Matthieu 10, 21

Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort.

Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort.
Saint Thomas d'Aquin
1237. Mais les apôtres auraient pu dire : «Qui nous livrera ? Nous n’avons pas d’ennemis.» [Le Seigneur] montre donc, en premier lieu, par qui ils seront livrés [10, 21] ; en second lieu, il apporte une consolation, en cet endroit : CELUI QUI PERSÉVÉRERA JUSQU’À LA FIN SERA SAUVÉ [10, 22].

1238. Quelqu’un peut à tort se méfier d’une persécution qui lui est annoncée d’une manière générale ; c’est pourquoi [le Seigneur] l’annonce d’une manière particulière. Et, à propos du premier point, il dit deux choses. LE FRÈRE LIVRERA LE FRÈRE. À la lettre, il arrive parfois que le père livre le fils et, en sens contraire, le frère, le frère, soit par crainte, soit par haine ; car la puissance de la foi est telle que, parmi les hommes qui ne sont pas de la même foi, il existe rarement d’amitié solide. C’est ce que dit [le Seigneur] : LE FRÈRE LIVRERA LE FRÈRE, etc. Ainsi, il est dit en Jr 9 4 : Que personne n’ait confiance dans son frère. Pour cette raison, il est nécessaire qu’ils se méfient, en raison de la blessure qu’un homme peut recevoir et en raison de la perte de l’amitié, Ps 54[55], 13 : Si mon ennemi m’a maudit, je l’ai supporté.
Louis-Claude Fillion
Continuant de dévoiler à ses disciples l’avenir qui les attend, Jésus entre dans des détails encore plus terribles. - Le frère livrera son frère... Il montre, au sein d’une même famille, le frère animé d’une haine mortelle contre son frère, le père dénonçant son propre fils aux tribunaux et demandant avec instance pour lui une sentence de mort, les enfants armés contre leurs parents et les massacrant sans pitié. Et pourquoi ces actes opposés à la nature ? Le Sauveur ne le dit pas en propres termes, mais la réponse est facile à deviner. C’est l’Évangile qui, pénétrant partout, a porté le glaive jusque dans le sanctuaire de la famille : là, en effet, il a rencontré des âmes de différentes sortes ; les unes, dociles à la grâce, se sont aussitôt converties, les autres sont demeurées incrédules et ce sont celles -ci qui, pleines d’une rage fanatique, n’ont pas hésité à briser les liens les plus tendres et les plus sacrés, pour anéantir la religion nouvelle. Car, comme dit S. Jérôme, « Parmi ceux dont la foi est différente, il n’y pas de sentiment de fidélité ». Les trois nominatifs « frère, père, fils » représentent, d’après le contexte, les membres de la famille qui se sont opiniâtrés dans l’erreur, tandis que les accusatifs « frère, fils, parents », désignent les membres devenus chrétiens. L’histoire de l’Église pendant les premiers siècles confirme pleinement cette prophétie. « Le mari jaloux chasse son épouse devenue pudique en se faisant chrétienne ; le père repousse son fils qui a appris l’obéissance filiale à l’école du Christ ; le maître cesse d’être humain envers le serviteur que la foi a rendu parfait. Toutes les vertus deviennent odieuses, dès qu’elles sont jointes au titre de chrétien ». Tertullien.