Matthieu 1, 21

elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Saint Jean Chrysostome
Ce que l'ange avait annoncé à Joseph était au-dessus de toute pensée humaine et des lois de la mature ; il en confirme donc la vérité, en ajoutant à la révélation du mystère accompli, la prédiction des grandeurs futures : " Elle enfantera un fils. or Joseph pouvait penser que, puisqu'il avait été étranger à cette conception, il devait l'être désormais aux devoirs de la vie conjugale ; l'ange de dissuade en lui apprenant que s'il n'a pas été nécessaire à la conception, Il le devient pour les soins de la paternité. Car elle enfantera un fils, et alors il sera indispensable à la mère et au fils : à la mère pour défendre son honneur ; au fils, pour être son père nourricier et le faire circoncire. C'est à cette cérémonie de la circoncision que l'ange fait allusion en disant : " Vous l'appellerez Jésus ; " car c'est au moment de la circoncision que le nom est donné aux enfants. 

Il ne lui dit pas : " Elle vous enfantera un fils, " comme il avait dit à Zacharie : " Voici qu'Elisabeth votre femme vous enfantera un fils. " La femme, en effet, qui conçoit de son mari lui enfante un fils, car l'enfant vient plus de l'homme que de la femme ; mais celle qui conçoit en dehors de l'homme, n'engendre pas l'enfant à son mari, mais à elle-même.

Ou bien l'ange s'exprime d'une manière générale pour montrer que cet enfant naissait pour le monde entier.

L'ange dévoile tout ce qu'il y avait d'admirable dans cette naissance, puisque c'est Dieu lui-même qui envoie le nom du ciel par le ministère d'un ange, et ce n'est pas un nom quelconque, mais un nom qui est un trésor de biens infinis. Ce nom, Il l'interprète en faisant naître les meilleures espérances et en rendant ainsi plus facile la foi aux choses qu'il annonce, car nous avons une propension naturelle à croire aux espérances qu'on nous donne.
Saint Jérôme
En hébreu le mot Jésus veut dire Sauveur, et c'est l'étymologie de ce nom que l'ange explique en disant : " Il sauvera son peuple de ses péchés. "
Sévérianus de Gabala
Qu'ils viennent et qu'ils prêtent l'oreille ceux qui demandent quel est celui que Marie a enfanté. C'est celui qui sauvera son peuple, et non le peuple d'un autre. Et de quoi le sauve-t-il ? De ses péchés. Or, qu'il y ait un Dieu qui remette les péchés, si vous ne voulez pas en croire les chrétiens, croyez-en les infidèles ou les Juifs qui disaient : " Personne ne peut remettre les péchés, si ce n'est Dieu. "
Saint Rémi
C'est ainsi qu'il est à la fois le Sauveur de tout l'univers et l'auteur de notre salut. Il sauve non pas les incrédules, mais son peuple, c'est-à-dire ceux qui croient en lui, et il les délivre non pas tant des ennemis visibles que des ennemis invisibles. Il les sauve du péché sans recourir à la force des armes, mais en brisant les liens du péché qui nous retiennent captifs.
Rabanus Maurus
Il lui dit : " Vous l'appellerez du nom, " et non pas : " Vous lui imposerez le nom, " car ce nom lui a été donné de toute éternité.
Saint Thomas d'Aquin
134. ELLE ENFANTERA UN FILS. [L’ange] annonce ici le service que Joseph rendra à l’enfant lorsqu’il sera né, et il fait trois choses : en effet, il annonce en premier lieu l’enfantement de la Vierge ; en second lieu, il prédit le service qui doit être rendu à l’enfant par Joseph même, lorsqu’il dit : ET TU LUI DONNERAS LE NOM ; en troisième lieu, il dévoile le nom donné à l’enfant lui-même, lorsqu’il dit : JÉSUS.

135. [L’ange] dit donc : ELLE ENFANTERA. Ainsi, elle conçut d’abord du Saint-Esprit, mais elle enfantera un fils. Il ne dit pas : pour toi, car [Joseph] lui-même n’a pas engendré l’enfant. En Lc 1, 13, il est dit à Zacharie : Ton épouse te donnera un fils, parce que Zacharie a engendré celui-ci. Ou bien [l’ange] ne dit pas : pour toi, [afin de montrer] qu’il est né pour tous : elle n’enfantera pas un fils pour lui seul, mais pour l’ensemble du monde, Lc 2, 10 : Voici que je vous annonce une grande joie, car il vous est né aujourd’hui un sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David, etc.

136. Mais Joseph pourrait dire : «Ainsi, elle a conçu du Saint-Esprit et elle enfantera un fils. Qu’advient-il de moi ? Je ne suis en rien nécessaire.» C’est pourquoi [l’ange] ajoute le service : TU LUI DONNERAS LE NOM. C’était la coutume chez les Hébreux, et ce l’est encore aujourd’hui, qu’on circoncise l’enfant le huitième jour et lui donne alors un nom, et ceci a été fait par Joseph. Ainsi, il agit comme serviteur pour cet acte. C’est pourquoi il est dit : ET TU L’APPELLERAS ; il n’est pas dit : TU DONNERAS, car [le nom] lui est déjà imposé, Is 42, 2 : Tu porteras le nom nouveau que t’a donné la bouche du Seigneur.

137. JÉSUS : c’est le nom donné par Dieu. Et [l’ange] en donne l’explication : CAR IL SAUVERA SON PEUPLE, qu’il s’est acquis par son sang, qui est donc son peuple. En Dn 9, 26, il est dit : Il ne sera pas son peuple, celui qui le rejettera. Ainsi, c’est par la foi [qu’existe] le peuple du Seigneur, 1 P 2, 9 : Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis.

138. DE SES PÉCHÉS. Dans le livre des Juges, on dit souvent que tel ou tel a sauvé Israël, mais de qui ? De ses ennemis charnels. Mais ici, [ce sera] de ses péchés, en remettant les péchés, ce qui appartient à Dieu seul, Lc 5, 24 : Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur terre de remettre les péchés. Il faut remarquer que Nestorius est ici confondu, lui qui disait que ce qui appartenait en propre à Dieu, comme exister éternellement, être tout-puissant, et les choses de ce genre, ne convenait pas à cet homme. Voici que ce même homme, qui est né d’une vierge et qui est appelé Jésus, SAUVERA SON PEUPLE DE SES PÉCHÉS. Ainsi, puisque remettre les péchés ne peut être attribué qu’à Dieu seul, il faut dire que cet homme est Dieu et que les choses qui appartiennent à Dieu lui conviennent.
Louis-Claude Fillion
Dans ce verset, l’envoyé de Dieu détermine d’abord la nature de “ce qui a été engendré” dans le sein de la Vierge. Il révèle ensuite à Joseph et le nom prédestiné qu’il devra imposer à ce Fils des Merveilles (titre donné au Messie par les Rabbins), et la parfaite relation qui existe entre ce nom d’une part, et d’autre part le rôle que jouera l’Enfant divin. – Tu lui donneras le nom. A chaque page, l’Ancien Testament fait ressortir l’importance des noms appliqués aux personnes et aux choses. Primitivement, Cf. Gen. 2, 19, les dénominations n’avaient rien d’arbitraire ; elles exprimaient l’essence même des individus qui les portaient. Mais le péché, en obscurcissant l’esprit humain, l’empêcha de découvrir comme auparavant la nature intime des êtres, et alors les noms furent la plupart du temps livrés au hasard et dépourvus d’harmonie intrinsèque, quoique l’étymologie nous dévoile assez souvent encore des coïncidences frappantes. Du moins, quand c’est Dieu qui se charge de donner directement un nom, et surtout quand c’est à son Fils qu’il le donne, il le choisit tout-à-fait conforme à l’essence la plus intime. – Jésus. Cette appellation était déjà bien ancienne parmi les Juifs lorsque l’archange Gabriel l’apporta du ciel à Marie pour son enfant, lorsque “l’Angelus Domini” en fit connaître le mystère à S. Joseph. Avant l’exil, sa forme ordinaire était en hébreu, “Josue” d’après la Vulgate, c’est-à-dire Jéhova est Sauveur ; après l’exil il subit une légère abréviation et devint “Ieschouah”, Sauveur, Cf. Néhem. 7, 17. C’est le plus doux et le plus suave de tous les noms : il exprime si mélodieusement et d’une manière si complète dans sa brièveté toute l’œuvre de salut opérée par Notre-Seigneur! Cf. Eccli. 46, 12. Après avoir prononcé ce nom sacré, l’Ange en fait l’exégèse au fiancé de Marie, et indique le motif pour lequel Dieu le destine au Verbe incarné. C’est donc le cas de répéter avec les anciens “nomen, omen” : le nom est présage. – Il sauvera, de là le titre célèbre, Sauveur, appliqué à Jésus-Christ d’abord chez les Grecs puis dans toute l’Église : ce n’est d’ailleurs que la traduction de son nom propre. – Son peuple représente directement les Juifs. Par sa naissance, par ses fonctions premières et immédiates, Jésus appartenait à la nation israélite et venait tout d’abord pour elle, ainsi que les prophètes l’avaient depuis longtemps annoncé ; voir aussi Rom. 1, 16 ; 9, 5. Mais les Gentils ne sont nullement exclus : le vrai peuple de Jésus, c’est tout l’Israël spirituel et mystique. “J’ai d’autres brebis, dira-t-il lui-même, qui ne font point partie de cette bergerie ; il faut que je les amène et il n’y aura qu’une seule bergerie et un seul pasteur” , Joann. 9, 16. – De ses péchés. Sauver le monde du péché, tel est le côté le plus intime, l’âme pour ainsi dire du ministère de Jésus ; il nous délivre non seulement du péché, mais aussi de ses funestes conséquences. Le salut messianique sera donc essentiellement moral et religieux : le Libérateur promis ne viendra pas sur la terre dans un but humain, politique, comme on ne le croyait que trop alors. – Ses est au pluriel parce que “peuple” est un nom collectif : c’est une figure de style appelée “enallage numeri”.
Catéchisme de l'Église catholique
Jésus veut dire en hébreu : " Dieu sauve ". Lors de l’Annonciation, l’ange Gabriel lui donne comme nom propre le nom de Jésus qui exprime à la fois son identité et sa mission (cf. Lc 1, 31). Puisque " Dieu seul peut remettre les péchés " (Mc 2, 7), c’est lui qui, en Jésus, son Fils éternel fait homme " sauvera son peuple de ses péchés " (Mt 1, 21). En Jésus, Dieu récapitule ainsi toute son histoire de salut en faveur des hommes.

L’ange a annoncé aux bergers la naissance de Jésus comme celle du Messie promis à Israël : " Aujourd’hui, dans la ville de David vous est né un Sauveur qui est le Christ Seigneur " (Lc 2, 11). Dès l’origine il est " celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde " (Jn 10, 36), conçu comme " saint " (Lc 1, 35) dans le sein virginal de Marie. Joseph a été appelé par Dieu à " prendre chez lui Marie son épouse " enceinte de " ce qui a été engendré en elle par l’Esprit Saint " (Mt 1, 21) afin que Jésus " que l’on appelle Christ " naisse de l’épouse de Joseph dans la descendance messianique de David (Mt 1, 16 ; cf. Rm 1, 3 ; 2 Tm 2, 8 ; Ap 22, 16).

Le nom de Jésus signifie " Dieu qui sauve ". L’enfant né de la Vierge Marie est appelé " Jésus " " car c’est Lui qui sauvera son peuple de ses péchés " (Mt 1, 21) : " Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés " (Ac 4, 12).

Le Seigneur ressuscité renouvelle cet envoi (" Par mon nom ... ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris " : Mc 16, 17-18) et le confirme par les signes que l’Église accomplit en invoquant son nom (cf. Ac 9, 34 ; 14, 3). Ces signes manifestent d’une manière spéciale que Jésus est vraiment " Dieu qui sauve " (cf. Mt 1, 21 ; Ac 4, 12).

L’Evangile est la révélation, en Jésus Christ, de la miséricorde de Dieu pour les pécheurs (cf. Lc 15). L’ange l’annonce à Joseph : " Tu lui donneras le nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés " (Mt 1, 21). Il en va de même de l’Eucharistie, sacrement de la Rédemption : " Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés " (Mt 26, 28).

Mais le Nom qui contient tout est celui que le Fils de Dieu reçoit dans son Incarnation : JESUS. Le Nom divin est indicible par les lèvres humaines (cf. Ex 3, 14 ; 33, 19-23), mais en assumant notre humanité le Verbe de Dieu nous le livre et nous pouvons l’invoquer : " Jésus ", " YHWH sauve " (cf. Mt 1, 21). Le Nom de Jésus contient tout : Dieu et l’homme et toute l’Economie de la création et du salut. Prier " Jésus ", c’est l’invoquer, l’appeler en nous. Son Nom est le seul qui contient la Présence qu’il signifie. Jésus est Ressuscité, et quiconque invoque son Nom accueille le Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est livré pour lui (cf. Rm 10, 13 ; Ac 2, 21 ; 3, 15-16 ; Ga 2, 20).

Finalement, c’est en Jésus que le Nom du Dieu Saint nous est révélé et donné, dans la chair, comme Sauveur (cf. Mt 1, 21 ; Lc 1, 31) : révélé par ce qu’il Est, par sa Parole et par son Sacrifice (cf. Jn 8, 28 ; 17, 8 ; 17, 17-19). C’est le cœur de sa prière sacerdotale : " Père saint ... pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés en vérité " (Jn 17, 19). C’est parce qu’il " sanctifie " lui-même son Nom (cf. Ez 20, 39 ; 36, 20-21) que Jésus nous " manifeste " le Nom du Père (Jn 17, 6). Au terme de sa Pâque, le Père lui donne alors le Nom qui est au-dessus de tout nom : Jésus est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (cf. Ph 2, 9-11).