Matthieu 1, 4

Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naassone, Naassone engendra Salmone,

Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naassone, Naassone engendra Salmone,
Saint Jean Chrysostome
Nous croyons que ce n'est pas sans un dessein providentiel que l'Évangéliste rappelle ici les noms de ces ancêtres du Sauveur.

Salmon prit une femme du nom de Raab. On croit communément que cette Raab fut la courtisane de Jéricho qui reçut chez elle les espions du peuple d'Israël, les cacha et leur sauva la vie. Or, Salmon qui était un des principaux des enfants d'Israël, de la tribu de Juda, et fils du chef de cette tribu, voyant la fidélité de Raab, mérita de la prendre pour épouse, comme si elle eut été de grande naissance. Peut-être aussi la signification du nom de Salmon fut pour lui comme une Invitation de la providence à recevoir Raab comme un vase d'élection. Car Salmon signifie reçois ce vase (cf. Tit 9).
La Glose
Juda engendra Pharès et Zara avant d'aller en Égypte, et ses deux enfants vinrent s'y fixer plus tard avec lui. Ce fut en Égypte que Pharès engendra Esrom ; Esrom, Aram ; Aram, Aminadab ; Aminadab, Nahasson ; et c'est alors que Moïse fit sortir le peuple d'Egypte. Nahasson fut sous Moïse, chef de la tribu de Juda dans le désert, où il engendra Salmon. Ce dernier fut un des chefs de la tribu de Juda, et entra avec Josué dans la terre promise.
Saint Thomas d'Aquin
39. ARAM ENGENDRA AMINADAB, qui signifie «spontané». C’est en sa personne que le Psalmiste dit, 53[54], 8 : Je m’offrirai volontairement à toi en sacrifice et je confesserai ton nom, car cela est bon, Seigneur ; et Is 53, 7 : Il fut offert parce qu’il le voulait, et il n’ouvrit pas la bouche, etc. ; Jn 6, 38 : Je ne suis pas venu pour faire ma volonté, mais celle de celui qui m’a envoyé.

40. AMINADAB ENGENDRA NAASSON, qui signifie «augure» ou «serpent», car le Christ a connu non seulement le présent, mais aussi le passé et l’avenir, He 4, 13 Tout est à nu sous ton regard. De même, [il signifie] «serpent» en raison de sa prudence : en effet, la prudence est attribuée au serpent, plus loin, 10, 16 : Soyez prudents comme des serpents ; Jb 12, 16 : Il connaissait celui qui trompait et celui qui est trompé. Il faut remarquer que ce Naasson vécut au temps de Moïse et sortit d’Égypte avec lui, et fut un des chefs de la tribu de Juda au désert, comme on le trouve dans Nb 1, 7. Mais il faut prendre garde que, en Ex 13, 18, où notre texte se lit : Les fils d’Israël montèrent d’Égypte en armes, le mot «aigle» traduit «informés» en raison d’une équivoque. Le texte des Septante est meilleur : Les fils d’Israël sortirent d’Égypte à la cinquième génération. Mais, en sens inverse, [on peut invoquer] que ce Naasson ne fut pas le cinquième après Jacob, mais le septième, comme on le voit lorsqu’on relève Jacob, Juda, etc., jusqu’à Naasson. Il ne s’agit donc pas de la cinquième, mais de la septième génération. Mais on doit dire qu’il ne faut pas calculer selon la tribu de Juda, mais selon la tribu de Lévi, sous la conduite de qui les fils d’Israël sortirent d’Égypte, Ps 76[77], 21 : Tu guidas ton peuple comme un troupeau par la main de Moïse et d’Aaron. Et il est clair qu’il n’y a que cinq générations. En effet, Jacob engendra Lévi, Lévi engendra Caath, Caath engendra Amram, Amram engendra Moïse et Aaron, comme il est clair dans Ex 2 ; et ils sortirent d’Égypte sous la direction de Moïse.

41. À ce point, il faut remarquer que, de toutes les tribus, c’est la tribu de Juda qui se multipliait le plus, et cela parce qu’étaient issus d’elle les rois à venir, qui devaient combattre. Parmi toutes, c’est la tribu de Lévi qui se multipliait le moins, et cela parce qu’elle était prédestinée à l’office divin et au sacerdoce, pour lesquels un nombre moindre suffisait. Et ainsi, [Matthieu] entend que, même en comptant selon la tribu de Juda, soit vrai ce qui est dit en Gn 25, 16 : À la cinquième génération, ils en reviendront.
Jérôme affirme donc que ce qui est dit là doit s’entendre en comptant selon la tribu de Lévi, mais ce qui est dit ici, selon la tribu de Juda. En effet, Pharès lui-même pénétra avec Jacob et Juda, son père, en Égypte. Et c’est pourquoi ces générations ne doivent pas être comptées à partir de Jacob, mais à partir de Pharès, qui lui-même entra en Égypte. Et il est clair que Naasson est le cinquième à partir de Pharès. De même, Lévi lui-même entra en Égypte avec son père Jacob. Ainsi, les générations doivent être comptées à partir de Lévi, et non de Jacob. Or, il est clair que Moïse fut le quatrième à partir de Lévi.

42. NAASSON ENGENDRA SALMON. Salmon veut dire «sensible» et signifie le Christ, en qui se trouvent tous les trésors de la sagesse et de la science [Col 2, 3].

43. Au sens moral, il faut noter que, de même que, dans la première génération, est signifié l’ordre de notre justification pour ce qui est de l’état des débutants, de même, dans cette seconde génération, qui comporte aussi cinq points, est signifié l’avancement de ceux qui progressent. En effet, le premier point, qui découle du fait que l’homme est justifié du péché, est que lui-même a le zèle des âmes. Et c’est pourquoi Pharès a à juste titre engendré Esron, qui signifie «flèche», en raison de l’efficacité de la prédication par laquelle sont pénétrés les cœurs des auditeurs, Is 49, 2 : Il a fait de moi sa flèche préférée. Et il faut adapter les autres points de la même façon.
Louis-Claude Fillion
D’Aram, d’Aminadab, de Salmon nous ne connaissons pas autre chose que les noms. – D’après Num. 1,7, Naasson était le chef de la tribu de Juda au moment de la sortie d’Égypte : s’il s’agit ici du même personnage, comme tout porte à le croire, il paraît évident que le généalogiste aura omis quelques anneaux intermédiaires, car le séjour en Égypte ayant duré 430 ans, Cf. Ex. 12, 40 ; Gal. 3, 17, ce serait bien peu de quatre générations pour une aussi longue durée. Nous ne trouvons, il est vrai, que ces quatre noms dans le tableau analogue du premier livre des Paralipomènes, 2, 9-11 ; nous n’en trouvons que quatre aussi, durant la même période, dans la famille de Lévi (Lévi, Caath, Amram et Aaron). Mais cette omission peut s’expliquer très-aisément. Dieu avait prédit à Abraham, Gen. 15, 13-16, que sa postérité serait exilée et même esclave sur la terre étrangère durant 400 ans, et qu’ensuite la “quatrième génération” reviendrait en Palestine. Les Juifs prirent ces dernières paroles à la lettre, et ils ne se crurent pas permis de compter plus de quatre générations pour la durée de la servitude égyptienne. Cependant le Seigneur ne voulait parler que d’une manière générale et approximative. Voir Schegg., Comment. in hoc loco.