Matthieu 11, 26
Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.
Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.
Les secrets et la vertu des paroles célestes demeurent cachés pour les sages, c'est-à-dire pour ceux qui sont pleins d'une folle présomption, et dont la sagesse n'est pas le fruit de la prudence ; et ces mêmes secrets sont révélés aux petits, c'est-à-dire à ceux qui sont petits en malice, et non en intelligence.
Il confirme l'équité de cette conduite par le jugement de la volonté de son Père ; suivant ce jugement, ceux qui refusent d'être petits devant Dieu deviennent insensés dans leur propre sagesse ; c'est pour cela qu'il ajoute : " Oui, je vous bénis, ô mon Père, parce qu'il vous a plu ainsi. "
Que ces mystères aient été révélés aux uns, c'est un légitime sujet de joie, mais qu'ils restent cachés pour les autres, c'est un trop juste sujet de larmes. Aussi la joie du Sauveur vient-elle exclusivement de ce que les petits ont connu ce que les sages ont ignoré.
Ou bien encore, en nommant ici des sages, il n'a point voulu parler de la véritable sagesse, mais de celle que les scribes et les pharisiens ne tenaient que de leur éloquence ; c'est pour cela qu'il ne dit pas : " Vous les avez révélés aux insensés, " mais : " aux petits, " c'est-à-dire aux gens sans instruction et sans éducation. C'est ainsi qu'il nous apprend à fuir en tout l'orgueil, et à rechercher la pratique de l'humilité.
Ces paroles de Jésus-Christ à ses Apôtres leur inspirèrent une plus grande vigilance ; le pouvoir qu'ils avaient reçu de chasser les démons était de nature à leur donner une haute idée d'eux-mêmes, il réprime donc cette idée en leur apprenant que les faveurs qui leur ont été accordées ne sont pas le fruit de leurs efforts, mais l'effet d'une révélation divine. Aussi les scribes et les pharisiens, infatués de leur sagesse et de leur prudence, sont-ils tombés victimes de leur orgueil. Si donc ils ont mérité pour cela que les mystères de Dieu demeurent cachés pour eux, craignez vous aussi, et appliquez-vous à rester petits, car c'est ce qui vous a donné droit à la révélation de ces mystères. Ces paroles : " Vous avez caché ces choses aux sages, " doivent être entendues dans le sens de ces autres de saint Paul : " Dieu les a livrés au sens réprouvé. " L'intention de l'Apôtre n'est pas d'attribuer à Dieu immédiatement cet effet, mais à ceux qui en ont posé la cause. C'est dans le même sens qu'il faut entendre ces paroles du Sauveur " Vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents. " Et pourquoi ces vérités sont-elles demeurées cachées pour eux ? Écoutez saint Paul qui vous répond : " Parce que, s'efforçant d'établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. "
Que ceux qui osent calomnier le Sauveur en niant sa naissance éternelle et en soutenant qu'il a été créé dans le temps, entendent et méditent ces paroles. Ils appuient leur opinion sur ce qu'il appelle ici son Père le Seigneur du ciel et de la terre. Mais s'il n'est qu'une simple créature, et qu'une créature puisse donner le nom de Père à son Créateur, il a fait une chose déraisonnable en ne l'appelant pas son Maître ou son Père comme il l'appelle le Maître et le Père du ciel et de la terre. Or il rend grâces à Dieu de ce qu'il révèle le mystère de son avènement aux Apôtres, mystère qu'il a laissé ignorer aux scribes et aux pharisiens qui étaient sages et prudents à leurs propres yeux. C'est le sens de ces paroles : " De ce que vous avez caché aux sages, " etc.
Notre-Seigneur tient encore ce langage affectueux à son Père, pour l'engager à consommer l'oeuvre qu'il a commencée dans ses Apôtres.
Puisque Jésus-Christ dit : " Je vous confesse, " lui si éloigné de tout péché, la confession n'est donc pas toujours l'aveu des péchés, mais quelquefois aussi l'expression de la louange. Nous confessons donc soit en louant Dieu, soit en nous accusant nous-mêmes ; et ces mots : Je vous confesse, signifient non pas : je m'accuse, mais : je vous loue, je vous rends gloire.
Sous le nom de ces sages et de ces prudents on peut entendre les orgueilleux, comme Notre-Seigneur l'explique lui-même, en ajoutant : " Et que vous les avez révélés aux petits. " En effet, que veut dire " aux petits, " si ce n'est aux humbles ?
Il n'ajoute pas : vous les avez révélés aux insensés, mais aux petits, pour nous montrer qu'il ne condamne pas la pénétration, mais seulement l'enflure de l'esprit.
Ces paroles renferment pour nous une leçon d'humilité, et nous apprennent à ne pas discuter témérairement les jugements de Dieu sur la vocation des uns, et sur la réprobation des autres, en nous montrant qu'il ne peut y avoir d'injustice dans ce qui a plu à celui qui est souverainement juste.
La Glose
Le Seigneur savait qu'un grand nombre douteraient de la vérité qu'il venait de leur révéler, c'est-à-dire que les Juifs ont rejeté le Christ, tandis que les Gentils l'ont retenu avec empressement ; il répond donc à ces doutes intérieurs : " Et Jésus, répondant, dit ces paroles : Je vous rends gloire, mon Père, " etc. C'est-à-dire vous qui faites les cieux, et qui laissez dans l'attachement aux choses de la terre ceux que vous voulez.
1359. Mais pourquoi rend-il grâce pour le fait que [le Père] a caché ? Je dis qu’il ne fait pas cela parce qu’il se réjouit de leur aveuglement, mais du jugement de Dieu qui en dispose ainsi sagement. Et pourquoi ? Ici, il ne fait pas chercher de cause. En effet, dans de telles choses, la volonté de Dieu sert de cause : CAR, PÈRE, TEL A ÉTÉ TON BON PLAISIR. L’artisan peut bien donner la raison pour laquelle il a placé certaines pierres à la base et d’autres plus haut ; mais qu’il ait posé telle [pierre] ici et telle autre là n’a pas d’autre cause que sa volonté. Ainsi, que le Seigneur en sauve certains, c’est l’effet de sa miséricorde ; qu’il en condamne d’autres, c’est l’effet de sa justice. Mais pourquoi agit-il avec miséricorde à l’égard de celui-ci plutôt que de celui-là ? Cela relève seulement de sa volonté. Ainsi, en Rm 9, 18 : Il fait miséricorde à qui Il veut, et il endurcit qui Il veut. Il agit donc ainsi selon son bon plaisir. Ps 118[119], 108 : Que ton bon plaisir, Seigneur, etc.
Sublime
écho des louanges du Sauveur en l’honneur de son Père. Oui, mon Père, je vous loue. On dirait qu’après
avoir prononcé les paroles du v. 25, Jésus-Christ s’arrêta un instant pour les savourer et pour en admirer la
divine justesse. - Ainsi. De la manière dont il vient d’être dit, et pas autrement.