Matthieu 11, 12
Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent, le royaume des Cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer.
Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent, le royaume des Cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer.
1320. DEPUIS LES JOURS DE JEAN LE BAPTISTE JUSQU’À MAINTENANT, etc. Ici, [Jean] est louangé par rapport à la distinction entre le Nouveau et l’Ancien Testament. Et l’excellence de Jean est signalée, lui qui est le début du Nouveau Testament et la fin de l’Ancien. «J’ai donc dit : LE PLUS PETIT DANS LE ROYAUME DES CIEUX EST PLUS GRAND QUE LUI, et cela se rapporte au fait qu’il est le début du Nouveau Testament ; mais DEPUIS LES JOURS DE JEAN BAPTISTE, c’est-à-dire depuis la prédication de Jean, LE RÈGNE DES CIEUX SOUFFRE VIOLENCE.»
1321. Ceci s’interprète de trois façons. Vous savez que, dans le rapt, s’exercent une certaine violence et un certain effort. Ainsi, il faut que le pécheur, pour parvenir au royaume des cieux, s’élève vers les réalités spirituelles et fasse un grand effort. On donne [aussi] une interprétation. Vous savez que l’enlèvement existe lorsque quelque chose qui n’est pas sien est pris sans l’accord du maître. La prédication du salut a été envoyée aux Juifs, et par le Christ, partout. Lui-même dit plus loin, 15, 24 : Je n’ai pas été envoyé aux seules brebis perdues de la maison d’Israël. Et lorsqu’il leur fut envoyé, ils ne l’ont pas reçu. Cependant, ceux à qui il n’était pas envoyé l’ont enlevé à cause de leur humilité. Ainsi, plus haut, 7, 12 : Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et s’étendront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux ; mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures, etc. Et, plus loin, 21, 43 : Le royaume vous sera enlevé et sera donné à une race qui le fera fructifier. Ainsi donc, ceux-ci [l’]enlèvent par la violence. Telle est l’interprétation d’Hilaire. Il existe une troisième interprétation. Ce qui est enlevé est pris rapidement. Ainsi Job : Comme un torrent qui traverse rapidement les vallées, et cela à cause de la rapidité du mouvement. Et parce que la prédication bouleversait tellement le cœur de tous, elle ressemblait à une course rapide. C’est pourquoi il dit : SOUFFRE VIOLENCE, parce qu’ils tendent vers le royaume avec une certaine précipitation. De sorte qu’avec [Jean] a commencé l’évangile, et il est la fin de la loi.
1321. Ceci s’interprète de trois façons. Vous savez que, dans le rapt, s’exercent une certaine violence et un certain effort. Ainsi, il faut que le pécheur, pour parvenir au royaume des cieux, s’élève vers les réalités spirituelles et fasse un grand effort. On donne [aussi] une interprétation. Vous savez que l’enlèvement existe lorsque quelque chose qui n’est pas sien est pris sans l’accord du maître. La prédication du salut a été envoyée aux Juifs, et par le Christ, partout. Lui-même dit plus loin, 15, 24 : Je n’ai pas été envoyé aux seules brebis perdues de la maison d’Israël. Et lorsqu’il leur fut envoyé, ils ne l’ont pas reçu. Cependant, ceux à qui il n’était pas envoyé l’ont enlevé à cause de leur humilité. Ainsi, plus haut, 7, 12 : Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et s’étendront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux ; mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures, etc. Et, plus loin, 21, 43 : Le royaume vous sera enlevé et sera donné à une race qui le fera fructifier. Ainsi donc, ceux-ci [l’]enlèvent par la violence. Telle est l’interprétation d’Hilaire. Il existe une troisième interprétation. Ce qui est enlevé est pris rapidement. Ainsi Job : Comme un torrent qui traverse rapidement les vallées, et cela à cause de la rapidité du mouvement. Et parce que la prédication bouleversait tellement le cœur de tous, elle ressemblait à une course rapide. C’est pourquoi il dit : SOUFFRE VIOLENCE, parce qu’ils tendent vers le royaume avec une certaine précipitation. De sorte qu’avec [Jean] a commencé l’évangile, et il est la fin de la loi.
Les débats recommencent au
sujet de cette autre parole, dont le sens est également très contesté. Les premiers mots, Depuis les jours…
jusqu'à maintenant, fixent deux dates, dont l’une indique un point de départ et l’autre une limite finale. Le
point de départ est marqué par les « jours de Jean-Baptiste », c’est-à-dire par le début de son ministère public
sur les bords du Jourdain ; la limite finale, c’est « maintenant », l’heure présente, le moment où Jésus tenait
ce langage à la foule. - La principale difficulté porte sur se prend par violence, ou plutôt sur le verbe du texte
grec, dont la forme est équivoque, et qui peut se traduire par le moyen ou par le passif. Pris au sens moyen, il
indiquerait que le royaume des cieux, à l’époque désignée par Jésus-Christ, s’introduisait de lui-même avec
force, s’ouvrait violemment l’entrée des esprits et des cœurs : « Il s’est fait violence, pour ainsi dire ».
Bengel adopte cette interprétation ; mais nous préférons avec la Vulgate, plusieurs autres versions et la
plupart des commentateurs, traduire par la forme passive, qui s’accorde mieux avec la phrase suivante « et ce
sont les violents qui s'en emparent ». De la sorte, le royaume messianique nous apparaît sous la figure d’une
forteresse à laquelle on livre un assaut vigoureux. Toutefois, cette interprétation ne règle pas encore la
controverse : il reste à déterminer le motif et la durée de l’assaut donné au royaume du Christ, et là encore les
exégètes ne peuvent réussir à s’accorder entre eux. Suivant Lightfoot, le verbe signifie « est conquis, pris
d'assaut, vaincu... ». Jésus aurait ainsi désigné les violences auxquelles sa doctrine et son royaume étaient en
butte de la part de ses ennemis, les Pharisiens et les Sadducéens, qui travaillaient à détruire son œuvre. Mais
ce sentiment n’a trouvé qu’un petit nombre d’adeptes, parce qu’il n’a aucun rapport avec le contexte. Grotius
et plusieurs autres se déclarent avec raison en faveur d’une violence provenant non de l’hostilité, mais au
contraire de l’amour : « on l’assaille avec une grande quantité d’hommes » ; chacun fait des efforts
énergiques pour pénétrer dans le royaume chrétien, sentant bien que le salut n’est pas possible ailleurs. Par
cette image, Jésus-Christ se serait donc proposé de décrire les heureux effets de la prédication de
Jean-Baptiste et de sa propre activité. Les foules convaincues se précipitaient à l’envi sur leurs pas, forçant
en quelque sorte l’entrée de l’Église, tant elles étaient avides de participer aux grâces apportées par le
Messie. L’Évangile, tout en insistant sur l’incrédulité de certaines fractions du peuple juif, nous montre
cependant à chaque page des multitudes nombreuses qui se pressaient autour de Jésus et qui croyaient à sa
divine mission. Tel nous paraît être, à nous aussi, le sens littéral des mots « le royaume des cieux se prend par
violence » ; mais nous voudrions n’en pas exclure une idée importante, mentionnée par les Pères, et relative
à l’énergie morale qu’il faut savoir déployer pour opérer son salut dans le royaume messianique. Sans un
renoncement perpétuel, sans une mortification de tous les jours, comment pourrait-on surmonter les passions,
les obstacles de tout genre, les préjugés qui empêchent de mener une vie vraiment chrétienne ? Sous ce
rapport, le « maintenant » dont parlait Jésus dure encore et il durera jusqu’à la fin du monde. - Et les violents
s'en emparent. C’est une conséquence de la phrase précédente. Si le royaume des cieux ne peut être conquis
que par la force, les âmes ardentes et généreuses, de nos jours comme du vivant de Notre-Seigneur, peuvent
seules réussir à le prendre d’assaut. Sous la Loi ancienne et jusqu’à l’apparition du Précurseur, il suffisait de
croire au Christ et d’attendre la manifestation de son empire. Depuis que des voix autorisées avaient fait
retentir le cri salutaire : « Le royaume des cieux est tout proche », cette attente passive ne suffisait plus, son
résultat eût même été infailliblement la ruine spirituelle ; un rôle actif et militant était devenu nécessaire, et
tous ceux qui négligeaient de le remplir demeuraient en dehors du royaume.