Matthieu 10, 8

Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement.

Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement.
Saint Hilaire de Poitiers
La loi devait avoir le privilège des prémices de l'Évangile, et l'incrédulité d'Israël devait être d'autant moins excusable, que les avertissements lui avaient été prodigués avec un plus grand zèle.

Le Sauveur les appelle des brebis ; mais ils ne s'en déchaînèrent pas moins contre lui avec la méchanceté des vipères et la férocité des loups.

Le Seigneur communique toute sa puissance, toute sa vertu aux Apôtres, afin que ceux qui avaient été crées à l'image d'Adam et à la ressemblance de Dieu, reçoivent maintenant une ressemblance parfaite avec le Christ, et qu'ils puissent guérir par cette participation à la puissance divine tous les maux dont l'instinct infernal du démon avait frappé le corps d'Adam.
Saint Jean Chrysostome
Voyez comme Jésus choisit bien le moment pour leur donner cette mission, il les envoie après qu'ils l'ont vu ressusciter un mort, commander à la mer et faire d'autres prodiges semblables, et après qu'il leur a donné par ses paroles et par ses oeuvres des preuves suffisantes de sa divinité.

Une autre raison pour laquelle il les envoie d'abord vers les Juifs, c'est pour les préparer dans la Judée comme dans une arène aux combats qu'ils devaient livrer à l'univers entier, et il les excite à prendre leur vol (cf Dt 32) comme de petits oiseaux encore faibles.

Le Sauveur ne veut pas leur donner à penser qu'il nourrissait contre eux de la haine, parce qu'ils l'accablaient d'outrages et l'appelaient possédé du démon ; il s'applique donc à les rendre meilleurs, et il détourne ses disciples de toute autre occupation pour les leur envoyer comme des médecins et comme des docteurs. Il ne se contente pas de leur défendre de prêcher à d'autres qu'aux Juifs, il ne leur accorde même pas de prendre la route qui les aurait conduits chez les Gentils : " N'allez pas dans la voie qui mène aux nations. " Et parce que les Samaritains étaient les ennemis des Juifs, bien qu'ils fussent plus faciles à convertir à la foi, il ne permet pas à ses disciples de leur annoncer l'Évangile avant de l'avoir prêché aux Juifs. " Vous n'entrerez pas dans les villes des Samaritains. "

Jésus détourne donc ses disciples d'aller vers les Samaritains, et il les envoie aux enfants d'Israël, qu'il appelle des brebis qui périssent, et non pas des brebis qui s'éloignent d'elles-mêmes ; cherchant ainsi par tous les moyens à leur ménager le pardon et à gagner leur coeur.

Vous voyez la sublimité de ce mystère et la dignité des Apôtres ; ce ne sont pas des choses extérieures et sensibles qu'ils doivent annoncer comme Moïse et les prophètes, mais des vérités nouvelles et tout à fait inattendues. Moïse et les prophètes avaient annoncé des biens terrestres ; les Apôtres annoncent le royaume des cieux, et tous les biens qu'ils renferment.

Plus tard, ces miracles cessèrent lorsque la foi fut répandue en tous lieux, ou s'il y en eut encore, ce fut en très petit nombre. Car Dieu opère ordinairement ces prodiges lorsque le mal est arrivé à son comble, et c'est alors qu'il fait éclater sa puissance. 

Voyez comme le Seigneur, en même temps qu'il sauvegarde la dignité des miracles, prend soin de régler la conduite de la vie en faisant voir que sans une vie réglée les miracles ne sont rien. En effet, il étouffe dans leur coeur tout sentiment d'orgueil par ces paroles : " Vous avez reçu gratuitement ; " et par ces autres : " Donnez gratuitement, " il leur commande de se garder purs de toute affection aux richesses. Ou bien en leur disant : " Vous avez reçu gratuitement, " il veut leur apprendre qu'ils ne sont pas les auteurs des bienfaits qu'ils répandent ; comme s'il leur disait : " Vous ne donnez rien de ce qui vous appartient, " vous ne l'avez reçu ni comme récompense, ni comme prix de votre travail, c'est une grâce que je vous ai accordée, donnez-la donc comme vous l'avez reçue, car jamais vous ne pourrez en trouver un prix qui réponde à sa valeur. 

Tous les travaux de l'agriculteur aboutissent naturellement à la moisson. Comment donc, dis-moi, le Christ a-t-il appelé une oeuvre qui en était encore à ses débuts une moisson? L'idolâtrie régnait sur toute la terre. Partout, la fornication, l'adultère, la débauche, la cupidité, le vol, les guerres. <> La terre était emplie de tant de maux! Aucune semence n'y avait encore été jetée. Les épines, les chardons et les mauvaises herbes, qui recouvraient le sol, n'avaient pas encore été arrachés. Aucune charrue n'avait encore été tirée, aucun sillon tracé.

Comment donc Jésus peut-il dire que la moisson est abondante? Oui, comment donne-t-il ce nom à l'Évangile dans de telles circonstances juste avant d'envoyer ses Apôtres partout dans ce monde? Ils sont probablement bouleversés et déconcertés, ils doivent se faire ces réflexions: "Comment pourrons-nous même ouvrir la bouche, nous tenir debout, discuter, paraître devant tant de milliers d'hommes? Nous, les Onze, comment corrigerons-nous tous les habitants de la terre? Saurons-nous, ignorants, aborder des savants; nous, qui sommes dépouillés, des hommes armés; nous, des subordonnés, des autorités? Nous qui ne connaissons qu'une langue, arriverons-nous à discuter dans tant de dialectes, avec les peuples barbares qui parlent des langues étrangères? Qui nous supportera sans même comprendre notre langue?"

Jésus ne veut pas que de pareils raisonnements les plongent dans le désarroi. Aussi appelle-t-il l'Évangile une moisson. C'est comme s'il leur disait: "Tout est préparé, toutes les dispositions ont été prises. Je vous envoie récolter le grain mûr, vous pourrez semer et moissonner le même jour. "

Quand l'agriculteur sort de chez lui pour aller faire la moisson, il déborde de joie et resplendit de bonheur. Il n'envisage ni les peines ni les difficultés qu'il pourra rencontrer. Ayant en tête la moisson qui va lui revenir, il court, se hâte de faire la récolte annuelle. Absolument rien ne peut le retenir, l'empêcher ou le faire douter de l'avenir: ni pluie, ni grêle, ni sécheresse, ni légions de sauterelles malfaisantes. Ceux qui s'apprêtent à moissonner ne connaissent pas ces inquiétudes, si bien qu'ils se mettent au travail en dansant et en bondissant de joie.

Vous devez être comme eux et aller par toute la terre avec une joie beaucoup plus grande encore. C'est la moisson qui l'emporte. La moisson que vous avez à faire est très facile, elle vous attend sur des champs tout préparés. Le seul effort qui vous est demandé est de parler. Prêtez-moi votre langue, dit le Christ, et vous verrez le grain mûr entrer dans les greniers du roi. Aussi les envoie-t-il ensuite en leur disant: Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde (Mt 28,20).
Saint Jérôme
Ce commandement n'est pas contraire à celui qu'il leur donna plus tard : " Allez, enseignez toutes les nations, " car le premier a été donné avant, et le second après la résurrection du Sauveur. Il fallait en effet que l'Évangile fût d'abord annoncé aux Juifs, pour leur ôter cette excuse qu'ils avaient rejeté le Seigneur, parce qu'il avait envoyé ses Apôtres aux Samaritains et aux Gentils.

Dans le sens tropologique il nous est ordonné à nous qui portons le nom du Christ, de ne pas suivre la voie des Gentils et des hérétiques, et de ne point imiter la vie de ceux dont la religion nous sépare.

Dans la crainte que personne ne voulût croire à ces hommes simples et grossiers, sans science, sans lettres, sans éloquence, qui venaient promettre le royaume des cieux, il leur donne le pouvoir d'opérer ces miracles, pour que la grandeur des prodiges fût une preuve de la grandeur des promesses.

Et parce que les dons spirituels s'avilissent toujours lorsqu'ils deviennent le prix d'une récompense temporelle, Notre-Seigneur condamne cette avarice en ces termes : " Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ; moi qui suis votre maître et votre Seigneur, je vous ai donné cette grâce sans vous la faire payer ; vous devez la donner de même.
Saint Rémi
Ces infirmes sont les âmes sans énergie, qui n'ont pas la force de mener une vie chrétienne ; les lépreux ceux qui sont couverts des souillures des oeuvres et des plaisirs de la chair ; les morts, ceux qui font des oeuvres de mort, les possédés, ceux que le démon a soumis à son empire. 
Saint Grégoire le Grand
Ou bien il voulut d'abord être annoncé aux Juifs seuls, et puis ensuite aux Gentils, de manière que la prédication du Rédempteur repoussée par les siens, s'adressât ensuite aux Gentils comme à des étrangers. Il y en avait cependant parmi les Juifs qui devaient être appelés, comme il y en avait parmi les Gentils qui ne devaient avoir part ni à cette vocation, ni au bienfait de la régénération, sans toutefois mériter un jugement sévère pour le mépris qu'ils avaient fait de la prédication évangélique.

Au ministère sacré de la prédication, le Sauveur ajoute le pouvoir de faire des miracles, afin que la manifestation de cette puissance ouvrît les coeurs à la foi, et qu'une prédication toute nouvelle fût accompagnée d'oeuvres d'un ordre tout nouveau. C'est pour cela qu'il leur dit : "Rendez la santé aux malades, ressuscitez les morts, guérissez les lépreux, chassez les démons. "

Ces miracles étaient nécessaires alors que l'Église était à son berceau, car pour que la foi pût s'accroître, il fallait la nourrir avec des prodiges.

Cependant la sainte Église renouvelle tous les jours pour les âmes ces miracles extérieurs et sensibles des Apôtres, miracles d'autant plus grands qu'ils ont pour objet de rendre la vie non pas au corps, mais à l'âme.

Car il prévoyait qu'il y en aurait pour qui les dons de l'Esprit saint seraient un objet de trafic, et qui mettraient le don des miracles au service de leur avarice.
Rabanus Maurus
Notre-Seigneur dit que le royaume des cieux approche, non pas sans doute par aucun mouvement extérieur des éléments, mais par la foi qui nous est donnée au Créateur invisible. C'est à juste titre que les saints sont appelés les cieux parce qu'ils possèdent Dieu par la foi et qu'ils l'aiment par la charité.
La Glose
Comme toute manifestation de l'Esprit, d'après l'Apôtre, est donnée pour l'utilité de l'Église, après avoir donné ce pouvoir aux Apôtres, le Sauveur les envoie pour qu'ils puissent l'exercer dans l'intérêt des hommes ; c'est ce que nous indique l'Évangéliste par ces mots : " Jésus envoya ces douze. "

En les envoyant, il leur enseigne où ils devaient aller, ce qu'ils doivent dire, et ce qu'ils doivent faire. Et d'abord où doivent-ils aller ? Il leur donne les instructions suivantes : " Vous n'irez point vers les Gentils, et vous n'entrerez pas dans les villes des Samaritains ; mais allez plutôt aux brebis perdues de la maison d'Israël. "

Les Samaritains étaient des Gentils que le roi d'Assyrie laissa dans la terre d'Israël après en avoir emmené les habitants en captivité. Sous la pression des dangers auxquels ils furent exposés, ils se convertirent au judaïsme (4 R 13), se soumirent à la circoncision, admirent les cinq livres de Moïse, mais rejetèrent tout le reste avec horreur, ce qui empêcha les Juifs de se mêler jamais aux Samaritains.

Après leur avoir appris où ils doivent aller, il leur enseigne quel doit être le sujet de leurs prédications. " Allez et prêchez, en disant que le royaume des cieux approche. "

Son but ici est de détourner Judas qui portait la bourse de se servir de cette puissance pour amasser de l'argent, et de condamner en même temps la pernicieuse hérésie des Simoniaques.
Saint Thomas d'Aquin
1198. Mais ils auraient pu dire : «Comment confirmerons-nous ce que nous disons ?» Assurément par des miracles, comme il le fit lui-même. [Le Seigneur] dit donc : GUÉRISSEZ LES MALADES, etc.

1199. Mais si quelqu’un disait : «Pourquoi l’Église ne fait-elle pas maintenant des miracles ?» Il faut dire que les miracles ont été faits pour confirmer la foi. Or, la foi a déjà été confirmée. C’est pourquoi, comme une autre preuve ne serait pas nécessaire de la part de celui qui aurait fait une démonstration pour prouver une conclusion, il en est de même ici. Ainsi, le plus grand miracle est la conversion du monde en sa totalité. Il n’est donc pas nécessaire qu’il y ait des miracles. Et, de même que furent accomplis certains miracles corporels, des miracles spirituels sont accomplis tous les jours, car les malades sont guéris spirituellement. En effet, les malades sont ceux qui sont tourmentés par le péché, qui sont portés au péché. Rm 14, 1 : Soutenez celui est faible dans la foi. Ceux-ci sont guéris par le Seigneur. Ceux qui consentent sont morts, parce qu’ils sont séparés de Dieu ; et ceux-ci sont ressuscités par le Seigneur, comme [il est dit] en Ep 5, 14 : Debout, toi qui dors, et lève-toi d’entre les morts. De même, LES LÉPREUX SONT GUÉRIS : en effet, on appelle lépreux ceux qui peuvent en infecter d’autres, car la lèpre est une maladie contagieuse, et ceux-ci sont parfois guéris. En 4 R [2 R] 5, 27, il est dit que la lèpre de Naam se transmit à Giézi. De même, LES DÉMONS SONT CHASSÉS : en effet, les démons sont ceux dont le péché a déjà produit son effet, dont il est dit en Pr 2, 14 : Ils se réjouissent, alors qu’ils ont fait le mal, et ils exultent dans leurs pires agissements. Et comme on le trouve à propos de Judas en Jn 13, 27 : Satan entra en eux, etc. Et parfois ceux-ci sont guéris. Et parce que les apôtres pourraient dire : «Maintenant, nous serons riches ; si nous faisons des miracles, nous posséderons beaucoup de choses» – pour cette raison, Simon le magicien voulut faire des miracles –, le Seigneur écarte cette idée en disant : VOUS AVEZ REÇU GRATUITEMENT ; DONNEZ GRATUITEMENT. C’est une grande chose de faire des miracles, mais c’en est une plus grande de bien vivre. Il écarte donc d’eux l’orgueil, car l’orgueil peut survenir de deux manières : soit de la cupidité, soit du mérite. En effet, c’est un très grand orgueil pour un homme de s’attribuer un bien qu’il a reçu. C’est pourquoi [le Seigneur] écarte [cela] en disant : VOUS AVEZ REÇU. 1 Co 4, 7 : Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? De même, vous ne devez pas vous enorgueillir, car vous ne l’avez pas mérité, mais [reçu] GRATUITEMENT. En effet, celui qui a reçu en raison de ses mérites n’a pas reçu gratuitement. Il écarte aussi la cupidité : DONNEZ GRATUITEMENT, à savoir, non pas pour un [profit] temporel. En effet, le prix d’une chose est soit plus grand, soit égal. Ce que tu cèdes pour un certain montant n’est pas davantage ancré dans ton cœur que le montant que tu reçois. Or, rien n’égale le don de Dieu ou n’est plus grand que lui. Sg 7, 9 : Je lui ai comparé une pierre précieuse, car tout l’or est négligeable en regard d’elle.
Louis-Claude Fillion
Guérissez... Ce sera la seconde partie de leur ministère. On a fait observer avec justesse qu’il y a quelque chose de vif et de pressant dans cette énumération des divers miracles que les Apôtres pourront opérer au nom du Christ. « Il leur enseigne d’user libéralement et abondamment du pouvoir de faire des miracles qui leur avait été donné par Paul …c’est comme s’il disait : ne lésinez pas sur les miracles, faites-en à toutes les fois que vous les jugerez nécessaires ou utiles à persuader », Maldonat. Tous ces miracles devaient en effet confirmer leur enseignement, de même qu’ils confirmeraient celui de Jésus : c’étaient leurs lettres de créance. Autrement, qui eût ajouté foi à la prédication de ces inconnus ? - Les mots ressuscitez les morts ont été omis par beaucoup de manuscrits et d’anciennes versions : cependant, comme on peut citer en leur faveur des autorités très sérieuses, par exemple l’Itala, la Vulgate, les traductions copte et éthiopienne, plusieurs Pères, etc., nous n’hésitons pas à admettre leur authenticité. Peut-être leur place primitive était-elle après « chassez les démons », ou du moins après « purifiez les lépreux » : d’anciens manuscrits leur attribuent ces divers rangs. - Vous avez reçu gratuitement : le complément sous-entendu est facile à suppléer. Vous avez reçu gratuitement le pouvoir d’accomplir tous ces prodiges, usez-en gratuitement, vous gardant bien de traiter les choses du ciel comme une vile marchandise. C’était là une recommandation bien importante, car il y avait un Judas dans la troupe apostolique, et puis, en général, l’abus est si prompt, si aisé sous ce rapport, et cet abus, lorsqu’il a lieu, fait tomber dans un si grand discrédit les ministres et les choses de la religion ! Jésus tenait, dès le principe, à éloigner ses Apôtres et leurs successeurs de ce qui recevra bientôt le nom infamant de Simonie. - Donnez gratuitement : la concession de Dieu a été gratuite, il faut que celle des Apôtres le soit également. Comme l'a dit Tertullien, « aucun don de Dieu ne doit être objet de négoce ». Quelques interprètes rattachent cet ordre du Sauveur à la prédication apostolique dont il a été question au v. 7 ; par suite, ils donnent au verbe « vous avez reçu » le sens de « vous avez appris », à « donnez » celui de « enseignez ». Mais la signification obvie des mots condamne une pareille interprétation. Au reste, la phrase « vous avez reçu gratuitement... » eût trouvé sa place naturelle à la fin du verset précédent si, au lieu de s’appliquer directement à la puissance de faire des miracles, elle eût concerné d’une manière spéciale l’enseignement et la doctrine.
Catéchisme de l'Église catholique
" Guérissez les malades ! " (Mt 10, 8). Cette charge, l’Église l’a reçue du Seigneur et tâche de la réaliser autant par les soins qu’elle apporte aux malades que par la prière d’intercession avec laquelle elle les accompagne. Elle croit en la présence vivifiante du Christ, médecin des âmes et des corps. Cette présence est particulièrement agissante à travers les sacrements, et de manière toute spéciale par l’Eucharistie, pain qui donne la vie éternelle (cf. Jn 6, 54. 58) et dont S. Paul insinue le lien avec la santé corporelle (cf. 1 Co 11, 30).

La simonie (cf. Ac 8, 9-24) se définit comme l’achat ou la vente des réalités spirituelles. A Simon le magicien, qui voulait acheter le pouvoir spirituel qu’il voyait à l’œuvre dans les apôtres, Pierre répond : " Périsse ton argent, et toi avec lui, puisque tu as cru acheter le don de Dieu à prix d’argent " (Ac 8, 20). Il se conformait ainsi à la parole de Jésus : " Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement " (Mt 10, 8 ; cf. déjà Is 55, 1). Il est impossible de s’approprier les biens spirituels et de se comporter à leur égard comme un possesseur ou un maître, puisqu’ils ont leur source en Dieu. On ne peut que les recevoir gratuitement de Lui.
Pape Saint Jean-Paul II
La mission de Jésus, avec les nombreuses guérisons opérées, montre que Dieu a aussi à cœur la vie corporelle de l'homme. « Médecin du corps et de l'esprit », Jésus est envoyé par le Père pour porter la bonne nouvelle aux pauvres et panser les cœurs meurtris (cf. Lc 4, 18; Is 61, 1). Envoyant à son tour ses disciples à travers le monde, il leur confie une mission dans laquelle la guérison des malades s'accompagne de l'annonce de l'Evangile: « Chemin faisant, proclamez que le Royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons » (Mt 10, 7-8; cf. Mc 6, 13; 16, 18).
Pape Francois
Celui qui ne vit pas la gratuité fraternelle fait de son existence un commerce anxieux ; il est toujours en train de mesurer ce qu’il donne et ce qu’il reçoit en échange. Dieu, en revanche, donne gratuitement au point d’aider même ceux qui ne sont pas fidèles, et « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt 5, 45). Ce n’est pas pour rien que Jésus recommande : « Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit secrète » (Mt 6, 3-4). Nous avons reçu la vie gratuitement, nous n’avons pas payé pour l’avoir. Alors nous pouvons tous donner sans rien attendre en retour, faire du bien sans exiger autant de cette personne qu’on aide. C’est ce que Jésus disait à ses disciples : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8).