Matthieu 10, 23
Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Amen, je vous le dis : vous n’aurez pas fini de passer dans toutes les villes d’Israël quand le Fils de l’homme viendra.
Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Amen, je vous le dis : vous n’aurez pas fini de passer dans toutes les villes d’Israël quand le Fils de l’homme viendra.
Ou bien encore il leur conseille de fuir d'une ville dans une autre, parce que la prédication de l'Évangile, repoussée par la Judée, s'est fait entendre dans la Grèce. Elle s'est ensuite répandue dans toutes les villes de cette contrée par les persécutions multipliées des Apôtres, et de là elle s'est fixée, pour y demeurer, dans l'universalité des nations. Mais le Seigneur, voulant montrer que si les nations seraient amenées à la foi par la prédication des Apôtres, les restes d'Israël ne devraient leur conversion qu'à son avènement, il ajoute : " Vous n'achèverez pas toutes les villes, " c'est-à-dire qu'après la plénitude des nations, ce qui restera d'Israël pour consommer le nombre des saints sera réuni à l'Église par l'éclat du dernier avènement de Jésus-Christ.
Après avoir prédit à ses Apôtres les épreuves terribles qui devaient leur arriver après son crucifiement, sa résurrection et son ascension, il ramène leur pensée sur des considérations moins sévères ; il ne leur fait pas un devoir d'affronter audacieusement la persécution, mais leur ordonne même de la fuir. " Lorsqu'ils vous persécuteront, fuyez. " Le Sauveur use à leur égard de cette condescendance, parce qu'ils étaient nouvellement convertis.
Les Apôtres pouvaient lui objecter : Mais que ferons-nous si après avoir fui la persécution qui nous menace, on nous chasse encore de la contrée que nous aurons choisie ? Le Seigneur bannit cette crainte de leur coeur en ajoutant : " Je vous dis en vérité, vous n'aurez pas achevé toutes les demeures d'Israël jusqu'à ce que vienne le Fils de l'homme, " c'est-à-dire en parcourant la Palestine, vous ne devancerez pas le temps où je dois venir vous chercher et vous prendre avec moi.
Il faut rapporter ces paroles au temps où il envoyait les Apôtres prêcher l'Évangile en leur disant : " N'allez pas dans la voie des Gentils ; " c'est-à-dire qu'ils ne doivent pas craindre la persécution, mais l'éviter, c'est ce que nous voyons faire aux fidèles de la primitive Église ; la persécution s'étant élevée à Jérusalem, ils se dispersèrent dans toute la Judée (Ac 8), et c'est ainsi que la persécution devint elle-même le principe de la propagation de l'Évangile.
En prenant ces paroles dans le sens spirituel, nous pouvons dire : Lorsqu'ils nous persécuteront dans une ville, c'est-à-dire dans un livre, ou dans un texte de la sainte Écriture, fuyons vers d'autres villes, c'est-à-dire vers d'autres livres ; et quelque ami de la dispute que soit notre persécuteur, le secours du Seigneur nous arrivera avant qu'il ait remporté la victoire.
Si le Sauveur leur ordonne de fuir, et si lui-même le premier leur en a donné l'exemple, ce n'est point par impuissance de défendre ses disciples, mais c'est pour enseigner à la faiblesse de l'homme à ne pas tenter Dieu, quand il est en son pouvoir de fuir le danger qu'il doit éviter.
Il aurait pu leur conseiller de mettre fin à leurs jours pour ne pas tomber entre les mains des persécuteurs. Or, puisqu'il n'a donné ni l'ordre ni le conseil de sortir ainsi de cette vie à ceux qu'il a promis de recevoir dans les demeures éternelles qu'il est allé leur préparer ; quels que soient les exemples que puissent nous opposer les nations qui ne connaissent pas Dieu, il est évident que se donner la mort est un crime pour ceux qui croient en un seul et vrai Dieu.
Que les serviteurs de Jésus-Christ ne craignent donc pas de faire ce qu'il a commandé ou permis, et ce qu'il a fait lui-même en fuyant en Egypte ; ils doivent donc fuir aussi de ville en ville lorsqu'ils seront l'objet particulier d'une persécution ; ceux au contraire qui ne sont pas personnellement recherchés, ne doivent pas abandonner leur Église, mais rester pour soutenir ceux de leurs frères qui n'attendent que d'eux leur subsistance. Mais lorsque le danger devient général et qu'il menace également les évêques, les clercs et les fidèles, que ceux qui doivent aux autres le secours de leur ministère n'abandonnent pas les fidèles qui ont droit de le réclamer, ou qu'ils fuient tous ensemble dans des lieux sûrs. Que ceux qui sont obligés de rester ne soient point abandonnés par ceux qui doivent subvenir à leurs besoins spirituels, mais qu'ils vivent ensemble, ou qu'ensemble ils partagent les épreuves auxquelles le père de famille veut les soumettre.
Il ne faut pas oublier d'ailleurs que si le précepte de la persévérance dans les persécutions regarde spécialement les Apôtres et les hommes courageux qui leur ont succédé, la permission de fuir est donnée à ceux qui sont faibles dans la foi. Le bon Maître a voulu ainsi condescendre à leur faiblesse, dans la crainte qu'en se présentant d'eux-mêmes au martyre, ils ne fussent exposés à renoncer à la foi au milieu des tourments ; car il vaut mieux fuir qu'apostasier. Et bien qu'en fuyant ils ne fissent pas preuve d'une foi constante et parfaite ; cependant ils avaient un grand mérite, car ils étaient prêts, en prenant la fuite, à tout quitter pour Jésus-Christ. Or, si le Sauveur ne leur avait pas accordé la permission de fuir la persécution, il y aurait eu des hommes qui les auraient déclarés indignes de la gloire du royaume des cieux.
Ou bien il leur prédit qu'ils ne convertiront pas à la foi par leurs prédications toutes les villes d'Israël avant la résurrection du Sauveur, et aussi avant qu'ils aient reçu le pouvoir de prêcher l'Évangile par toute la terre.
1232. Plus haut, [le Seigneur] a donné son enseignement sur les dangers, dans lequel il a exposé ce qu’il avait dit : VOICI QUE JE VOUS ENVOIE, etc. Maintenant, il enseigne comment ils doivent se comporter. Et cette partie est divisée, car, en premier lieu, il enseigne à éviter les maux et le danger par la prudence [10, 23-25] ; en second lieu, il enseigne à avoir l’égalité d’âme au milieu des dangers, en cet endroit : NE CRAIGNEZ DONC PAS [10, 26].
1233. À propos du premier point, il enseigne en premier lieu à éviter le danger corporel [10, 23] ; en second lieu, le [danger] spirituel, en cet endroit : LE DISCIPLE N’EST PAS PLUS GRAND QUE LE MAÎTRE [10, 24].
1234. À propos du premier point, il fait deux choses : premièrement, il insinue le mal que sont les dangers [10, 23] ; deuxièmement, il répond à une objection tacite, en cet endroit : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, etc. [10, 23].
1235. [Le Seigneur] dit donc : «Il a donc été dit que CELUI QUI AURA PERSÉVÉRÉ JUSQU’À LA FIN, CELUI-LÀ SERA SAUVÉ. Mais n’allez pas vous exposer pour cela aux tentations ; bien plutôt, SI VOUS ÊTES POURCHASSÉS DANS UNE VILLE, FUYEZ DANS UNE AUTRE.» Et cela convient à ceux qui sont faibles, afin qu’ils ne viennent pas à manquer en s’exposant imprudemment. Pr 14, 15 : L’homme prudent pèse ses pas, le sot continuera avec confiance. Mais [le Seigneur] enseigne aussi aux parfaits, sinon pour eux-mêmes, du moins pour le salut des autres, comme on le voit en Ph 1, 24 : Il m’est nécessaire de rester dans la chair à cause de vous. Or, le Seigneur montre cela lorsqu’il fuit en Égypte à cause d’Hérode, comme on le trouve en [Mt] 2, 14. De même, c’est ce qu’ont fait les disciples, comme on le voit en Ac 8, 1. Mais à cela s’oppose ce qu’on trouve en Jn 10, 12 : Le mercenaire s’enfuit et abandonne les brebis. Il semble donc que cela ne les concerne pas, mais [plutôt] les mercenaires. Augustin répond que la persécution, ou bien menace de près une personne en particulier, et alors il faut que ceux par qui le salut se réalise s’en écartent et s’en éloignent ; mais si elle concerne toute l’Église, il faut que toute l’Église fuie vers des endroits plus sûrs, ou que certains fuient et d’autres demeurent fermes, ou que le pasteur reste avec son troupeau.
1236. Vient ensuite : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS : VOUS N’AUREZ PAS ACHEVÉ DE PARCOURIR LES VILLES D’ISRAËL AVANT QUE NE VIENNE LE FILS DE L’HOMME. Il répond à une objection tacite. [Les apôtres] pourraient dire : «Tu nous envoies en Judée ; si on nous chasse, où irons-nous ?» «Je dis que, si on vous chasse d’une ville, FUYEZ DANS UNE AUTRE, et vous ne pourrez parcourir les villes de Judée, AVANT QUE NE VIENNE LE FILS DE L’HOMME, c’est-à-dire avant qu’il ne ressuscite des morts, et alors il vous enverra vers les païens», comme on le voit en [Mt] 28, 19 : Allez, enseignez à toutes les nations.
1237. Hilaire donne une autre interprétation. En effet, il dit que [le Seigneur] parle de la seconde mission, lorsqu’il dit : Lorsqu’ils vous pourchasseront, fuyez la Judée pour [aller chez] les païens, comme on le trouve en Ac 13, 46 : Il fallait que le royaume de Dieu soit d’abord annoncé à vous ; mais comme vous le rejetez et que vous vous estimez indignes de la vie éternelle, nous nous tournons donc vers les païens.
1238. Mais [les apôtres] pourraient dire : «Pourquoi veux-tu que nous écartions les nôtres ?» Parce que vous ne pourrez aller jusqu’au bout, les fils d’Israël seront rejetés. Le sens mystique est le suivant : lorsque les hérétiques vous pourchasseront avec leurs autorités, repoussez-les par des autorités ; en effet, ils ne seront pas rejetés avant que la vérité n’éclate.
1233. À propos du premier point, il enseigne en premier lieu à éviter le danger corporel [10, 23] ; en second lieu, le [danger] spirituel, en cet endroit : LE DISCIPLE N’EST PAS PLUS GRAND QUE LE MAÎTRE [10, 24].
1234. À propos du premier point, il fait deux choses : premièrement, il insinue le mal que sont les dangers [10, 23] ; deuxièmement, il répond à une objection tacite, en cet endroit : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, etc. [10, 23].
1235. [Le Seigneur] dit donc : «Il a donc été dit que CELUI QUI AURA PERSÉVÉRÉ JUSQU’À LA FIN, CELUI-LÀ SERA SAUVÉ. Mais n’allez pas vous exposer pour cela aux tentations ; bien plutôt, SI VOUS ÊTES POURCHASSÉS DANS UNE VILLE, FUYEZ DANS UNE AUTRE.» Et cela convient à ceux qui sont faibles, afin qu’ils ne viennent pas à manquer en s’exposant imprudemment. Pr 14, 15 : L’homme prudent pèse ses pas, le sot continuera avec confiance. Mais [le Seigneur] enseigne aussi aux parfaits, sinon pour eux-mêmes, du moins pour le salut des autres, comme on le voit en Ph 1, 24 : Il m’est nécessaire de rester dans la chair à cause de vous. Or, le Seigneur montre cela lorsqu’il fuit en Égypte à cause d’Hérode, comme on le trouve en [Mt] 2, 14. De même, c’est ce qu’ont fait les disciples, comme on le voit en Ac 8, 1. Mais à cela s’oppose ce qu’on trouve en Jn 10, 12 : Le mercenaire s’enfuit et abandonne les brebis. Il semble donc que cela ne les concerne pas, mais [plutôt] les mercenaires. Augustin répond que la persécution, ou bien menace de près une personne en particulier, et alors il faut que ceux par qui le salut se réalise s’en écartent et s’en éloignent ; mais si elle concerne toute l’Église, il faut que toute l’Église fuie vers des endroits plus sûrs, ou que certains fuient et d’autres demeurent fermes, ou que le pasteur reste avec son troupeau.
1236. Vient ensuite : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS : VOUS N’AUREZ PAS ACHEVÉ DE PARCOURIR LES VILLES D’ISRAËL AVANT QUE NE VIENNE LE FILS DE L’HOMME. Il répond à une objection tacite. [Les apôtres] pourraient dire : «Tu nous envoies en Judée ; si on nous chasse, où irons-nous ?» «Je dis que, si on vous chasse d’une ville, FUYEZ DANS UNE AUTRE, et vous ne pourrez parcourir les villes de Judée, AVANT QUE NE VIENNE LE FILS DE L’HOMME, c’est-à-dire avant qu’il ne ressuscite des morts, et alors il vous enverra vers les païens», comme on le voit en [Mt] 28, 19 : Allez, enseignez à toutes les nations.
1237. Hilaire donne une autre interprétation. En effet, il dit que [le Seigneur] parle de la seconde mission, lorsqu’il dit : Lorsqu’ils vous pourchasseront, fuyez la Judée pour [aller chez] les païens, comme on le trouve en Ac 13, 46 : Il fallait que le royaume de Dieu soit d’abord annoncé à vous ; mais comme vous le rejetez et que vous vous estimez indignes de la vie éternelle, nous nous tournons donc vers les païens.
1238. Mais [les apôtres] pourraient dire : «Pourquoi veux-tu que nous écartions les nôtres ?» Parce que vous ne pourrez aller jusqu’au bout, les fils d’Israël seront rejetés. Le sens mystique est le suivant : lorsque les hérétiques vous pourchasseront avec leurs autorités, repoussez-les par des autorités ; en effet, ils ne seront pas rejetés avant que la vérité n’éclate.
C’est la simplicité de la colombe qui aidera les Apôtres à persévérer jusqu’à la fin ; la
prudence du serpent leur fournira un excellent moyen d’échapper à leurs ennemis, sans nuire à la cause dont ils sont chargés. - Quand ils vous persécuteront... Leur vie est précieuse, ils ne doivent pas la prodiguer sans
raison ; il faut qu’ils vivent dans l’intérêt de l’Évangile. Par conséquent, lorsque la persécution sévira contre
eux dans une ville, ils se transporteront aussitôt dans une autre cité. De cette manière, non seulement leur
ministère ne subira aucun temps d’arrêt, mais la diffusion de l’Évangile deviendra plus complète et plus
rapide. On sait que les Apôtres et les premiers chrétiens accomplirent à la lettre cette recommandation,
confirmée d’ailleurs par le propre exemple de Notre-Seigneur : le rigorisme montaniste a seul interdit la fuite
en temps de persécution sans vouloir entendre parler d’exception d’aucun genre. Voir Tertull. Lib de Fuga ;
Cf. dans le sens contraire S. Athanas., Apologia pro fuga sua ; S. August., Epist. 218 ad Honorat. - En vérité
je vous le dis ; cette assertion solennelle revient ici pour la seconde fois, introduisant de même qu’aux vv. 15
et 42 une pensée relative à la rétribution finale et aux jugements divins. - Vous n'aurez pas achevé... Ce verbe
signifierait, d'après s. Hilaire et Maldonat, « amener à la perfection de la foi et de la vertu évangélique”.
D'après S. Jean Chrysostôme et le plus grand nombre des interprètes, “parcourir en prêchant ». Jésus veut
donc dire à ses Apôtres qu’entre l’époque de la première Pentecôte chrétienne, vers laquelle commencera
leur mission universelle, et son avènement personnel, avant que le Fils de l'homme vienne, ils ne trouveront
pas un temps suffisant pour prêcher l’Évangile à toutes les villes de la Palestine. Il est impossible de bien
comprendre la pensée du Sauveur, si l’on ne détermine d’abord très exactement l’avènement dont il a voulu
parler. Malheureusement, les commentateurs sont très partagés d’avis sur ce point. Plusieurs supposent que
Jésus faisait simplement allusion au retour des disciples auprès de sa divine personne, lorsqu’ils auraient
achevé leur mission préliminaire, ou bien à leur entrée dans le ciel après leur mort (J. P. Lange) ; d’autres
appellent « venue du Fils de l’homme » tout secours envoyé par le Sauveur à ses Apôtres persécutés
(Origène, S. Jean Chrysost., Théophylacte, Kuinœl, etc). Mais l’expression solennelle qu’emploie le divin
Maître doit désigner un avènement plus réel et plus glorieux que ceux dont il vient d’être fait mention.
Serait-ce celui de la Résurrection ? celui de la Pentecôte (Grotius) ? celui du jugement dernier (Curci, etc.) ?
celui de la ruine de Jérusalem (Michaelis, Schott, Arnoldi, etc) ? C’est cette dernière opinion qui a rencontré
et à juste titre, croyons-nous, le plus grand nombre d’adhérents. Elle est la plus littérale et s’accommode
mieux que les autres avec les divisions du discours, avec l’enchaînement des pensées, et avec la réalité
historique des faits. Jésus annonce donc aux premiers missionnaires qu’avant qu’ils aient achevé
d’évangéliser la Terre Sainte, il viendra châtier terriblement Jérusalem et les Juifs, pour se venger des
outrages que cette cité perfide et le pays dont elle était la capitale auront fait subir à lui-même et à ses
ambassadeurs. Il est très conforme au langage biblique d’appeler avènement du Christ une manifestation
spéciale de sa justice souveraine, et il n’en est pas de plus éclatante, depuis la mort du Sauveur, que celle qui
eut pour objet la destruction de Jérusalem et l’établissement du Christianisme sur les ruines du Judaïsme.
Cependant, nous n’avons pas de peine à reconnaître avec plusieurs auteurs contemporains (Brown, Stier,
Alford, Bisping, Dehaut, etc.) que cette interprétation n’épuise pas complètement la pensée de
Notre-Seigneur. Nous avons là une de ces prophéties à plusieurs plans qui s’accomplissent à des intervalles
distincts et de différentes manières. On peut considérer la ruine de Jérusalem comme le premier acte des
jugements divins, et comme un type du dernier acte qui aura lieu à la fin des temps. Cela ressort très
clairement du chap. 24 de S.Matthieu, dans lequel Jésus-Christ mélange à dessein, comme si c’était une seule
et même chose, la catastrophe de l’état juif et la catastrophe des derniers jours du monde. Nous sommes
conduits par ce rapprochement à un nouveau sens non moins vrai, quoique moins direct que le premier. « Le
Sauveur adressait ces paroles aux Apôtres en tant qu’ils représentaient tous les prédicateurs futurs de l’Église
; il les adressait par conséquent à l’apostolat tout entier de l’Église catholique. La venue du Fils de l’homme
figure donc, à ce point de vue général, l’avènement du Christ pour le jugement dernier, et le verbe « achevé »
désigne le perfectionnement religieux, c’est-à-dire la conversion de tout Israël. La conversion universelle des
Juifs au Christianisme n’aura lieu, en effet, d’après la doctrine de S. Paul, Rom. 11, 25 et ss., qu’à la fin des
temps, et même alors plusieurs d’entre eux rejetteront le salut », Bisping, h. l. Les Douze, pour lesquels la
prédiction de Jésus était plus obscure qu’elle ne l’est actuellement pour nous, durent l’appliquer à
l’établissement glorieux, définitif et prochain du royaume messianique, et ils se consolèrent ainsi, en pensant
que les persécutions auxquelles ils allaient être en butte ne seraient pas de longue durée.