Matthieu 12, 24

En entendant cela, les pharisiens disaient : « Il n’expulse les démons que par Béelzéboul, le chef des démons. »

En entendant cela, les pharisiens disaient : « Il n’expulse les démons que par Béelzéboul, le chef des démons. »
Saint Hilaire de Poitiers
Ce n'est pas sans un des sein particulier de Dieu qu'après avoir parlé d'une multitude de perguéries en commun, l'Évangéliste nous raconte la guérison particulière d'un homme qui était tout à la fois possédé, aveugle et muet. Il convenait en effet qu'après la guérison dans la synagogue de l'homme dont la main était desséchée, celui dont il est ici question devînt la figure de la guérison spirituelle des nations, et qu'après avoir été possédé du démon, aveugle et muet, il devint l'habitation de Dieu, vît et reconnut le vrai Dieu dans la personne du Christ et rendît gloire à Dieu pour les oeuvres qu'il opérait.

A la vue de ce miracle, la foule est dans l'étonnement, mais l'envie des pharisiens ne fait que s'accroître: «Et tout le peuple étonné disait: N'est-ce point là le fils de David ?»
Saint Jean Chrysostome
Quelle malice surprenante dans le démon ! il avait fermé les deux passages par lesquels la foi aurait pu entrer dans cet homme, c'est-à-dire la vue et l'ouïe; mais le Seigneur va ouvrir l'un et l'autre: «Et il le guérit», ajoute l'Évangéliste.
Saint Jérôme
Nous voyons ici trois prodiges opérés dans un seul homme: l'aveugle voit, le muet parle, le possédé est délivré du démon, et ce miracle extérieur et sensible se renouvelle tous les jours dans la conversion de ceux qui embrassent la foi; après que le démon est chassé de leur âme ils voient la lumière de la foi, et leur bouche, jusqu'alors muette, s'ouvre pour proclamer les louanges de Dieu.
Saint Augustin
Celui qui ne croit point et qui est l'esclave du démon est tout à la fois possédé, aveugle et muet; il ne comprend pas, il ne confesse pas la foi ou il ne rend pas gloire à Dieu.

Ce n'est pas dans le même ordre que saint Luc raconte ce fait ( Lc 11 ); il parle d'un muet seulement, sans ajouter qu'il fût aveugle; mais de ce qu'il omet une circonstance de ce genre, on ne peut conclure qu'il veut raconter une guérison diffécar la suite de son récit revient à celui de saint Matthieu.
Saint Rémi
Ce mot alors se rapporte au moment où il sortait de la synagogue après avoir guéri cet homme dont la main était desséchée. Oubien cette expression alors signifie un espace de temps plus étendu et voudrait dire alors qu'il prononçait tous les discours, ou qu'il faisait les oeuvres qui sont ici racontés.

Beelzébub n'est autre chose que Beel ou Baal, ou Beelphégor. Beel fut le père de Ninus, roi des Assyriens; il fut appelé Baal parce qu'on l'adorait sur les hauteurs, et Beelphégor à cause de la montagne de Phéga, où son idole était placée. Zébul fut un serviteur d'Abimélech, fils de Gédéon. C'est cet Abimélech qui, après le meurtre de ses soixante-dix frères, éleva un temple à Baal et y établit prêtre Zébub pour chasser les mouches qui s'y rassemblaient en grand nombre à cause de la grande quantité de sang des victimes immoées (cf. Jg 9,28 ); car Zébub signifie mouche et Beelzébub veut dire l'homme des mouches. Ils l'appelaient prince des démons à cause des impuretés qui déshonoraient son culte. Ne trouvant donc rien de plus infâme à objecter contre le Sauveur, ils disaient que c'était par Beelzébub qu'il chassait les démons. Il faut remarquer que ce nom doit être écrit avec un b à la fin et non avec un t ou avec un d , comme on le voit dans quelques exemplaires fautifs.
Rabanus Maurus
Tandis que le peuple moins instruit ne cessait d'adles prodiges du Sauveur, ceux-ci s'appliquaient toujours à les nier, ou, lorsqu'ils ne le pouvaient, à les révoquer du moins en doute, à les dénaturer par des interprétations malveillantes, comme s'ils étaient l'oeuvre non pas de la divinité, mais de l'esprit immonde, de Beelzébub qui passait pour le dieu d'Accaron. C'est ce qu'ils firent dans cette circonstance. «Les pharisiens entendant cela dirent: Cet homme ne chasse les démons que par Beelzébub, prince des démons».
La Glose
Le Seigneur venait de réfuter les calomnies des pharisiens qui lui reprochaient de faire des miracles le jour du sabbat; mais comme, par une méchanceté plus noire encore, ils dénaturaient les miracles eux-mêmes qu'il opérait par une vertu toute divine

Ils l'appellent le Fils de David à cause de sa bonté et de ses bienfaits.
Saint Thomas d'Aquin
1425. MAIS LES PHARISIENS, ENTENDANT CELA, DIRENT : «CELUI-CI N’EXPULSE LES DÉMONS QUE PAR BÉELZÉBOUL», le dieu d’Éqrôn, comme on le voit en 4 R [2 R] 1, 16, qui est appelé le dieu des mouches en raison du rite honteux du sang de la victime, alors qu’une multitude de mouches se rassemblaient. On croyait donc que ce démon était le prince des démons. C’est pourquoi on croyait que par son pouvoir les démons pouvaient être chassés. Jr 5, 5 : J’irai auprès des grands et je leur parlerai. Et, un peu plus loin : Et voici que ceux-ci rejetèrent le joug d’un même mouvement, et ils enlevèrent leurs liens.
Louis-Claude Fillion
Malheureusement, c’est le contraire qu’ils feront. S. Marc ne nous dit-il pas qu’ils étaient venus tout exprès de Jérusalem pour épier le Sauveur et pour détacher de lui ces bons Galiléens ? Cf. Marc. 3, 22. - Cet homme ne chasse les démons... Telle est l’infâme accusation qu’ils osent porter contre lui. Il est vrai qu’elle répondait parfaitement à leur but. « Toutes les foules », tout le peuple leur échappait pour se donner à Jésus : S’ils peuvent réussir à répandre parmi ces masses ignorantes la croyance que le Thaumaturge universellement admiré est en communication intime avec l’ennemi du genre humain, avec le prince des démons, sa réputation sera bientôt flétrie. Les Pharisiens frappent donc un coup désespéré. - Que par Béelzébub. Le miracle est trop évident pour qu’ils puissent en nier la réalité ; mais ils l’attaquent à un autre point de vue. Le surnaturel, dans les cas de ce genre, ne peut-il pas venir de Dieu ou de Satan ? Quand Jésus chasse les démons, ce n’est pas, s’écrient ces misérables, en vertu d’un principe divin ; mais par un concours satanique, par une opération monstrueuse. - Prince des démons : les Juifs se représentaient justement les esprits infernaux sous l’image d’une armée douée d’une certaine organisation, ayant à sa tête un commandant en chef auquel les démons inférieurs obéissaient. Nous avons essayé d’indiquer pourquoi on appelait alors Satan Béelzébub. Cf. 10, 25 et le commentaire.
Catéchisme de l'Église catholique
Dès les débuts du ministère public de Jésus, des Pharisiens et des partisans d’Hérode, avec des prêtres et des scribes, se sont mis d’accord pour le perdre (cf. Mc 3, 6). Par certains de ses actes (expulsions de démons, cf. Mt 12, 24 ; pardon des péchés, cf. Mc 2, 7 ; guérisons le jour du sabbat, cf. Mc 3, 1-6 ; interprétation originale des préceptes de pureté de la Loi, cf. Mc 7, 14-23 ; familiarité avec les publicains et les pécheurs publics, cf. Mc 2, 14-17) Jésus a semblé à certains, mal intentionnés, suspect de possession (cf. Mc 3, 22 ; Jn 8, 48 ; 10, 20). On l’accuse de blasphème (cf. Mc 2, 7 ; Jn 5, 18 ; 10, 33) et de faux prophétisme (cf. Jn 7, 12 ; 7, 52), crimes religieux que la Loi châtiait par la peine de mort sous forme de lapidation (cf. Jn 8, 59 ; 10, 31).

Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12, 24 ; Rm 10, 7 ; Ep 4, 9) afin que " les morts entendent la voix du Fils de Dieu et que ceux qui l’auront entendue vivent " (Jn 5, 25). Jésus, " le Prince de la vie " (Ac 3, 15), a " réduit à l’impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort " (He 2, 14-15). Désormais le Christ ressuscité " détient la clef de la mort et de l’Hadès " (Ap 1, 18) et " au nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers " (Ph 2, 10).