Matthieu 11, 16
À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant :
À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant :
1325. MAIS À QUI, etc. Ici, [le Seigneur] s’engage dans des reproches adressés aux foules. Premièrement, il pose une question ; deuxièmement, [il propose] une comparaison ; troisièmement, il l’explique.
1326. Il procède donc de la manière suivante. «Jean a été comparé à Élie en raison de sa fonction, mais à qui comparerai-je cette génération ?» Et pourquoi dit-il cela ici ? Il dit cela comme lorsque quelqu’un qui a fait tout le bien qu’il pouvait à un autre, sans en tirer une reconnaissance, ne sait à qui le comparer. Le Seigneur avait ainsi donné tous les biens à cette génération, d’où Is 5, 4 : Qu’aurais-je dû faire de plus pour ma vigne, que je n’ai pas fait ? «À quoi donc pourrais-je comparer tant de malice ?» Il faut remarquer que «génération» désigne parfois dans les Écritures le rassemblement des bons, parfois le rassemblement des méchants, et parfois les deux. Rassemblement des bons, comme dans Ps 111[112], 2 : La génération des justes sera bénie. Congrégation des méchants, plus loin, 12, 39, où il est dit : Génération mauvaise et perverse ! Les deux, Si 1, 4 : Une génération va, une génération vient, mais la terre demeure pour toujours.
1327. ELLE RESSEMBLE À DES ENFANTS ASSIS SUR UNE PLACE, etc. Ici, [le Seigneur] propose une comparaison, et celle-ci peut être interprétée au pied de la lettre, ou selon le sens mystique. Premièrement, il propose une comparaison avec des enfants [11, 16] ; deuxièmement, il l’adapte, en cet endroit : JEAN EST VENU, NE MANGEANT NI NE BUVANT, etc. [11,18].
1328. En effet, il faut remarquer qu’il est naturel pour l’homme de rechercher les plaisirs, et il les recherche toujours ; et à moins qu’il ne soit retenu par des préoccupations, il se précipite aussitôt dans les plaisirs mauvais. Or, les enfants n’ont pas de préoccupations. Ils vaquent donc aux choses qui leur conviennent, c’est-à-dire à jouer. De même faut-il remarquer que l’homme est naturellement sociable, et cela parce que l’un a naturellement besoin de l’autre. Il prend donc plaisir au repas pris en commun. C’est pourquoi le Philosophe dit, dans Politique, I : «Tout homme qui est solitaire est soit meilleur qu’un homme, et il est un dieu ; soit pire qu’un homme, et il est une bête.»
1329. On dit donc : ASSIS SUR LA PLACE, car personne ne veut jouer seul, mais SUR LA PLACE, où se réalise le rassemblement d’un grand nombre. Il faut aussi remarquer qu’il est naturel pour l’homme de prendre plaisir à une certaine représentation. Ainsi, si nous voyons une belle sculpture, qui représente ce qu’elle doit, nous prenons plaisir. C’est pourquoi les enfants qui prennent plaisir aux jeux jouent toujours en se donnant une certaine représentation de la guerre et de choses de ce genre. Il faut aussi remarquer que tous les sentiments de l’âme aboutissent à deux passions : la joie ou la peine.
1330. QUI CRIENT, etc. Il faut voir les choses ainsi. Supposons qu’il y a des enfants d’un côté et d’autres [enfants] de l’autre, de sorte que les uns doivent chanter et les autres danser, que les uns doivent faire une chose et les autres leur répondre. Si les uns chantent et que les autres ne leur répondent pas selon la partition, [les premiers] les invectiveront. Ils disent ainsi : NOUS AVONS JOUÉ ET VOUS N’AVEZ PAS DANSÉ. De même, rien n’émeut tellement l’âme que le chant. Ainsi, Boèce raconte, dans son ouvrage sur la musique, le cas de quelqu’un qui se disputait avec un autre devant Pythagore, alors que les autres parlaient de chant. Pythagore fit alors changer de chant, et celui-là se tut, puis tous s’adonnèrent à la musique. Il faut donc remarquer que certains chants sont dus à la joie, comme on le lit en Si 40, 20 : Le vin et la musique réjouissent le cœur. C’est pourquoi on dit : NOUS AVONS JOUÉ, c’est-à-dire, nous avons chanté un chant de joie, ET VOUS N’AVEZ PAS DANSÉ. C’est aussi la coutume que, de même que certains passent à la joie, d’autre passent aux larmes, d’où Jr 9, 17 : Appelez les pleureuses, et qu’elles se lamentent sur nous, etc. C’est pourquoi on dit : NOUS NOUS SOMMES PLAINTS, c’est-à-dire, nous avons chanté un chant funèbre, ET VOUS N’AVEZ PAS GÉMI.
1331. Au sens mystique, le peuple de l’ancienne loi est signifié par les enfants, parmi lesquels certains invitaient à la joie spirituelle, comme David, Ps 32[33], 1 : Justes, exultez dans le Seigneur, et d’autres à la peine, comme Joël, 2, 13 : Convertissez-vous au Seigneur de tout votre cœur, dans le jeûne, les pleurs et les gémissements, etc. Ils peuvent donc dire : NOUS AVONS JOUÉ, c’est-à-dire, nous vous avons incités à la joie spirituelle, et vous ne nous avez pas accueillis ; NOUS NOUS SOMMES PLAINTS, c’est-à-dire, nous [vous] avons invités à la pénitence, et vous ne l’avez pas accepté.
1326. Il procède donc de la manière suivante. «Jean a été comparé à Élie en raison de sa fonction, mais à qui comparerai-je cette génération ?» Et pourquoi dit-il cela ici ? Il dit cela comme lorsque quelqu’un qui a fait tout le bien qu’il pouvait à un autre, sans en tirer une reconnaissance, ne sait à qui le comparer. Le Seigneur avait ainsi donné tous les biens à cette génération, d’où Is 5, 4 : Qu’aurais-je dû faire de plus pour ma vigne, que je n’ai pas fait ? «À quoi donc pourrais-je comparer tant de malice ?» Il faut remarquer que «génération» désigne parfois dans les Écritures le rassemblement des bons, parfois le rassemblement des méchants, et parfois les deux. Rassemblement des bons, comme dans Ps 111[112], 2 : La génération des justes sera bénie. Congrégation des méchants, plus loin, 12, 39, où il est dit : Génération mauvaise et perverse ! Les deux, Si 1, 4 : Une génération va, une génération vient, mais la terre demeure pour toujours.
1327. ELLE RESSEMBLE À DES ENFANTS ASSIS SUR UNE PLACE, etc. Ici, [le Seigneur] propose une comparaison, et celle-ci peut être interprétée au pied de la lettre, ou selon le sens mystique. Premièrement, il propose une comparaison avec des enfants [11, 16] ; deuxièmement, il l’adapte, en cet endroit : JEAN EST VENU, NE MANGEANT NI NE BUVANT, etc. [11,18].
1328. En effet, il faut remarquer qu’il est naturel pour l’homme de rechercher les plaisirs, et il les recherche toujours ; et à moins qu’il ne soit retenu par des préoccupations, il se précipite aussitôt dans les plaisirs mauvais. Or, les enfants n’ont pas de préoccupations. Ils vaquent donc aux choses qui leur conviennent, c’est-à-dire à jouer. De même faut-il remarquer que l’homme est naturellement sociable, et cela parce que l’un a naturellement besoin de l’autre. Il prend donc plaisir au repas pris en commun. C’est pourquoi le Philosophe dit, dans Politique, I : «Tout homme qui est solitaire est soit meilleur qu’un homme, et il est un dieu ; soit pire qu’un homme, et il est une bête.»
1329. On dit donc : ASSIS SUR LA PLACE, car personne ne veut jouer seul, mais SUR LA PLACE, où se réalise le rassemblement d’un grand nombre. Il faut aussi remarquer qu’il est naturel pour l’homme de prendre plaisir à une certaine représentation. Ainsi, si nous voyons une belle sculpture, qui représente ce qu’elle doit, nous prenons plaisir. C’est pourquoi les enfants qui prennent plaisir aux jeux jouent toujours en se donnant une certaine représentation de la guerre et de choses de ce genre. Il faut aussi remarquer que tous les sentiments de l’âme aboutissent à deux passions : la joie ou la peine.
1330. QUI CRIENT, etc. Il faut voir les choses ainsi. Supposons qu’il y a des enfants d’un côté et d’autres [enfants] de l’autre, de sorte que les uns doivent chanter et les autres danser, que les uns doivent faire une chose et les autres leur répondre. Si les uns chantent et que les autres ne leur répondent pas selon la partition, [les premiers] les invectiveront. Ils disent ainsi : NOUS AVONS JOUÉ ET VOUS N’AVEZ PAS DANSÉ. De même, rien n’émeut tellement l’âme que le chant. Ainsi, Boèce raconte, dans son ouvrage sur la musique, le cas de quelqu’un qui se disputait avec un autre devant Pythagore, alors que les autres parlaient de chant. Pythagore fit alors changer de chant, et celui-là se tut, puis tous s’adonnèrent à la musique. Il faut donc remarquer que certains chants sont dus à la joie, comme on le lit en Si 40, 20 : Le vin et la musique réjouissent le cœur. C’est pourquoi on dit : NOUS AVONS JOUÉ, c’est-à-dire, nous avons chanté un chant de joie, ET VOUS N’AVEZ PAS DANSÉ. C’est aussi la coutume que, de même que certains passent à la joie, d’autre passent aux larmes, d’où Jr 9, 17 : Appelez les pleureuses, et qu’elles se lamentent sur nous, etc. C’est pourquoi on dit : NOUS NOUS SOMMES PLAINTS, c’est-à-dire, nous avons chanté un chant funèbre, ET VOUS N’AVEZ PAS GÉMI.
1331. Au sens mystique, le peuple de l’ancienne loi est signifié par les enfants, parmi lesquels certains invitaient à la joie spirituelle, comme David, Ps 32[33], 1 : Justes, exultez dans le Seigneur, et d’autres à la peine, comme Joël, 2, 13 : Convertissez-vous au Seigneur de tout votre cœur, dans le jeûne, les pleurs et les gémissements, etc. Ils peuvent donc dire : NOUS AVONS JOUÉ, c’est-à-dire, nous vous avons incités à la joie spirituelle, et vous ne nous avez pas accueillis ; NOUS NOUS SOMMES PLAINTS, c’est-à-dire, nous [vous] avons invités à la pénitence, et vous ne l’avez pas accepté.