Matthieu 10, 25
Il suffit que le disciple soit comme son maître, et le serviteur, comme son seigneur. Si les gens ont traité de Béelzéboul le maître de maison, ce sera bien pire pour ceux de sa maison.
Il suffit que le disciple soit comme son maître, et le serviteur, comme son seigneur. Si les gens ont traité de Béelzéboul le maître de maison, ce sera bien pire pour ceux de sa maison.
En effet, le Seigneur, la lumière éternelle, le chef des croyants, le père de l'immortalité, révèle par avance à ses disciples les consolations qui adouciront un jour leurs épreuves, afin de nous faire embrasser avec ardeur comme un titre de gloire cette carrière qui nous rend les égaux du Seigneur par les souffrances. C'est pour cela qu'il ajoute : " Le disciple n'est pas au-dessus du maître, ni le serviteur, " etc.
Il ne dit pas ses serviteurs, mais ses domestiques, les gens de sa maison, pour exprimer dans quelle intimité il est avec eux, comme il le dit ailleurs : " Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, mais mes amis. "
Aux persécutions dont il vient de parler devait se joindre la diffamation et la calomnie, qui seraient pour les Apôtres le supplice le plus pénible en les atteignant jusque dans leur réputation ; il leur apporte donc pour consolation son propre exemple, et leur rappelle tout ce qu'on a osé dire de lui, consolation qui, pour eux, était sans égale.
Il faut entendre ces paroles dans ce sens : tant qu'il reste disciple et serviteur. Alors, dis-je, il n'est pas au-dessus de son maître et de son seigneur, quant à l'honneur auquel il peut aspirer. Et ne m'objectez pas ici de rares exceptions, ces paroles doivent s'entendre de ce qui arrive le plus ordinairement.
Il ne se contente pas de dire : S'ils ont outragé le Maître, mais il spécifie l'outrage : " s'ils l'ont appelé Béelzébub. "
Béelzébub était l'idole d'Accaron, qui est appelée dans le livre des Rois l'idole de la mouche. Béel est la même chose que Bel ou Baal, et Zébub signifie mouche. Les Juifs donnaient au prince des démons le nom de l'idole la plus impure, qu'on appelait mouche, à cause de ce qu'elle a d'immonde, car la mouche en tombant dans un parfum en détruit la bonne odeur.
Il semble leur dire par ces paroles : " Ne cherchez donc ni les honneurs de la terre, ni la gloire qui vient des hommes, vous qui me voyez racheter le monde en supportant tous les outrages et tous les opprobres.
Le maître et le seigneur c'est lui-même ; par le serviteur et le disciple, il veut désigner ses Apôtres.
Comme cette maxime ne paraissait pas se rapporter parfaitement à ce qui précède, il leur fait connaître le but qu'il s'y est proposé en ajoutant : " S'ils ont appelé Béelzébub le père de famille, à combien plus forte raison traiteront-ils ses domestiques de la même manière. "
La Glose
Telle est la leçon qu'il veut faire à ses disciples : " Ne vous irritez pas de souffrir ce que je souffre, car je suis votre Maître, et je vous enseigne ce qui doit vous être utile.
1244. Car chacun doit se glorifier d’être comme son Seigneur ou son maître. C’est pourquoi il ajoute : IL SUFFIT POUR LE DISCIPLE DE RESSEMBLER À SON MAÎTRE. En effet, de même que quelqu’un est vraiment parfait lorsqu’il peut en engendrer un autre qui lui est semblable, de même le disciple est-il parfait lorsqu’il est semblable au maître ; de même en est-il pour le serviteur. C’est pourquoi cela ne doit pas être pour vous un fardeau d’être semblable à moi. On lit ainsi en 1 P 2, 1 : Le Christ a souffert pour nous, vous laissant ainsi un exemple afin que vous suiviez ses traces. Et Qo 2, 12 : Qui pourra suivre son maître ?
1245. Ensuite, [le Seigneur] les appelle ses familiers : S’ILS ONT APPELÉ BÉELZÉBOUL LE MAÎTRE DE LA MAISON, QUE NE DIRONT-ILS PAS DE SA MAISONNÉE ? Et il les appelle des membres de sa maisonnée en raison d’une plus grande familiarité. C’est donc un grand don de souffrir pour le Christ, comme on le lit en Jc 1, 2 : Frères, tenez pour une grande joie d’être soumis à toutes sortes d’épreuves, en sachant que la mise à l’épreuve de votre foi produit la constance. Et Ac 5, 41 : Les apôtres allaient en se réjouissant à la vue du conseil, car ils avaient été dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus. Ce n’est donc pas grand-chose pour un familier de souffrir pour un ami, Ep 2, 19 : Vous êtes les concitoyens des saints et de la maison de Dieu. Ainsi, S’ILS APPELLENT BÉELZÉBOUL LE MAÎTRE DE LA MAISON, il n’est pas étonnant qu’ils vous adressent des insultes.
1246. Mais pourquoi est-il appelé Béelzéboul ? Il faut savoir que Ninus veut dire «fils de Béli» ; ainsi, il fit honorer l’image de son père, qu’il appela Bel. Ensuite, cela fut traduit en une autre langue, et il fut appelé Béelzéboul. Zéboul, c’est-à-dire «mouche» : en effet, ceux-ci offraient des sacrifices très sanglants, autour desquels s’attroupaient de nombreuses mouches.
1245. Ensuite, [le Seigneur] les appelle ses familiers : S’ILS ONT APPELÉ BÉELZÉBOUL LE MAÎTRE DE LA MAISON, QUE NE DIRONT-ILS PAS DE SA MAISONNÉE ? Et il les appelle des membres de sa maisonnée en raison d’une plus grande familiarité. C’est donc un grand don de souffrir pour le Christ, comme on le lit en Jc 1, 2 : Frères, tenez pour une grande joie d’être soumis à toutes sortes d’épreuves, en sachant que la mise à l’épreuve de votre foi produit la constance. Et Ac 5, 41 : Les apôtres allaient en se réjouissant à la vue du conseil, car ils avaient été dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus. Ce n’est donc pas grand-chose pour un familier de souffrir pour un ami, Ep 2, 19 : Vous êtes les concitoyens des saints et de la maison de Dieu. Ainsi, S’ILS APPELLENT BÉELZÉBOUL LE MAÎTRE DE LA MAISON, il n’est pas étonnant qu’ils vous adressent des insultes.
1246. Mais pourquoi est-il appelé Béelzéboul ? Il faut savoir que Ninus veut dire «fils de Béli» ; ainsi, il fit honorer l’image de son père, qu’il appela Bel. Ensuite, cela fut traduit en une autre langue, et il fut appelé Béelzéboul. Zéboul, c’est-à-dire «mouche» : en effet, ceux-ci offraient des sacrifices très sanglants, autour desquels s’attroupaient de nombreuses mouches.
Il suffit au
disciple... C’est le même adage, légèrement modifié et présenté sous une forme affirmative. Quel disciple,
quel serviteur ne se trouverait pleinement satisfait d’être traité avec le même honneur et les mêmes égards
que son maître ? Tant qu’il restera disciple ou serviteur, son ambition ne saurait s’élever plus haut. - Le père
de famille... Aux deux relations qu’il vient d’établir entre lui et ses partisans, Jésus-Christ en ajoute une
troisième, qui détermine d’une manière plus tendre et plus vraie la nature de son rôle envers nous : il s’était
présenté comme le Docteur dont nous sommes les disciples, comme le Maître dont nous sommes les
serviteurs ; il nous apparaît maintenant sous la belle figure d’un père de famille à la maison duquel nous
appartenons. - Béelzébub. Nous avons à rechercher, à propos de cette injure, 1° quelle est la vraie
prononciation et, par conséquent, l'étymologie primitive du nom de Béelzébub ; 2° pourquoi les Juifs se
permirent d'appeler ainsi Notre-Seigneur. 1° Tandis que la Vulgate, l’Itala, la version syriaque et les Pères
latins lisent Béelzébub, les autres versions et tous les manuscrits grecs à l’exception d’un seul écrivent
Belzébuth, et telle est en effet la leçon authentique du texte grec. Cependant, il est question au quatrième
livre des Rois 1, 2, 3, 16, d’une divinité adorée par les Philistins d’Accaron sous le nom de Baal-Zeboub,
« maître » c’est-à-dire dieu « des mouches ». Or, les commentateurs admettant pour la plupart que le
Beelzébub d’Accaron ne diffère pas du Béelzébul mentionné en cet endroit par le Sauveur, comment
expliquer le changement produit dans l’ancienne orthographe, l’introduction de la lettre L au lieu du B
original ? On a bâti là-dessus plusieurs hypothèses. Hitzig, Delitzsch et Schegg pensent que Béelzébul était
une prononciation adoucie, à l’usage des Grecs. Ils le prouvent en alléguant plusieurs noms modifiés de la
même façon et dans le même but par les 70. Ils ajoutent que le Talmud parle souvent de Baal-Zeboub et
jamais de Baal-Zeboul. Ces deux raisons nous semblent décisives et c’est à cet avis que nous nous rangeons
de préférence. D’autres auteurs supposent que les Juifs auraient transformé volontairement la prononciation
primitive, de manière à donner au nom de l’idole philistine un sens plus ou moins spirituel qui permettrait de
tourner le paganisme en ridicule. De même qu’ils avaient changé par dérision Sichem en Sichar, Cf. Joan. 4,
5, de même ils auraient dit Béelzébul au de Béelzébub, cette simple mutation faisant du « dieu des
mouches », le « dieu de l’ordure » ou « du fumier ». Il est certain que les Israélites ont toujours attaché
beaucoup d’importance à la signification des noms propres. Les écrits rabbiniques nous les montrent plus
d’une fois plaisantant, quoique avec un goût douteux, sur les appellations des divinités païennes, changeant
par exemple « fons calicis », en « fons tœdii », « Fortuna » ( la déesse Fortune), en « Fœtor » (infection), etc.
Cf. Lightfoot, in h. l. « Il est défendu de se moquer, excepté de l’idolâtrie », disait-on pour se justifier, Babyl. Sanhedr. f. 93. 2. Néanmoins, nous ne croyons pas que ce soit ici le cas de faire l’application de cet usage
populaire. En effet, l’équivalent hébreu du mot ordure est zébel, et non zéboul ; par conséquent, d’après
l’hypothèse que nous venons d’exposer, le nom ironique de Béelzébub devrait être Béelzébel. En présence de
cette difficulté philologique, on a eu recours à une troisième solution, qui consiste simplement à rapprocher
Béelzébul du substantif hébreu zeboul, « habitation, domicile », de telle sorte que le sobriquet injurieux
donné à Satan par les Juifs signifierait : « le maître de l’habitation », c’est-à-dire le maître des demeures
souterraines ou de l’enfer. On obtiendrait ainsi au v. 25, un jeu de mots curieux entre les deux noms réunis
par le Sauveur. - 2° Quoi qu’il en soit de ces conjectures, il est certain que Béelzébub ou Béelzebul était un
nom approprié au prince des démons ; nous l’apprendrons bientôt de la bouche des Pharisiens eux-mêmes :
« Béelzébub, le prince des démons », Matth. 12, 24. Un décret rabbinique interdisait aux Israélites de
prononcer le nom de Satan : « Que l’homme n’ouvre jamais sa bouche à Satan !”, Berach. f. 60, 1 ; on avait
donc adopté, pour désigner le chef des esprits mauvais, divers surnoms que les personnes pieuses
employaient habituellement, tels que Asmodée, Abaddon, etc. Une ancienne rivalité nationale avait contribué
à mettre en vogue celui de Béelzébub, qui permettait de satisfaire à la fois un double désir de vengeance, en
attaquant du même coup les Philistins et le démon. Aussi, lorsque les ennemis de Jésus voulurent stigmatiser
sa conduite et sa doctrine, ne trouvèrent-ils aucune épithète plus flétrissante que celle de Béelzébub. Il était
impossible d’adresser au Sauveur une injure plus grossière : lui, le Verbe incarné, confondu avec le prince
des démons, avec une idole dont la spécialité, comme celle du Zeus des Grecs, Pausan. 8, 26, 4, et du Jupiter
« Myiagrus » des Romains, consistait à délivrer ses adorateurs des mouches et des cousins ! - Nous ne
voyons nulle part, dans le récit évangélique, les Juifs lancer directement à la face du divin Maître le nom de
Béelzébub ; mais l’assertion de Notre-Seigneur prouve qu’ils durent le faire plus d’une fois. Entre
l’accusation d’opérer des miracles avec le concours de Béelzébub et l’emploi direct de ce surnom outrageant,
il n’y a qu’un pas qu’il fut aisé à des âmes passionnées de franchir en un instant. - Combien plus ceux de sa
maison. Si l’on n’a pas craint d’insulter jusqu’à ce point le père de famille, il est évident que l’on se gênera
moins encore à l’égard des employés de sa maison. Que les missionnaires apostoliques, ces familiers du
Christ, s’attendent donc à mille insultes ! L’histoire du Christianisme démontre qu’elles ne leur ont pas été
épargnées.
Béelzébub était le nom d’une idole des Philistins. Les Juifs donnaient ce nom au démon, parce que les faux dieux sont des démons.