Matthieu 10, 42
Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »
Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »
Ces paroles nous apprennent en même temps son office de médiateur, car après que nous l'avons reçu, lui qui est sorti de Dieu, il nous fait entrer en communication avec Dieu lui-même, et d'après cet ordre que suit la grâce, recevoir les Apôtres, c'est recevoir Dieu, parce que le Christ est en eux, et que Dieu est dans le Christ.
Ou bien il prévoyait qu'il y en aurait plusieurs dont toute la gloire consisterait dans le nom d'apôtre qu'ils déshonoreraient par tout le reste de leur vie ; il ne veut donc pas priver de récompense l'honneur qui leur est rendu au nom de la religion, car bien qu'ils soient les plus petits de tous, c'est-à-dire les derniers des pécheurs, les services qu'on leur rend, même les plus légers, et qui sont exprimés par ce verre d'eau froide, ne seront pas perdus, car ce n'est pas aux péchés de l'homme, mais à son titre d'apôtre qu'est rendu cet honneur.
Le Seigneur, ayant commandé à ses Apôtres de quitter ce qu'ils avaient de plus cher dans le monde, ajouta: Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n'est pas digne de moi (Mt 10,38); car ceux qui appartiennent au Christ ont crucifié leur corps avec ses péchés et ses convoitises (cf. Ga 5,24). Nul n'est digne du Christ s'il ne porte pas sa croix, par laquelle nous partag eons la passion, la mort, la sépulture et la résurrection du Seigneur. Nul n'est digne de lui s'il ne suit pas le Seigneur afin de vivre de la nouveauté de l'Esprit dans ce mystère de foi.
Qui veut garder sa vie pour soi la perdra; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera (Mt 10,39). Comprenons que, par la puissance du Verbe et le rejet des fautes passées, ce que la vie gagne se transformera en mort, et ce qu'elle perd en salut. Il faut donc assumer la mort dans une vie nouvelle et clouer ses péchés à la croix du Seigneur; il faut sauvegarder la liberté de proclamer glorieusement la foi en répondant aux persécuteurs par le mépris des choses présentes; et il faut refuser tout gain funeste à l'âme. Nous devons savoir que personne n'a de droit sur notre âme, et que le bénéfice de l'immortalité s'acquiert moyennant le préjudice subi dans cette courte vie.
Qui vous accueille, m'accueille; et qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé (Mt 10,40). Le Christ prodigue à tous les hommes l'amour de la doctri ne et son attachement aux commandements. Après avoir signalé le danger que couraient ceux qui n'accueillaient pas les Apôtres, en demandant à ceux-ci de secouer la poussière de leurs pieds en témoignage contre eux, il loue le mérite de ceux qui les accueillent. Leur récompense sera plus grande que pour un service escompté. Puis il nous apprend qu'il a aussi un rôle de médiateur si bien que, lorsque nous recevons le Christ, Dieu se répand en nous par lui, parce qu'il est sorti de Dieu.
Et ainsi, celui qui reçoit les Apôtres, reçoit le Christ. Or, celui qui reçoit le Christ, reçoit Dieu son Père, car dans les Apôtres il ne reçoit rien d'autre que ce qui est dans le Christ, et il n'y a rien d'autre dans le Christ que ce qui est en Dieu. Et en raison de cet enchaînement de grâces, recevoir les Apôtres n'est pas autre chose que recevoir Dieu, puisque le Christ habite en eux et que Dieu habite dans le Christ.
Qui veut garder sa vie pour soi la perdra; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera (Mt 10,39). Comprenons que, par la puissance du Verbe et le rejet des fautes passées, ce que la vie gagne se transformera en mort, et ce qu'elle perd en salut. Il faut donc assumer la mort dans une vie nouvelle et clouer ses péchés à la croix du Seigneur; il faut sauvegarder la liberté de proclamer glorieusement la foi en répondant aux persécuteurs par le mépris des choses présentes; et il faut refuser tout gain funeste à l'âme. Nous devons savoir que personne n'a de droit sur notre âme, et que le bénéfice de l'immortalité s'acquiert moyennant le préjudice subi dans cette courte vie.
Qui vous accueille, m'accueille; et qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé (Mt 10,40). Le Christ prodigue à tous les hommes l'amour de la doctri ne et son attachement aux commandements. Après avoir signalé le danger que couraient ceux qui n'accueillaient pas les Apôtres, en demandant à ceux-ci de secouer la poussière de leurs pieds en témoignage contre eux, il loue le mérite de ceux qui les accueillent. Leur récompense sera plus grande que pour un service escompté. Puis il nous apprend qu'il a aussi un rôle de médiateur si bien que, lorsque nous recevons le Christ, Dieu se répand en nous par lui, parce qu'il est sorti de Dieu.
Et ainsi, celui qui reçoit les Apôtres, reçoit le Christ. Or, celui qui reçoit le Christ, reçoit Dieu son Père, car dans les Apôtres il ne reçoit rien d'autre que ce qui est dans le Christ, et il n'y a rien d'autre dans le Christ que ce qui est en Dieu. Et en raison de cet enchaînement de grâces, recevoir les Apôtres n'est pas autre chose que recevoir Dieu, puisque le Christ habite en eux et que Dieu habite dans le Christ.
Ce qui précède suffisait pour produire cette persuasion dans ceux qui devaient recevoir les Apôtres. Car en voyant ces hommes héroïques qui méprisaient tout ce qui les concernait pour sauver leurs frères, qui ne les aurait accueillis avec le plus vif empressement ? Plus haut, Notre-Seigneur a menacé de punir ceux qui ne les recevraient point ; ici il promet de récompenser ceux qui les recevront. Et d'abord il leur promet cet honneur insigne de recevoir dans la personne des Apôtres Jésus-Christ et même son Père. " Et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé. " Que peut-on comparer à cet honneur de recevoir Dieu le Père et le Fils ?
A cette récompense qu'il promet il en ajoute une autre : " Celui qui reçoit un prophète au nom du prophète, recevra la récompense du prophète, et celui qui reçoit le juste, " etc. Il ne dit pas simplement : Celui qui reçoit un prophète, ou celui qui reçoit un juste, mais : Celui qui reçoit un prophète, un juste, au nom du prophète, au nom du juste, c'est-à-dire parce qu'il est prophète, parce qu'il est juste, et non pas à cause de la dignité dont il peut-être revêtu en ce monde, ou en vue de quelque autre avantage temporel. Ou bien dans un autre sens, comme il avait recommandé aux disciples de recevoir les maîtres qui les enseignent, les fidèles pouvaient lui faire secrètement cette réponse : Nous devons donc recevoir tes faux prophètes et Judas le traître ? Le Seigneur prend donc soin de leur rappeler qu'ils ne doivent pas considérer les personnes, mais les noms qu'elles portent, et qu'on ne perdra pas sa récompense parce que celui qu'on aurait reçu en serait indigne.
Notre-Seigneur dit : " Il recevra la récompense du prophète et la récompense du juste, " c'est-à-dire la récompense qui convient à celui qui reçoit le prophète ou le juste, ou celle que le prophète et le juste devront recevoir eux-mêmes.
Notre-Seigneur, en envoyant ses disciples prêcher 1'Évangile, leur apprend à ne craindre aucun danger, et à sacrifier toutes leurs affections aux devoirs de sa religion. Déjà, il s'en est déclaré, il ne veut pas d'or, il ne veut pas d'argent dans leurs bourses : c'est une condition bien dure que celle des Évangélistes. Mais comment pourvoir aux dépenses nécessaires, à la nourriture, aux choses nécessaires à la vie ? Notre-Seigneur adoucit donc la sévérité de ses préceptes par l'espérance des promesses. " Celui qui vous reçoit, leur dit-il, me reçoit. " Ainsi chaque fidèle doit être persuadé qu'il a reçu Jésus-Christ en recevant ses Apôtres.
Dans le sens mystique, celui qui reçoit le prophète comme prophète, et qui comprend ce qu'il lui enseigne des choses futures, partagera sa récompense. Les Juifs donc, qui ne comprenaient les prophètes que dans un sens charnel, ne recevront pas la récompense des prophètes.
Mais on pouvait lui alléguer cette excuse : Ma pauvreté me défend de donner l'hospitalité ; il la détruit en nous proposant la chose la moins coûteuse qui soit au monde, c'est-à-dire de donner de tout coeur un verre d'eau froide. " Et celui qui donnera à l'un de ces plus petits, un verre d'eau froide, etc. " Il dit un verre d'eau froide, et non d'eau chaude, de peur que s'il s'agissait d'eau chaude, on ne prétextât encore sa pauvreté et l'impossibilité de se procurer du bois pour la faire chauffer.
Il ajoute : " Au plus petit, " c'est-à-dire non pas seulement aux justes ou aux prophètes, mais à l'un des plus petits et des plus misérables.
Dans ce prophète et dans ce juste, quelques-uns veulent voir Notre-Seigneur Jésus-Christ, de qui Moïse a dit : " Dieu vous suscitera un prophète, " etc. (Dt 18), et qui est juste aussi d'une manière incomparable. Celui donc qui recevra le prophète et le juste au nom du prophète et du juste, recevra la récompense des mains de celui pour l'amour duquel il a fait cette action.
Il ne dit pas : C'est des mains du juste ou du prophète qu'ils recevront la récompense, mais : " la récompense du prophète et du juste ; " peut-être celui qu'ils reçoivent est-il juste, et plus il est dépouillé de tout en ce monde, plus grande aussi sera sa fermeté à défendre les intérêts de la justice. Or celui qui possède les biens de la terre et qui pourvoit aux besoins du prophète et du juste, participera au mérite de son indépendance, et partagera la récompense de justice de celui qu'il a secouru et nourri sur la terre. Cet apôtre est plein de l'esprit de prophétie, mais son corps a besoin d'aliments, et si ses forces ne sont pas réparées, il est certain que la voix lui fera défaut. Or celui qui pourvoit à la nourriture du prophète, lui donne la force de parler : il recevra donc avec le prophète la récompense du prophète, parce qu'il a subvenu à ses besoins dans l'intention de plaire à Dieu.
La Glose
Remarquez ici comme Dieu regarde beaucoup plus à la disposition du coeur qu'à la valeur de la chose que l'on donne. Ou bien les plus petits sont ceux qui ne possèdent rien absolument en cette vie, et qui jugeront un jour le monde avec Jésus-Christ.
1287. Mais quelqu’un pourrait dire : «Si Pierre venait, ou Élie, je l’accueillerais volontiers.» C’est pourquoi il ajoute : ET QUICONQUE DONNERA À BOIRE À L’UN DES PLUS PETITS, c’est-à-dire aux fidèles, comme on le trouve plus loin, 5, 40 : En vérité, je vous le dis, ce que vous avez fait à l’un des plus petits de mes frères que voici, vous l’avez fait pour moi, etc., comme s’il disait : «Je ne porte pas attention au fait qu’il soit grand ou petit.» Quelqu’un pourrait dire : «Je suis pauvre ; je n’ai pas de quoi donner.» [Le Seigneur] ajoute donc : UNE COUPE D’EAU. Il ne dit pas d’eau chaude, en raison du manque de bois, afin que celui-là ne puisse s’excuser. [Le Seigneur] veut donc dire : «La moindre chose que vous ferez sera récompensée.» Et il confirme ceci en disant : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, IL NE PERDRA PAS SA RÉCOMPENSE ; Is 40, 10 : Voici que le Seigneur viendra, et vient ensuite : Et il aura sa récompense, et il aura son action sous les yeux.
Jésus développe
ses promesses à un autre point de vue, et indépendamment des relations intimes que ses missionnaires ont
avec lui. - Un prophète en qualité de prophète : c’est-à-dire un prophète comme tel parce qu’il est prophète.
C’est un hébraïsme qui se rencontre fréquemment dans le Talmud pour signifier « en qualité de » Cf.
Buxtorf, Lexic. talm. s. v. - Une récompense de prophète ; il recevra la même récompense que s’il était
lui-même un prophète. Subvenir aux nécessités temporelles des prophètes, les protéger de tout son pouvoir,
c’est coopérer d’une certaine manière à leur ministère ; il est donc naturel que Dieu traite comme de vrais prophètes les hommes sans lesquels le rôle prophétique n’aurait pu être exercé. - Un juste en qualité de juste,
par sympathie pour son caractère de juste ; ce qui revient à dire : par amour pour Dieu, l’auteur de toute
justice. - Une récompense de juste ; car en outre du motif allégué plus haut, une conduite si noble et si
désintéressée suppose une sainteté personnelle que le Seigneur rémunérera infailliblement. - Seulement un
verre d'eau froide... Dans ses exemples Jésus descend de degré en degré ; après le prophète, le juste ; après le
juste, l’un « de ces très-petits », et le service rendu à ce « très-petit » est bien petit lui-même : c’est un simple
verre d’eau fraîche, qui ne coûte ni peine ni dépense au bienfaiteur ! Mais rien n’est perdu pour le ciel. - « À
boire » est dans le texte latin (potum) l'emploi substantivé du verbe « boire » (poto) ; Cf. Marc. 9, 40 ; 15,
36 ; 1 Cor. 3, 2. - À l'un de ces petits. Épithète bien belle pour désigner les disciples du Christ ! Ailleurs, 11,
25 ; Cf. Zach. 13, 7, Jésus-Christ appellera les siens de petits enfants. Petits en effet aux yeux du monde,
surtout à l’origine du Christianisme ; mais grands aux yeux du Seigneur, dont les jugements ne s’arrêtent pas
à la surface, comme ceux des hommes ! - Parce qu'il est mon disciple, uniquement parce qu’il est serviteur
du Christ, et point par des vues humaines. - Ne perdra pas sa récompense. L’instruction se termine par cette
promesse consolante, faite sous le sceau du serment. - Munis de ces conseils de leur Maître, fortifiés par ces
encouragements, les Douze partent deux à deux, comme nous l’apprend S. Marc, 6, 7, et s’en vont à travers
les villes de la Palestine, prêchant partout l’Évangile avec zèle. S. Matthieu ne nous dit rien de leur
ministère ; nous savons par les deux autres synoptiques qu’il fut très fructueux et accompagné de nombreux
miracles ; Marc. 6, 12, 13 ; Luc. 9, 6. Aussi revinrent-ils pleins de joie et de confiance auprès de leur bon
Maître qui les formait avec tant de sagesse, les préparant de longue main aux périlleuses missions de l’avenir
par un premier voyage où tout se trouvait approprié à leur faiblesse présente.
Le Seigneur Jésus, après avoir longuement prié son Père, appela à lui ceux qu’il voulut et en institua douze pour en faire ses compagnons et les envoyer prêcher le Royaume de Dieu (cf. Mc 3, 13-19 ; Mt 10, 1-42) ; à cette institution des Apôtres (cf. Lc 6, 13), il donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux (cf. Jn 21, 15-17). Il les envoya aux fils d’Israël d’abord et à toutes les nations (cf. Rm 1, 16) pour que, participant à son pouvoir, ils fassent de tous les peuples ses disciples, pour qu’ils les sanctifient et les gouvernent (cf. Mt 28, 16-20 ; Mc 16, 15 ; Lc 24, 45-48 ; Jn 20, 21-23), propageant ainsi l’Église et remplissant à son égard, sous la conduite du Seigneur, le service pastoral tous les jours jusqu’à la consommation des siècles (cf. Mt 28, 20). Le jour de Pentecôte, ils furent pleinement confirmés dans cette mission (cf. Ac 2, 1-26), selon la promesse du Seigneur : « Vous recevrez une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). En prêchant partout l’Évangile (cf. Mc 16, 20), accueilli par ceux qui l’écoutent grâce à l’action de l’Esprit Saint, les Apôtres rassemblent l’Église universelle que le Seigneur a fondée en ses Apôtres et bâtie sur le bienheureux Pierre, leur chef, le Christ Jésus étant lui-même la pierre suprême d’assise (cf. Ap 21, 14 ; Mt 16, 18 ; Ep 2, 20).
Dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus « appela à lui ceux qu’il voulut, et en institua douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 13 ; cf. Mt 10, 1-42). Les Apôtres furent ainsi les germes du Nouvel Israël et en même temps l’origine de la hiérarchie sacrée. Puis, une fois qu’il eut par sa mort et sa résurrection accompli en lui-même les mystères de notre salut et de la rénovation de toutes choses, le Seigneur, qui avait reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre (cf. Mt 28, 18), fonda son Église comme sacrement du salut, avant d’être enlevé au ciel (cf. Ac 1, 11) ; tout comme il avait été lui-même envoyé par le Père (cf. Jn 20, 21), il envoya ses Apôtres dans le monde entier en leur donnant cet ordre : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19 s.) ; « Allez par le monde entier proclamer la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc 16, 15 s.). C’est de là que découle pour l’Église le devoir de propager la foi et le salut apportés par le Christ, d’une part en vertu du mandat exprès qu’a hérité des Apôtres l’ordre des évêques, assisté par les prêtres en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église, et d’autre part en vertu de l’influx vital que le Christ communique à ses membres : le Christ « dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion, par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l’actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même dans la charité » (Ep 4, 16). La mission de l’Église s’accomplit donc par l’opération au moyen de laquelle, obéissant à l’ordre du Christ et mue par la grâce de l’Esprit Saint et la charité, elle devient effectivement présente à tous les hommes et à tous les peuples, pour les amener par l’exemple de sa vie, par la prédication, par les sacrements et les autres moyens de grâce, à la foi, à la liberté, à la paix du Christ, de telle sorte qu’elle leur soit ouverte comme la voie libre et sûre pour participer pleinement au mystère du Christ.
Il s'agit, avant tout, du fait de l'interdépendance, ressentie comme un système nécessaire de relations dans le monde contemporain, avec ses composantes économiques, culturelles, politiques et religieuses, et élevé au rang de catégorie morale. Quand l'interdépendance est ainsi reconnue, la réponse correspondante, comme attitude morale et sociale et comme «vertu», est la solidarité. Celle-ci n'est donc pas un sentiment de compassion vague ou d'attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c'est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c'est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous. Une telle détermination est fondée sur la ferme conviction que le développement intégral est entravé par le désir de profit et la soif de pouvoir dont on a parlé. Ces attitudes et ces «structures de péché» ne peuvent être vaincues - bien entendu avec l'aide de la grâce divine - que par une attitude diamétralement opposée: se dépenser pour le bien du prochain en étant prêt, au sens évangélique du terme, à «se perdre» pour l'autre au lieu de l'exploiter, et à «le servir» au lieu de l'opprimer à son propre profit (cf. Mt 10, 40-42; 20, 25; Mc 10, 42-45; Lc 22, 25-27).