Matthieu 1, 20

Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;

Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
Saint Ambroise
Ne soyez pas étonné qu'il donne à Marie le nom d'épouse ; il ne veut pas exprimer par là la perte de sa virginité, mais attester la vérité de leur union et la célébration de leur mariage.
Saint Jean Chrysostome
La douceur de Joseph n'est pas moins admirable ; il ne confie à personne le soupçon qui l'agite, pas même à celle qui en était l'objet, il garde tout en lui-même. 

Il n'apparaît pas ouvertement à Joseph comme aux bergers à cause de sa grande foi. Les bergers avaient besoin d'une apparition manifeste à cause de leur grossière ignorance ; Marie, à cause des grandes choses dont l'ange devait l'instruire la première. Une apparition de ce genre ne fut pas moins nécessaire à Zacharie avant la conception de son fils.

En l'appelant : " Fils de David, " il voulut lui remettre en mémoire la promesse faite à David que le Christ naîtrait de sa race.

En lui disant : " Ne craignez pas, " il nous fait voir qu'il craignait d'offenser Dieu en gardant chez lui celle qu'il regardait comme adultère ; autrement il n'aurait pas pensé à la renvoyer.

Ces paroles : " Ne craignez pas, on apprennent encore à Joseph que l'ange connaissait les secrets de son coeur et le préparent à croire tout ce qu'il allait dire des biens futurs dont le Christ devait être l'auteur.

L'ange lui dit : " Ne craignez pas de la recevoir, c'est-à-dire de la garder dans votre maison, car elle était déjà renvoyée dans son esprit.

L'ange apparut à Joseph et lui tint ce langage pour trois raisons : la première, afin que cet homme juste ne fit point par ignorance une action mauvaise dans une bonne intention ; la seconde, pour l'honneur de la mère du Sauveur, car si elle avait été renvoyée, elle n'aurait pas manqué d'être en butte aux soupçons les plus injurieux de la part des infidèles ; la troisième raison, afin que Joseph comprenant combien était sainte cette conception, eût encore plus de respect qu'auparavant pour sa chaste épouse. L'ange cependant ne vint trouver Joseph qu'après que la Vierge eut conçu, pour ne point l'exposer aux pensées et au châtiment de Zacharie, qui se rendit coupable d'infidélité en refusant de croire à la maternité de son épouse si avancée en âge, car il était plus incroyable encore qu'une vierge pût concevoir, qu'une femme parvenue à l'extrême vieillesse.

Ou bien encore, l'ange apparaît à Joseph lorsque le trouble s'est déjà emparé de son esprit, pour faire éclater davantage la sagesse de cet homme juste, et aussi pour que cette apparition devînt pour lui la preuve de ce qu'il lui annonçait. En effet, lorsqu'il entendait l'ange lui parler de ce qui faisait l'objet de ses pensées les plus intimes, n'avait-il pas une preuve indubitable qu'il était l'envoyé de Dieu, à qui seul il appartient de connaître les secrets des coeurs. La véracité de l'Évangéliste en devient elle-même incontestable, car il nous présente Joseph éprouvant tout ce que tout homme aurait éprouvé à sa place. La Vierge elle-même échappe à tout soupçon déshonorant, puisque nous voyons son époux, malgré ce juste sentiment de jalousie, la recevoir et la garder après qu'elle est devenue mère ; si elle ne fait pas connaître à Joseph ce que l'ange lui avait annoncé, c'est qu'elle présumait qu'elle n'en serait pas crue surtout après les soupçons qu'il nourrissait contre elle. L'ange au contraire vint trouver Marie avant la conception, pour ne point l'exposer aux inquiétudes qu'elle aurait éprouvées si elle n'avait été instruite de ce mystère qu'après son accomplissement, car il fallait que cette mère privilégiée qui avait reçu dans son sein le Créateur de toutes choses, fût inaccessible au trouble et à l'agitation.

L'ange ne se contente pas de justifier la Vierge de tout commerce criminel, mais il apprend à Joseph que cette conception est toute surnaturelle, et après avoir dissipé ses craintes, il lui inspire la joie par ces paroles :" Ce qui est né en elle, " etc.
Saint Jérôme
De ce que l'ange lui donne le nom d'épouse, il ne faut pas conclure qu'elle ne fut plus fiancée, car c'est la coutume de l'Écriture de donner le nom d'époux ou d'épouses à ceux qui ne sont que fiancés comme on peut le prouver par ce passage du Deutéronome (Dt 22) : " Celui qui, trouvant dans un champ la fiancée d'un autre lui fera violence et dormira avec elle, sera puni de mort, parce qu'il a déshonoré l'épouse de son prochain. "
Saint Augustin
Pendant que Joseph est dans cette pensée, que Marie la fille de David soit sans crainte, car de même que la voix du Prophète apporta le pardon à David, l'ange du Sauveur vient délivrer Marie. L'ange Gabriel le paranymphe de la Vierge, apparaît de nouveau comme le dit l'Évangéliste : " Voici que l'ange dur Seigneur apparut à Joseph. "

Mais si le Christ est né de l'Esprit saint, pourquoi est-il écrit : " La sagesse s'est bâtie une demeure ? " (Pv. 9.) On peut faire à cette question une double réponse : premièrement la maison du Christ est son Église, qu'il s'est bâtie par son sang ; en second lieu son corps peut être regardé comme sa maison de même qu'il est appelé son temple. Or l'oeuvre de l'Esprit saint est celle du Fils de Dieu, par suite de l'unité de volonté dans la nature divine ; que le Père agisse, que ce soit le Fils ou l'Esprit saint, c'est toujours la Trinité qui agit, et quelle que soit l'oeuvre faite par l'une des trois personnes, c'est toujours l'oeuvre d'un seul Dieu.

Mais pourrons-nous dire cependant que l'Esprit saint est le Père du Christ en tant qu'homme, dans ce sens que l'Esprit saint aurait engendré l'homme comme Dieu le Père a engendré le Verbe ? C'est une telle absurdité, qu'il n'y a pas d'oreilles chrétiennes qui puissent la supporter. Dans quel sens disons-nous donc que le Christ est né de l'Esprit saint, si l'Esprit saint ne l'a point engendré ? Est-ce parce qu'il l'a fait ? Car en tant qu'homme il a été fait, d'après cette parole de l'Apôtre : " Qui a été fait de la race de David, selon la chair. Mais de ce que Dieu a fait le monde, peut-on dire que le monde est fils de Dieu ou qu'il est né de Dieu ? Non sans doute, tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il a été fait, créé ou formé par lui. Lors donc que nous confessons que le Christ est né du Saint-Esprit et de la Vierge Marie, pourquoi ne peut-on pas dire qu'il est le Fils de l'Esprit saint, comme il est le Fils de Marie ? C'est qu'il est impossible d'admettre que tout ce qui tire sa naissance d'une chose doive par là même en être appelé le fils. Car sans m'arrêter à dire qu'un fils naît autrement d'un homme, que ne naissent de lui les cheveux, les poux et les vers (dont aucun sans doute ne pourra être appelé son fils), certainement les hommes qui naissent de l'eau et de l'Esprit saint ne peuvent être appelés les enfants de l'eau, mais les enfants de Dieu leur père, et de l'Église leur mère. C'est ainsi que le Christ est né de l'Esprit saint, et qu'il est appelé non pas le Fils de l'Esprit saint, mais le Fils de Dieu.
Sévérianus de Gabala
Ce chaste époux reçoit l'ordre de bannir la crainte de son coeur, car une âme bienveillante trouve dans la compassion qu'elle éprouve un nouveau motif de crainte. L'ange semble lui dire : Il n'y a point ici cause de mort, mais bien plutôt cause de vie, car celle que la vie a rendue mère ne mérite point d'être mise à mort.
Saint Rémi
Comme nous venons de le voir, Joseph pensait à renvoyer Marie en secret. Or s'il avait exécuté ce dessein, la plupart auraient vu en Marie une femme perdue plutôt qu'une vierge. Aussi le ciel se chargea-t-il de changer bien vite le dessein de Joseph, ce que l'Évangéliste exprime en ces termes : " Comme il était dans cette pensée. "
Rabanus Maurus
Ou bien une craignez pas de la recevoir, c'est-à-dire de l'admettre comme épouse a la participation de la communauté conjugale et du foyer domestique. Ces mots : " En songe " expriment comment l'ange apparut à Joseph, c'est-à-dire de la même manière que Jacob vit des yeux de l'esprit comme une image de l'échelle mystérieuse.
La Glose
On reconnaît ici l'âme d'un sage qui ne veut rien entreprendre avec précipitation.

Ce mot il apparut exprime la puissance de celui qui apparaît, et qui se rend visible quand il veut et de la manière qu'il veut.

L'ange en apparaissant à Joseph le nomme par son nom, lui rappelle le souvenir de sa famille, et bannit la crainte de son coeur par ces mots : " Joseph, fils de David. " En l'appelant par son nom, il le traite commue une personne qui lui est connue, et comme un ami.

Naître en elle et naître d'elle sont deux choses différentes : naître d'elle, c'est être mis au jour par elle ; naître en elle, c'est être conçu dans son sein. On peut dire aussi que par suite de la prescience que Dieu, pour qui l'avenir est comme le passé communiquait à l'ange, la naissance était comme accomplie.
Saint Thomas d'Aquin
121. ALORS QU’IL PENSAIT À CELA. Ici est présentée la personne qui révèle. Trois points sont abordés : en effet, on aborde en premier lieu le temps ; en second lieu, la personne qui révèle est présentée : VOICI QUE L’ANGE ; en troisième lieu, le mode de la révélation est exprimé : APPARUT EN SONGE.

122. [Matthieu] dit donc : ALORS QU’IL PENSAIT À CELA, c’est-à-dire, alors qu’il retournait cela dans son esprit, VOICI QUE L’ANGE DU SEIGNEUR APPARUT. Il faut remarquer que deux choses sont mises en évidence à propos de Joseph, à savoir, sa sagesse et sa clémence. La sagesse, par le fait qu’avant d’agir, il délibéra, Pr 4, 25 : Que ton regard précède tes pas, c’est-à-dire, ne fais rien sans le jugement et la délibération de la raison. Et la clémence ou la piété, par le fait qu’il ne rendit pas la condition [de Marie] publique, à l’opposé de ceux, nombreux, qui veulent publier aussitôt à l’extérieur ce qu’ils ont dans le cœur, Pr 25, 28 : Comme une ville puissante qui n’est pas entourée de murailles, ainsi l’homme qui ne peut maîtriser son esprit en parlant. C’est pourquoi, il mérita d’être renseigné et consolé. D’où ce qui suit : VOICI QUE L’ANGE DU SEIGNEUR APPARUT, comme si l’aide de Dieu survenait promptement, Ps 9, 10 : Mon secours dans les difficultés et dans la détresse ; Ps 53[54], 6 : Voici que Dieu vint à mon aide et que le Seigneur accueillit mon âme.

123. L’ANGE DU SEIGNEUR. En effet, personne ne peut mieux disculper que celui qui est conscient de la préservation de la virginité. On croit donc que le même ange qui a été envoyé à Marie, Lc 1, 6, a été envoyé à Joseph, Ps 33[34], 8 : L’ange du Seigneur viendra autour de ceux qui le craignent, c’est-à-dire Marie et Joseph, afin de la libérer de l’infamie et de ne pas abandonner Joseph à son trouble.

124. Mais ici on se demande pourquoi la révélation ne fut pas faite dès le début à Joseph, avant qu’il ne soit ainsi troublé. De plus, pourquoi Marie ne lui révéla-t-elle pas l’annonce angélique qui lui avait été faite. Sur le premier point, il faut dire que cela arriva afin que le témoignage [de Joseph] soit plus crédible. En effet, de même que le Seigneur permit que l’apôtre Thomas doute de sa résurrection, afin qu’il touche en doutant et croie en touchant [Jn 20, 24 29], et en croyant enlève en nous la blessure de l’incroyance, de même le Seigneur permit que Joseph doute de la chasteté de Marie, afin qu’en doutant, il reçoive la révélation de l’ange et, en la recevant, croie plus fermement.

125. [L’ANGE] APPARUT EN SONGE. Voilà le mode de la révélation. Il faut remarquer qu’apparaître est de la nature de ce qui est par nature invisible, mais qui a le pouvoir d’être vu, comme Dieu et l’ange. En effet, on ne dit pas des choses qui par leur nature peuvent être vues qu’elles apparaissent. C’est pourquoi on parle d’une apparition divine ou angélique. [Matthieu] dit donc à juste titre : [L’ANGE] APPARUT EN SONGE.

126. Mais on se demande ici pourquoi en songe. La raison en est donnée dans la Glose : Joseph était d’une certaine façon dans le doute, de sorte que, pour ainsi dire, il dormait ; et c’est pourquoi on dit que l’ange lui apparut en songe. Une autre raison, meilleure, peut être donnée : comme le dit en effet l’Apôtre, 1 Co 14, 22 : La prophétie a été donnée pour ceux qui croient, mais les signes pour ceux qui ne croient pas. Car, au sens propre, la révélation qu’on appelle prophétique a lieu en songe, Nb 12, 6 : S’il y a parmi vous un prophète du Seigneur, je lui apparaîtrai ou je lui parlerai en songe. Et c’est pourquoi, parce que Joseph était juste et fidèle, une apparition devait lui être faite qui convienne à un croyant, à savoir, une révélation en quelque sorte prophétique. Or, comme l’apparition corporelle est miraculeuse, une telle apparition ne lui convenait pas, puisqu’il avait la foi et était croyant. Mais alors, on se demande pourquoi une apparition visible s’est produite pour Marie, alors qu’elle était la plus croyante. Il faut dire que le mystère de l’incarnation a été révélé au départ à la Vierge Marie, alors qu’il était plus difficile d’y croire ; c’est pourquoi, il fallait qu’une apparition visible lui advienne. Mais, à Joseph, [le mystère de l’incarnation] ne fut pas révélé dès le départ, mais plutôt alors qu’il était pour une grande part déjà accompli, puisqu’il voyait déjà le ventre [de Marie] se gonfler, afin qu’il pût croire plus facilement. C’est pourquoi il lui suffit d’une apparition qui eut lieu comme en songe.

127. JOSEPH, FILS DE DAVID. Ici sont présentées les paroles de la révélation. Elles se divisent en trois parties, en fonction des trois choses que l’ange fait. En effet, il interdit d’abord le divorce à Marie et à Joseph. En second lieu, il dévoile le mystère de l’incarnation, lorsqu’il dit : CE QUI EST NÉ EN ELLE VIENT DE L’ESPRIT SAINT. En troisième lieu, il annonce à l’avance le service que Joseph allait rendre, c’est-à-dire qu’il rendait à l’enfant : ELLE ENFANTERA UN FILS [1, 21].

128. [L’ange] dit donc : JOSEPH. Il l’appelle afin de le rendre attentif à écouter et pour le rappeler à lui-même. Ceci est courant dans l’Écriture, à savoir que, lorsqu’une apparition est présentée comme venant d’en haut, elle exige de la part de l’auditeur une certaine élévation et attention de l’esprit, Ez 2, 1 : Fils d’homme, lève-toi et je te parlerai, et plus loin : Fils d’homme, écoute comme je t’ai parlé et ne sois pas exaspérant ; Ha 2, 1 : Je me tiendrai sur mes gardes.

129. FILS DE DAVID. Ainsi, il précise la lignée afin d’éviter ce qui est dit en Is 7, 13 : Écoutez, maison de David : est-ce trop peu pour vous de lasser les hommes que vous lassiez aussi mon Dieu, etc. ? En effet, un signe a été donné non pas à une seule personne, mais à toute la tribu ou maison. Ainsi, parce que [l’ange] devait l’informer à ce sujet, il est ordonné [à Joseph], par la mention de sa lignée, de se remémorer l’annonce du prophète.

130. NE CRAINS PAS. Toute apparition, que ce soit celle d’un ange bon ou d’un ange mauvais, provoque une certaine crainte, et cela, parce qu’une telle apparition est inhabituelle et pour ainsi dire étrangère à la nature de l’homme. Elle met ainsi l’homme comme hors de lui-même. Mais il y a une différence sur ce point, car l’apparition d’un ange mauvais frappe de terreur et laisse l’homme dans la terreur, à savoir qu’elle entraîne plus facilement au péché l’homme pour ainsi dire mis hors de lui-même. Mais l’apparition d’un ange bon, bien qu’elle frappe de terreur, est aussitôt menée à sa conclusion et à la consolation qu’elle entraîne, à savoir que l’homme revienne à lui et porte attention à ce qui lui est dit. D’où Lc 1, [11 13], où il est dit que l’ange apparut à Zacharie, poursuit aussitôt : Ne crains pas, Zacharie, et de même : Ne crains pas, Marie. Ainsi, après l’apparition à Joseph, la consolation suit aussitôt. Celui-ci avait une double crainte, à savoir, de Dieu et aussi du péché, c’est-à-dire de pécher en cohabitant avec Marie parce qu’il était conscient d’un péché. C’est pourquoi NE CRAINS PAS suit, à savoir : ne crains pas de pécher, DE PRENDRE MARIE COMME ÉPOUSE. Il faut remarquer qu’elle est appelée «épouse», non en raison du mariage, mais en raison des fiançailles C’était en effet la coutume, dans l’Écriture, d’appeler les fiancées épouses, et les épouses, fiancées. Mais on se demande comment il ordonne de la prendre, alors qu’il ne l’a pas encore renvoyée. Et il faut dire que, bien qu’il ne l’eût pas renvoyée corporellement, cependant, dans son âme, il l’avait renvoyée. C’est pourquoi il lui est ordonné de la prendre. Ou bien : NE CRAINS PAS DE LA PRENDRE, pour ce qui est de la solennité et de la célébration des noces.

131. CE QUI EST NÉ EN ELLE VIENT DE L’ESPRIT SAINT. Ici, [Matthieu] dévoile le mystère de l’incarnation. Et remarquez que, alors qu’il y avait trois choses : la Vierge même qui conçoit, le Fils de Dieu conçu et la puissance active de l’Esprit Saint, l’ange exprime bien deux choses, à savoir, celle qui conçoit et l’auteur de la conception, mais n’exprime que de manière imprécise la troisième, le Fils même de Dieu conçu : CE QUI EST NÉ EN ELLE, dit-il. C’était afin de signaler que cela même est ineffable et incompréhensible, non seulement pour l’homme, mais aussi pour les anges eux-mêmes. EN EFFET, il dit : CE QUI EST NÉ EN ELLE (il ne dit pas d’elle, parce que naître d’une mère, c’est venir à la lumière ; mais naître en elle est le fait même d’être conçu), VIENT DE L’ESPRIT SAINT.

132. Tel est le témoignage angélique, qui conduit l’évangéliste à prouver ce qu’il avait dit plus haut : ELLE SE TROUVA ENCEINTE DE L’ESPRIT SAINT. Il faut remarquer que, dans la conception des autres femmes, la puissance formative se trouve dans la semence de l’homme, dont le sujet est la semence, et par cette puissance le fœtus est formé et se développe dans le corps de la femme. Le Saint-Esprit a donc remplacé [cette puissance formative]. C’est pourquoi on trouve parfois que les saints disent que l’Esprit Saint joua là le rôle de la semence, mais parfois il est dit qu’il n’y eut pas de semence. Et la raison en est que, dans la semence de l’homme, il y a deux choses, à savoir la substance corrompue elle-même qui provient du corps de l’homme, et la puissance formative. Il faut donc dire que l’Esprit Saint a joué le rôle de la semence pour ce qui était de la puissance formative ; mais il n’y intervint pas en tant que substance corporelle, parce que la chair du Christ, ou sa conception, ne fut pas produite à partir de la substance de l’Esprit Saint. Et ainsi, il est clair que l’Esprit Saint ne peut pas être appelé le père du Christ parce qu’[Il ne l’est] ni selon la nature divine, ni selon la nature humaine. Selon la nature divine, car même si le Christ possède la même gloire que le Saint-Esprit, le Fils, pour ce qui est de la nature divine, ne reçoit rien du Saint-Esprit. C’est pourquoi il ne peut pas être appelé le Fils [de l’Esprit Saint] : en effet, le Fils reçoit quelque chose du Père. De même [ne l’est-il] pas selon [la nature] humaine, parce que le père et le fils doivent se rejoindre par la substance ; or, le Christ, bien qu’il ait été conçu par la puissance du Saint-Esprit, ne [l’a pas été] cependant à partir de la substance du Saint-Esprit.

133. Or, ce qui est dit en Pr 9, 1 : La sagesse construira sa demeure, est contraire à cela. Il semble donc que la Sagesse divine elle-même, à savoir, le Fils de Dieu, s’est unie à la nature humaine, et ainsi n’a pas été produite par la puissance du Saint-Esprit. Mais à cela il y a une double réponse selon Augustin. La première est que cette parole, qui est écrite en Pr 9, 1, s’entend de l’Église, que le Christ a fondée par son sang. L’autre [réponse] est que les œuvres de la Trinité sont indivises. Et ainsi, ce que fait le Fils, le Saint-Esprit le fait aussi, mais cela est cependant attribué par une certaine appropriation à l’Esprit Saint. Et la raison en a été donnée plus haut.
Louis-Claude Fillion
Comme il y pensait ; le texte grec est plus expressif : “agitant et bouleversant son esprit”. C'était sa constante préoccupation, comme un glaive acéré qui se retournait sans cesse dans son âme, le torturant d’autant plus que la situation se compliquait d’une question pratique difficile à résoudre. Que de choses dans ces quelques paroles ! Il ne saurait y avoir en effet de position plus douloureuse pour un homme juste et droit. Cependant la main de la Providence va délier doucement le nœud qu’elle a formé ; Marie ne s’était pas trompée en abandonnant sa cause à Dieu. - Voici. Les Hébreux employaient volontiers cette particule pour figurer le caractère imprévu, soudain, d’un événement ; S. Matthieu l’intercale fréquemment dans sa narration. Un ange du Seigneur : traduction littérale de la célèbre expression qui revient si souvent dans les écrits de l’Ancienne Alliance, et sur laquelle on a tant discuté. L’ange de Jéhova avait autrefois porté au patriarche Abraham la grande promesse messianique, il vient maintenant apprendre à S. Joseph la prochaine réalisation de cette bonne nouvelle. – En songe. Comme son homonyme de l’Ancien Testament, qui était également fils de Jacob, S. Joseph est célèbre par ses songes. (Voir dans le Bréviaire romain, Fest. S. Joseph, Lect. 2. Noct, un beau parallèle de S. Bernard entre ces deux illustres personnages). Chose étonnante ! sa vie, telle qu’elle nous est connue par l’Évangile, se compose uniquement de quatre songes surnaturels et de quatre actes d’obéissance qui leur correspondent. – Les avertissements divins communiqués sous la forme de songes ne sont pas rares dans la Bible. On a parfois prétendu qu’ils constituaient un mode très-inférieur de révélation ; mais si nous considérons l’éminence des personnes à qui Dieu se révéla de cette manière, l’importance des ordres qu’il leur donna durant leur sommeil, nous rejetterons bien vite cette allégation odieuse. L’Esprit souffle non-seulement où il veut, mais aussi comme il veut. - Fils de David. L’ange lui rappelle ce titre glorieux parce que la nouvelle qu’il se dispose à lui transmettre est messianique, et qu’elle le concerne directement comme descendant de la famille royale ; c’est l’œuvre par excellence de sa race qui va lui être confiée. Les mots suivants, ne crains pas, répondent parfaitement à l’état d’âme de S. Joseph : il “craignait” de blesser la justice, d’offenser Dieu en s’unissant à Marie par les liens du mariage ; le messager céleste lui enlève cette inquiétude. – Prendre avec toi, c’est-à-dire conduire dans ta maison et par conséquent épouser ; Cf. l’explication du v. 18. Telle était l’expression usitée pour désigner les mariages juifs, parce qu’au jour des noces le fiancé recevait sa fiancée des mains du père de cette dernière. Prendre (recevoir) n’a jamais signifié retenir chez soi, garder, comme on l’a quelquefois affirmé ; on ne reçoit pas ce que l’on possède déjà. – Ton épouse équivaut à « en qualité d’épouse ». On peut aussi regarder ces deux mots comme formant apposition à “Mariam” ; dans ce cas, Marie porterait d’avance le nom d’épouse de même que Joseph celui de mari, conformément à la coutume que nous avons signalée. – Au lieu de né il faudrait “engendré”, d’après le grec ; le neutre est employé parce que l’Ange n’a pas encore spécifié la nature de l’enfant. – Tout soupçon disparut devant le nom de l’Esprit Saint ; mais les paroles de l’Ange n’ont pas seulement pour but d’enlever les doutes de Joseph, elles lui indiquent en même temps d’une manière implicite le rôle de protecteur qu’il devra remplir en tant que fils de David à l’égard de Jésus et de Marie.
Catéchisme de l'Église catholique
De l’Incarnation à l’Ascension, la vie du Verbe incarné est entourée de l’adoration et du service des anges. Lorsque Dieu " introduit le Premier-né dans le monde, il dit : ‘Que tous les anges de Dieu l’adorent’ " (He 1, 6). Leur chant de louange à la naissance du Christ n’a cessé de résonner dans la louange de l’Église : " Gloire à Dieu ... " (Lc 2, 14). Ils protègent l’enfance de Jésus (cf. Mt 1, 20 ; 2, 13. 19), servent Jésus au désert (cf. Mc 1, 12 ; Mt 4, 11), le réconfortent dans l’agonie (cf. Lc 22, 43), alors qu’il aurait pu être sauvé par eux de la main des ennemis (cf. Mt 26, 53) comme jadis Israël (cf. 2 M 10, 29-30 ; 11, 8). Ce sont encore les anges qui " évangélisent " (Lc 2, 10) en annonçant la Bonne Nouvelle de l’Incarnation (cf. Lc 2, 8-14), et de la Résurrection (cf. Mc 16, 5-7) du Christ. Ils seront là au retour du Christ qu’ils annoncent (cf. Ac 1, 10-11), au service de son jugement (cf. Mt 13, 41 ; 24, 31 ; Lc 12, 8-9).

Le Fils unique du Père en étant conçu comme homme dans le sein de la Vierge Marie est " Christ ", c’est-à-dire oint par l’Esprit Saint (cf. Mt 1, 20 ; Lc 1, 35), dès le début de son existence humaine, même si sa manifestation n’a lieu que progressivement : aux bergers (cf. Lc 2, 8-20), aux mages (cf. Mt 2, 1-12), à Jean-Baptiste (cf. Jn 1, 31-34), aux disciples (cf. Jn 2, 11). Toute la vie de Jésus-Christ manifestera donc " comment Dieu l’a oint d’Esprit et de puissance " (Ac 10, 38).