Matthieu 11, 14
Et, si vous voulez bien comprendre, c’est lui, le prophète Élie qui doit venir.
Et, si vous voulez bien comprendre, c’est lui, le prophète Élie qui doit venir.
1323. Ici, [le Seigneur] présente l’excellence de Jean par rapport à la distinction entre le présent et l’avenir. En effet, Élie fut, comme Jean, un précurseur du Seigneur. Ainsi Ml 4, 5 : Voici que je vous enverrai Élie le prophète, etc. JEAN EST CET ÉLIE. Mais que dit donc le Seigneur ? Interrogé à savoir s’il était Élie, Jean dit qu’il ne l’était pas. Par cela est écartée une hérésie qui proposait la transmigration des âmes, à savoir que l’âme sortait d’un corps et entrait dans un autre corps. Ainsi, l’âme d’Élie était entrée dans Jean, comme disait [cette hérésie]. Mais cette opinion est fausse, car lui-même a nié être Élie. Mais le Christ a dit que Jean était Élie pour trois raisons. Premièrement, parce que, de même qu’on dit qu’un ange est semblable à un autre parce qu’ils sont égaux par la fonction, de même en est-il des deux précurseurs, Lc 1, 76 : Il marchera devant la face du Seigneur pour préparer ses voies, etc. [Deuxièmement], en raison du comportement, parce qu’il avait mené une vie austère, comme on trouve en 3 R [1 R] 19, 6s. [Troisièmement], en raison de la persécution, car, de même que celui-là fut persécuté par Jézabel, de même celui-ci le fut par Hérode. Ainsi, SI VOUS VOULEZ ME CROIRE, comme il faut le comprendre, IL EST CET ÉLIE.
Et
si vous voulez comprendre. Quelques auteurs appliquent à tort ces mots à S. Jean : Si vous voulez le recevoir,
croire en lui. Mais la mission de Jean-Baptiste était close. Le sens est donc : S’il vous plaisait de comprendre
ce que je vais vous dire, vous verriez que c’est lui qui est Élie. - Il est lui-même cet Élie. La dernière de
toutes les prophéties de l’Ancien Testament se terminait ainsi : « Voici, je vous enverrai Élie, le prophète,
avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères à leurs
enfants, et le cœur des enfants à leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'anathème. », Mal. 4, 5
et 6. Les Juifs avaient conclu de ces paroles que l’apparition personnelle d’Élie précéderait celle de leur
Christ ; Cf. Joan. 1, 21 ; Marc. 6, 15 ; 9, 7. Ils ne se trompaient pas complètement, puisque le prophète Élie
doit préparer le second avènement du Messie à la fin du monde ; mais Jésus leur fait connaître ici un autre
sens et une première réalisation de l’oracle de Malachie qu’ils n’avaient pas encore soupçonnés. L’ange
Gabriel, annonçant à Zacharie la naissance de Jean, avait tracé en ces termes le rôle de cet enfant de
bénédiction : « il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie »,
Luc. 1, 17 : c’est dans le même sens que Jésus-Christ affirme du Précurseur qu’il est Élie. Jean-Baptiste
n’avait-il pas été pour le premier avènement du Messie ce que le véritable Élie sera pour le second ? Cette
simple assertion du Sauveur, « il est lui-même cet Élie », était grosse de conséquences. Si Élie est venu, le
Christ n’est pas loin, et si Jean-Baptiste est Élie, Jésus est lui-même le Christ : telle était la conclusion
rigoureuse de ces trois mots. - Mais le Précurseur n’a-t-il pas affirmé catégoriquement, de son côté, qu’il
n’était pas Élie ? Joan. 1. 21. Sans doute, mais la contradiction n’existe qu’à la surface : « Jean était Elie en
esprit. Il n’était pas Elie en personne. Ce que le Seigneur affirme quant à l’esprit, Elie le nie quant à la
personne », S. Grégoire-le-Grand, Hom. 7 in Evang. - S. Jérôme établit entre Elie et Jean-Baptiste un
intéressant parallèle, auquel on pourrait ajouter plusieurs traits caractéristiques : « L’austérité de la vie et la
rigueur mentale furent semblables. L’un dans le désert, l’autre dans le désert. Ils avaient tous les deux une
ceinture semblable. L’un fut forcé de fuir parce qu’il avait taxé d’impiété le roi Achab et Jézabel ; l’autre fut
décapité parce qu’il avait dénoncé les noces illicites d’Hérode et d’Hérodiade ». - Qui doit venir. Élie est
déjà venu d’une certaine manière, et pourtant il doit venir encore. L’accomplissement de la prophétie de
Malachie n’a eu lieu qu’imparfaitement ; après Jean-Baptiste, cet Élie figuratif, apparaîtra l’Élie véritable,
dans une circonstance analogue.
La prophétie de Malachie (voir Malachie, 4, 5-6), dont l’objet littéral est l’avènement personnel d’Elie, qui doit précéder le dernier avènement, se trouve aussi vérifiée dans un premier sens moins littéral en la personne de Jean-Baptiste, qui fut suscité dans l’esprit et dans la vertu d’Elie (voir Luc, 1, 17) pour précéder le Messie, au temps de son dernier avènement. Les Juifs, qui confondaient ce double avènement du Messie, attendaient alors Elie même en personne.