Matthieu 11, 20
Alors Jésus se mit à faire des reproches aux villes où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne s’étaient pas converties :
Alors Jésus se mit à faire des reproches aux villes où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne s’étaient pas converties :
1337. Plus haut, [le Seigneur] a donné satisfaction aux disciples de Jean ; maintenant, il invective ceux qui ne croient pas. Et [Matthieu] fait deux choses : premièrement, le comportement du Seigneur est décrit [11, 20] ; deuxièmement, ses paroles, en cet endroit : MALHEUR À TOI, CHORAZEÏN, etc. [11, 21].
1338. [Matthieu] dit donc en premier lieu : IL SE MIT ALORS À INVECTIVER LES VILLES, etc. L’invective porte sur les bienfaits et les dons. En effet, le Seigneur avait accordé un grand bienfait, car il les avait illuminés de sa présence ; ils étaient donc ingrats, et donc dignes d’invectives. Ainsi Mi 6, 3 : Ô mon peuple, que t’ai-je fait, en quoi t’ai-je molesté ? Comme s’il disait : «En rien.» Et il ne les a pas invectivés parce qu’ils avaient commis des péchés, mais parce qu’ils ne faisaient pas pénitence. Ce que dit Job, 24, 3, leur convenait donc : Il lui a donné l’occasion de se repentir, et il s’est retourné contre lui. Et Rm 2, 4 : Ignores-tu que la patience de Dieu te conduit à la pénitence ?
1339. Mais ici se pose une question à propos du texte, car Luc présente cela dans un autre ordre. En effet, il le présente lors de la mission des disciples, et [Matthieu] ici. Augustin répond qu’il semble que Luc respecte davantage l’ordre de l’histoire, mais [Matthieu], la séquence du souvenir. Mais on objecte alors qu’il est dit ici : ALORS. Il semble donc que c’est plutôt la séquence de l’histoire qui est ici nouée. Augustin répond que ALORS exprime un temps indéfini. Ou bien on peut dire autrement que [le Seigneur] a dit ces paroles à deux reprises, et ainsi il pouvait s’agir d’ALORS selon [Matthieu] et d’ALORS selon Luc.
1338. [Matthieu] dit donc en premier lieu : IL SE MIT ALORS À INVECTIVER LES VILLES, etc. L’invective porte sur les bienfaits et les dons. En effet, le Seigneur avait accordé un grand bienfait, car il les avait illuminés de sa présence ; ils étaient donc ingrats, et donc dignes d’invectives. Ainsi Mi 6, 3 : Ô mon peuple, que t’ai-je fait, en quoi t’ai-je molesté ? Comme s’il disait : «En rien.» Et il ne les a pas invectivés parce qu’ils avaient commis des péchés, mais parce qu’ils ne faisaient pas pénitence. Ce que dit Job, 24, 3, leur convenait donc : Il lui a donné l’occasion de se repentir, et il s’est retourné contre lui. Et Rm 2, 4 : Ignores-tu que la patience de Dieu te conduit à la pénitence ?
1339. Mais ici se pose une question à propos du texte, car Luc présente cela dans un autre ordre. En effet, il le présente lors de la mission des disciples, et [Matthieu] ici. Augustin répond qu’il semble que Luc respecte davantage l’ordre de l’histoire, mais [Matthieu], la séquence du souvenir. Mais on objecte alors qu’il est dit ici : ALORS. Il semble donc que c’est plutôt la séquence de l’histoire qui est ici nouée. Augustin répond que ALORS exprime un temps indéfini. Ou bien on peut dire autrement que [le Seigneur] a dit ces paroles à deux reprises, et ainsi il pouvait s’agir d’ALORS selon [Matthieu] et d’ALORS selon Luc.
Il n’est pas sûr que
Jésus-Christ ait prononcé cette seconde partie du discours immédiatement après la première. S. Luc la
rattache à l’envoi et au retour des soixante-douze disciples, c’est-à-dire à deux événements qui auront lieu
beaucoup plus tard, et telle serait, d’après plusieurs commentateurs, sa vraie place primitive ; d’autant mieux
que les mots « dans lesquelles avaient été opérés beaucoup de ses miracles » paraissent supposer que le
ministère du Sauveur touchait à sa fin, quand il formula les terribles malédictions qu’ils inaugurent. Dans ce
cas, S. Matthieu aurait suivi, comme en d’autres endroits, l’ordre des choses plutôt que celui des faits.
D’autres exégètes, s’appuyant sur la similitude de ton qui règne entre les deux parties du discours, et sur
l’arrangement très naturel des pensées, soutiennent que le premier Évangéliste ne s’est pas plus écarté ici de
la réalité des faits que lorsqu’il relatait le Discours sur la Montagne, ou les instructions pastorales de
Jésus-Christ à ses Apôtres. On peut supposer en effet que Jésus répéta les mêmes paroles en deux
circonstances différentes. Néanmoins une solution certaine est impossible, faute de données suffisantes.
Nous croyons, nous aussi, que le discours actuel put fort bien être prononcé dans son intégrité à l’occasion de
l’ambassade du Précurseur, les divers points auxquels il touche cadrant parfaitement ensemble. Voir sur cette
question S. Augustin , de Consens. Evang. 2, 32. Quoi qu’il en soit, des reproches généraux que nous venons
d’entendre et qui étaient motivés par l’incrédulité générale, Jésus-Christ passe à des reproches particuliers,
qu’il appuie sur l’incrédulité de quelques villes privilégiées où il avait plus que partout ailleurs déployé son
activité, accompli ses miracles, montré sa divine personne depuis le commencement de sa vie publique. -
Alors représente une époque plus ou moins tardive, selon l’opinion qu’on s’est faite relativement à la date de
cette seconde moitié du discours. - L’expression il se mit ne désigne pas nécessairement une occasion
nouvelle ou un début proprement dit ; elle peut très bien aussi ne marquer qu’une transition à une autre série
d’idées, après un léger moment d’arrêt. - Aux villes dans lesquelles... Jésus-Christ, dans ce passage tout
entier, attribue à ses miracles une grande importance au point de vue de la foi en sa divine mission, et une
force probante à laquelle personne ne devrait résister. Rien ne démontre mieux, en effet, son caractère
messianique et sa divinité. - Beaucoup de ses miracles. Les villes qu’il va citer étaient d’autant moins
excusables qu’elles n’avaient pas seulement été témoins de quelques prodiges, mais d’un grand nombre de
miracles.