Matthieu 10, 31
Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.
Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.
L'action de compter indique le soin que l'on prend d'une chose.
Dans le sens mystique, ce qui est vendu, c'est le corps et l'âme, et celui auquel on le vend, c'est le péché. Ceux qui vendent deux passereaux pour une obole sont ceux qui étaient nés pour prendre leur essor et s'élever jusqu'au ciel sur les ailes de la grâce, et qui se vendent pour un misérable péché. Séduits par les voluptés de cette vie, et acquis par avance aux vanités du siècle, ils se prostituent tout entiers et se vendent à ce vil prix. Or, la volonté de Dieu c'est que l'une de ces deux substances s'élève par son essor au-dessus de l'autre ; mais une loi qui a également Dieu pour auteur veut que l'autre soit plus portée à tomber qu'à s'élever. De même que s'ils avaient pris leur vol ensemble, ils n'auraient fait qu'un, et que le corps serait ainsi devenu spirituel ; de même lorsqu'ils sont tous deux vendus au péché, l'âme devient terrestre et matérielle au milieu des souillures du vice, et les deux substances n'en font plus qu'une seule que les inclinations de la chair font tomber violemment à terre.
Ceux qui nient la résurrection de la chair se moquent de l'interprétation de l'Église, comme si nous disions que les cheveux qui ont été comptés, et qui sont tombés sous les ciseaux, doivent ressusciter. Mais le Sauveur ne dit pas : " Tous vos cheveux seront conservés, mais " seront comptés. " Cette manière de parier prouve que Dieu connaît le nombre de nos cheveux, mais non pas qu'il les conservera tous.
En effet, il ne serait pas digne de Dieu de compter ce qui doit périr. Aussi, afin que nous sachions bien que rien de ce qui compose notre être ne doit périr, il nous assure que nos cheveux eux-mêmes ont été comptés. Nous n'avons donc à craindre aucun danger pour nos corps, et Notre Sauveur nous confirme dans cette assurance par les paroles qui suivent : " Ne craignez pas, vous valez plus que beaucoup de passereaux. "
Ou bien, en leur disant qu'ils valent mieux qu'un grand nombre de passereaux, Notre-Seigneur montre qu'il préfère les fidèles qu'il a élus à la multitude des infidèles, parce que ceux-ci tombent sur la terre, tandis que ceux-là prennent leur vol vers les cieux.
Si Notre-Seigneur s'exprime de la sorte, ce n'est pas que Dieu compte littéralement nos cheveux, mais il veut nous apprendre la connaissance parfaite que Dieu a de nos besoins, et l'étendue de sa providence pour y subvenir.
Après avoir banni de leur âme la crainte de la mort, le Sauveur ne veut pas que ses Apôtres pussent se croire abandonnés s'ils venaient à succomber ; il ramène de nouveau son discours sur la providence de Dieu, et leur dit : " Est-ce que deux passereaux ne se vendent pas une obole ? Et cependant pas un ne tombe à terre sans la permission de votre Père. "
Ces paroles : " Tous les cheveux de votre tête sont comptés, " montrent l'immense providence de Dieu à l'égard des hommes, et sont une preuve de cet amour ineffable de notre Dieu pour lequel il n'y a rien de caché.
Voici le sens de ces paroles : " Si de petits animaux ne périssent pas sans la permission de Dieu, si sa providence s'étend à toutes les créatures, et si celles d'entre elles qui sont sujettes à la mort ne peuvent périr sans la volonté de Dieu, vous dont la destinée est éternelle, devriez-vous craindre que la providence vous abandonne dans le cours de cette vie ?
Ces paroles rendent plus clair le sens de ce qui précède, c'est-à-dire qu'ils ne doivent pas craindre ceux qui ne peuvent que tuer le corps ; car si les plus petits animaux ne peuvent périr sans que Dieu le sache, combien moins l'homme que Dieu a revêtu de la sublime dignité d'apôtre ?
On pourrait aussi faire cette question : Tous les cheveux qui ont été coupés, reviendront-ils, et s'ils doivent repousser, qui n'aurait horreur de cette difformité ? Mais dès lors que l'on comprend et que l'on admet en principe que le corps ne perdra rien de ce qui peut lui donner de la grâce et de la beauté, on doit comprendre également que ce qui serait de nature à produire une hideuse difformité viendra se joindre à la masse du corps et non pas aux membres dont la forme en serait défigurée. Ainsi, qu'un vase de terre soit réduit en poussière et qu'il soit ensuite rendu à sa première forme avec la même matière, il ne serait pas nécessaire que la partie d'argile qui formait l'anse fût rendue à l'anse elle-même, ou que ce qui en formait le fond revînt au même endroit, il faudrait seulement que le tout revînt dans le tout, c'est-à-dire la totalité de la matière dans la totalité du vase, et qu'ainsi aucune partie ne fût perdue. Si donc les cheveux coupés tant de fois devaient rendre la tête difforme, ils ne lui seront pas rendus ; car grâce à la mutabilité naturelle de la matière, ils prendront la forme de la chair pour occuper n'importe quel endroit du corps, suivant que l'exigera l'harmonie des parties qui le composent. On pourrait d'ailleurs entendre cette parole : " Pas un cheveu de votre tête ne périra, " non de la longueur, mais du nombre des cheveux ; comme paraissent l'indiquer ces paroles : " Les cheveux de votre tête sont comptés. "
Dans le sens mystique, Jésus-Christ est la tête, les Apôtres sont les cheveux ; et c'est avec raison qu'il assure que ces cheveux ont été comptés, parce que les noms des saints sont écrits dans le ciel (Jr 17, 13).
1265. Ici, [le Seigneur] indique la sécurité venant du fait que [les adversaires des apôtres] ne peuvent faire que peu de chose ; et ce qu’ils peuvent, ils ne le peuvent que par la providence de Dieu. NE CRAIGNEZ DONC PAS : VOUS VALEZ PLUS QU’UN GRAND NOMBRE DE PASSEREAUX. Tu as tout soumis à leurs pieds, tous les bœufs et les brebis, et tous les animaux des champs, comme on le lit dans Ps 8, 8. Et Gn 1, 26 : Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ; vient ensuite : Qu’il domine sur les oiseaux du ciel, les poissons de la mer et les bêtes de toute la terre, de même que sur tout reptile qui rampe sur la terre.
N'ayez donc pas peur. C’est pour la troisième fois que nous entendons cette parole rassurante depuis le v.
26 : mais elle a ici une force toute particulière, après les raisonnements progressifs de Jésus. - La dernière
phrase, vous valez mieux..., nous ramène au v. 29. Quelle délicieuse simplicité de langage pour exprimer la
haute valeur d’un ouvrier évangélique devant Dieu ! « Un oiseau ne périt pas sans l’autorisation de Dieu, à
plus forte raison un homme, » dit un proverbe du Talmud, Hieros. Schebiith, f. 38, 4. Déjà, dans le Discours
sur la Montagne, Jésus-Christ avait fait un rapprochement entre les hommes et les oiseaux pour montrer que
la Providence, qui s’occupe tant des plus petites créatures, ne saurait négliger le roi de la nature, 6, 26.
Tout n'est donc pas négatif dans le monde contemporain, et il ne pourrait en être autrement puisque la Providence du Père veille avec amour jusque sur nos préoccupations quotidiennes (cf. Mt 6, 25-32; 10, 23-31; Lc 12, 6-7. 22-30); bien plus, les valeurs positives que nous avons soulignées témoignent d'une nouvelle préoccupation morale, surtout en ce qui concerne les grands problèmes humains comme le développement et la paix.