Matthieu 11, 23
Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, cette ville serait encore là aujourd’hui.
Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, cette ville serait encore là aujourd’hui.
1348. ET TOI, CAPHARNAÜM, CROIS-TU QUE TU SERAS ÉLEVÉE JUSQU’AU CIEL ? Dans cette partie, [le Seigneur] invective une ville plus importante. D’abord, il invective l’orgueil, car les grands s’enorgueillissent davantage ; en second lieu, il invective leur impénitence, en cet endroit : CAR SI LES PRODIGES AVAIENT ÉTÉ FAITS À SODOME, etc. [11, 23].
1349. À propos du premier point, il invective d’abord l’orgueil [11, 33] ; en second lieu, il menace d’un châtiment [11, 24].
1350. [Le Seigneur] dit donc : ET TOI CAPHARNAÜM, etc. Et il y a ici un double texte. L’un sous une forme interrogative : ET TOI, CAPHARNAÜM, CROIS-TU QUE TU ES ÉLEVÉE JUSQU’AU CIEL ? Car elle a été élevée par le Seigneur, par la présence du Seigneur et par de nombreux mérites. Lc 4, 23 : Ce que nous avons entendu dire que tu as accompli à Capharnaüm, accomplis-le dans ta patrie. De même, «tu t’es toi-même élevée ; seras-tu élevée par l’orgueil ou par mon enseignement ?». Bien que tu aies été élevée, tu descendras cependant aux enfers [Ez 31, 14]. Jb 20, 28 : Il est renversé au jour de la colère du Seigneur ; tel est le sort réservé par Dieu à l’impie. De sorte que «toi, qui sembles toucher le ciel, tu seras jetée en enfer». Le châtiment qui convient à l’orgueilleux est donc le rejet. Is 14, 14, contre celui qui disait : Je monterai jusqu’aux astres du ciel, poursuit : Tu seras jeté en enfer.
1351. Ensuite, [le Seigneur] dénonce l’impénitence. Premièrement, il fait une comparaison portant sur la faute ; deuxièmement, sur le châtiment.
1352. Il dit donc : CAR SI LES PRODIGES AVAIENT ÉTÉ FAITS À SODOME, etc. Et pourquoi dit-il cela ? Pour indiquer le libre arbitre, car l’homme a devant lui la vie et la mort. Personne n’a averti [les gens de Sodome], car, bien que Lot se soit trouvé parmi eux, il ne fit cependant pas de miracles. Mais ceux-ci ont vu le Seigneur enseigner. C’EST POURQUOI, etc. Capharnaüm veut dire «ville très douce», et par elle est signifiée Jérusalem.
1349. À propos du premier point, il invective d’abord l’orgueil [11, 33] ; en second lieu, il menace d’un châtiment [11, 24].
1350. [Le Seigneur] dit donc : ET TOI CAPHARNAÜM, etc. Et il y a ici un double texte. L’un sous une forme interrogative : ET TOI, CAPHARNAÜM, CROIS-TU QUE TU ES ÉLEVÉE JUSQU’AU CIEL ? Car elle a été élevée par le Seigneur, par la présence du Seigneur et par de nombreux mérites. Lc 4, 23 : Ce que nous avons entendu dire que tu as accompli à Capharnaüm, accomplis-le dans ta patrie. De même, «tu t’es toi-même élevée ; seras-tu élevée par l’orgueil ou par mon enseignement ?». Bien que tu aies été élevée, tu descendras cependant aux enfers [Ez 31, 14]. Jb 20, 28 : Il est renversé au jour de la colère du Seigneur ; tel est le sort réservé par Dieu à l’impie. De sorte que «toi, qui sembles toucher le ciel, tu seras jetée en enfer». Le châtiment qui convient à l’orgueilleux est donc le rejet. Is 14, 14, contre celui qui disait : Je monterai jusqu’aux astres du ciel, poursuit : Tu seras jeté en enfer.
1351. Ensuite, [le Seigneur] dénonce l’impénitence. Premièrement, il fait une comparaison portant sur la faute ; deuxièmement, sur le châtiment.
1352. Il dit donc : CAR SI LES PRODIGES AVAIENT ÉTÉ FAITS À SODOME, etc. Et pourquoi dit-il cela ? Pour indiquer le libre arbitre, car l’homme a devant lui la vie et la mort. Personne n’a averti [les gens de Sodome], car, bien que Lot se soit trouvé parmi eux, il ne fit cependant pas de miracles. Mais ceux-ci ont vu le Seigneur enseigner. C’EST POURQUOI, etc. Capharnaüm veut dire «ville très douce», et par elle est signifiée Jérusalem.
Et toi, Capharnaüm. « Cette apostrophe à Capharnaüm a une
grande portée. C’est comme si quelqu’un qui exhorte un groupe d’hommes perdus, faisait, après le départ de
tous les autres, porter tout le poids de l’impiété sur quelqu’un en particulier », Fr. Luc, comm. in h. l.
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Capharnaüm que Jésus avait tout spécialement favorisée en y fixant sa résidence, Cf. 4, 13, était par
excellence la ville ingrate et criminelle des bords du lac de Gennésareth. - T'élèveras-tu ? L’interrogation
n’existe pas dans le « textus receptus ». S. Jérôme connaissait déjà cette variante. « Nous avons trouvé,
écrit-il, dans un autre exemplaire : toi qui es exaltée jusqu’au ciel ». S’il lui préféra la leçon de l’ancienne
Itala, c’est qu’il la crut plus autorisée, et en effet des manuscrits importants et nombreux disent comme la
Vulgate ; cette interrogation donne un tour beaucoup plus vif à la pensée. - Jusqu'au ciel. « C’est une
expression proverbiale tant chez les Grecs que chez les Latins, que d’être emporté jusqu’aux astres, ou de
frapper les étoiles avec sa tête, quand les affaires sont florissantes ou qu’on est d’une haute naissance »,
Grotius. D’où provenait l’illustration de Capharnaüm ? Le reproche même de Jésus-Christ l’indique. C’était
d’avoir reçu dans ses murs, non comme un étranger, mais comme un habitant qui y avait établi son domicile
régulier, le Messie en personne : à ce point de vue cette ville était l’endroit du monde le plus favorisé du ciel.
Elle était encore célèbre, il est vrai, par son commerce et ses richesses ; mais la distinction que nous venons
de signaler l’emportait trop sur toute autre gloire, pour que Jésus fit allusion en une si grave circonstance à
des avantages purement matériels. Stier prend le verbe « éléveras » dans le sens propre, comme si
Jésus-Christ eut voulu parler de la situation élevée de Capharnaüm : mais, bâtie tout à fait au bord du lac, elle
n’atteignait pas une altitude assez considérable pour qu’on pût tenir d’elle un tel langage, même en s’aidant
d’une hyperbole. - Tu descendras jusqu'à l'enfer. Quel contraste et quelle mordante ironie ! On croirait
reconnaître dans ces mots quelque réminiscence de l’admirable prophétie d’Isaïe relative à la ruine de
Babylone ; « Toi qui te disais : “J’escaladerai les cieux ; plus haut que les étoiles de Dieu j’élèverai mon
trône... j’escaladerai les hauteurs des nuages, je serai semblable au Très-Haut !” Mais te voilà jeté aux enfers,
au plus profond de l’abîme », Is. 14, 13-15. Ce n’est pas l’enfer proprement dit, la Géhenne, qui est désigné
par l’expression « enfer », mais le Scheôl des Hébreux, l’Hadès des grecs, c’est-à-dire le séjour des morts en
général, que l’imagination populaire plaçait sous terre dans des régions ténébreuses et remplies de tristesse.
Ici la locution est employée au figuré pour présager le malheur et la ruine. - Qu’est devenue la ville joyeuse
et florissante à laquelle le divin Maître adressait ce langage ? « Ils ont péri de ruine », pourrait-on dire en
toute vérité. Ses traces mêmes ont disparu, comme celles de Corozaïn et Bethsaïda, et l’on en est réduit à des
conjectures, toutes les fois que l’on veut déterminer avec précision son ancien emplacement. Ce ne sont
pourtant pas les efforts des savants qui ont manqué. Peu de contrées de la Palestine ont été autant étudiées, de
nos jours surtout, que la rive N.-O. du lac de Tibériade, site présumé de nos trois villes maudites. Les
voyageurs et les géographes ont pour ainsi dire interrogé chaque pierre, chaque fontaine, en vue de
reconstituer le séjour de Jésus ; mais en vain. Ils n’ont réussi qu’à se contredire mutuellement sur les points
essentiels qu’ils étaient si désireux d’établir. Voici en quelques mots l’état de la question. Quand on longe le
rivage occidental du lac en remontant du Sud au Nord, après avoir parcouru dans toute sa longueur la belle et
riche pleine de Gennésareth, on arrive auprès d’un caravansérail à demi ruiné, construit avec des pierres
basaltiques : c’est le Khan Minyeh. Il y a là, outre une belle fontaine nommée Ain-et-Tin, « source du
figuier », en l’honneur de l’antique figuier qui l’ombrage, plusieurs monticules arrondis qui renferment
certainement des ruines. Si nous continuons notre excursion du côté du Nord, nous ne tardons pas à atteindre
le village de Tabigah qu’arrosent des sources considérables : là encore on aperçoit quelques ruines. Enfin en
côtoyant toujours le lac dans la même direction, on arrive à Tell-Hûm où se trouvent de nouvelles ruines,
mais en quantité beaucoup plus considérable. Ce sont des vestiges manifestes d’une vraie splendeur déchue.
La ville de Capharnaüm n’aurait-elle pas occupé autrefois cet emplacement ? Des hommes sérieux le croient
pour les motifs suivants : 1° Hûm semble être une abréviation de l’ancien nom Nahum ; on ne peut du moins
expliquer ce mot d’une autre manière, car ce n’est pas une expression arabe. Il existe d’ailleurs des exemples
d’abréviations semblables, v. g. Chunia pour Nechunia. Tell, nom arabe qui signifie colline, et
particulièrement colline de ruines, aura remplacé Caphar, la première partie de l’ancien nom. 2° L’historien
Josèphe raconte que, durant une bataille qu’il livra aux Romains près de Julias, au Nord du lac et à l’Est du
Jourdain, étant tombé de cheval, il fut grièvement blessé et qu’alors on le transporta à Kepharnomé, c’est-à-
dire Capharnaüm, de l’autre côté du fleuve ; or, ce récit s’accorde très bien avec la situation de Tell-Hûm qui
était, à l’Ouest du Jourdain, la première ville où Josèphe put trouver des médecins et se faire soigner
convenablement. Est-il croyable qu’il fût allé jusqu’à Khan Minyeh, si Capharnaüm eût été en cet endroit,
comme le prétendent divers géographes ? 3° Sur le rivage occidental du lac, entre Tibériade et l’embouchure
du Jourdain, les ruines de Tell-Hûm sont de beaucoup les plus considérables et semblent seules convenir à
une ville de l’importance de Capharnaüm ; celles qu’on a découvertes ailleurs attestent tout au plus
l’existence de petites bourgades, telles que Corozaïn et Bethsaïda. 4° Arculf, évêque du 7è siècle, fait une
description de Capharnaüm, qu’il apercevait du haut d’une montagne voisine : « N’ayant pas de mur, occupant un petit espace resserré entre la montagne et le lac, elle s’étend longuement sur la berge maritime.
Elle jouit d’une montagne du côté nord et d’un lac au sud. Elle est située de l’ouest à l’est ». Ce tableau qui
s’accorde parfaitement avec l’état actuel et la position de Tell-Hûm : il est entièrement faux si on l’applique à
Khan Minyeh ou à toute autre localité. 5° Enfin, d’après une tradition très ancienne et qui a de nombreuses
garanties d’authenticité, toute la rive occidentale du lac de Gennésareth appartenait autrefois à la tribu de
Nephtali ; or, suivant S. Matthieu, 4, 13, Capharnaüm était située sur les limites de Nephtali et de Zabulon :
elle se trouvait donc nécessairement vers l’extrémité septentrionale du lac, à l’endroit où se rejoignaient les
territoires des deux tribus. - Telles sont les raisons principales qui militent en faveur de Tell -Hüm. On en
trouvera du reste un exposé plus détaillé dans les ouvrages de Raumer, Wilson, Ritter, Thomson, etc., sur la
géographie et la topographie des Saints Lieux. La thèse favorable à Khan Minyeh est développée
longuement par le Dr Robinson, son champion le plus distingué ; Cf. Palæstina und die südlich angrenzenden
Lænder, 3, 542 et ss. Quoi qu’il en soit de cette intéressante discussion, qui menace de ne jamais finir, voilà
bien Capharnaüm descendue jusqu’au séjour des morts, selon la parole du Sauveur ! - Le motif du châtiment
est ensuite indiqué, comme pour Corozaïn et Bethsaïde : car si les miracles etc. L’histoire des hérésies nous
apprend l’abus que les Prédestinatiens faisaient de cette réflexion. Elle prouve, disaient-ils, que Dieu ne
donne pas à tous les hommes, mais aux seuls prédestinés, les grâces nécessaires au salut ; autrement,
puisqu’il prévoyait que Sodome, Tyr et Sidon se seraient converties à la vue de grands prodiges, il eût
certainement pris des mesures pour leur accorder cette faveur. Les Prédestinatiens oubliaient, dans leur
raisonnement passionné, que les miracles ne font point partie de « la grâce nécessaire », dûe par Dieu à tous
les hommes, mais qu’ils forment ce qu’on appelle une grâce surabondante, grâce que le Seigneur est libre
d’octroyer à qui bon lui semble et sans laquelle on peut arriver au salut. Or, il n’est question ici que de cette
grâce surabondante. Les habitants de Tyr, de Sidon et de Sodome jouissaient de la grâce nécessaire, à l’aide
de laquelle ils pouvaient sans peine obéir aux préceptes de la loi naturelle et se sauver par ce moyen. - Elle
subsisterait peut être ; cette traduction est inexacte, car la particule du texte grec est très affirmative et
n’exprime pas le plus léger doute.