Matthieu 12, 20
Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher le jugement.
Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher le jugement.
1416. Il sera donc patient en parole comme dans son comportement : IL NE BRISERA PAS LE ROSEAU FROISSÉ. Et cela, de deux façons : en effet, on peut lire cela à propos des Juifs d’une manière particulière ; [et on peut le lire] d’une manière générale à propos de tous. Pour ce qui est de Juifs, il y avait deux choses chez eux : le pouvoir royal et la dignité sacerdotale. Le pouvoir royal est signifié par le roseau, qui était déjà froissé parce qu’ils étaient soumis aux Romains ; il lui était donc facile de briser le roseau. Et cela est bien indiqué par le roseau, car le roseau est mobile, comme on le lit plus haut, 11, 7 : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ?
1417. ET IL N’ÉTEINT PAS LA MÈCHE QUI FUME. Par la mèche fumante, le sacerdoce est signifié ; c’est pourquoi les prêtres portaient des vêtements en fil de lin. FUMANTE : la fumée est éliminée par le feu. De même, la fumée est provoquée par un feu faible, qui consume plus qu’il ne brûle, et engendre ainsi une mauvaise odeur. Ceux-ci ressemblaient donc à une mèche fumante parce qu’ils n’avaient pas totalement perdu la foi ; toutefois, ils n’avaient pas de quoi de soustraire au mal. Ainsi, bien que [le Seigneur] eût pu à juste titre [les] éteindre, cependant IL N’ÉTEINDRA PAS LA MÈCHE QUI FUME.
1418. De même, donne-t-on une autre interprétation se rapportant à tous, de sorte que, par le roseau froissé, on entende les pécheurs. Par la mèche qui fume, qui parfois dégage de la chaleur, on entend ceux qui sont sans péché, mais sont tièdes pour les bonnes actions et possèdent quelque chose de la grâce. [Isaïe] veut donc dire que [le Seigneur] n’interdit pas la voie du salut aux pécheurs. [Le Seigneur] lui-même dit donc en Ez 18, 23 : Est-ce que je veux la mort du pécheur ? De même, si quelqu’un a la grâce, [le Seigneur] n’éteindra pas celle-ci. Nous est donc donné par cela l’exemple que nous ne devons pas éteindre la grâce de celui à qui le Seigneur l’a donnée, mais plutôt l’entretenir. De même, il ne portera pas de jugement AVANT D’AVOIR MENÉ LE JUGEMENT À LA VICTOIRE. Et ceci peut s’entendre des Juifs d’une manière particulière, à savoir, lorsqu’il les aura tous vaincus, parce qu’ils affirmaient qu’il chassait les démons par Béelzéboul ; il les a réfutés et a donc porté un jugement sur eux. Et ceci a été accompli par Titus et Vespasien.
1417. ET IL N’ÉTEINT PAS LA MÈCHE QUI FUME. Par la mèche fumante, le sacerdoce est signifié ; c’est pourquoi les prêtres portaient des vêtements en fil de lin. FUMANTE : la fumée est éliminée par le feu. De même, la fumée est provoquée par un feu faible, qui consume plus qu’il ne brûle, et engendre ainsi une mauvaise odeur. Ceux-ci ressemblaient donc à une mèche fumante parce qu’ils n’avaient pas totalement perdu la foi ; toutefois, ils n’avaient pas de quoi de soustraire au mal. Ainsi, bien que [le Seigneur] eût pu à juste titre [les] éteindre, cependant IL N’ÉTEINDRA PAS LA MÈCHE QUI FUME.
1418. De même, donne-t-on une autre interprétation se rapportant à tous, de sorte que, par le roseau froissé, on entende les pécheurs. Par la mèche qui fume, qui parfois dégage de la chaleur, on entend ceux qui sont sans péché, mais sont tièdes pour les bonnes actions et possèdent quelque chose de la grâce. [Isaïe] veut donc dire que [le Seigneur] n’interdit pas la voie du salut aux pécheurs. [Le Seigneur] lui-même dit donc en Ez 18, 23 : Est-ce que je veux la mort du pécheur ? De même, si quelqu’un a la grâce, [le Seigneur] n’éteindra pas celle-ci. Nous est donc donné par cela l’exemple que nous ne devons pas éteindre la grâce de celui à qui le Seigneur l’a donnée, mais plutôt l’entretenir. De même, il ne portera pas de jugement AVANT D’AVOIR MENÉ LE JUGEMENT À LA VICTOIRE. Et ceci peut s’entendre des Juifs d’une manière particulière, à savoir, lorsqu’il les aura tous vaincus, parce qu’ils affirmaient qu’il chassait les démons par Béelzéboul ; il les a réfutés et a donc porté un jugement sur eux. Et ceci a été accompli par Titus et Vespasien.
Le rôle du Christ est admirablement
exprimé dans ces versets à l’aide d’allégories touchantes. On nous montre d’abord ce qu’il a de sublime sous
le rapport négatif. - Il ne disputera pas... La passion ne sert jamais de règle à sa conduite ; il n’est ni violent,
ni turbulent ; mais doux, pacifique et modeste. Ce n’est pas un homme de parti qui attire la foule par de
bruyantes paroles : tout au contraire, il demande que le silence se fasse autour de son nom et de ses miracles.
- Dans les places publiques, le théâtre habituel des orateurs qui veulent devenir populaires. - Nous passons à
un autre côté de l’activité du Messie : elle est aussi aimable et aussi suave qu’elle est humble, comme nous
l’apprennent deux locution proverbiales, qui développent mieux que tout autre langage la devise bien connue
de Jésus : « Le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu », Matthieu, 18, 11. - Il ne brisera pas le
roseau… Ce roseau froissé, cette mèche à demi éteinte, objets désormais sans valeur, figurent très bien les
pauvres âmes dont la vie morale tient à peine à un fil, et qu’un contact un peu brusque, dépourvu de bonté, suffirait pour tuer à tout jamais. Le Christ se garde bien de détruire ce faible reste de vie : au contraire, il
ressuscite et ranime doucement ceux qui sans lui n’auraient pas tardé à dépérir totalement. - Il n'éteindra pas
la mèche. « La partie la plus voisine de l'écorce (des tiges de lin) se nomme étoupe; c'est un lin d'une qualité
inférieure, et qui n'est guère propre qu'à faire des mèches de lampe », Pline, Hist. Nat. 19, 3. S’il eût plu au
divin Maître de se conduire à l’égard des Juifs incrédules comme un juge sévère, qui d’entre eux eût pu
résister à sa colère ? Il les aurait brisés, étouffés sans peine, de même qu’on brise un roseau et qu’on étouffe
la lumière d’une lampe ; mais non ! il les a toujours épargnés cherchant jusqu’au bout à les convertir par des
moyens pleins de bonté. - Jusqu'à ce qu'il ait amené... Tel est le résultat final qu’il obtiendra. « C’est-à-dire,
jusqu’à ce qu’il ait accompli ce qui le regarde. C’est alors qu’il tirera une vengeance éternelle de ses
ennemis », S. Jean Chrys. Hom. 40 in Matth. La justice pure et simple prendra donc alors la place de la
bonté, et cette justice s’imposera d’elle-même d’une façon triomphante, renversant tout ce qui tenterait de lui
résister : telle est l’idée qui ressort du « amené ».
Dieu, certes, appelle l’homme à le servir en esprit et en vérité ; si cet appel oblige l’homme en conscience, il ne le contraint donc pas. Dieu, en effet, tient compte de la dignité de la personne humaine qu’il a lui-même créée et qui doit se conduire selon son propre jugement et jouir de sa liberté. Cela est apparu au plus haut point dans le Christ Jésus, en qui Dieu s’est manifesté lui-même pleinement et a fait connaître ses voies. Le Christ, en effet, notre Maître et Seigneur [11] doux et humble de cœur a invité et attiré ses disciples avec patience. Certes, il a appuyé et confirmé sa prédication par des miracles, mais c’était pour susciter et fortifier la foi de ses auditeurs, non pour exercer sur eux une contrainte. Il est vrai encore qu’il a reproché leur incrédulité à ceux qui l’entendaient, mais c’est en réservant à Dieu le châtiment au jour du jugement. Lorsqu’il a envoyé ses Apôtres dans le monde, il leur a dit : « Celui qui aura cru et aura été baptisé sera sauvé ; mais celui qui n’aura pas cru sera condamné » (Mc 16, 16). Mais, reconnaissant que de l’ivraie avait été semée avec le froment, il ordonna de les laisser croître l’un et l’autre jusqu’à la moisson, qui aura lieu à la fin des temps. Ne se voulant pas Messie politique dominant par la force, il préféra se dire Fils de l’Homme, venu « pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10, 45). Il se montra le parfait Serviteur de Dieu, qui « ne brise pas le roseau froissé et n’éteint pas la mèche qui fume encore » (Mt 12, 20). Il reconnut le pouvoir civil et ses droits, ordonnant de payer le tribut à César, mais en rappelant que les droits supérieurs de Dieu doivent être respectés : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21). Enfin, en achevant sur la croix l’œuvre de la rédemption qui devait valoir aux hommes le salut et la vraie liberté, il a parachevé sa révélation. Il a rendu témoignage à la vérité, mais il n’a pas voulu l’imposer par la force à ses contradicteurs. Son royaume, en effet, ne se défend pas par l’épée, mais il s’établit en écoutant la vérité et en lui rendant témoignage, il s’étend grâce à l’amour par lequel le Christ, élevé sur la croix, attire à lui tous les hommes.