Matthieu 10, 35

Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère :

Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère :
Saint Thomas d'Aquin
1273. Mais quelqu’un pourrait dire : «Tu es venu séparer. Mais qui es-tu venu [séparer] ? Ne sont-ce pas ceux qui sont différents et étrangers ?» Et il montre que tel n’est pas le cas, mais [qu’il est venu séparer] ceux qui sont les plus unis. Car JE SUIS VENU OPPOSER L’HOMME À SON PÈRE, etc. En effet, il existe une double union très étroite : l’union naturelle et l’union domestique ou économique. Ainsi donc, c’est contre les deux qu’il porte le glaive. L’amitié naturelle est fondée sur un acte naturel, et celui-ci est la génération ; l’union de l’homme et de la femme, domestique ou économique, [est fondée] sur la parenté par alliance. Ainsi donc, contre la première, JE SUIS VENU OPPOSER L’HOMME À SON PÈRE.

1274. Mais une question se pose. Il a été dit plus haut : Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l’accomplir [Mt 5, 17]. Or, la loi enseigne : Honore ton père et ta mère, etc. [Ex 20, 12 ; Dt 5, 16 ; Mt 19, 19 ; Ep 6, 2]. La solution [est la suivante]. Je dis que tu dois obéir à qui ne se soustrait pas à l’amour de Dieu ; mais lorsqu’il s’y soustrait, tu n’es pas tenu d’obéir. ET LA FILLE À SA MÈRE, et cela, par rapport à la génération. ET LA BRU À SA BELLE-MÈRE. Et la loi nouvelle a ceci en commun avec la loi ancienne, Ex 32, où il est dit : Si quelqu’un appartient au Seigneur, qu’il se joigne à moi. Et tous les fils de Lévi se rassemblèrent autour de lui, et il leur dit : «Que l’homme place son épée sur sa cuisse.» Vient ensuite : Que chacun tue son frère et son ami. Et cela est considéré comme glorieux pour les lévites, comme on le lit en Dt 33, 8, où il est dit : Et Lévi dit : «Ta perfection et ton enseignement [sont ceux] d’un saint homme.»

1275. Vient ensuite : CELUI QUI A DIT À SON PÈRE ET À SA MÈRE : «JE NE VOUS CONNAIS PAS», ET À SES FRÈRES : «JE VOUS IGNORE», ET [CEUX QUI] N’ONT PAS RECONNU LEURS FILS. Mais ici se pose une question, car il énumère ici six personnes ; mais, en Lc 12, 53, il n’y en a que trois qui sont énumérées. Et il faut dire que c’est la même chose aux deux endroits, car la mère et la belle-mère de sa femme sont la même personne.