Matthieu 12, 18
Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé en qui je trouve mon bonheur. Je ferai reposer sur lui mon Esprit, aux nations il fera connaître le jugement.
Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé en qui je trouve mon bonheur. Je ferai reposer sur lui mon Esprit, aux nations il fera connaître le jugement.
1411. Et il faut savoir que certains apôtres présentent les autorités dans leur version hébraïque, d’autres dans la version des Septante, et que d’autres ne formulaient que le sens des paroles. [Isaïe] fait trois choses : premièrement, il décrit la nature humaine, lorsqu’il dit : VOICI MON ENFANT, car [Jésus] a été un enfant, Lc 2, 43 : Mais l’enfant Jésus resta au temple. Il est appelé enfant, soit en raison de la pureté, car il n’a pas commis de péché et sa bouche n’a pas proféré de tromperie, etc., 1 P 2, 22 ; soit parce qu’on appelle enfant un serviteur. Ainsi, VOICI MON ENFANT, [mon] serviteur par sa condition servile, Ph 2, 7 : Il s’abaissa jusqu’à prendre la forme d’un esclave.
1412. L’élu QUE J’AI CHOISI. Il faut remarquer qu’en chaque homme saint se trouvent trois choses : l’élection divine, l’amour et l’effet, qui est la grâce, et cela, de manière différente chez l’homme et chez Dieu. Chez l’homme, la grâce précède ; en deuxième lieu, il aime ; en troisième lieu, il choisit. Chez Dieu, c’est l’inverse. Et cela vient de ce que, chez l’homme, la volonté ne cause pas cet effet, qui est la grâce, mais que l’amour et la volonté de Dieu sont la cause de la grâce. C’est pourquoi Il choisit d’abord celui qu’Il veut être bon ; en deuxième lieu, Il l’aime et, ensuite, Il lui ajoute la grâce. Ainsi donc, conformément à cela, [Isaïe] présente trois choses. Premièrement, l’élection, etc. Dans l’original, on ne trouve pas CHOISI.
1413. [Isaïe] dit donc : VOICI MON ENFANT QUE J’AI CHOISI, etc., et cela, en raison d’une double élection, qui convient tout à fait au Christ selon sa nature humaine. En effet, il a été choisi pour deux choses, à savoir, pour être le Fils de Dieu, comme on lit en Rm 1, 4 : Qui a été prédestiné comme Fils de Dieu, etc., et Ps 64[65], 5 : Bienheureux celui qui tu as choisi et assumé. Il a aussi été choisi en vue de l’œuvre de la rédemption des hommes, comme [on lit] en Jn 3, 16 : Dieu a tant aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils unique, etc. De même, il [l’]a choisi afin de l’aimer ; c’est pourquoi il est dit : MON BIEN-AIMÉ. En effet, s’Il en aime d’autres, Il aime encore plus son Fils unique. Ainsi, Jn 3, 34 : L’Esprit ne lui a pas été compté. Et s’Il en aime d’autres, [Il aime] cependant celui-ci d’un amour particulier. [Isaïe] dit donc : QUI A PLU EN TOUT À MON CŒUR, c’est-à-dire à ma volonté. Et cela est un amour particulier, car la volonté ne se repose que là où elle trouve ce qui lui plaît. Or, rien ne plaît que par l’effet de la grâce, et aucune grâce n’a fait défaut au Christ. Ainsi, plus haut, 3, 17 : Voici mon Fils bien-aimé, en qui je me suis complu.
1414. Ensuite, [Isaïe] présente le don de la grâce : Je placerai sur lui mon Esprit, comme on lit en Jl 2, 28 : Je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Mais, dans le Christ, Il a répandu non seulement de l’Esprit, mais tout l’Esprit, comme on lit en Jn 3, 34 : L’Esprit ne lui a pas été compté, et Is 11, 2 : L’Esprit du Seigneur reposera sur lui. Et cela, pour autant qu’il a la forme de l’esclave. Et que fera-t-il ? Aura-t-il une fonction ? IL ANNONCERA LE DROIT AUX NATIONS, c’est-à-dire qu’il enseignera aux nations les jugements de Dieu. Dans le passé, les Juifs s’enorgueillissaient d’être le peuple particulier de Dieu ; ils disaient donc : Il n’a pas agi ainsi pour toutes les nations, et Il ne leur a pas manifesté ses jugements. Mais cela a été dit aux nations. Ainsi, IL ANNONCERA AUX NATIONS, d’une manière matérielle, car il a reçu le pouvoir de juger les nations. Ac 10, 42 : C’est lui que Dieu a établi comme juge des vivants et des morts, et Jn 5, 22 : Le Père a confié tout jugement au Fils.
1412. L’élu QUE J’AI CHOISI. Il faut remarquer qu’en chaque homme saint se trouvent trois choses : l’élection divine, l’amour et l’effet, qui est la grâce, et cela, de manière différente chez l’homme et chez Dieu. Chez l’homme, la grâce précède ; en deuxième lieu, il aime ; en troisième lieu, il choisit. Chez Dieu, c’est l’inverse. Et cela vient de ce que, chez l’homme, la volonté ne cause pas cet effet, qui est la grâce, mais que l’amour et la volonté de Dieu sont la cause de la grâce. C’est pourquoi Il choisit d’abord celui qu’Il veut être bon ; en deuxième lieu, Il l’aime et, ensuite, Il lui ajoute la grâce. Ainsi donc, conformément à cela, [Isaïe] présente trois choses. Premièrement, l’élection, etc. Dans l’original, on ne trouve pas CHOISI.
1413. [Isaïe] dit donc : VOICI MON ENFANT QUE J’AI CHOISI, etc., et cela, en raison d’une double élection, qui convient tout à fait au Christ selon sa nature humaine. En effet, il a été choisi pour deux choses, à savoir, pour être le Fils de Dieu, comme on lit en Rm 1, 4 : Qui a été prédestiné comme Fils de Dieu, etc., et Ps 64[65], 5 : Bienheureux celui qui tu as choisi et assumé. Il a aussi été choisi en vue de l’œuvre de la rédemption des hommes, comme [on lit] en Jn 3, 16 : Dieu a tant aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils unique, etc. De même, il [l’]a choisi afin de l’aimer ; c’est pourquoi il est dit : MON BIEN-AIMÉ. En effet, s’Il en aime d’autres, Il aime encore plus son Fils unique. Ainsi, Jn 3, 34 : L’Esprit ne lui a pas été compté. Et s’Il en aime d’autres, [Il aime] cependant celui-ci d’un amour particulier. [Isaïe] dit donc : QUI A PLU EN TOUT À MON CŒUR, c’est-à-dire à ma volonté. Et cela est un amour particulier, car la volonté ne se repose que là où elle trouve ce qui lui plaît. Or, rien ne plaît que par l’effet de la grâce, et aucune grâce n’a fait défaut au Christ. Ainsi, plus haut, 3, 17 : Voici mon Fils bien-aimé, en qui je me suis complu.
1414. Ensuite, [Isaïe] présente le don de la grâce : Je placerai sur lui mon Esprit, comme on lit en Jl 2, 28 : Je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Mais, dans le Christ, Il a répandu non seulement de l’Esprit, mais tout l’Esprit, comme on lit en Jn 3, 34 : L’Esprit ne lui a pas été compté, et Is 11, 2 : L’Esprit du Seigneur reposera sur lui. Et cela, pour autant qu’il a la forme de l’esclave. Et que fera-t-il ? Aura-t-il une fonction ? IL ANNONCERA LE DROIT AUX NATIONS, c’est-à-dire qu’il enseignera aux nations les jugements de Dieu. Dans le passé, les Juifs s’enorgueillissaient d’être le peuple particulier de Dieu ; ils disaient donc : Il n’a pas agi ainsi pour toutes les nations, et Il ne leur a pas manifesté ses jugements. Mais cela a été dit aux nations. Ainsi, IL ANNONCERA AUX NATIONS, d’une manière matérielle, car il a reçu le pouvoir de juger les nations. Ac 10, 42 : C’est lui que Dieu a établi comme juge des vivants et des morts, et Jn 5, 22 : Le Père a confié tout jugement au Fils.
Isaïe décrit trois choses : 1° la vocation du Messie, 2° sa conduite, 3° les résultats obtenus par lui. Il est
question de la vocation du Christ au v. 18. - Voici mon serviteur. Dans le texte latin, « Puer », peut désigner
indistinctement le fils ou le serviteur de la famille : le texte hébreu parle très explicitement du serviteur de
Jéhova. Mais celui dont le nom revient si fréquemment dans la seconde partie du livre d’Isaïe, ch. 40-56,
n’est autre que le Messie, considéré dans ses humiliations volontairement acceptées pour notre salut. Cf.
Phil. 2, 7. Les Rabbins le reconnaissaient presque tous. Aussi, dans la paraphrase chaldaïque, lisons nous la
traduction suivante de notre passage : voici mon serviteur, le Messie ! - Que j'ai choisi. Jéhova, qui est censé
prononcer ces paroles, affirme à la face du ciel et de la terre que, de toute éternité, il a choisi son Christ pour
en faire le régénérateur de l’humanité. - En qui mon âme a mis toutes ses complaisances. La voix qui retentit
à l’heure du baptême de Jésus, 3, 17, celle qui retentira au moment de sa Transfiguration, 17, 5, exprimaient
précisément la même pensée, le même amour de complaisance absolue. - Dans le texte grec, l'emploi de
l’accusatif est plus expressif et indique une tendance perpétuelle de l’affection divine vers son Christ. - Mon
esprit : « il ne faut point s'étonner qu'on se serve du mot « âme » pour exprimer les affections de Dieu,
puisque dans un sens moral, et selon les différentes manières d'expliquer l’Écriture sainte, on lui attribue
aussi toutes les parties du corps humain », S. Jérôme, Lettre 121 à Algasia. - J'ai mis ; dans l’hébreu le verbe
est au parfait : « j’ai placé » (Cf. Is. 12, 1). « L'esprit, observe encore S. Jérôme, Comm. in h.l., est mis non
sur le Verbe de Dieu ni sur le Fils unique qui procède du Père, mais sur celui de qui il est dit : Voici mon
serviteur ». - Et il annoncera la justice... Le Messie a été choisi, préparé ; maintenant commence l’exposition
de son rôle. Mais quel est ce jugement que le Christ doit annoncer aux païens, tout aussi bien qu’aux Juifs ?
Est-ce la justice proprement dite, en ce sens que le Messie a été réellement institué par Dieu juge suprême
des bons et des méchants ? Est-ce, d’une manière plus générale, « ce qui est juste et bon », la vérité, la seule
vraie religion ? Ces deux interprétations, qu’on a tour à tour adoptées, nous semblent l’une et l’autre
contenues dans le rôle du Messie : aussi n’essayerons-nous pas de les séparer.
Les traits du Messie sont révélés surtout dans les chants du Serviteur (cf. Is 42, 1-9 ; cf. Mt 12, 18-21 ; Jn 1, 32-34, puis Is 49, 16 ; cf. Mt 3, 17 ; Lc 2, 32, enfin Is 50, 4-10 et 52, 13 – 53, 12). Ces chants annoncent le sens de la passion de Jésus, et indiquent ainsi la manière dont Il répandra l’Esprit Saint pour vivifier la multitude : non pas de l’extérieur, mais en épousant notre " condition d’esclave " (Ph 2, 7). Prenant sur lui notre mort, il peut nous communiquer son propre Esprit de vie.