Matthieu 1, 8

Asa engendra Josaphat, Josaphat engendra Joram, Joram engendra Ozias,

Asa engendra Josaphat, Josaphat engendra Joram, Joram engendra Ozias,
Saint Ambroise
Ce qui élève ce saint roi au-dessus des antres, c'est qu'il reconnut qu'il était homme et qu'il s'efforça d'effacer par les larmes de la pénitence le crime d'avoir enlevé la femme d'Urie ; nous apprenant ainsi à ne point mettre notre confiance dans nos propres forces. Nous avons, en effet, un ennemi dont nous ne pouvons triompher sans le secours de Dieu, et c'est souvent dans des personnages illustres que vous rencontrerez de plus grandes fautes, pour vous apprendre qu'ils ont pu succomber à la tentation comme des hommes ordinaires, et afin que leurs qualités brillantes ne les placent pas dans votre esprit au-dessus de l'humanité.
Saint Jean Chrysostome
Salomon veut dire pacifique ; en effet, lorsqu'il monta sur le trône, toutes les nations voisines étaient pacifiées et tributaires de son royaume et son règne ne fut troublé par aucune guerre. Salomon engendra Roboam qui veut dire multitude du peuple, car c'est la multitude qui engendre les séditions, ajoutez que les désordres commis par un grand nombre, restent presque toujours impunis, le petit nombre au contraire est ami et protecteur de l'ordre.
Saint Augustin
Comme la généalogie de saint Matthieu a pour objet de montrer que le Sauveur a pris sur lui nos péchés, elle nous présente la descendance de David par Salomon dont la mère fut complice du crime commis par David. Saint Luc au contraire remonte à David par Nathan, prophète dont Dieu se servit pour faire expier à ce prince son péché, parce que la généalogie donnée par saint Luc est la figure de la rémission de nos péchés.

Il était nécessaire de dire comment s'appelait ce prophète, par lequel s'accomplit cette expiation pour ne pas le confondre avec un autre différent qui portait le même nom.
Saint Rémi
On peut se demander pourquoi l'Évangéliste ne désigne pas Bersabée par son nom propre comme les autres femmes. La raison en est que ces autres femmes quoique répréhensibles en un point, s'étaient cependant rendues recommandables par leurs vertus, tandis que Bersabée fut complice non seulement de l'adultère de David, mais encore de l'homicide de son mari, et c'est pourquoi son nom n'a pas été inséré dans la généalogie du Sauveur.
La Glose
L'Évangéliste poursuit la seconde partie de la généalogie composée de quatorze générations, elle contient celle des rois et commence à David le premier roi de la tribu de Juda : " Le roi David engendra Salomon de celle qui fut la femme d'Urie. "

Il est une autre raison pour laquelle le nom de Bersabée est remplacé par celui d'Urie, c'est afin que ce nom rappelle le plus grand des crimes commis par David.
Saint Thomas d'Aquin
59. ASA ENGENDRA JOSAPHAT, qui veut dire «judicieux», car, par le fait que grandit continuellement l’homme spirituel, il devient judicieux, 1 Co 2, 15 : L’homme spirituel juge de tout. Et cela convient au Christ, car le Père a confié tout jugement au Fils [Jn 5, 22].

60. JOSAPHAT ENGENDRA JORAM, qui veut dire «habitant dans les hauteurs», car celui qui est établi comme juge doit habiter dans les hauteurs, Is 33, 16 : Celui-ci habitera dans les hauteurs. Comment cela se réalise, l’Apôtre le dit : Notre demeure est dans les cieux [Ph 3, 20]. Et ceci convient au Christ, car le Seigneur règne sur toutes les nations, Ps 112[113], 4.

61. JORAM ENGENDRA OZIAS. Ici se pose une question à propos de la lettre. Car, en 1 Ch 3, 11, on dit que Joram engendra Ochozias. Or, Ochozias engendra Joram, et Joram engendra Amasias, qui porte aussi le nom d’Azarias. Et Amasias engendra Ozias. Ainsi donc, l’évangéliste semble avoir erré sur deux points dans la suite de la généalogie : premièrement, parce que Joram n’a pas engendré Ozias, mais Amasias ; deuxièmement, parce qu’il a omis trois générations.

62. Sur le premier point, il faut dire qu’on peut comprendre de deux façons le fait d’engendrer quelqu’un : de manière médiate ou immédiate. De manière immédiate, comme lorsque le père charnel engendre un fils sans intermédiaire, et ainsi Joram n’a pas engendré Ozias. D’une autre façon, comme lorsque nous sommes appelés les fils d’Adam, et ainsi on peut dire d’un fils qu’il est engendré par un grand-père ou un arrière-grand-père, parce qu’il descend de lui d’une manière médiate.

63. Pourquoi [Matthieu] a omis trois rois, on en donne trois raisons. La première [est donnée] par Jérôme, qui dit, comme il est écrit en Ex 20, 5 : Le Seigneur visite les fautes des pères jusqu’à la troisième et à la quatrième génération pour ceux qui imitent les fautes de leurs pères. Or, Joram a pris comme épouse la fille de Jézabel, c’est-à-dire Athalie, qui l’entraîna vers l’idolâtrie. Ochozias aussi s’adonna à l’idolâtrie plus que son père. Et de même Joram, qui, en plus du péché d’idolâtrie, tua aussi Zacharie, fils de Ioiadas. Ainsi, ces trois sont écartés de la génération du Christ parce qu’ils étaient indignes. Chrysostome donne une autre raison. En effet, le Seigneur a ordonné à Jéhu, fils de Nansi, en 4[2] R 9, d’extirper lui-même la maison d’Achab ; il se montra empressé à accomplir ce précepte, et cependant il ne s’écarta pas du culte des dieux, puisqu’il adora des veaux en métal. Et parce qu’il accomplit avec empressement l’ordre du Seigneur en détruisant la maison d’Achab, il lui fut dit que ses fils siégeraient sur le trône de la maison d’Israël jusqu’à la quatrième génération. Ainsi, de même que Jéhu mérita le royaume d’Israël jusqu’à la troisième ou quatrième génération, de même, en sens contraire, Joram, qui s’unit à des femmes de Gentils et transmit l’iniquité de la maison d’Israël à la maison de Juda, dut-il perdre le nom de sa postérité dans la généalogie du Christ jusqu’à la quatrième génération pour expier son péché. Augustin, dans ses Questions sur le Nouveau et l’Ancien Testament, donne une autre raison. Il dit en effet que certains furent bons et eurent des pères bons, comme Isaac et Jacob ; mais certains furent mauvais et eurent cependant des pères bons, comme Salomon, qui fut pécheur, mais eut cependant comme père David, un homme juste et bon. Mais certains ne furent pas bons et n’eurent pas non plus des pères bons, tels ces trois, comme il est clair par ce qui a déjà été dit. Joram pécha et son péché se poursuivit jusqu’en Ozias, qui ne fit presque rien de mal, si ce n’est de faire brûler de l’encens. Or, la continuation de la faute est la cause ou la raison de la destruction. Et c’est pourquoi ces trois, qui demeurèrent dans l’idolâtrie, sont exclus de la généalogie du Christ.

64. Au sens mystique, la raison est donnée par rapport aux trois groupes de quatorze selon lesquels Matthieu entend décrire la généalogie du Christ. Car Ozias veut dire «le fort du Seigneur», et signifie le Christ, dont il est dit en Ps 117[118], 14 : Ma force et ma louange, c’est le Seigneur ; il fut pour moi le salut, etc. Au sens mystique, JORAM ENGENDRA OZIAS, parce que ceux qui habitent dans les hauteurs doivent agir avec force. À noter que c’est sous cet Ozias qu’Isaïe a prophétisé, Is 1, 1. En effet, en raison du péché des dirigeants, des rois et même du peuple, Dieu avait fait disparaître la prophétie et l’enseignement ; c’est pourquoi, sous un roi bon, la prophétie a commencé à nouveau à se manifester.
Louis-Claude Fillion
Joram - Oziam. Entre ces deux princes, nouvelle lacune qui embrasse trois générations. Nous parlons cette fois, non pas d’après de simples vraisemblances, mais avec la certitude la plus complète ; car, suivant les données de l’histoire juive, Cf. 4 Reg., 8, 24 ; 11, 2 ; 12, 1 ; 2 Par., 26, 4, l’arbre généalogique, pour être exact, devrait être ainsi conçu : « Joram engendra Ochozias, Ochozias engendra Joas, Joas engendra Amasias, Amasiam engendra Ozias ». On voit par là que le mot “genuit”, dans les énumérations de ce genre, doit se prendre en un sens assez large ; il ne désigne pas toujours une génération directe. Les Orientaux se permettent facilement sous ce rapport des licences, même considérables, quand la descendance est certaine ; leur principe en pareil cas est que “les petits-fils sont comme des fils” (Proverbe rabbinique). Il y a plusieurs manières d’expliquer l’omission particulière que nous venons de rencontrer au v. 8. 1° Ce serait une faute de copiste occasionnée très-naturellement, dit-on, par la ressemblance qui existe entre les noms d’Ochosias et d’Ozias. 2° S. Matthieu, pour des motifs que nous déterminerons plus loin, voulait avoir, dans la généalogie du Sauveur, trois séries de quatorze générations ; pour obtenir exactement ce chiffre, il aurait exclu de lui-même les noms d’Ochosias, de Joas et d’Amasias. Tel était déjà l’avis de S. Jérôme, que de nombreux exégètes ont depuis adopté. 3° Cette exclusion aurait eu pour fondement une raison toute mystique. Comme on le sait, Joram avait épousé Athalie, la fille impie d’Achab et de Jézabel. Irrité contre Achab à cause de son indigne conduite, le Seigneur avait juré, par ses prophètes, Cf. 3 Reg. 21, 21-22, d’exterminer toute sa race ; or, d’après le langage des Écritures, la race, en pareil cas, s’étend jusqu’à la quatrième génération (Cf. Maldonat). Par conséquent, le fils, le petit-fils et l’arrière petit-fils d’Athalie étaient devant Dieu comme s’ils n’eussent jamais existé, et c’est pour cela que leurs noms auraient été supprimés dans notre document. Il est certain du moins que ces trois rois manquent, jusqu’à un certain point, de légalité au point de vue théocratique. Ochosias fut un roi purement nominal sous la tutelle d’Athalie, sa mère ; Joas, excellent prince tant qu’il eut à ses côtés le prêtre Joïada, ne tarda pa à devenir le jouet de courtisans dépravés ; Amasias, enfin, s’attira par ses infamies la malédiction spéciale de Jéhovah.
Fulcran Vigouroux
Ozias n’était pas fils immédiat de Joram. Joram fut père d’Ochozias qui le fut de Joas ; et Joas eut pour fils Amasias, père d’Ozias. On croit que saint Matthieu a passé Ochozias, Joas, Amasias, pour conserver la distribution de cette généalogie en trois parties, chacune de quatorze générations (voir verset 17), et peut-être aussi à cause de leur impiété, ou enfin, à cause de l’arrêt prononcé contre la maison d’Achab, dont ils étaient descendus par Athalie, leur mère (voir 3 Rois, 21, 21). Au reste, c’est la coutume des Juifs, et même des Orientaux en général, d’omettre plusieurs descendants dans leurs généalogies, parce que leur but est de faire connaître certains personnages illustres plutôt que de présenter une énumération complète de tous les individus appartenant à l’échelle généalogique.