Matthieu 11, 27

Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.

Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
Saint Hilaire de Poitiers
Il nous enseigne que l'identité de nature, dans l'un et dans l'autre, est renfermée dans cette mutuelle connaissance de l'un et de l'autre, de manière que celui qui connaît le Fils connaîtra le Père dans le Fils ; car toutes choses lui ont été données par le Père.

Ou bien encore, il s'exprime de la sorte, pour prévenir toute pensée qu'il soit en rien inférieur à son Père.

Ensuite, dans cette mutuelle connaissance du Père et du Fils, il nous donne à comprendre qu'il n'y a pas autre chose dans le Fils que dans le Père qui soit resté inconnu. " Et personne ne connaît le Fils si ce n'est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils. "
Saint Jean Chrysostome
Ce que le Sauveur vient de dire : " Je vous rends gloire, mon Père, de ce que vous avez caché ces choses aux sages, " pouvait laisser penser qu'il rendait grâces à son Père, comme s'il était lui-même privé de cette puissance ; il ajoute donc pour prévenir cette idée : " Mon Père m'a mis toutes choses entre les mains. " Que ces paroles : " Toutes choses m'ont été données par mon Père, " ne vous fassent soupçonner rien de naturel et d'humain ; Notre-Seigneur ne s'en est servi que pour détruire la pensée qu'il existe deux dieux non engendrés ; car c'est en même temps qu'il a été engendré qu'il est devenu le Maître de toutes choses.

En disant que seul il connaît le Père, il nous démontre indirectement qu'il lui est consubstantiel, comme s'il disait : " Qu'y a-t-il d'étonnant que je sois le Maître de toutes choses, alors que j'ai en moi quelque chose de plus grand encore, c'est-à-dire que je connais mon Père, et que j'ai avec lui une seule et même substance ?

Ces paroles : " Personne ne connaît le Père si ce n'est le Fils, " signifient non pas que tous ignorent le Père absolument, mais que personne ne le connaît de la même manière qu'il le connaît lui-même, ce que l'on doit dire du Fils également ; car il n'est pas question ici d'un Dieu inconnu, comme le prétend Marcion.

Si donc il fait connaître le Père, il se fait connaître en même temps lui-même, mais il passe sous silence comme assez claire cette dernière vérité, et il s'attache à la première sur laquelle il pouvait y avoir des doutes. Il nous enseigne en même temps qu'il est tellement d'accord avec son Père, qu'il n'est pas possible d'arriver au Père si ce n'est par le Fils ; car ce qui scandalisait surtout les Juifs, c'est qu'il leur paraissait en opposition avec Dieu, et il s'applique de toute manière à détruire cette erreur. 
Saint Jérôme
Si nous entendions ces paroles d'après nos faibles idées, il faudrait admettre que celui qui donne cesse d'avoir au moment où celui qui reçoit commence à posséder. Ou bien par les choses qui lui sont remises entre les mains, il faut entendre non pas le ciel, la terre, les éléments, et toutes les autres choses qu'il a faites et créées, mais ceux qui, par le Fils ont accès auprès du Père.

Que l'hérétique Eunomius rougisse donc de son orgueilleuse prétention, qu'il a lui-même du Père et du Fils une connaissance aussi étendue que le Père et le Fils l'ont eux-mêmes l'un de l'autre ; qu'il cherche à soutenir et à consoler sa folle prétention, en s'appuyant sur les paroles suivantes : " Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler, " toujours est-il vrai qu'autre chose est de connaître par égalité de nature, autre chose de ne connaître que par la grâce d'une révélation.
Saint Augustin
S'il était en quelque chose moins puissant que son Père, il n'aurait pas à lui tout ce qu'à son Père ; mais le Père, en engendrant son Fils, lui a donné la puissance, comme aussi par le même acte il a donné tout ce qui fait partie de sa substance à celui qu'il a engendré de sa propre substance.

Enfin, comme la nature divine est inséparable, il suffit quelquefois de nommer le Père seul, ou le Fils seul, sans qu'on sépare pour cela l'Esprit de l'un et de l'autre, Esprit qu'on appelle proprement Esprit de vérité (Jn 14, 17 ; 15, 26 ; 16, 13).

Or, le Père se révèle par son Fils, c'est-à-dire par son Verbe ; car si ce verbe que nous proférons, tout passager et transitoire qu'il est, se révèle lui-même et révèle notre propre pensée, à combien plus forte raison le Verbe de Dieu par qui toutes choses ont été faites ! Il fait donc connaître le Père tel qu'il est, parce qu'il est lui-même ce qu'est le Père.

En prononçant ces paroles : " Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père, " il n'a pas dit : Et celui à qui le Père aura voulu le révéler ; mais après avoir dit : " Personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, " il ajoute : " Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler ; " paroles qu'il ne faut pas entendre dans le sens que le Fils ne puisse être connu autrement que par le Père. Quant au Père, il peut être connu non-seulement par le Fils, mais encore par ceux à qui le Fils l'aura révélé. S'il a choisi de préférence cette manière de s'exprimer, c'est pour nous faire comprendre que le Père et le Fils nous sont connus par la révélation du Fils, parce qu'il est lui-même la lumière de notre intelligence. Les paroles suivantes : Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler, doivent s'entendre non-seulement du Père, mais encore du Fils ; car elles se rapportent à tout ce qui précède. C'est par son Verbe, en effet, que le Père se fait connaître ; mais le Verbe ne révèle pas seulement ce qu'il est chargé de faire connaître, il se révèle encore lui-même.
Saint Thomas d'Aquin
1360. TOUT M’A ÉTÉ REMIS PAR MON PÈRE. Il avait rendu grâce au Père d’avoir révélé [ses secrets] aux petits. On pourrait croire qu’il ne pouvait lui-même [les révéler]. Écartant cela, [le Seigneur] aborde donc la grandeur de sa puissance [11, 27] ; en second lieu, il invite à lui, comme s’il disait : «Je suis puissant. VENEZ donc À MOI, etc.» [11, 28].

1361. À propos du premier point, il fait deux choses : premièrement, il présente l’égalité du Fils et du Père [11, 27] ; deuxièmement, il l’applique de manière spirituelle à ce dont il était question, en cet endroit : ET NUL NE CONNAÎT LE FILS SI CE N’EST LE PÈRE [11, 27]. Portez attention à l’égalité, mais néanmoins au fait qu’il tire son origine du Père, ce qui s’oppose à Sabellius. Mais pourquoi dit-il : TOUT ? On peut l’interpréter de trois façons. TOUT, c’est-à-dire par-delà toute créature. Plus loin, 28, 18 : Tout pouvoir m’a été remis au ciel et sur la terre. Ou bien TOUT, c’est-à-dire les élus et les prédestinés, qui ont été remis de manière spéciale, Jn 17, 6 : Ils étaient à toi et tu me les as donnés. Aussi TOUT, c’est-à-dire ce qui est intrinsèque [au Père], à savoir toute la perfection de la divinité, Jn 5, 26 : Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. Et nous ne devons pas le comprendre de manière charnelle, car si [le Père] l’a donnée, Il l’a cependant gardée pour Lui-même. Et cette interprétation est celle d’Augustin et d’Hilaire. Mais on pourrait dire : comment [le Père] a-t-il donné ? [Le Seigneur] ajoute donc la manière lorsqu’il dit : PAR MON PÈRE. Il a donc reçu cela par génération.

1362. ET PERSONNE NE CONNAÎT LE FILS SI CE N’EST LE PÈRE. Maintenant, il adapte [cela] d’une manière particulière à ce qui a déjà été dit, et non seulement par rapport à l’égalité avec le Père, mais aussi par rapport à la consubstantialité. En effet, la substance du Père dépasse toute intelligence, puisque l’essence même du Père est inconnaissable, comme [c’est le cas pour] la substance du Fils. Ainsi, l’égalité est ici indiquée et Arius est confondu, qui dit que le Père est invisible, mais le Fils visible.

1363. ET PERSONNE NE CONNAÎT LE FILS SI CE N’EST LE PÈRE. Mais qu’est-ce que cela ? Est-ce que les saints ne l’ont pas connu ? Il faut dire qu’ils l’ont atteint par la foi, mais ne le connaissent pas en le comprenant. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que l’Esprit Saint ne [le] connaît pas ? Assurément. Mais il faut remarquer que des expressions exclusives sont parfois ajoutées aux noms divins désignant l’essence [divine] et parfois aux noms désignant les personnes [divines]. Lorsqu’elles sont ajoutées aux noms personnels, elles n’excluent pas ce qui est identique par la nature. Ainsi, ce qui est ajouté au Père n’exclut pas le Fils. Donc, lorsqu’on dit : Au roi immortel, invisible, à Dieu seul honneur et gloire ! 1 Tm 1, 17, un autre à l’intérieur de cette nature n’est pas exclu. De la même manière, lorsqu’il dit ici : SI CE N’EST LE FILS, le Saint-Esprit n’est pas exclu, qui est identique par la nature. Mais lorsqu’il dit : PERSONNE NE CONNAÎT, etc., on comprend : «Aucun homme, si ce n’est le Fils.» Et ainsi en est-il du Fils qui connaît le Père. Mais cela s’oppose à Origène. En effet, [le Fils] connaît par mode de compréhension. Ainsi donc, parce qu’il connaît parfaitement et qu’il est parfaitement connaissable, il a le pouvoir de révéler comme le Père. C’est pourquoi [le Seigneur] dit : À QUI LE FILS VEUT LE RÉVÉLER. En effet, la manifestation se fait par le Verbe, Jn 17, 6 : Père, tu as manifesté ton nom aux hommes, etc. ; et encore, [Jn] 1, 18 : Dieu, personne ne l’a vu. Mais lui [le Verbe] l’a connu ; il pouvait donc le manifester. Donc, ce qu’il avait dit du Père, il se l’attribue. En effet, il avait dit : TU AS CACHÉ CES CHOSES AUX SAGES ET TU LES AS RÉVÉLÉES AUX PETITS. De même, le Fils peut-il le faire du fait qu’il a le même pouvoir.
Louis-Claude Fillion
« Il change de sujet, de façon cependant à laisser entendre que son visage était toujours tourné vers son Père céleste », Fr. Luc, Comm. In h.l. Jésus passe maintenant aux rapports qui existent entre son Père et Lui, afin d’indiquer ensuite la manière dont ont lieu les révélations faites aux petits et aux humbles. - Toutes choses m'ont été données ; tout sans exception, et pas seulement le droit d’enseigner. Le Christ jouit d’un pouvoir illimité, souverain, sur le royaume de Dieu considéré dans son étendue la plus vaste ; Cf. Matth. 28, 18 ; Ps. 2, 8 ; 8, 7 et 8. « Quand vous entendez ces paroles : « Mon Père m’a mis toutes choses entre les mains, » n’ayez point de pensées basses et terrestres. Car, de peur que vous ne croyiez qu’il y eût deux dieux non engendrés, il se sert à dessein du mot de « Père», et il montre ainsi en plusieurs autres endroits qu’il est, et engendré du Père, et en même temps le Seigneur souverain de toutes choses », S. Jean Chrys. Hom. 38 in Matth. - Mais il y a entre Jésus-Christ et le Père des relations encore plus étroites : Personne ne connaît le Fils... Le Fils, c’est évidemment Notre-Seigneur Jésus-Christ. Seul, celui qui l’a engendré de toute éternité connaît parfaitement sa nature, ses attributs et sa mission. Pour tous les autres, ces choses demeurent un mystère insondable. Le grec exprime une connaissance complète, qui s’étend à tous les détails aussi bien qu’à l’ensemble. - La réciproque est vraie, personne non plus ne connaît... Si le Père connaît intimement son Fils qui est « rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être », Hebr. 1, 3, le Fils, lui aussi, contemple à découvert tous les secrets de l’essence du Père. Cette connaissance mutuelle dénote entre le Père et le Fils l’unité et l’égalité les plus admirables, car l’absolu et l’infini peuvent seuls comprendre l’absolu et l’infini. Aussi ce passage est-il devenu à bon droit un lieu classique en faveur de la divinité de Jésus-Christ. - Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. Le Fils peut donc communiquer à d’autres les choses étonnantes qu’il voit en son Père, et cette révélation forme l’un des buts principaux de son avènement parmi nous. Mais il est libre de répandre la lumière sur ceux qu’il en croit dignes : c’est une grâce qui dépend uniquement de sa bonté. Consolons-nous, car en disant bientôt : Venez tous à moi, il montrera qu’il n’exclut volontairement personne. - Il est probable que l’auditoire fut incapable de saisir ces paroles selon toute leur signification dogmatique, car elles sont pleines de profondeur. Grâce à Dieu elles sont devenues claires pour les chrétiens.
Catéchisme de l'Église catholique
Pour le chrétien, croire en Dieu, c’est inséparablement croire en Celui qu’Il a envoyé, " son Fils bien-aimé " en qui Il a mis toute sa complaisance (cf. Mc 1, 11) ; Dieu nous a dit de L’écouter (cf. Mc 9, 7). Le Seigneur Lui-même dit à ses disciples : " Croyez en Dieu, croyez aussi en moi " (Jn 14, 1). Nous pouvons croire en Jésus-Christ parce qu’Il est Lui-même Dieu, le Verbe fait chair : " Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui, L’a fait connaître " (Jn 1, 18). Parce qu’il " a vu le Père " (Jn 6, 46), Il est seul à Le connaître et à pouvoir Le révéler (cf. Mt 11, 27).

Jésus a révélé que Dieu est " Père " dans un sens inouï : Il ne l’est pas seulement en tant que Créateur, Il est éternellement Père en relation à son Fils unique, qui éternellement n’est Fils qu’en relation au Père : " Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien Le révéler " (Mt 11, 27).

Mais en même temps, cette connaissance vraiment humaine du Fils de Dieu exprimait la vie divine de sa personne (cf. S. Grégoire le Grand, ep. 10, 39 : DS 475 : PL 77, 1097B). " La nature humaine du Fils de Dieu, non par elle-même mais par son union au Verbe, connaissait et manifestait en elle tout ce qui convient à Dieu " (S. Maxime le Confesseur, qu. dub. 66 : PG 90, 840A). C’est en premier le cas de la connaissance intime et immédiate que le Fils de Dieu fait homme a de son Père (cf. Mc 14, 36 ; Mt 11, 27 ; Jn 1, 18 ; 8, 55 ; etc.). Le Fils montrait aussi dans sa connaissance humaine la pénétration divine qu’il avait des pensées secrètes du cœur des hommes (cf. Mc 2, 8 ; Jn 2, 25 ; 6, 61 ; etc.).
Pape Saint Jean-Paul II
Dans l'Evangile de saint Jean, l'universalité du salut par le Christ comprend les aspects de sa mission de grâce, de vérité et de révélation: «Le Verbe est la lumière véritable, qui éclaire tout homme» (cf. Jn 1, 9). Et encore: «Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui l'a fait connaître» (Jn 1, 18; cf. Mt 11, 27). La révélation de Dieu devient, par son Fils unique, définitive et achevée: « Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles» (He 1, 1-2; cf. Jn 14, 6). Dans cette Parole définitive de sa révélation, Dieu s'est fait connaître en plénitude: il a dit à l'humanité qui il est. Et cette révélation définitive que Dieu fait de lui-même est la raison fondamentale pour laquelle l'Eglise est missionnaire par sa nature. Elle ne peut pas ne pas proclamer l'Evangile, c'est-à-dire la plénitude de la vérité que Dieu nous a fait connaître sur lui-même.

Pendant les années de la vie cachée de Jésus dans la maison de Nazareth, la vie de Marie, elle aussi, est «cachée avec le Christ en Dieu» (cf Col 3, 3) dans la foi. En effet, la foi est un contact avec le mystère de Dieu. Constamment, quotidiennement, Marie est en contact avec le mystère ineffable de Dieu fait homme, mystère qui dépasse tout ce qui a été révélé dans l'Ancienne Alliance. Dès le moment de l'Annonciation, l'esprit de la Vierge-Mère a été introduit dans la «nouveauté» radicale de la révélation que Dieu fait de lui-même, et elle a pris conscience du mystère. Elle est la première de ces «petits» dont Jésus dira un jour: «Père, ... tu as caché cela aux sages et aux intelligents et tu l'as révélé aux tout-petits» (Mt 11, 25). En effet, «nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père» (Mt 11, 27). Comment Marie peut-elle donc «connaître le Fils»? Elle ne le connaît certes pas comme le Père; et pourtant elle est la première de ceux auxquels le Père «a voulu le révéler» (cf. Mt 11, 26-27; 1 Co 2, 11). Néanmoins si, dès le moment de l'Annonciation, le Fils, lui dont seul le Père connaît la vérité entière, lui a été révélé comme celui que le Père engendre dans l'éternel «aujourd'hui» (cf. Ps 2, 7), Marie, sa Mère, est au contact de la vérité de son Fils seulement dans la foi et par la foi! Elle est donc bienheureuse parce qu'elle «a cru» et parce qu'elle croit chaque jour, à travers toutes les épreuves et les difficultés de la période de l'enfance de Jésus, puis au cours des années de la vie cachée à Nazareth où il «leur était soumis» (Lc 2, 51): soumis à Marie, et à Joseph également, parce que ce dernier lui tenait lieu de père devant les hommes; c'est pourquoi le Fils de Marie était considéré par les gens comme «le fils du charpentier» (Mt 13, 55).

Toutefois, après que Jésus, agé de douze ans, eut été retrouvé dans le temple, et que, à la question de sa mère: «Pourquoi nous as-tu fait cela?», il eut répondu: «Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père?», l'évangéliste ajoute: «Mais eux (Joseph et Marie) ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire» (Lc 2, 48-50). Jésus avait donc conscience de ce que «seul le Père connaît le Fils» (cf. Mt 11, 27), à tel point que même celle à qui avait été révélé plus profondément le mystère de sa filiation divine, sa Mère, ne vivait dans l'intimité de ce mystère que par la foi! Se trouvant aux côtés de son Fils, sous le même toit, et «gardant fidèlement l'union avec son Fils», elle «avançait dans son pèlerinage de foi», comme le souligne le Concile. Et il en fut de même au cours de la vie publique du Christ (cf. Mc 3, 21-35), de sorte que, de jour en jour, s'accomplissait en elle la bénédiction prononcée par Elisabeth à la Visitation: «Bienheureuse celle qui a cru».