Matthieu 10, 29

Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille.

Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille.
Saint Thomas d'Aquin
1259. Ainsi, on a dit QU’IL NE FALLAIT PAS CRAINDRE CEUX QUI NE PEUVENT, etc. De même, ne faut-il pas [les] craindre, car le peu qu’ils peuvent, ils ne le peuvent que par la providence divine. En premier lieu, il montre la providence divine par rapport aux oiseaux [10, 29] ; en deuxième lieu, par rapport aux hommes, en cet endroit : LES CHEVEUX DE VOTRE TÊTE SONT TOUS COMPTÉS [10, 30] ; en troisième lieu, il leur signifie de se sentir en sécurité : SOYEZ DONC SANS CRAINTE, etc. [10, 31].

1260. [Le Seigneur] dit donc : [NE VEND-ON PAS] DEUX PASSEREAUX POUR UN AS ? Par passereaux, il donne à entendre tous les petits oiseaux. Par cela, il indique leur caractère négligeable, puisqu’ils sont vendus pour un as, car, de même que l’unité est le nombre le plus petit, de même en est-il de l’as pour ce qui est du poids. Mais il faut remarquer que, selon Augustin, on dit que quelque chose a une valeur de deux façons : soit selon la dignité de sa nature, et ainsi un passereau est plus digne qu’un denier ; soit qu’on le mette en rapport avec l’usage que nous en faisons, et ainsi le denier est plus digne. Mais on peut objecter que Lc 12, 6 indique cinq passereaux et deux as. Il faut dire qu’il y a peu de différence : si deux [passereaux] sont obtenus pour un as et cinq pour deux, il n’y a pas une grande différence.

1261. ET PAS UN D’ENTRE EUX NE TOMBERA AU SOL À L’INSU DE VOTRE PÈRE, [c’est-à-dire à l’insu] de la providence de votre Père. Et pourquoi dit-il cela ? Parce que cette parole est conforme à la parole de la Loi, Lv 14, selon laquelle, lorsqu’on était guéri de la lèpre, on offrait deux passereaux, dont l’un était immolé et l’autre était plongé dans le sang de celui qui avait été tué, avec du bois de cèdre et de l’hysope, et l’on aspergeait celui qui devait être purifié, avant qu’il ne soit relâché vivant. [La loi] veut donc que l’on en prenne deux et que l’un d’eux ne soit pas tué, et cela n’arrive pas à l’insu de la providence de Dieu. Hilaire donne l’interprétation suivante : «Par les deux passereaux, on comprend le corps et l’âme, et ils sont vendus pour un as, c’est-à-dire pour un petit plaisir.» Is 1, 1 : Voilà que vous avez été vendus à cause de vos iniquités, et j’ai renvoyé votre mère à cause de ses crimes. Et [de ces deux], un seul tombe au sol, à savoir, le corps, mais l’âme se tourne vers le jugement.
Louis-Claude Fillion
Non content de rassurer ses missionnaires en leur découvrant la vanité des craintes humaines, Jésus les encourage par une description touchante de la protection à laquelle ils doivent s’attendre de la part de la Providence divine. - Deux passereaux : en grec, oiseau en général, puis l’oiseau le plus commun, le passereau. Les petites choses vont de nouveau servir à démontrer les grandes. - Un as. L’as était une pièce de monnaie qui formait primitivement la dixième partie du denier romain : il était composé d’un mélange de cuivre et d’étain et valait environ six de nos centimes à l’époque de Cicéron. Les Talmudistes l’appelaient assar ou issar ; Cf. Buxtorf. Lexic. talm. p. 175. Du temps de Notre-Seigneur on achetait donc, sur les marchés de la Palestine, deux passereaux pour un sou ; cinq pour deux sous, nous dit saint Luc, 12, 6. Le prix n’a pas varié depuis, tant ces oiseaux abondent en Judée. Petits, faciles à prendre, peu appréciés comme nourriture, ils se donnent plutôt qu’ils ne se vendent. Jésus-Christ pouvait donc très bien les choisir pour figurer des êtres de peu de valeur aux yeux des hommes. - Il n'en tombe pas un... cependant a le sens de et pourtant ! On peut aussi ne faire du verset entier qu’une seule phrase interrogative : N’est-il pas vrai que l’on vend deux passereaux pour un as et que pas un de ces oiseaux ne tombera... etc. ? - Après ne tombe, Origène, S. Irénée, S. Jean Chrysostôme et Euthymius sous-entendent dans le filet ; mais à quoi bon ? Le lieu de la chute n’est-il pas déjà suffisamment indiqué par les mots à terre ? D’ailleurs, « tomber » a ici le sens de périr. L’idée exprimée par Jésus est des plus délicates. Si l’oiseleur qui a passé sa journée à prendre des oiseaux les estime si peu qu’il en cède deux pour un as, quel cas le Seigneur fera -t-il d’un passereau, lui à qui appartiennent, selon son propre langage, Ps. 49. 11, « tous les oiseaux des montagnes » ? Et néanmoins, il faut sa permission pour qu’un oiseau tombe à terre et périsse ! On devine la conclusion a fortiori que Jésus déduira de là tout à l’heure. Cf. v. 31.
Fulcran Vigouroux
Sans votre Père ; c’est-à-dire sans la volonté, sans l’ordre de votre Père. Le Sauveur veut faire entendre ici à ses apôtres qu’ils sont sous la protection spéciale du Père céleste, et que, par conséquent, ils n’ont rien à craindre de la part des hommes.