 30.31). Nous lisons que Josias engendra Eliachim, plus tard appelé Joachim, et Joachim, Jéchonias. Mais Joachim a été rayé du nombre des rois, parce que ce n'était pas le choix du peuple de Dieu qui l'avait placé sur le trône, mais Pharaon qui l'avait imposé par force. Car si trois princes ont été justement effacés du catalogue des rois, uniquement à cause de leur alliance avec la famille d'Achab, pourquoi Joachim n'aurait-il pas été lui-même éliminé, lui que Pharaon en guerre avec le peuple de Dieu lui avait imposé par violence ? Voilà pourquoi Jéchonias fils de Joachim et petit-fils de Josias, a pris la place de son père dans la généalogie comme s'il était fils de Josias.
Ou bien il nous faut admettre que le premier Jéchonias est le même que Joachim, le second est le fils et non pas le père ; le nom du premier s'écrit par unk et un m, celui du second lias ch et n, ce qui s'est trouvé confondu dans le texte grec et dans le texte latin par la négligence des copistes et la longue suite du temps.
Nous lisons au quatrième livre des Rois (4 R 8, 24 ; 11, 2ss) que Joram engendra Ochosias, et qu'à la mort de ce dernier, Josabeth, fille du roi Joram et soeur d'Ochosias, enleva Joas fils de son frère, pour le soustraire au massacre commandé par Athalie. Joas eut pour successeur son fils Amasias ; après Amasias, régna son fils Azarias, qui fut appelé Ozias et auquel succéda son fils Joathan. Ce témoignage historique vous démontre l'existence de trois rois que l'Évangéliste n'a point insérés dans sa généalogie. Joram, en effet, n'a pas engendré Osais, mais Ochosias et les deux autres que nous venons de citer. La raison de cette omission est que l'Évangéliste s'était proposé trois séries de quatorze noms chacune, correspondant à trois différentes époques. Ajoutons que Joram s'était allié à la famille de l'impie Jézabel, et qu'en punition de cette alliance son souvenir est effacé jusqu'à la troisième génération, et son nom jugé indigne de figurer parmi ceux qui forment la généalogie du Sauveur.
C'est avec justice que les noms d'Ochosias, de Joas et d'Amazias ne figurent pas dans cette généalogie avec les autres ; car leur impiété continua pendant toute leur vie sans interruption et sans intervalle. Salomon dut au mérite de son père et Roboam au mérite de son fils d'avoir été conservés parmi les rois dans la généalogie du Sauveur. Quant à ces trois rois impies, leurs noms en ont été retranchés, car l'exemple du vice entraîne la ruine de toute une race quand il est donné avec éclat et sans discontinuité.
Mais comment l'Évangéliste peut-il dire que ces princes naquirent dans l'exil, tandis que leur naissance a précédé l'époque de la transmigration ? C'est qu'ils semblent n'avoir été mis au monde que pour être arrachés du trône et emmenés captifs en punition de leurs péchés et de ceux du peuple, et comme Dieu prévoyait leur captivité future, l'Évangéliste a pu dire qu'ils étaient nés dans la transmigration. Remarquons ici que tous ceux qu'il a fait entrer dans la généalogie du Sauveur ont été également remarquables par l'éclat de leurs vertus ou de leurs vices ; c'est ainsi que par leurs vertus Juda et ses frères se sont rendus dignes d'éloge, tandis que Phares et Zara, Jéchonias et ses frères ne se sont fait remarquer que par le dérèglement de leur vie.
Il est Jéchonias, celui qui prépare ou la préparation du Seigneur,comme il le dit de lui-même : " Si je m'en vais et que je vous prépare une place. "(Jn 16)
Bersabée peut s'interpréter aussi le septième puits ou le puits du serment, et elle représente la fontaine du baptême dans laquelle on reçoit l'Esprit saint avec ses sept dons, et on prononce des adjurations contre le démon. Le Christ est aussi Salomon le pacifique, selon ces paroles de l'Apôtre : " Il est lui-même notre paix. " (Ep 2) Il est Roboam ou l'étendue du peuple, d'après ses propres paroles : " Il en viendra un grand nombre d'Orient et d'Occident. " (Mt 8, 11)
Il est Abias, c'est-à-dire le Seigneur Père, d'après ces paroles (Mt 23) : "Vous n'avez qu'un seul Père qui est dans les cieux. " Et ces autres : " Vous m'appelez Maître et Seigneur. " (Jn 13.) Il est Aza, c'est-à-dire celui qui ôte, au sens de ces paroles : " Voilà celui qui efface les péchés du monde. " (Jn 1) Il est aussi Josaphat, celui qui juge, car il dit lui-même : " Dieu a donné tout jugement au Fils. " (Jn 5) Il est Joram le sublime, selon ces autres paroles : " Personne ne monte au ciel que celui qui descend du ciel. " (Jn 3) Il est Ozias, le fort du Seigneur, d'après ces paroles du Psalmiste : " Le Seigneur est ma force et ma gloire. " (Psaume 117.) Il est Joatham, celui qui est consommé en perfection, lui dont l'Apôtre a écrit : " Le Christ est la fin de la loi. " (Rm 10) Il est Achaz, celui qui convertit, selon ces paroles : " Convertissez-vous à moi. " (Za 1)
Il est Ezéchias, c'est-à-dire le Seigneur fort ou le Seigneur a fortifié, lui qui a dit : " Ayez confiance, j'ai vaincu le monde. " (Jn 16) Il est aussi Manassé, celui qui est porté à oublier ou qui a oublié, selon ce qui est écrit : " Je ne me rappellerai plus vos péchés. " (Is 43 ; Ez 28) Il est Amon, le fidèle,selon ces paroles du Psalmiste : " Le Seigneur est fidèle dans toutes ses paroles. "(Ps. 144.) Il est Josias, l'encens du seigneur, selon ces paroles : " Étant tombé en agonie, il redoublait ses prières. " (Luc, 22.)
Ou bien il estl'impétuosité du peuple, lui qui a si rapidement converti les peuples à la foi.
Ou bien il est celui qui comprend, car personne ne connaît le Père si ce n'est le Fils (Mt 11, 27).
Que l'encens soit le symbole de la prière, c'est le Psalmiste lui-même qui l'enseigne : " Que ma prière s'élève comme l'encens en votre présence. " (Ps 140.) Ou bien encore il est le salut du Seigneur, selon ces paroles d'Isaïe : " Le salut que je donnerai sera éternel. " (Is51)
La Glose
C'est à Ezéchias qui était sans enfant qu'il fut dit : " Mets ordre à ta maison, parce que tu mourras bientôt (Is 38) ". Il versa des larmes en entendant ces paroles, non pas qu'il désirait une vie plus longue, car il savait que Salomon avait été agréable à Dieu en ne demandant pas une longue suite d'années, mais il se voyait sans enfants, lui, descendant de David, d'où devait naître le Christ, et il craignait que les promesses de Dieu ne pussent s'accomplir.
Dans un sens mystique, David est la figure du Christ qui a terrassé Goliath (c'est-à-dire le démon). Une, dont le nom signifie Dieu est ma lumière,est le symbole du démon, qui avait dit : " Je serai semblable au Très-Haut (Is 14, 14). " L'Église lui était unie lorsque le Christ la voyant des hauteurs de la majesté divine, il l'aima, la rendit belle et la prit pour épouse. Ou bien Urie représente le peuple juif qui se glorifiait de posséder la lumière dans la loi ; le Christ est venu lui enlever la loi, en lui montrant qu'il en était lui-même l'objet. Bersabée signifie le puits de satiété, c'est-à-dire l'abondance de la grâce spirituelle.
Au sens moral, David a pour fils Salomon, le pacifique, car on devient pacifique dans ses moeurs lorsqu'on a su éteindre ses inclinations vicieuses, et ou semble jouir déjà d'une paix éternelle un servant Dieu et en s'efforçant de convertir les autres à lui. Vient ensuite Roboam ou l'étendue du peuple, car celui qui a triomphé de tous ses défauts doit tourner ses efforts vers les autres et entraîner avec lui le peuple de Dieu vers les choses du ciel. Après lui, vient Abias, c'est-à-dire le Seigneur Père, car après tout ce que nous venons de dire, le Christ peut se glorifier d'être le Fils de Dieu. Alors il pourra devenir Asa, celui qui élève, et de vertu en vertu s'élever jusqu'à Dieu son Père. Alors encore il sera Josaphat,celui qui juge, car il jugera les autres sans être jugé par personne ; et c'est ainsi qu'il deviendra Joram, c'est-à-dire le sublime, qui semble habiter dans les cieux. Il devient de la sorte Osais ou le fort du Seigneur, qui attribue toute sa force à Dieu et persévère dans ses résolutions. Après Osais vient Joatham, le parfait, car il avance tous les jours en perfection, et c'est ainsi qu'il devient Achaz ou celui qui comprend, parce que la connaissance se développe par les oeuvres, selon qu'il est écrit : " Ils ont annoncé les oeuvres de Dieu, et ils ont compris ses actions. Vient ensuite Ezéchias, c'est-à-dire le Seigneur fort, car il comprend toute la force de Dieu et c'est pour que cela converti à son amour il devient Manassé, celui qui oublie, et qui perd le souvenir des choses de la terre. Il devient ainsi Amon, c'est-à-dire fidèle, car celui qui méprise les choses de la terre ne fait tort à personne dans ses biens, et il devient par là Josias, qui veut dire salut du Seigneur, car il attend avec confiance et sécurité le salut qui vient de Dieu.
71. JOSIAS ENGENDRA JÉCHONIAS ET SES FRÈRES, qui veut dire «préparation du Seigneur» ou «résurrection» ; et il signifie le Christ, qui nous a préparé un endroit, Jn 14, 2, et qui dit en Jn 11, 25 : Je suis la résurrection et la vie, et par celle-ci nous parvenons à la résurrection.
72. Ici se pose une triple question à propos de la lettre. Premièrement, on se demande comment on peut dire que Josias a engendré Jéchonias, et pourtant ce n’est pas lui qu’il a engendré, mais son père, Joachim. À cela il y a une double réponse. En effet, selon Chrysostome, avec qui Augustin est d’accord, le nom de Joachim est complètement laissé de côté, et cela parce qu’il n’a pas régné sur l’ordre de Dieu, mais par la puissance de Pharaon, qui l’imposa comme roi, après avoir incarcéré son frère premier-né, Joathan, qui avait régné avant lui. À ce sujet, [il faut] remarquer l’histoire en 4[2] R 22 et 2 Ch 36, 1s. Or, Josias eut trois fils : Joathan, Joachim, qui est aussi appelé Éliacin, et Sédéchias. Si, comme le dit Augustin, ces trois rois sont écartés de la généalogie parce qu’ils ont été corrompus par l’idolâtrie, à bien plus forte raison celui qui a été établi roi, non pas par Dieu ou par une prophétie, mais par la décision d’un païen, [n’aurait-il pas dû être écarté] ? La réponse est non, selon ce que dit Jérôme et ce qu’entend Ambroise, qui est d’accord avec cela : les deux sont appelés Joachim, celui qui est placé à la fin du [deuxième] groupe de quatorze et celui qui est placé au début du troisième groupe de quatorze, et les deux Jéchonias et Joachim sont le même personnage. Aussi faut-il remarquer que Josias a eu trois fils : Joachim, qui est aussi Éliacin, Joathan et Sédécias. Lorsque Josias mourut, Joathan régna à sa place, à titre de fils intermédiaire ; lorsque celui-ci fut capturé par Pharaon, le roi d’Égypte, [celui-ci] établit comme roi son frère premier-né, Joachim, en lui imposant un tribut. Par la suite, Nabuchodonosor, le roi de Babylone, l’ayant emporté sur le roi d’Égypte, assiégea Jérusalem et captura Joachim, qu’il renvoya à Jérusalem en échange d’un tribut. Par la suite, lorsque Joachim voulut se rebeller contre le roi de Babylone, en comptant sur l’aide du roi d’Égypte, Nabuchodonosor monta à Jérusalem, le captura et le tua, et le remplaça par son fils, Joachim, qu’il appela Jéchonias, du nom de son père. Cela fait, Nabuchodonosor, craignant que celui-ci, se rappelant la mort de son père, ne s’allie au roi d’Égypte, revint à Jérusalem et l’assiégea ; et Jéchonias, ou ce Joachim, le fils de l’autre, se livra au roi Nabuchodonosor, ainsi que son épouse et ses fils, sur le conseil de Jérémie. Et c’est de ceux-ci dont on dit qu’ils ont à proprement parler été déportés lors de la déportation. Mais Nabuchodonosor établit comme roi Sédécias, le frère de son père, et amena Joachim lui-même à Babylone. Et c’est de lui dont il est dit plus loin : Et après la déportation [Mt 1, 12]. Mais pourquoi a-t-il été appelé Jéchonias, alors que son nom était Joachim ? Il faut dire que ce nom lui avait été donné par le prophète, à savoir, Jérémie, Jr 22, 24 : Voici ce que dit le Seigneur : Si Jéchonias, fils de Joachim, roi de Juda, était un anneau dans ma main droite, je l’arracherais ; et plus loin [Jr 22, 28] : Est-ce que ce Jéchonias n’est pas un vase d’argile brisé ? C’est pourquoi l’évangéliste lui donne plutôt ce nom, afin de montrer que l’évangéliste est d’accord avec le prophète. Il faut remarquer aussi que, bien que le nom soit le même, il est écrit différemment. Le nom du premier Joachim est écrit avec un k, et on semble le prononcer Joakim ; mais le nom du second est écrit avec un ghimel, de sorte qu’il est prononcé Joachim. Ils ont ainsi une interprétation différente. Le premier veut dire «résurrection», mais le second [veut dire] «préparation du Seigneur».
73. En second lieu, on se demande pourquoi on dit : JÉCHONIAS ET SES FRÈRES. En effet, nombreux ont été les rois qui ont eu des frères, mais on ne dit jamais ou on ne mentionne jamais qu’ils avaient des frères. Il faut dire, selon Ambroise, que partout où l’on mentionne des frères, comme lorsqu’on dit : Juda et ses frères, et : Pharès et Zara, fils de Thamar, cela signifie qu’ils étaient égaux en sainteté ou en malice. Or, ces trois sont mauvais. Ou l’on peut dire que parce que l’un de ces frères a régné, comme il est clair par ce qui a été dit, il n’en fut pas ainsi des frères des autres rois.
74. En troisième lieu, on se pose une question sur le fait qu’on dise : LORS DE LA DÉPORTATION. Cela semble faux, car Josias n’a pas été déporté. Il faut dire que ceci est considéré du point de vue de la prescience divine, selon laquelle il avait été ordonné que ceux qu’il engendrait alors devaient être déportés. Ou bien on peut dire que LORS DE LA DÉPORTATION est la même chose que près de la déportation, c’est-à-dire, alors que la déportation était imminente.
72. Ici se pose une triple question à propos de la lettre. Premièrement, on se demande comment on peut dire que Josias a engendré Jéchonias, et pourtant ce n’est pas lui qu’il a engendré, mais son père, Joachim. À cela il y a une double réponse. En effet, selon Chrysostome, avec qui Augustin est d’accord, le nom de Joachim est complètement laissé de côté, et cela parce qu’il n’a pas régné sur l’ordre de Dieu, mais par la puissance de Pharaon, qui l’imposa comme roi, après avoir incarcéré son frère premier-né, Joathan, qui avait régné avant lui. À ce sujet, [il faut] remarquer l’histoire en 4[2] R 22 et 2 Ch 36, 1s. Or, Josias eut trois fils : Joathan, Joachim, qui est aussi appelé Éliacin, et Sédéchias. Si, comme le dit Augustin, ces trois rois sont écartés de la généalogie parce qu’ils ont été corrompus par l’idolâtrie, à bien plus forte raison celui qui a été établi roi, non pas par Dieu ou par une prophétie, mais par la décision d’un païen, [n’aurait-il pas dû être écarté] ? La réponse est non, selon ce que dit Jérôme et ce qu’entend Ambroise, qui est d’accord avec cela : les deux sont appelés Joachim, celui qui est placé à la fin du [deuxième] groupe de quatorze et celui qui est placé au début du troisième groupe de quatorze, et les deux Jéchonias et Joachim sont le même personnage. Aussi faut-il remarquer que Josias a eu trois fils : Joachim, qui est aussi Éliacin, Joathan et Sédécias. Lorsque Josias mourut, Joathan régna à sa place, à titre de fils intermédiaire ; lorsque celui-ci fut capturé par Pharaon, le roi d’Égypte, [celui-ci] établit comme roi son frère premier-né, Joachim, en lui imposant un tribut. Par la suite, Nabuchodonosor, le roi de Babylone, l’ayant emporté sur le roi d’Égypte, assiégea Jérusalem et captura Joachim, qu’il renvoya à Jérusalem en échange d’un tribut. Par la suite, lorsque Joachim voulut se rebeller contre le roi de Babylone, en comptant sur l’aide du roi d’Égypte, Nabuchodonosor monta à Jérusalem, le captura et le tua, et le remplaça par son fils, Joachim, qu’il appela Jéchonias, du nom de son père. Cela fait, Nabuchodonosor, craignant que celui-ci, se rappelant la mort de son père, ne s’allie au roi d’Égypte, revint à Jérusalem et l’assiégea ; et Jéchonias, ou ce Joachim, le fils de l’autre, se livra au roi Nabuchodonosor, ainsi que son épouse et ses fils, sur le conseil de Jérémie. Et c’est de ceux-ci dont on dit qu’ils ont à proprement parler été déportés lors de la déportation. Mais Nabuchodonosor établit comme roi Sédécias, le frère de son père, et amena Joachim lui-même à Babylone. Et c’est de lui dont il est dit plus loin : Et après la déportation [Mt 1, 12]. Mais pourquoi a-t-il été appelé Jéchonias, alors que son nom était Joachim ? Il faut dire que ce nom lui avait été donné par le prophète, à savoir, Jérémie, Jr 22, 24 : Voici ce que dit le Seigneur : Si Jéchonias, fils de Joachim, roi de Juda, était un anneau dans ma main droite, je l’arracherais ; et plus loin [Jr 22, 28] : Est-ce que ce Jéchonias n’est pas un vase d’argile brisé ? C’est pourquoi l’évangéliste lui donne plutôt ce nom, afin de montrer que l’évangéliste est d’accord avec le prophète. Il faut remarquer aussi que, bien que le nom soit le même, il est écrit différemment. Le nom du premier Joachim est écrit avec un k, et on semble le prononcer Joakim ; mais le nom du second est écrit avec un ghimel, de sorte qu’il est prononcé Joachim. Ils ont ainsi une interprétation différente. Le premier veut dire «résurrection», mais le second [veut dire] «préparation du Seigneur».
73. En second lieu, on se demande pourquoi on dit : JÉCHONIAS ET SES FRÈRES. En effet, nombreux ont été les rois qui ont eu des frères, mais on ne dit jamais ou on ne mentionne jamais qu’ils avaient des frères. Il faut dire, selon Ambroise, que partout où l’on mentionne des frères, comme lorsqu’on dit : Juda et ses frères, et : Pharès et Zara, fils de Thamar, cela signifie qu’ils étaient égaux en sainteté ou en malice. Or, ces trois sont mauvais. Ou l’on peut dire que parce que l’un de ces frères a régné, comme il est clair par ce qui a été dit, il n’en fut pas ainsi des frères des autres rois.
74. En troisième lieu, on se pose une question sur le fait qu’on dise : LORS DE LA DÉPORTATION. Cela semble faux, car Josias n’a pas été déporté. Il faut dire que ceci est considéré du point de vue de la prescience divine, selon laquelle il avait été ordonné que ceux qu’il engendrait alors devaient être déportés. Ou bien on peut dire que LORS DE LA DÉPORTATION est la même chose que près de la déportation, c’est-à-dire, alors que la déportation était imminente.
Jéchoniam. Le nom de Jéchonias soulève à son tour une redoutable difficulté d'interprétation. En effet, Josias ne fut pas le père, mais l’aïeul de ce prince, Cf. 1 Par., 3, 15, 16 ; entre eux nous devrions trouver Joakim. En outre, S. Matthieu attribue ici plusieurs frères à Jéchonias, tandis qu’il n’en eut qu’un seul d’après 1 Par., 3, 16 : « De Joakim naquirent Jechonias et Sedecias » ; entre eux, nous devrions trouver Joakim. Enfin, l’auteur de la généalogie fait vivre à l’époque de la captivité de Babylone le roi Josias, qui était mort depuis vingt années environ quand elle commença. Ce sont donc trois points à élucider. Il est vrai qu’il suffira, pour éclaircir le premier, d’une explication grammaticale relative à l’expression au temps de la déportation à Babylone. On veut donc simplement rappeler que, vers l’époque de la captivité babylonienne, Josias engendra Jéchonias, fait complètement exact, surtout si l’on réfléchit que la “transmigration” n’eut pas lieu en une seule fois, mais qu’elle eut pour ainsi dire, trois actes principaux, et qu’elle se prolongea durant une période assez considérable (606-586 avant Jésus-Christ) ; Cf. Jerem. 52, 28 et ss. ; 4 Reg. 22, 12 et suiv. – Relativement aux deux autres points, nous nous trouvons de nouveau en face de solutions diverses. 1° Ici encore, un anneau aurait été volontairement omis dans la liste généalogique. Cette hypothèse est favorisée par plusieurs manuscrits ou versions qui rétablissent le nom supprimé : “Josias engendra Joakim, Joakim engendra Jéchonias et ses frères”. Mais, cette leçon fût-elle authentique, reste encore la difficulté tirée des frères de Jéchonias. 2° Pour obvier à cela, plusieurs auteurs ont recours à un “mendum amanuensis” et ils prennent la liberté de reconstituer comme il suit le texte soi-disant primitif : « Josias engendra Joakim et son frère, Joakim engendra Jechonias pendant la déportation à Babylone ». Nous voudrions pouvoir admettre cette ingénieuse conjecture d’Ewald, qui résout immédiatement le problème, et sous toutes ses faces ; malheureusement c’est un coup d’autorité que rien ne peut justifier. 3° D’autres essaient de dénouer plus patiemment ce nœud gordien. Suivant eux, le nom de Jéchonias, au v. 11, représenterait non pas Jéchonias lui-même, mais précisément ce Joakim dont nous regrettons l’omission ; soit, disent-ils, que ces deux appellations fussent identiques chez les Hébreux, soit qu’une erreur des copistes ait substitué l’une à l’autre. Cela posé, la généalogie est intégrale en cet endroit ; elle est, de plus, parfaitement correcte, puisque Joakim eut trois frères, Johanan, Sédécias et Sellum. Toutefois, ajoutent-ils, Joakim ayant été mis à mort par le roi de Babylone et n’étant jamais allé en captivité, le Jéchonias du v. 12 ne doit pas être le même que celui du verset 11 ; c’est donc le Jéchonias proprement dit, fils de Joakim, petit-fils de Josias. De quel droit, répondrons-nous, peut-on supposer, contre toute vraisemblance, que la généalogie cite deux personnes sous un même nom, alors qu’elle en avait de très-distincts à sa disposition pour les désigner ? C’est le point faible de ce système. 4° Il nous reste à prendre purement et simplement la note du v. 11 telle qu’elle nous a été transmise, sans y faire aucun changement. Le nom de Joakim aura été passé sous silence, comme ceux de plusieurs autres ancêtres du Christ. Quant à Jéchonias, puisque c’est bien de Jéchonias et de lui seul qu’il est question, il est vrai que la Bible ne lui donne qu’un frère, mais nous aurons plus tard, l’occasion de démontrer que ce nom de frère a, dans la langue hébraïque, une signification beaucoup plus étendue que dans la nôtre, et qu’il pouvait s’appliquer aussi à des cousins, à de proches parents. – Au temps de la déportation : l’Évangéliste mentionne expressément cet événement douloureux à cause de sa gravité exceptionnelle pour la famille de David et du Christ ; au retour d’exil elle n’aura plus la dignité royale.